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SERMON du 19-e DIMANCHE après Pentecôte
Pères du VII° Concile Œcuménique
Saints Startsy d'Optino
Matines : Jn XX, 11-18
Liturgie : 2 Cor. XI, 31-XII, 9 ; Luc VII, 11-16
7-e Conc. : Hébr. XIII, 7-16 ; Jn XVII, 1-13
Optino :Gal. V, 22-VI, 2 ; Luc VI, 17-23
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
Nous avons aujourd’hui une grande abondance de textes sacrés, et donc d’enseignements, puisque nous fêtons, en plus du 19-e dimanche a. P, les Pères du 7-e Concile et les Pères d’Optino.
I - L’évangile de Matines est celui du désarroi de Marie-Madeleine qui, au tombeau voit les deux anges qui lui disent : « Pourquoi pleures-tu ? » Mais comme elle entreprenait de leur répondre, elle vit derrière elle Jésus Lui-même qu’elle ne reconnut pas – ce qui ne nous surprend pas ! Elle Le prit pour le jardinier et commença à L’interroger … Il l’interrompit et Il lui dit simplement « Marie ! » et elle Lui répond : « Rabbuni ! » Dieu vient au devant de nous et, alors, nous Le reconnaissons. C’est un enseignement mystique.
La familiarité avec Dieu, nous la voyons dans le passage des Corinthiens : l’apôtre évoque les persécutions qu’il subit, en contrepartie, il mentionne son élévation au troisième ciel et les paroles ineffables qu’il a entendues. Il n’en est pas moins tourmenté, tout comme un homme, par la sensualité. Il demande au Seigneur Lui-même – vous voyez la familiarité mystique ! – de l’en délivrer et le Seigneur lui répond « Ma grâce te suffit ! ». L’apôtre ne se glorifiera donc que de sa faiblesse.
Ces péricopes – intrinsèquement mystiques – s’épanouissent dans l’Evangile du jour qui n’est autre que celui du fils de la Veuve de Naïm. Le Seigneur voit passer cet enterrement du fils unique de la veuve, Il s’émeut. Il arrête les porteurs et s’adresse au jeune mort – « Lève-toi ! » – et Il le rend à sa mère.
C’est bouleversant. Nous avons d’ailleurs le réconfort de savoir que ce jeune ressuscité et sa mère ont été parmi les tout premiers évangélisateurs ;
II – Nous progressons – quoique cette succession de fêtes soit casuelle. La péricope de l’épître aux Hébreux évoque la reconnaissance due à ceux qui nous « ont annoncé la Parole de Dieu ». Il invite à ne pas dévier vers des doctrines ou pratiques étrangères. Tenons-nous à nos prescriptions, les viandes sacrifiées sont brûlées hors du camp et de même notre Rédempteur a souffert hors de la Porte. Soyons fidèles et rappelons-nous que nous n’avons pas ici-bas de cité permanente. Exerçons la charité.
La péricope évangélique correspondante n’est autre que la grande prière sacerdotale de Jésus : « Glorifie-moi, Père … comme je T’ai glorifié sur la terre. J’ai achevé l’ouvrage que tu m’avais donné à faire, et maintenant, glorifie-moi de la gloire que j’ai eue auprès de Toi, avant que le monde ne fût créé ».
Il développe : J’ai manifesté Ton nom aux hommes que tu m’as donnés. Ils étaient à Toi et tu me les a donnés ET ILS ONT GARDÉ TA PAROLE.
Suit le redoutable avertissement : Je prie pour eux, je ne prie pas pour le monde.
Nul de ces élus ne s’est perdu sauf le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.
III – On revient momentanément sur terre en évoquant les Pères d’Optino et l’épître des Galates évoque les fruits de l’esprit : ceux-ci sont la charité, la joie, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la fidélité, la bénignité, la tempérance.
Si quelqu’un vient à tomber, redressez-le dans un esprit de douceur …
Tels sont les comportements d’une vraie communauté chrétienne. Les épreuves éventuelles ne comptent pas et l’évangile est celui des béatitudes selon la version de Luc :
Bienheureux vous les pauvres, car le royaume des cieux est à vous,
Bienheureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés,
Bienheureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie …
Il y aura les outrages, les malédictions, à cause du Fils de l’Homme,
Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux. C’est ainsi que leur pères traitaient les prophètes !
A L’EXEMPLE DES GRANDS SAINTS DE CE JOUR, SOYONS DANS LEUR JOIE !
AMIN
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SERMON du 18-e DIMANCHE après Pentecôte
Matines : Jean XX, 1-10
Liturgie : 2 Cor. IX, 6-11 ; Luc VI, 31-36
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
Le septième « évangile de la Résurrection » évoque Marie-Madeleine qui voit que la lourde pierre placée devant le Tombeau a été ôtée. Elle constate aussi que le Corps du Seigneur a disparu. Elle va avertir Pierre qui vient en compagnie de Jean. Jean, plus jeune, court plus vite, il arrive le premier, voit les bandelettes, mais n’entre pas. Pierre arrive, voit d’un côté les bandelettes, de l’autre le voile du visage, et il entre. Jean raconte qu’il entre aussi : il voit et il croit. Car, ajoute-t-il, il n’avait pas encore pénétré le sens des Écritures et compris que le Christ devait ressusciter des morts.
Nous assistons ainsi à la deuxième Conversion de Jean, à son Illumination, survenue – ne l’oublions pas, en particulier en ce jour ! – dans un Tombeau …
I – La Miséricorde de Dieu est inépuisable, paradoxale même : que notre charité s’en inspire !
Celui qui sème peu, dit l’Épître aux Corinthiens, récoltera peu et celui qui sème largement récoltera en abondance. On a toujours tendance à donner chichement, éventuellement parce qu’on redoute de manquer. Mais Dieu, enseigne cette péricope, vous donnera toujours suffisamment de biens pour que vous donniez en abondance. Pourquoi ? Parce qu’il est un Dieu bon et miséricordieux et que par suite il ne laisse pas manquer de biens celui qui donne.
Me revient à l’esprit l’exemple de ce saint Cottolengo qui recueillait tous les pauvres, les malades, les infirmes … Son Hospice prenait de l’extension, il y avait toujours plus de gens dans le besoin et qui n’avaient pas d’autres recours. Il y avait aussi des dons, généreux et imprévisible, car ce grand saint n’était pas un gestionnaire. Il vivait au jour le jour de la charité et il donnait, il donnait inépuisablement. La sœur trésorière s’affolait : un jour à bout de ressources, elle lui apporte un napoléon, un seul : c’est tout ce qui nous reste, Père ! « C’est le dernier ? » - « Oui, Père … » - « Donnez-le moi ! » Et il le jette par la fenêtre ! Dans l’après-midi même arrivent un don généreux qui suffisait à faire vivre l’Hospice pendant plusieurs mois !
Ne donnez pas en retenant, donnez abondamment et le Seigneur vous donnera toujours assez de biens pour que votre charité ne s’épuise pas. De l’ombre, comme nous le voyons par l’exemple de saint Jean, procède toujours la Lumière !
II – L’Évangile de ce jour, commence par une maxime, pourrait-on dire, « de bonne compagnie » : Ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur aussi ! Mais le Seigneur ne s’en tient pas à ces banalités de bonne compagnie, il les transcende aussitôt en passant au cas limite : « Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? » Les pécheurs aussi font de même. « Si vous ne faites du bien, qu’à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs et les méchants font de même … Moi, je vous dis, poursuit le Seigneur, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans espoir de retour »!
Donnez, en somme, à fonds perdu !
Vous sombrerez selon le monde, mais votre récompense sera grande ET VOUS SEREZ LES ENFANTS DU TRÈS-HAUT !… parce qu’Il est bon envers les ingrats et les méchants …
L’ombre n’arrête pas la Lumière.
SOYEZ DONC MISÉRICORDIEUX COMME VOTRE PÈRE CÈLESTE EST MISÉRICORDIEUX !
AMIN
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SERMON de la FÊTE du « POKROV »
[du « VOILE » ou « PROTECTION » de la Mère de Dieu]
Vêpres : Gen. XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 ; Prov. IX, 1-11
Matines : Lc IV, 1, 39-49, 56.
Liturgie : Hébr. IX 1-7 ; Lc X, 38-42 et XI, 27-28
La Fête du POKROV est une des plus grandes fêtes de la Mère de Dieu, une de celles auxquelles le peuple russe est particulièrement attaché : tout le peuple orthodoxe se sent sous le voile protecteur de la Mère de Dieu, comme lors du miracle que nous célébrons. La Mère de Dieu est apparue dans l’église des Blachernes, au dessus des Portes Royales. Elle tenait son voile sous lequel se trouvait tout le peuple.
Et nous savons et nous espérons que la Mère de Dieu avec la merveilleuse procession, vienne chercher notre âme à notre mort.
L’église des Blachernes se trouve à « Tsargrad » – la ville de l’empereur qui en l’occurrence est Constantinople.
I - Les lectures et les textes de ce jour sont, en général, ceux des fêtes de la Mère de Dieu. Toutefois l’Epître est tirée de la Lettre aux Hébreux. Dans cette péricope, saint Paul présente la disposition du Temple de la Première Alliance. Celui-ci comportait deux parties, deux tentes, comme l’on disait, qui rappelaient la disposition du Temple dans le désert. Ces deux parties, vous n’avez pas peine à vous les représenter, car ce sont, après le narthex ou vestibule, les deux parties de nos églises orthodoxes, la nef où se tiennent les fidèles et le sanctuaire. La nef était appelé [lieu] saint, et, au-delà du voile de séparation que nous avons toujours aux portes royales, il y avait le saint des saints. Mais si, dans le saint les prêtres se tenaient généralement pour accomplir le service liturgique – ce que nous faisons toujours pour les mariages, baptêmes, enterrement panikhide, moleben -, dans le saint des saints, seul le grand prêtre pouvait entrer, une fois par an, et non sans s’être muni de SANG.
Chez nous aussi, le sanctuaire est réservé au clergé et acolytes, qui y entrent pour célébrer et qui sont munis du Sang de Jésus-Christ, l’agneau sans tâche.
Mais dans cette partie de la péricope d’aujourd’hui qui se limite à la description des deux parties du Temple, l’Eglise n’a pas le souci de marquer la continuité entre les deux alliances, elle donne simplement et sans commentaire l’épître de cette fête de la Mère de Dieu.
C’est dire que cette description du Temple s’applique à la Mère de Dieu. Il y a le saint où sont les fidèles, mais au-delà de l’iconostase se trouve le saint des saints où est Dieu et où s’accomplit la Consécration. « Christ est parmi nous » /po sredi nas/, disent lors de la Communion, prêtre et diacres.
Le saint des saints est image de la Mère de Dieu, puisque c’est en elle que Dieu est venu PARMI NOUS.
II – L’icône du POKROV qui est devant vous et que vous vénérez avec nous est aussi le récit de l’apparition. La Mère de Dieu tenant son voile déployé est apparue au dessus de l’ambon, mais seul la voyait saint André qui faisait de grands gestes pour la montrer – car il était muet. Ce bienheureux André était un Fou de Dieu. Il y en avait donc en ce temps là à Byzance, comme il y en a eu beaucoup en Russie, au point que les Fous de Dieu apparaissent comme des saints propres au peuple russe. On en compte beaucoup en effet, parmi les saints de la Russie, l’une des plus récentes étant sainte Xénia.
Saint André faisait de grands gestes pour attirer l’attention de son compagnon d’ascèse, Epiphane. Saint Romanos le Mélode qui prêchait alors comme le représente l’icône l’a vue aussi.
Il y a eu en somme deux ou trois témoins privilégiés, le Fou de Dieu André, Epiphane son disciple en ascèse, Romanos le Mélode, qui est un poète, car la composition d’hymne relève de la poésie …
Des « marginaux », en un sens, alors qu’il y avait dans cette église, beaucoup de gens « très bien », pourrait-on dire, des fidèles pieux également et sages.
Mais ce « privilège » des Fous de Dieu, des poètes ne nous surprend pas. Dans les Proverbes lus hier pour cette fête, la Sagesse elle-même a préparé son repas, elle a envoyé ses servantes et elle crie : « Que celui qui est simple entre ici ». Elle dit à ceux qui manquent d’intelligence : « Venez, mangez de mon pain et buvez de mon vin … ».
Il y a les vanités de l’intelligence, et il y a la rectitude des fous de Dieu.
Mais il est dit également : « Laissez la sottise et vous vivrez, marchez dans le chemin de la prudence … Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu et le conseil des saints c’est l’intelligence ».
Par l’intercession de saint André, le Fou de Dieu, de saint Romanos le Mélode et de saint Epiphane, marchons dans le chemin de la prudence sous le POKROV de la Toute Sainte Mère de Dieu !
AMIN
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SERMON du 17-e DIMANCHE après la PENTECÔTE
et trépas de St Jean le Théologien
Matines : Luc XXIV, 36-53
Liturgie : 2 Cor. VI, 16 – VII, 1 ; Luc V, 1-11
1 Jean IV, 12-19 ; Jean XIX, 25-27, 21, 24-25
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
Dans le sixième évangile de la Résurrection lu aux matines, Christ apparaît à nouveau à tous Ses apôtres. Ceux-ci croient d’abord voir un fantôme. Il leur dit qu’il n’en est rien, leur montre Ses mains et Ses pieds, et comme ils doutaient encore dans leur joie, Il leur demande s’ils avaient quelque chose à manger. Les apôtres Lui donnent des poissons et un rayon de miel qu’Il mange devant eux, et c’est après leur avoir rappelé tous les passages des Écritures Le concernant qu’Il les conduit sur la route de Béthanie … Il les bénit alors, et, sous leurs yeux, Il s’élève vers le ciel. Un nuage Le dérobe à leur vue, et ils rentrent à Jérusalem dans une joie totale car ils ont vu Dieu !
I – Dans le texte de l’épître au Corinthien, prescrite en ce jour, Dieu en incitant les convertis à quitter totalement les idoles, dit en propres termes : « Vous êtes le Temple de Dieu », et à ce peuple réuni et purifié, Il ajoute : « Je serai votre Père et vous serez mes fils et mes filles ! » Quelle surhumaine tendresse ! Avec raison et dans son émotion, l’Apôtre ajoute et conclut : « Purifions-nous ! »
« Personne n’a jamais vu Dieu », commence à rappeler l’apôtre Jean, mais il ajoute aussitôt : « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous ! » et il poursuit explicitement : « Nous, nous L’avons vu et nous rendons témoignage que le Père a envoyé Son Fils pour être le Sauveur du monde. Quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui demeure en Dieu ».
Nous avons vu, poursuit-il, l’amour que Dieu a pour nous, d’où il affirme cette vérité suprême : « Dieu est charité ».
Soyons donc sans crainte ! Si quelqu’un dit qu’il aime Dieu et qu’il n’aime pas son frère, c’est un menteur !
Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère !
II – La péricope de l’évangile de Luc prend en apparence les choses de très loin. Christ monte dans la barque de Simon et lui demande de s’éloigner un peu du rivage de manière à ce qu’Il puisse prêcher au peuple. Après Son enseignement, Il dit à Simon de jeter son filet à droite de la barque. Simon témoigne qu’ils avaient travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais que, sur la foi du Maître, il jettera ses filets. Ce qu’il fait et les filets se remplirent tellement de poissons qu’il est obligé d’appeler ses collègues pour l’aider à tirer ce filet. Les autres viennent, l’aident, tirent les filets jusqu’au rivage. Simon dans une sage humilité dit au Seigneur : « Retire-Toi, Maître, car je suis pécheur ». Mais le Seigneur dans sa bienveillance lui dit : « Ne crains pas ! Je te ferai pécheur d’hommes ! ».
C’est ainsi le récit de la vocation de Simon et d’André et également de leurs compagnons, Jean et Jacques.
Ils ont rencontré Dieu et à sa suite, ils participent à la pêche miraculeuse de leurs frères, les hommes que le Christ est venu sauver.
III – L’évangile de Jean, en ce jour de sa fête, est d’une singulière brièveté. En ce soir de Sa Passion, Christ a été abandonné de tous. Pierre L’a renié trois fois, les autres ont disparu. Au pied de la Croix, il y a seulement l’apôtre Jean, Marie, la Toute Sainte et deux ou trois saintes femmes … Christ dit à l’apôtre : « Voici ta mère ! » et à la Toute Sainte : « Voici ton fils ! ».
A partir de ce moment-là, l’apôtre la prit chez lui.
DÉRÉLICTION SUPRÊME DU CHRIST NOTRE DIEU QUI A DONNÉ SA VIE POUR NOUS LES HOMMES.
ADORONS-LE !
AMIN
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SERMON du 16-e DIMANCHE après la PENTECÔTE
Matines : Luc XXIV, 12-35
Liturgie : 2 Cor. VI, 1-10 ; Matt. XXV, 14-30
Gal. II, 16-20 ; Marc VIII, 34 – IX, 1
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT
Bien aimés Frères et Sœurs
Nous sommes en ce Dimanche, comme l’attestent tous les ornements de l’Église, dans ce temps béni d’après l’Exaltation de la Croix. L’Épître aux Galates, dans la péricope concernée montre catégoriquement que c’est par la foi en Jésus-Christ que l’homme est justifié. Mais, par les œuvres de la loi – l’apôtre, Juif lui-même, s’adressait à des Juifs – personne ne sera justifié. On peut faire, par la loi ou par d’autres prescriptions, des œuvres convenables, mais elles ne nous rendent pas justes devant Dieu. C’est par la foi en Jésus-Christ seulement que nous parvenons à cette exaltation suprême et à la vie éternelle. Je suis mort à la Loi, poursuit-il, afin que je vive en Dieu.
Mais le passage de Marc propre à ce jour est singulièrement précis et explicite ce qu’implique l’adhésion à la foi en Jésus-Christ : «Quiconque veut venir à moi, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive». Vous comprenez ce que cela veut dire : se charger de sa croix ? C’est tourner le dos aux facilités et aux jouissances du monde, et assumer la rigueur et la douleur, ce n’est pas facile, la tranquillité et une vie sans problèmes seraient notre vœu, mais le Christ notre Dieu précise : «Quiconque voudra sauver sa vie, la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi et de l’évangile, la sauvera» !
La vie chrétienne n’est pas un chemin semé de pétales de roses. Nous le savons même si c’est dur. Mais la fin de cette péricope est bouleversante : «Il en est qui sont ici présents, qui ne mourront pas sans avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance». L’ascétisme est nécessaire, mais la consolation mystique est sans prix !
I – Dans le passage de ce jour de la Deuxième Épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul évoque les fruits de la Grâce : puisque donc nous avons reçu la Grâce de Dieu, que ce ne soit pas en vain que nous travaillons ! Le Seigneur a dit : «Je t’ai exaucé au temps favorable et je t’ai secouru au jour du salut». Ce temps favorable est arrivé ! Ne donnons donc aucun scandale, soyons recommandables en toute chose comme d’authentiques serviteurs de Dieu. Soyons patients dans les épreuves et les afflictions, faisons-nous connaître en tout par notre douceur et notre charité. Ayons les paroles de la vérité et les armes de la justice. Glissant insensiblement à l’évocation de son expérience et de ses tourments, il dit : nous sommes tenus pour des séducteurs - les chrétiens n’ébranlaient-ils pas les fondements mêmes de la société païenne ? -, alors que, au contraire, nous sommes véridiques. On nous tient pour dépassés, comme voués à la disparition alors que nous vivons, comme «liquidés» par les persécutions – alors que nous subsistons, comme justement affligés alors que nous sommes dans la joie, comme misérables et sans importance alors que nous possédons tout !
Les chrétiens ne font pas de bruit, point d’esclandres, ils se bornent à pratiquer leurs vertus et cependant la plénitude de leur joie fructifie …
II – Cette fructification d’un comportement sage est au cœur de la péricope évangélique de ce jour. Il s’agit de la parabole – puisque le Christ enseignait fondamentalement par ces récits imagés – du maître qui, partant en voyage, confie une certaine somme d’argent à ses serviteurs. Ces attributions sont inégales selon les forces de chacun se borne à dire l’évangile. L’un reçoit donc cinq talents, un autre deux, un troisième un seul.
Le maître ne donne aucune explication et part. Dieu, de la même manière, ne donne pas d’explication à chaque homme qu’il dote inégalement de «talents» - et ici, il ne s’agit pas d’argent, mais d’aptitudes. L’un est porté vers la réflexion, un autre est un manuel plus versé dans les techniques, un autre encore a des aptitudes esthétiques ou artistiques : bref, vous avez eu des enfants, vous connaissez les hommes et les femmes, et dans ces diverses capacités, vous les reconnaissez.
Au bout d’un assez long temps – la vie, en effet, qui s’écoule –, le maître revient et demande des comptes à chacun de ces serviteurs inégalement dotés. L’existence s’est déroulée, pour chacun, travailleur ou insouciant, mais tous auront des comptes à rendre à Dieu à qui nous devons tout.
Les serviteurs comparaissent devant le maître.
Celui qui avait reçu cinq talents en rapporte cinq autres en plus : l’argent que tu m’avais laissé, explique-t-il, je l’ai placé, et il a fructifié. Le maître loue ce serviteur diligent. Tu as été fidèle en peu de choses et je t’établirai au-dessus de beaucoup : entre dans la joie de ton seigneur ! Il félicite pareillement celui qui avait reçu deux talents, qui les avait fait fructifier et qui en rapporte deux autres. Ils avaient inégalement reçu et ils sont également loués et récompensés. Dante, suivant des Pères de l’Église, explique en effet que les élus ont eu des grâces diverses, mais que tous sont également remplis à pleins bords – comme des vases de diverses dimension.
Paraît enfin le serviteur qui n’avait reçu qu’un talent, mais qui, au lieu de le faire travailler chez le changeur, l’avait enterré. Il rapporte ce talent unique et infructueux. «Je sais, explique-t-il, que tu es un homme dur et que tu récoltes où tu n’as pas semé et que tu recueilles où tu n’as pas répandu : voilà donc ton bien … ». Le maître lui répond : «Tu sais que je récolte où je n’ai point semé, que je recueille où je n’ai point répandu : tu aurais donc dû, comme tes compagnons, placer cet argent chez le banquier !»
Il fait ôter cet unique talent au serviteur paresseux et le donne à celui qui en a dix autres en disant : «On donnera davantage à celui qui possède et on enlèvera à celui qui a peu même ce qu’il a», et il fait jeter ce serviteur infécond dans les ténèbres extérieures où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Notre vie, vous le comprenez bien-aimés frères et sœurs, n’est pas un déroulement tranquille et sans but. Nous ne sommes pas en ce monde pour nous laisser vivre dans l’infécondité. Nous sommes sur la terre pour produire vertus et bonnes œuvres et pour gagner ainsi, dans la joie de notre Seigneur, LA VIE ETERNELLE.
AMIN
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