DIMANCHE de l’EXPULSION d’ADAM
Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : Rom. XIII, 11–14 ; Matt. VI, 14-21
AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
Ce dimanche est aussi celui de la Tyrophagie, c’est-à-dire, ce soir même, la fin des Laitages, et le commencement du Grand Carême, temps de Pénitence absolue, conduisant à la PÂQUE du Christ souffrant et Rédempteur.
I – Ces quarante jours rappellent immédiatement les quarante jours de Lamentations et de désespoir d’Adam et d’Eve au pied des murs du Paradis Terrestre dont ils venaient d’être chassés pour leur désobéissance. Après le péché, raconte la Genèse, Adam et Eve entendirent la «Voix» de Dieu – qui ne leur avait pas encore parlé ! Mais Dieu est Parole – qui se promenait au Paradis terrestre, par ce beau jour ensoleillé. Ils se cachèrent car ils étaient nus et, maintenant, ils le savaient ! Et Dieu – le Christ, qui se promenait, et qui, en tant qu’homme ne sait pas tout –, les appelle : «Adam, Adam ! Où es-tu ?». «Je t’ai entendu marcher dans le Paradis et j’ai eu peur, parce que je suis nu !».
Ainsi Adam confessait-il sa faute. Il fut chassé du Paradis, et pendant quarante jours, il se lamenta autour des murs du Paradis.
Nous avons eu, dès avant le début du Grand Carême, le chant du Psaume 137 «Près des fleuves de Babylone assis, nous pleurions en nous souvenant de Sion …» autre chant d’exil et de douleur.
Mais fondamentale s’avère la notion de PARDON qui, peu avant la péricope de ce jour consacrée à la prière, figure évidemment dans le «Notre Père» enseigné en ce jour par le Christ à Ses apôtres, mais qui est en outre soulignée par ce commentaire du Seigneur Lui-même : «Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus».
Ce dimanche, en effet, est celui du Pardon !
II – Réveillez-vous du sommeil ! Le temps presse, dit l’apôtre Paul, le Salut est plus près de nous que quand nous nous sommes convertis – puisqu’il s’agit, en effet, en ce dimanche, de la proximité de la Pâque. Rejetons les œuvres de ténèbres ! L’épître poursuit : «Ne nous jugeons pas les uns les autres». Certains jeûnent beaucoup, d’autres jeûnent moins. Nous n’avons pas le pouvoir de juger.
III – Il y a des jeûnes ostentatoires : ils ont en eux-mêmes leur récompense, dit quant à lui l’apôtre Matthieu. Le vrai jeûne est pour Dieu seul : on jeûne dans le secret et Dieu nous voit. Il convient en effet d’être détaché des biens et des valeurs de ce monde – où il y a, nous la savons, des parasites et des voleurs : les vrais trésors sont ceux que l’on amasse dans le Ciel.
Notre modèle absolu du détachement et de l’ascèse est évidemment le CHRIST en Sa Passion volontaire.
Mais, dans cet évangile même, le thème de l’ascèse n’est en aucune manière disjoint de celui du pardon : «Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres. Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres».
Si bien que ce dimanche qui précède immédiatement le Grand Carême est aussi celui du Pardon. Le dimanche précédent – qui était celui du Jugement –, vous avez observé que le Christ dans la prosopopée de Son discours aux élus et aux damnés, ne parle nullement des devoirs envers Dieu, mais uniquement de la charité – ou du manque de charité – envers le prochain. Il va sans dire que nous nous engageons aujourd’hui dans le Carême par amour pour Dieu, et donc par loyauté envers Ses commandements. Mais nul ne peut aimer Dieu s’il n’aime pas son prochain : le premier et le «second» commandement sont liés et ils sont semblables. C’est donc de grand cœur que tout à l’heure nous nous pardonnerons les uns les autres.
Allons au Christ Sauveur en nous unissant à Lui par la souffrance, celle en particulier que comporte la privation de nourritures et de toutes les autres jouissances mondaines. Lui qui est Dieu ! Mais allons aussi à Lui par l’amour pour nos frères.
Dans le Carême, nous nous acheminons, par la souffrance, vers la Pâque. Mais, en liaison avec la préoccupation constante du prochain, cet autre thème est présent dans les textes de ce jour : Ne jugeons pas ! … En effet, le seul Juge est Dieu. Juge terrible, en vérité (Le Dimanche du Jugement est tout proche !)
- Pensons au long exil de la descendance d’Adam,
- Pensons au long exil de Babylone,
- Pensons à la fin redoutable du Psaume «Près des fleuves de Babylone» : «Fille de Babylone …Heureux qui saisira tes enfants, et les brisera contre le rocher».
Dieu, certes, est le Juge Terrible,Mais Il est aussi notre Sauveur et notre Rédempteur.
AMIN