Les dix lépreux

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ,

L’Évangile du jour selon saint Luc (17, 12-19), nous présente une scène simple, mais profondément interpellante pour notre vie spirituelle. Le Christ entre dans un village, et dix lépreux viennent à sa rencontre. Ils se tiennent à distance, comme la Loi l’exigeait, car la lèpre n’était pas seulement une maladie du corps, mais aussi une exclusion sociale et religieuse. Ces hommes vivaient coupés des autres, privés de relations, de culte et d’espérance humaine.

De loin, ils élèvent la voix et crient : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ! » Cette prière est brève, mais elle contient tout. Ils reconnaissent en Jésus un Maître, quelqu’un qui a autorité, et ils Lui demandent la miséricorde. Ils ne réclament pas un droit, ils implorent une grâce. Cette supplication ressemble profondément à la prière de l’Église, et à la prière du cœur que tant de chrétiens répètent jour après jour : « Seigneur, aie pitié de moi, pécheur. »

Le Christ leur répond d’une manière qui peut nous surprendre. Il ne les touche pas, Il ne proclame pas leur guérison sur-le-champ. Il leur dit simplement : « Allez-vous montrer aux prêtres. » Autrement dit, Il leur demande un acte d’obéissance et de foi. Ils partent alors qu’ils sont encore lépreux, sans preuve visible que leur situation a changé. Et l’Évangile nous dit cette phrase capitale : « Or, pendant qu’ils y allaient, ils furent purifiés. » La guérison se produit en chemin.

Saint Jean Chrysostome souligne ici que Dieu agit souvent ainsi dans nos vies. Il nous demande d’avancer dans la confiance avant même que le miracle ne soit visible. Combien de fois le Seigneur nous invite-t-Il à persévérer dans la prière, à pardonner, à changer de vie, alors que nous ne voyons pas encore de fruits immédiats ? Pourtant, c’est dans cette obéissance humble que la grâce commence à agir.

Les dix hommes sont donc purifiés. Leur chair est restaurée, leur exclusion prend fin, une vie nouvelle s’ouvre devant eux. Mais l’Évangile nous révèle alors un détail décisif : un seul d’entre eux, voyant qu’il est guéri, revient sur ses pas. Il glorifie Dieu à haute voix et se prosterne aux pieds de Jésus pour Lui rendre grâce. Et saint Luc précise : « C’était un Samaritain. » Un étranger, un homme considéré comme en dehors du vrai culte.

Saint Augustin commente ce passage en disant que les neuf autres ont reçu le bienfait, mais qu’ils se sont arrêtés au don, sans revenir à Celui qui donne. Le Samaritain, lui, a compris que la guérison du corps n’était pas la fin, mais un signe qui devait le conduire à une rencontre plus profonde avec Dieu. La gratitude devient ici le chemin qui mène à la communion.

Alors Jésus pose une question qui traverse les siècles et qui nous est adressée aujourd’hui : « Les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Où sont les neuf autres ? » Ce n’est pas une parole de reproche amer, mais une interrogation pleine d’amour. Dieu ne manque pas de donner, mais Il attend que notre cœur se tourne librement vers Lui.

Cette question nous concerne directement. Combien de fois crions-nous vers Dieu dans la détresse, dans la maladie, dans les difficultés familiales ou matérielles ? Et lorsque la situation s’améliore, lorsque l’épreuve passe, combien de fois oublions-nous de revenir vers Lui pour dire simplement : « Merci » ? Saint Basile le Grand affirme que l’ingratitude endurcit le cœur, car elle nous fait croire que ce que nous possédons est le fruit exclusif de nos efforts, et non un don de la Providence.

Le Samaritain, en revanche, nous montre le chemin du croyant véritable. Il reconnaît que tout vient de Dieu. Il remercie non seulement pour la guérison, mais pour la présence même du Christ dans sa vie. Sa reconnaissance n’est pas seulement verbale : il revient, il se prosterne, il se tient aux pieds de Jésus. Il entre dans une relation personnelle avec Lui.

C’est alors que le Seigneur lui dit une parole encore plus profonde : « Relève-toi, va : ta foi t’a sauvé. » Les dix ont été guéris extérieurement, mais un seul reçoit le salut intérieur. Saint Théophylacte explique que la gratitude ouvre le cœur à une grâce plus grande que le miracle initial. Celui qui remercie Dieu reçoit non seulement ce qu’il demandait, mais il reçoit Dieu Lui-même.

Cette page d’Évangile nous apprend aussi à remercier Dieu en toutes circonstances, et pas seulement lorsque les miracles sont visibles. Nous sommes appelés à rendre grâce pour la vie, pour le souffle que Dieu nous donne chaque matin, pour notre pain quotidien, pour nos proches, mais aussi pour les épreuves qui nous purifient et nous apprennent l’humilité. Saint Isaac le Syrien enseigne que le cœur reconnaissant transforme même la souffrance, car il y découvre un lieu de rencontre avec Dieu.

Frères et sœurs, demandons aujourd’hui la grâce d’être de ceux qui reviennePPnt. Revenons vers Dieu après chaque bénédiction, petite ou grande. Revenons vers Lui dans la prière, dans l’action de grâce, dans l’Eucharistie qui est, par excellence, le sacrement du « merci ».

Que notre vie entière devienne une louange, une reconnaissance continuelle envers Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Et que nous puissions entendre, nous aussi, au plus profond de notre cœur, cette parole du Christ : « Ta foi t’a sauvé. » Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

Le riche insensé

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, l’Évangile de ce jour nous présente la parabole de notre Seigneur sur l’homme riche et insensé. Jésus dit qu’un homme, dont le domaine avait beaucoup rapporté, se disait : «Que vais-je faire ? J’abattrai mes greniers, j’en construirai de plus grands, et j’y mettrai mon blé et mes biens. Puis je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, réjouis-toi.» Mais Dieu lui dit : «Insensé ! Cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ?» Et le Christ conclut : «Ainsi en est-il de celui qui amasse un trésor pour lui-même et n’est pas riche pour Dieu

Ce passage, frères et sœurs, n’est pas seulement l’histoire d’un homme de l’Antiquité. C’est le miroir de notre époque, l’image de nos sociétés obsédées par l’accumulation, la sécurité matérielle, le calcul de demain, mais souvent pauvres en charité, dépouillées de gratitude, faibles en confiance envers Dieu. Le Christ ne condamne pas la richesse en soi. L’Écriture ne fait jamais cela. Elle condamne l’esprit d’appropriation, la fermeture du cœur, la croyance que la vie dépend de ce que l’on possède. Le péché du riche insensé n’est pas son travail, ni même ses récoltes abondantes, mais qu’il n’a pensé ni à Dieu, ni à son prochain. Il n’a pensé qu’à lui-même.

Saint Basile le Grand dit : « Le Seigneur ne reproche pas au riche d’avoir des greniers, mais d’avoir préféré les agrandir plutôt que d’ouvrir la porte de sa maison aux pauvres. » L’homme n’a remercié personne. Il ne dialogue qu’avec son âme et croit qu’elle lui appartient. Il s’adresse à elle comme si elle dépendait de son blé, alors qu’elle dépend de Dieu seul. La folie de cet homme est de croire que sa vie repose sur ses réserves, quand elle repose sur la miséricorde divine.

Et pour comprendre la gravité de cette folie, regardons le contraste avec les hommes riches mais sages de l’Ancien Testament, dont la richesse devint source de bénédiction parce qu’ils la vivaient comme un dépôt confié par Dieu.

Jacob, père d’Israël, était comblé de troupeaux et de biens. Pourtant, il ne cessait d’offrir et de partager. Il envoie des présents à son frère Ésaü pour réconcilier leurs cœurs. Il offre des sacrifices partout où Dieu lui manifeste sa présence. Il comprenait que la richesse ne lui était donnée ni pour s’installer dans le confort ni pour se glorifier lui-même, mais pour construire la paix et honorer Dieu.

Job était « le plus riche des fils d’Orient », mais il ouvrait sa main aux pauvres. L’Écriture dit qu’il était les yeux de l’aveugle et les pieds du boiteux. La richesse ne l’avait pas rendu dur. Et lorsqu’il perd tout, il ne perd pas sa confiance : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris ; que le Nom du Seigneur soit béni. » Voilà un riche qui était déjà libre, parce qu’il n’était possédé par rien.

Quant au juste Tobit, même dans l’exil et la pauvreté, il donnait ce qu’il avait. Il nourrissait les affamés, aidait les malheureux, ensevelissait les morts. Il enseigne à son fils : « Fais l’aumône de ton bien selon ton abondance ; et si tu as peu, ne crains pas de donner un peu. » Pour Tobit, la miséricorde était la vraie richesse.

Ces hommes nous montrent que la lumière de la richesse vient du cœur qui la distribue, non du coffre qui l’entasse. Ils étaient riches pour Dieu, parce qu’ils ne vivaient pas pour ce qu’ils possédaient, mais pour Celui qui donne.

Alors, lorsque Dieu dit au riche insensé : «Ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ?», cette parole est terrible. Car l’héritage des insensés n’est jamais celui qu’ils imaginaient. Leurs biens ne restent pas avec eux ; ils deviennent souvent la source de conflits entre leurs héritiers ; et ils laissent derrière eux un vide spirituel. Saint Grégoire de Nysse dit : «Les biens mal partagés engendrent des héritiers malheureux.» Celui qui a vécu pour accumuler laisse souvent à ses enfants non une bénédiction, mais une course sans fin vers la possession, une peur de manquer, une attitude d’avidité. Il lègue l’inquiétude, non la foi ; le cœur fermé, non la charité.

À l’inverse, celui qui donne laisse un héritage de paix, de joie, de confiance en Dieu. Les saints Pères disent que le seul trésor qui nous suit dans l’éternité est celui que nous donnons.

Saint Jean Chrysostome enseigne : «Les biens que tu gardes deviennent ta perte ; ceux que tu donnes deviennent ta couronne.»
Saint Basile le Grand dit encore : «Le pain que tu retiens appartient à l’affamé, le vêtement que tu gardes au placard appartient au pauvre.»
Et saint Isaac le Syrien affirme : «La richesse a été donnée pour racheter l’âme de la mort. Celui qui ne l’emploie pas ainsi l’a déjà gaspillée.»

Frères et sœurs, comment devenir riches pour Dieu ?
D’abord par la gratitude : reconnaître que tout vient de Lui, que nous ne sommes que les administrateurs.
Ensuite par la charité : donner avec joie, partager sans calcul, aider sans attendre de retour. L’aumône est une puissance spirituelle : elle libère notre cœur, elle purifie l’âme, elle attire la miséricorde divine.
Puis par la confiance : croire que Dieu pourvoit, même quand nous donnons de notre nécessaire. La sécurité véritable n’est pas dans un compte en banque, mais dans la fidélité de Dieu.
Enfin par la purification du cœur : apprendre à ne pas être possédés par ce que nous possédons. Le cœur de l’avare est un grenier fermé ; le cœur du chrétien est un autel ouvert au feu de l’Esprit.

Le monde nous dit : «Accumule, garde, sécurise.»
Le Christ nous dit : «Donne, partage, aime.»
Le monde nous dit : «Ce que tu gardes est ton bien.»
Le Christ nous dit : «Ce que tu donnes te suit dans l’éternité.»

Demandons au Seigneur de nous libérer de l’esprit de l’homme riche et insensé, et de nous donner un cœur semblable à celui de Jacob dans sa gratitude, de Job dans son détachement, de Tobit dans sa compassion. Que nous apprenions à être riches pour Dieu, afin qu’au jour où notre âme sera redemandée, nous puissions entendre non pas : «Insensé !», mais : «Viens, bon et fidèle serviteur ; entre dans la joie de ton Seigneur.»

 Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

 

L’entrée de la Vierge dans le temple

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui nous célébrons l’Entrée de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple, un événement qui nous révèle la préparation discrète et merveilleuse du salut. Joachim et Anne offrent Marie au Seigneur dès son plus jeune âge, et cette offrande dépasse un simple geste familial : elle représente l’humanité présentant à Dieu ce qu’elle a de plus pur. Saint Grégoire Palamas dit : « La Vierge est le premier fruit sanctifié de la nature humaine offert à Dieu. » En entrant dans le Temple, Marie devient elle-même le temple vivant où le Verbe prendra chair.

La Tradition nous rapporte que le grand-prêtre, éclairé par l’Esprit, introduit la jeune Marie jusque dans le Saint des Saints, geste prophétique qui annonce qu’elle deviendra la demeure vivante du Très-Haut. Saint Jean Damascène écrit : « Le Temple vivant entre dans le Temple de la Loi pour préparer une demeure au Maître du monde. » Ce n’est pas le Temple qui sanctifie la Vierge, mais la Vierge qui sanctifie le Temple par sa présence et par sa pureté.

Cette fête ne nous parle pas seulement du passé ; elle éclaire notre vie spirituelle. L’entrée de Marie est l’image de notre propre approche du Seigneur. Chaque prière, chaque repentir, chaque participation à la liturgie est une entrée dans le Temple intérieur. Saint Ambroise nous rappelle : « La vie de la Vierge est pour nous l’école de la vertu : accomplissons spirituellement ce qu’elle accomplit corporellement. » En elle, dit saint Grégoire de Nysse, nous voyons ce que l’âme peut devenir lorsqu’elle se tourne entièrement vers Dieu.

Marie entre dans le Temple avec joie, courant vers la présence divine, offrant son cœur sans réserve. Saint Théophane le Reclus dit : « Le commencement de la sainteté est d’offrir son cœur à Dieu sans réserve. » Dans le silence du Temple, elle se laisse façonner par Dieu. Saint Isaac le Syrien nous enseigne : « Le silence est le mystère du siècle à venir. » La Mère de Dieu nous apprend ainsi que la rencontre profonde avec Dieu naît dans le silence, l’humilité et la prière.

Dans la discrétion de ces années cachées, Dieu prépare le salut du monde. Saint André de Crète affirme : « Aujourd’hui commence la préparation du mystère du Christ : la Vierge est formée dans le secret. » De même, Dieu agit dans le secret de nos cœurs lorsque nous lui ouvrons notre vie.

Frères et sœurs, en célébrant aujourd’hui l’Entrée de la Vierge, entrons avec elle dans le Temple spirituel. Offrons notre cœur, purifions notre âme, recherchant la paix et la joie de la présence divine. Par l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu, que le Seigneur fasse de nous aussi des temples vivants de sa grâce. À Lui soient la gloire aux siècles des siècles. Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

La femme courbée

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen.

Bienaimés frères et sœurs en Christ,

L’Évangile du jour nous parle d’une scène simple, presque ordinaire : Jésus enseigne dans une synagogue un jour de sabbat. Mais cet instant est bouleversé par la venue d’une femme courbée depuis dix-huit ans, « oppressée par un esprit », dit l’Évangile. Elle ne peut pas se redresser. Elle vit littéralement inclinée vers le sol, incapable de regarder le ciel.

Aujourd’hui, à travers cette femme, c’est chacun de nous que le Christ rejoint. Car si nous ne sommes peut-être pas courbés physiquement, nous connaissons tous cette expérience : celle d’être plié, alourdi, écrasé par quelque chose qui nous dépasse — une souffrance, une culpabilité, un souci, une peur, une habitude mauvaise, un péché. Et souvent, comme la femme de l’Évangile, nous nous sommes habitués à cet état. Dix-huit ans ! Une vie entière courbée. Peut-être n’espérait-elle même plus la guérison.

Mais le Christ, Lui, voit ce que nous ne voyons plus. Il voit cette femme. Il la voit entièrement. Il la voit comme Dieu voit chaque être humain : non pas dans l’état où la maladie, les épreuves ou le péché l’ont laissé, mais dans l’état où Dieu veut le relever.

L’Évangile dit : « Jésus l’appela ». Il l’appelle, elle, personnellement, au milieu de la foule. Elle n’a pas demandé de miracle. Elle n’a pas crié vers Lui. C’est la compassion du Christ qui prend l’initiative. Frères et sœurs, n’attendons pas d’être parfaits pour nous présenter devant Dieu, on en sera pas. N’attendons pas d’avoir « mérité » Sa miséricorde. L’amour de Dieu nous précède toujours. Le Christ nous appelle tels que nous sommes — courbés, fatigués, blessés — pour nous relever.

Ensuite, Jésus lui dit : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité. » Puis il pose les mains sur elle, et elle se redresse immédiatement et glorifie Dieu.

Ce redressement est plus qu’une simple guérison physique : c’est un symbole puissant de la restauration de l’image divine en l’homme. Le péché et les souffrances du monde nous font regarder vers la terre, vers nos limites, vers nous-mêmes. Le Christ, Lui, nous relève et nous redonne la capacité de regarder vers le ciel, vers la Vie, vers Dieu.

Mais l’Évangile ne s’arrête pas là. Immédiatement surgit l’indignation du chef de la synagogue : « Il y a six jours pour travailler », dit-il. Quelle étrange réaction ! Un être humain qui souffre depuis dix-huit ans vient d’être guéri, et lui s’attache à une règle mal comprise.
Frères et sœurs, reconnaissons-le humblement : ce chef de synagogue peut aussi vivre en nous. Il représente la logique légaliste, la logique du jugement, la rigidité d’un cœur qui préfère l’ordre à l’amour, la lettre à l’esprit, les habitudes à la miséricorde.

Le Christ répond avec autorité et douceur : « Hypocrites ! Chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne pour le mener boire le jour du sabbat ? Et cette femme, une fille d’Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer le jour du sabbat ? »

Quelle est la leçon ?

Le sabbat, jour de repos, jour consacré à Dieu, n’est pas annulé par le miracle — il trouve au contraire son accomplissement. Car le véritable repos, le véritable sabbat, c'est la délivrance de l’être humain, sa guérison, sa restauration. Lorsque l’homme est libéré, alors Dieu est glorifié.

Aujourd’hui encore, frères et sœurs, nous risquons de réduire la foi à des règles mécaniques. Mais la vie chrétienne, la vraie vie ecclésiale, n’est pas un système de prescriptions rigides : elle est la rencontre vivante entre Dieu et l’homme. La loi existe pour conduire à la vie, jamais pour empêcher la miséricorde.

Cette femme est appelée par Jésus « une fille d’Abraham ». Elle est reconnue dans sa dignité profonde. Elle n’est pas définie par sa maladie, ni par ses faiblesses, ni par son passé. Elle est une personne précieuse aux yeux de Dieu.

Frères et sœurs, c’est ainsi que Dieu nous regarde. Nous ne sommes pas définis par notre péché ou nos chutes, mais par l’amour que Dieu nous porte et par la vocation divine qu’Il a déposée en nous.

Alors que pouvons-nous retenir pour nos propres vies ?

D’abord, présentons-nous au Christ avec nos courbures. Soyons honnêtes devant Dieu. Ne dissimulons pas ce qui en nous a besoin d’être guéri. La prière, la confession, la vie sacramentelle sont les lieux où Dieu veut poser Sa main sur nous.

Puis, ne laissons pas la rigidité du jugement habiter nos cœurs. Apprenons à nous réjouir du bien qui arrive aux autres, à accueillir l’action de Dieu même lorsqu’elle surprend, même lorsqu’elle bouscule nos habitudes.

A la fin, soyons des instruments de relèvement. Quand nous rencontrons quelqu’un qui marche courbé — par la tristesse, par l’échec, par la honte — ne le jugeons pas. Appelons-le, comme le Christ appelle la femme. Une parole de bonté peut parfois être une main posée sur un cœur blessé.

Enfin, rappelons-nous que notre vocation n’est pas de vivre courbés vers la terre, mais dressés vers le ciel. Le Christ vient nous redonner la dignité perdue, Il vient nous redresser chaque fois que nous tombons, Il vient nous conduire vers la liberté des enfants de Dieu.

Frères et sœurs, que chacun de nous entende aujourd’hui cette parole du Seigneur : « Te voilà délivré. Redresse-toi. Regarde vers Dieu. Marche dans la liberté. » Amen !

 

Prêtre Zhivko Zhelev

 

 

 

Saint  Nicolas

 

 

Bienaimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui, notre paroisse célèbre avec une grande joie la fête de Saint Nicolas, évêque et confesseur de la foi, mais surtout le patron de notre église. En ce jour particulier, nous ne faisons pas seulement mémoire d’un saint du passé ; nous rendons grâce à un homme dont la vie continue d’éclairer la nôtre et de nous montrer un chemin de foi, de charité et de fidélité à l’Évangile.

Saint Nicolas est né à la fin du troisième siècle, dans une région qui se trouve aujourd’hui en Turquie. Il a grandi dans une famille chrétienne à une époque où suivre le Christ demandait courage et persévérance. La foi n’était pas un simple héritage culturel, mais un véritable engagement et même un risque. Très tôt, Nicolas a compris que croire en Jésus signifiait lui donner toute sa vie. Devenu prêtre, puis évêque de la ville de Myre, il n’a jamais cherché les honneurs ni le pouvoir. Il a voulu être avant tout un pasteur, proche de son peuple, attentif à ses joies comme à ses souffrances.

Ce qui marque profondément la vie de Saint Nicolas, c’est sa charité. Une charité concrète, discrète, profondément évangélique. La tradition raconte qu’il apprit qu’un père, ruiné et désespéré, ne pouvait marier ses trois filles et risquait de les voir tomber dans une vie indigne. Nicolas n’a pas fait de discours, il n’a pas cherché à être reconnu. De nuit, dans le secret, il a jeté par la fenêtre des bourses d’or, permettant à ces jeunes femmes de retrouver dignité et avenir. Ce geste, transmis de génération en génération, nous dit quelque chose d’essentiel : la vraie charité ne cherche pas à se montrer. Elle se vit dans le silence, dans l’humilité, dans le souci de respecter l’autre.

Dans un monde où tout se voit et se commente, Saint Nicolas nous rappelle que les plus beaux gestes sont souvent ceux que personne ne remarque. Aider sans attendre de remerciement, donner sans faire de bruit, soutenir sans juger : voilà des actes qui construisent le Royaume de Dieu. Saint Nicolas nous invite à regarder autour de nous et à nous demander : qui a besoin d’un geste de bonté ? Qui attend une présence, une écoute, un soutien discret ?

Saint Nicolas est aussi connu comme le protecteur des enfants, des pauvres, des marins, des prisonniers, de tous ceux qui sont vulnérables. De nombreuses histoires racontent comment il est intervenu pour sauver des innocents, pour défendre ceux qui n’avaient pas de voix. Qu’elles soient historiques ou symboliques, ces traditions expriment une vérité profonde : Nicolas ne supportait pas l’injustice. Il ne restait jamais indifférent devant la souffrance des plus petits.

Cela nous rejoint profondément aujourd’hui. Notre monde connaît encore tant d’injustices, tant de pauvreté, tant de solitude. Des enfants souffrent, des familles sont en difficulté, des personnes âgées sont oubliées. La vie de Saint Nicolas nous rappelle que la foi chrétienne n’est jamais indifférente. Croire en Dieu, c’est apprendre à voir l’autre avec les yeux du Christ et à agir lorsque la dignité humaine est menacée.

Saint Nicolas a aussi été un évêque fidèle à la vérité de la foi. Il a participé au concile de Nicée, un moment crucial pour l’Église, où il a défendu avec force la foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme. Pour lui, la vérité n’était pas une idée abstraite, mais une relation vivante avec le Christ. Il savait que l’amour et la vérité ne s’opposent pas, mais qu’ils vont toujours ensemble.

Dans un monde où tout semble parfois relatif, où l’on hésite à affirmer ce en quoi l’on croit, Saint Nicolas nous encourage à une foi enracinée, humble mais solide. Être chrétien aujourd’hui demande du courage, mais aussi de la douceur. Saint Nicolas nous montre qu’il est possible de rester ferme dans la foi tout en étant profondément charitable.

Si nous célébrons aujourd’hui Saint Nicolas comme patron de notre église, ce n’est pas un hasard. Cela signifie que notre communauté est appelée à lui ressembler. Être une paroisse placée sous le patronage de Saint Nicolas, c’est être une église ouverte et accueillante, attentive aux plus fragiles, généreuse dans le service, fidèle à l’Évangile. C’est être une église où chacun peut trouver sa place, où la charité n’est pas un mot, mais une réalité vécue.

En ce jour de fête, laissons-nous interpeller par la vie de Saint Nicolas. Il ne nous demande pas de faire des choses extraordinaires, mais de vivre l’Évangile dans l’ordinaire de nos vies. Il nous rappelle que la sainteté est possible pour chacun de nous, à travers des gestes simples, une foi sincère et un amour concret.

Demandons à Saint Nicolas d’intercéder pour notre paroisse, pour nos familles, pour les enfants et pour tous ceux qui sont dans le besoin. Qu’il nous apprenne à donner sans compter, à aimer sans condition et à marcher fidèlement à la suite du Christ. Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev