SERMON du 15-e DIMANCHE après la PENTECÔTE



Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : Gal. VI, 11-18 ; Jean III, 13-17
2 Cor. IV, 6-15 . Matt. XXII, 35-46
Philip. II, 5-11 ; Luc X, 38-42 et XI, 27-28



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Deux des évangiles de ce jour ont en leur centre le Christ Sauveur et la Divinité du Christ qui définit la spécificité de notre Foi.

Il y a eu, dans l’histoire, beaucoup de grands Réformateurs religieux, Zarathoustra, Bouddha, Manès et Mahomet. …Le Christ, d’une certaine manière, s’insèrerait dans cette filière de prophètes inspirés. Comme Manès, Zarathoustra … il a été tué. Mais LUI SEUL est ressuscité des morts ! Comme le dit puissamment le saint Apôtre Paul « Si le Christ n’est pas ressuscité, toute notre foi est vaine ! »

Or ici, dans l’Evangile de Jean que vous avez entendu, Il dit : « Nul ne monte aux cieux, sinon Celui qui en est descendu, Lui-même qui est – notez le temps ! – dans le ciel ». Mais Il poursuit en évoquant l’épisode de Moïse et du serpent d’airain. C’est un passage des Nombres (XXI, 6-9) : une (nouvelle !) infidélité des Israélites avait été châtiée par des serpents brûlants dont la morsure était mortelle. Les Juifs se tournèrent vers Moïse qui s’adressa au Seigneur. Celui-ci lui commanda de faire un serpent d’airain et de le mettre sur une perche : quiconque le regardait était guéri. Ce serpent d’airain est, pour la transmission chrétienne unanime, l’image du Christ Sauveur, élevé sur la Croix et dont nous vient le Salut. Quiconque croira en Christ sera sauvé : en effet, Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique pour que quiconque ait la foi en Lui, obtienne la vie éternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils pour juger le monde, mais pour que le monde, par Lui, soit sauvé.

I – L’épître aux Corinthiens est rude à comprendre, mais lumineuse dans ses apparentes contradictions. Dieu qui a fait sortir la lumière des ténèbres, dit l’apôtre Paul, a répandu la lumière dans nos cœurs afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Certes, ajoute-t-il, nous sommes de bien petits contenants pour la lumière ! Nous sommes petits, perplexes médiocres, mais afin que cette grande puissance en nous de la Lumière soit attribuée à Dieu seul et non à nous. Nous portons dans notre corps la mort du Christ, puisque nous sommes baptisés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi. Dans toute notre vie, nous sommes sans cesse livrés à la mort, persécutés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi dans notre mortalité, si bien que la mort agit en nous afin que la vie soit en vous : nous avons en effet un même esprit de foi, et c’est pour cela que nous parlons, persuadés que Celui qui a ressuscité Jésus des morts nous fera paraître en sa présence avec vous tous.

II – La péricope de Matthieu commence par une question des pharisiens qui, satisfaits d’avoir entendu Jésus « fermer la bouche » des sadducéens – lesquels, voulant contester la résurrection des morts, avaient évoqué la femme ayant été l’épouse successivement de sept frères … – l’interrogent à leur tour en Lui demandant quel est le « plus grand commandement » de la Loi. Christ répond aussitôt que c’est celui qui prescrit d’aimer Dieu « de tout son cœur de toute son âme et de tout son esprit » et Il ajoute que le second lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Les libres-penseurs de naguère, les spiritualistes vagues, les droits-de-l’hommistes sont satisfaits de cet enseignement qui, croient-ils, va dans leur sens. Mais l’amour du prochain qui est ici prescrit n’est pas un altruisme vague. Il ne peut être disjoint, en effet, de l’amour de Dieu. C’est en aimant Dieu, que, du même mouvement nous aimons le prochain. Et, de la même manière que Dieu n’est pas un quelconque « premier Principe », « Grand Architecte de l’Univers », mais le Christ, qui est en nous par Ses Sacrements et par Sa Grâce, comme Il est en même temps au Ciel, de la même façon l’homme que nous devons aimer n’est pas un homme abstrait, il n’est pas les « enfants qui ont faim », en Afrique ou en Indochine, il n’est pas les cancéreux, les malades d’Alzheimer pour lesquels on requiert notre générosité financière qui permet de ne plus y penser ! Le prochain – le mot est un superlatif –, il est le plus proche, mon fils qui fait les quatre cents coups, ma vieille mère qui perd la tête et qui me fait lever (pour rien !) dix fois par nuit, la voisine de palier dont personne ne s’occupe plus. Comme le Christ le dit dans la parabole du bon samaritain, le prochain, c’est celui qui souffre sous nos yeux et dont il faut s’occuper, ce qui, bien souvent entraîne des désagréments. Le prochain, c’est celui qui est à côté … et qui pèse !

Aimer le prochain effectif, cela dérange : comme le Christ « s’est dérangé » pour venir du Ciel sur la terre et sur la Croix. Soyons-lui fidèles, et aimons le plus proche !

Mais, ayant ainsi répondu aux pharisiens, le Christ les interroge à son tour. Le Christ, demande-t-Il, de qui est-Il le fils ? De David ! lui est-il répondu. Mais pourquoi, poursuit-Il, David inspiré par l’esprit écrit-il : « Le Seigneur dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servit de marchepied ! » Comment, si le Christ est Son fils, l’appelle-t-Il son Seigneur ? » Nul ne sut Lui répondre, aussi cessèrent-ils de L’interroger.

Ils ne surent Lui répondre en effet car ils ne savaient pas et ne pouvaient pas comprendre que le Christ est une homme ET qu’Il est aussi le Fils de Dieu.

III – En ce jour de la Clôture de la Dormition, comment ne pas évoquer la péricope de Luc propre à ce jour et à toutes les fêtes mariales.

Le paradoxe patent – et cela remonte à l’Eglise universelle antérieure au schisme catholique –, c’est que dans cet évangile en l’honneur de la Mère de Dieu, la « Marie » dont il est question, ce n’est pas elle, mais la sœur de Marthe et de Lazare !

Marthe vaque aux soins du ménage et de la préparation du repas et elle dit au Seigneur : « Cela ne te gêne-t-il pas que ma sœur – c’est-à-dire Marie qui écoute assise les enseignements de Jésus – me laisse tout faire ? Dis-lui de m’aider un peu ! » Jésus lui répond calmement : « Marie a choisi la meilleure part et elle ne lui sera pas enlevée ».

C’est un peu perturbant pour l’active et dévouée Marthe … Mais de toute façon dans cet évangile marial il n’est pas question de la Mère de Dieu …

L’Eglise cependant ne nous laisse pas dans cette problématique surprenante. En effet, elle fait suivre ce récit d’une fin – résolutive – qui n’est pas la suite de ce récit, mais d’un autre épisode situé un peu plus loin. L’évangile de ce jour se termine ainsi : « Comme Jésus disait cela, une voix de femme s’éleva de la foule – il n’y avait pas de foule puisque Jésus parlait aux deux sœurs chez elles – disant : « Bienheureux les flancs qui t’ont porté et les seins qui t’ont allaité ! » Jésus répond : « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ! »

Qui, mieux que la Mère de Dieu a gardé la Parole de Dieu que celle « qui sans tache enfanta le Verbe de Dieu ? ». Cet évangile de Marthe et Marie est donc véritablement celui de la Mère de Dieu.

Que, par les prières de la Mère de Dieu, nous soyons fidèles à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain !


AMIN

 

 

 

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Sermon sur LA NATIVITÉ de la T. S. MÈRE DE DIEU


Vêpres : Genèse XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 ; Prov. IX, 1-11
Matines : Luc I, 39-49, 56.
Liturgie : Philip. II, 5-11 ; Luc X, 38-42 et XI, 27-28



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


La Nativité est une des très grandes fêtes de la Mère de Dieu, nous y retrouvons les textes cardinaux que nous venons d’entendre, mais en outre cette solennité est très proche de celle de la Déposition de la précieuse Ceinture à Chalcoprateia, ce qui nous invite à méditer ce qu’a de fondamental la suréminente pureté de la Vierge et Mère de Dieu - ce que notre époque a oublié.

I - La Lecture de la Genèse relate le Songe de Jacob. Le saint Patriarche s’était étendu dans un lieu aride, il fait d’une pierre son oreiller, il s’endort et il voit en songe une immense échelle s’élevant jusqu’au ciel et sur laquelle montaient et descendaient les anges et sur laquelle s’appuyait Dieu, c’est-à-dire le Christ. Cette échelle est l’image de l’ascension spirituelle à laquelle nous sommes tous appelés. Ce sont les degrés de la vie contemplative et ascétique. Elle repose sur la terre, cette terre promise dont Dieu fait explicitement don à Jacob Israël auquel il dit que sa descendance sera innombrable. Cette terre promise, c’est l’Israël de Dieu, c’est-à-dire l’Église, car nous somme tous la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, comme le dit l’apôtre Paul aux Galates, mais c’est aussi – car c’est une lecture mariale – la vie contemplative de la Marie évangélique, sœur de Marthe et de Lazare, et comme nous le comprendrons par les textes qui suivent, de la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie.

La Prophétie d’Ézéchiel, les sept jours du sacrifice étant accomplis, se situe au huitième jour – c’est-à-dire, selon la transmission, à l’accomplissement : et là vient ce qui a trait au Christ et au Dimanche, temporel, mystique et éternel. C’est donc ici que se situe la révélation ayant trait à Marie et à la maternité divine : cette porte, est-il dit au Prophète, restera fermée et c’est par là que passera le Seigneur, il y prendra son repas (Il S’incarnera) et Il ressortira par le même chemin, la porte restant fermée. C’est la virginité perpétuelle de Marie, avant et après l’enfantement. Et le prophète voit le temple plein de la Gloire de Dieu et tombe la face contre terre. Les Proverbes évoquent la maison de la Sagesse – c’est-à-dire du Verbe notre Dieu – Sa maison a sept piliers – les Dons du Saint Esprit –, elle aussi, la Sagesse, a accompli un sacrifice – le sacrifice rédempteur – et elle convie à son repas – la sainte Cène –, par l’envoi de ses servantes, les humbles et les ignorants, autant et plus que les sages qui cependant deviendront plus sages encore.

II - Des jours, néanmoins, seront ajoutés à leur vie, ce qui est l’annonce de l’éternité, mais prioritaire est l’humilité. L’épître aux Philippiens, en liaison avec cette option de la Sagesse, propose l’exemple éternel de l’humilité du Christ, qui, étant égal à Dieu, ne craignit pas de S’humilier, de Se faire homme, d’endurer les souffrances des hommes, la mort et quelle mort : la mort sur la croix ! Mais Dieu donna à Jésus un nom qui est plus grand que tout nom et devant lequel fléchit tout genou, sur la terre et au ciel !

III - L’évangile de la veille va dans le même sens. Marie n’est-elle pas, elle la plus glorieuse de toutes les créatures, l’exemple même de l’humilité ? Cet évangile est celui de la Visitation. L’ange Gabriel vient de se retirer, et Marie court vers la montagne chez sa parente Élisabeth, naguère stérile, et dont l’archange venait de lui dire qu’elle attendait un enfant – le baptiste Jean. Marie sans désemparer se rend donc chez Élisabeth – où elle resta trois mois pour la servir et l’assister …

Mais, à la salutation de Marie, l’enfant tressaille dans le sein de sa mère qui, animée par l’Esprit, dit : « Tu es bénie entre les femmes et béni est le fruit de ton sein ! Mais comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ? » Or Marie répond par ces mots éternels : « Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses ». Dieu a regardé l’humilité de sa servante …

IV - Tellement humble en effet que – en apparence – l’évangile de la fête (comme des autres grandes fêtes mariales) ne parle pas d’elle ! Il parle, en effet, d’une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare ! Vous venez de l’entendre. Ce n’est pas une inadvertance de notre Tradition orthodoxe : c’est en effet la tradition de toute l’Église chrétienne, bien antérieure au schisme du XIe siècle. Les Catholiques aussi avaient cet évangile apparemment paradoxal jusqu’en 1950 où Pie XII choisit un autre évangile de l’« Assomption ». Cela nous montre que, comme nous l’avons compris par la Lecture des Proverbes, la Sagesse transcende les intelligences humaines. « Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché ces choses aux sages », les intelligenty, dont on connaît les prétentions. Mais le mystère est clair pour celui qui lit humblement. L’évangile de ce jour s’achève par ces paroles que vous avez entendues : « Une voix de femme s’éleva de la foule et dit : Bienheureuses les entrailles qui t’ont porté et bienheureuse la poitrine qui t’a allaité … » Mais, bien aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule ! puisque le Christ se trouvait dans la maison de Marthe et de Marie. Cette exclamation de la femme au milieu de la foule, elle marque la fin d’un autre épisode ! La Sagesse de l’Église une sainte catholique et apostolique a accolé deux parties qui ne faisaient pas un tout et elle en a fait cet évangile marial.

Et la réponse du Christ notre Dieu montre bien que cet évangile ainsi rassemblé s’applique parfaitement, non pas à la sœur de Marthe, mais à Sa Mère : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent » Qui a mieux gardé la Parole de Dieu que celle en qui le Verbe S’est incarné ?

Tels sont les trésors que la liturgie nous donne. Mais je ne veux pas terminer sans revenir sur cet autre enseignement inhérent à la proximité des deux fêtes que j’ai évoquée en commençant. La précieuse Ceinture, c’est l’emblème visible de la Pureté de celle que nous appelons justement « la toute pure ». Marie la Vierge avait grandi dans le Temple comme dans un couvent. C’est là que le juste Joseph, veuf, père de Jacques, était venu la chercher. Marie devait avoir tout juste treize ou quatorze ans et elle est restée toujours vierge et toujours pure.

Combien notre triste époque a perdu la notion même de cette valeur ! Or de la virginité de Marie est né notre Salut.
En ce jour de sa Nativité, vénérons la virginité de la « toute pure »


AMIN

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SERMON pour la DÉCOLLATION de JEAN-BAPTISTE


C’est aujourd’hui une très grande célébration : tous les ornements sont rouges, c’est un jour de jeûne strict : l’Eglise fait mémoire de la décollation du Prophète, Précurseur et Baptiste Jean.

Jean-Baptiste est non seulement un prophète, il est le plus grand de tous.

La vocation des Prophètes est de rappeler les Droits de Dieu et les Devoirs qui en résultent pour nous. L’évangile du 13-e Dimanche a. P. est très explicite. C’est la Parabole de la vigne et des mauvais employés. Un Maître – Dieu – avait planté une belle vigne, l’avait dotée de barrières, de pressoirs, de bâtiments … Il la donne en location – métairie – à des employés, et, au moment opportun, il envoie un serviteur, puis un autre, puis un autre encore pour recevoir la part de production qui lui était due – puisqu’il s’agissait de métairie. Les vignerons reçoivent très mal ces serviteurs, battent l’un, maltraitent l’autre, lapident ou même tuent.

Ces serviteurs de la parabole sont les Prophètes. Tout au long de l’histoire du peuple juif apparaissent en effet des prophètes qui rappellent ce qui est dû à Dieu, qu’il s’agisse des sacrifices – inhérents à une civilisation agricole –, ou également des comportements individuels. Ils stigmatisent les vices, rappellent les devoirs de bonne conduite …

Ces devoirs étaient inhérents à la situation du peuple juif, qui était le Peuple élu, qui avait reçu la première Révélation, et en concession cette vigne féconde qu’était la terre promise. Jean s’insère glorieusement dans cette tradition prophétique : il prêche vigoureusement, a du succès. Il donnait d’ailleurs l’exemple en étant personnellement d’un grand ascétisme, il était vêtu de vêtements de poils de chameau attachés par une ceinture, il vivait dans le désert généralement, se nourrissait de sauterelles et sa prédication était à l’exemple de ces exigences.

Mais ce très grand prophète est aussi – et c’est la marque éminente de la Grâce qui est sur lui – le Précurseur. La prophétie de Malachie le caractérise comme l’ange qui vient devant le Seigneur.

Au demeurant, les populations impressionnées le prenaient pour le Messie. Il s’en défendait énergiquement : celui qui vient après moi sera plus grand que moi. Je ne suis pas digne, disait-il, de dénouer les lacets de ses chaussures.

Mais, ange qui vient devant le Seigneur, Jean-Baptiste était aussi Précurseur en ce sens que, seul parmi les autres Prophètes, il prêche un baptême de pénitence ! Il baptise donc, mais là encore il marque nettement la différence. Je vous baptise avec l’eau, Celui qui viendra après moi, vous baptisera par l’Esprit et par le feu.

Plus grand de tous les prophètes, ange précurseur, il est aussi et fondamentalement le Baptiste. Il n’en est pas moins tué, comme l’ont été beaucoup des serviteurs (prophètes) évoqués dans la Parabole de la vigne et des mauvais métayers.

Dans cette même Parabole, le Maître aussi envoyait son fils unique. Les vendangeurs le tuèrent et jetèrent son corps hors de la vigne. La Parabole est claire : Christ aussi a été crucifié hors de la ville.

On pourrait poursuivre par une réflexion métahistorique dans le goût d’une certaine intellectualité. En somme, tous ces divers prophètes hébreux ont prêché et ils ont été chassés, tués ou éliminés : Christ aussi a prêché longuement et Il a été rejeté et tué. C’est en somme une même constance historique …

Sauf que Christ est ressuscité des morts ! La Résurrection est l’élément DÉCISIF, inclassable, RÉSOLUTIF.

Jean le Baptiste est exceptionnel et mémorable parmi tous les prophètes.

MAIS CHRIST EST DIEU.


AMIN

 


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12e DIMANCHE après la PENTECÔTE



Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie : 1 Cor. XV, 1-11 ; Matt. XIX, 16-26



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs !



I L’Evangile de ce jour est celui du jeune homme riche et, à première vue, il est assez décourageant. Mais les textes de ce jour alternent les raisons d’optimisme et une vue plus réaliste des affaires du monde.

L’Evangile de Matines, c’est l’apparition du Christ sur la montagne qu’Il leur avait désignée. Lorsqu’ils Le virent, ils L’adorèrent même ceux qui avaient douté. Jésus s’approcha et leur dit : «Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur la terre. Allez, instruisez les nations les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit – seule énonciation complète du nom de Dieu dans tous les évangiles -, leur apprenant à garder ce que je vous ai commandé. Et voici je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde»!

L’homme ne peut rien par lui-même, mais ce qu’il peut, il le peut par le Christ.


II – Cette péricope de la première Epître aux Corinthiens est d’abord une récapitulation rapide et percutante de l’Evangile annoncé par les apôtres : le Christ est mort pour nos péchés, Il est ressuscité le troisième jour! Toute la crédibilité des Evangiles repose sur la RÉSURRECTION! D’où l’évocation détaillée des diverses apparitions du Christ à Ses apôtres, à des groupes de fidèles (dont cinq cents d’entre eux!), finalement même à Paul qui se qualifie d’avorton et de dernier des apôtres …

Cependant – et retenez ce qui a été dit plus haut sur l’efficacité de l’action humaine – ce qu’il a été donné de faire à cet avorton, c’est-à-dire Paul, c’est par la grâce de Dieu qu’il a pu le faire.

Il a donc travaillé comme les apôtres et plus qu’eux – rappelez-vous ce qui a été dit sur l’immensité de la production des épîtres pauliniennes – mais ce qu’il a pu faire, c’est par la Grâce de Dieu qui était en lui et avec lui qu’il a pu le faire.

Au bilan, conclut-il, soit donc moi, soit donc eux, c’est ce que nous prêchons et qu’il vient de rappeler, et c’est par cette prédication en laquelle vous avez cru, dit-il aux Corinthiens, que vous avez reçu le Salut.


III – Nous arrivons à l’épisode du jeune homme riche et de ses problèmes. Remarquons-le dès le départ, ce jeune homme était animé des meilleures intentions. Il s’approche du Christ et l’aborde : «Mon bon Maître, que dois-je faire pour être sauvé»? Le Christ le reprend avec quelque raideur : «Pourquoi m’appelles-tu bon?» Mais, poursuit-Il, de façon plus bienveillante, «si tu veux être sauvé, observe les commandements» et le Christ les énumère. Le bon jeune homme réplique : «Je les ai observés depuis ma jeunesse! Que me manque-t-il encore?». Vous l’observez, il s’agit non seulement d’un très honnête jeune homme, mais ce jeune homme est animé par le désir – fondamentalement louable! – de progresser.

La réponse du Christ est impérative et redoutable : «Vends tous tes biens et donne-les aux pauvres

L’honnêteté, bien-aimés Frères et Sœurs est relativement facile, mais la perfection est très difficile …

L’honnête jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens!

Un riche, conclut le Christ, entrera difficilement dans le royaume des cieux … Et Il poursuit par une métaphore : «Il est plus aisé de faire passer une corde par le trou d’une aiguille!...» [Un chameau, traduit-on souvent, ce qui est absurde : il s’agit d’une homonymie]

Cet épisode douloureux effectivement laisse les apôtres assez tristes : «Mais dans ces conditions, qui pourra être sauvé?». Et le Christ répond : «Pour l’homme c’est impossible! Mais pour Dieu, tout est possible!».

Comme nous le disions au début, l’action humaine est limitée, souvent impuissante. MAIS PAR LA GRÂCE, TOUT EST POSSIBLE.


AMIN

 


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SERMON POUR LA FÊTE

DE ST PIERRE ET ST PAUL



Matines : Jean, XXI, 15-25
2 Cor., XI, 21 – XII, 9 ; Matt., XVI, 13-19



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœur,



Nous fêtons aujourd’hui les Apôtres Pierre et Paul, ces deux luminaires de l’Eglise, après un long Carême où nous avons pu nous associer en leur honneur à la voie ascétique qu’ils nous ont montrée.

Ces saints Apôtres que l’Eglise associe dans la présente célébration et qui ont illuminé l’Eglise sont aussi différents qu’il est possible. L’apôtre Paul – de son nom juif Saül - appartenait à l’élite, religieuse et sociale, des Pharisiens (alors que les autres apôtres étaient des pécheurs et des manuels). Les Pharisiens étaient nettement la classe dominante des Juifs et l’apôtre revendique hautement cette appartenance. Pharisien, il a commencé comme ceux de sa classe élitiste par être un persécuteur virulent du Christianisme. Il ne se contentait pas de suivre ses pairs, il les devançait.

Or c’est là, tandis qu’il se rendait à Damas qu’intervient la vision miraculeuse … Paul, vous le savez et vous l’avez compris, il y reviendra lui-même dans l’Epître d’aujourd’hui, était un mystique. En ce jour le Christ lui-même lui apparaît dans les cieux et lui dit : « Pourquoi Me persécutes-tu ». Paul ahuri, tombe de cheval et demande : « Qui es-tu ? » - « Je suis le Christ ». La conversion de Saul est instantanée : il se rend à Damas – il était momentanément devenu aveugle – entre aussitôt en contact avec le chrétien qui lui avait été désigné – et qui n’était pas du tout rassuré compte tenu de la réputation de Saül, récupère la vue et se met aussitôt à évangéliser, en Syrie, en Orient en Arabie. Ce n’est qu’après trois ans de cette prédication qu’il se rend à Jérusalem. Il passe quinze jour chez Pierre, ne voit pas d’autres apôtres sauf Jacques le Frère de Dieu, et il poursuit son apostolat de géant. Homme très cultivé, il possédait évidemment le grec langue de communication de la méditerranée orientale et il évangélise la Grèce, le Proche-Orient, Rome même … Il est en butte à des tracasseries, à des investigations policières, à des châtiments corporels qu’il évoque : le fouet, les verges, les lapidations. On ne l’a pas ménagé, le Pouvoir se méfiait de lui, le châtiait … Mais ce n’est qu’à l’extrême fin de cette prédication subversive et persévérante qu’il a finalement été tué : le pouvoir romain, à l’évidence, se méfiait de sa position élevée dans la société juive. Ceci dit la persécution de Paul a été rigoureuse …

Il l’évoque en détail dans l’épître d’aujourd’hui – où il montre qu’il n’est pas le moindre parmi les évangélisateurs, mais dans la seconde partie il s’étend sur les faveurs mystiques qu’il a reçues. Comme je l’ai dit souvent et comme vous le savez, il est un mystique il a été élevé « jusqu’au troisième ciel », il a entendu des paroles qu’il n’est pas permis à un homme de rapporter.

Tel est l’Apôtre. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un intellectuel de son niveau, de sa classe et de son enthousiasme, il a écrit aux diverses communautés chrétiennes, et vous le savez, la plupart du temps les épîtres que nous lisons aux liturgies sont de l’Apôtre Paul. Les autres apôtres nous ont laissé aussi des épîtres, Jacques, Pierre, Jean, Jude mais ce legs apostolique n’est pas comparable quantitativement et qualitativement aux Epîtres de Paul qui sont une mine inépuisable de la théologie chrétienne.

En regard, l’autre Coryphée des Apôtres, Pierre, est fort différent. Il n’est pas, lui, un intellectuel, il n’appartient aucunement à l’élite des Pharisiens. C’est un simple pécheur et c’est parmi les humbles, les manuels que le Christ a choisi la plupart des autres apôtres. Mais quand le Christ passe près de sa barque où il réparait ses modestes instruments et lui dit : « Suis-moi », Pierre – et André son frère –, sans hésiter laisse tout et le suit. C’est cette existence misérable et précaire de compagnons errants d’un maître lui-même rejeté que Pierre mène pendant trois ans, «sans hésitation ni murmure», comme je dis parfois. Ce n’est pas même lui qui nous décrit ces vicissitudes. Lui, il suit humblement. C’est vers la fin de l’apostolat de Jésus qu’il dit modestement : « Et nous qui avons tout laissé pour Te suivre, qu’adviendra-t-il de nous ». Mais il interroge simplement, sans se plaindre … Il est fidèle … Certes, au cours de la Passion, il renie trois fois le Christ. Il pleure amèrement, mais ce reniement même est à intégrer dans la compréhension de la vocation de Pierre. Il n’était pas non plus dans la poignée de fidèles auprès de la croix. Seul Jean était aux côtés des saintes femmes …

Telle n’était pas, bien-aimés Frères et Sœurs, la vocation de Pierre.

Mais son exemplarité est autre et nous la trouvons dans les textes de ce jour : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci » - « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Une seconde fois le Christ interroge : « Pierre, m’aimes-tu ? » - « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Comme la première fois, Christ répond : « Pais mes agneaux ». Quand une troisième fois le Christ lui demande : « Pierre, m’aimes-tu ? », Pierre attristé répond : « Tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ! » Suit l’annonce du martyre de Pierre. Mais ce qui est important, fondamental pour nous, clercs, c’est cette exigence : « M’aimes-tu ». Elle est première et elle est immédiatement suivie de l’ordre : « Pais mes agneaux ». Ce qui est l’exigence première pour l’homme d’Eglise, c’est l’amour pour le Christ, et à celui qui l’aime, le Christ confie ses agneaux.

Certes Pierre n’était pas un intellectuel, mais quel enseignement nous apporte-t-il en ce jour !
Mais la péricope évangélique d’aujourd’hui est, pourrait-on dire, plus inépuisable encore. Christ interroge ses apôtres : « Qui dit-on que je suis ? ». Certains, répondent-ils, disent que tu es Jean-Baptiste. D’autre disent que tu es Elie dont le retour était annoncé. Ou bien Jérémie. Ou bien quelque autre des Prophètes.
- « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre, prenant la parole, répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Vérité qui est le fondement et comme la synthèse de la théologie, le Christ était l’Attendu et Pierre le reconnaît dans le fils de Marie, et la VIE de Dieu, qui émane de Lui, c’est le SAINT-ESPRIT.

SAINT PIERRE ET SAINT PAUL LES DEUX CORYPHÉES SONT AUSSI PRESTIGIEUX L’UN QUE L’AUTRE, CAR LA SAGESSE DIVINE ÉTAIT EN EUX !


AMIN

 

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