SERMON du 24-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Apôtre PHILIPPE



Matines : Marc XVI, 1-8
Liturgie : Ephès. II, 14-22 ; Luc X, 25-37
1 Cor. IV, 9-16 ; Jean I, 43-51



AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Le franchissement de toutes les limites, tel est l’enseignement que nous apporte l’épître de ce jour.

«De deux peuples, par sa Croix, Il en a fait un seul». Il y avait en effet d’abord les circoncis et les incirconcis. Il y avait aussi, puisque la Palestine était envahie, les Juifs et les «Gentils», c’est-à-dire ceux qui appartenaient à d’autres nations, ceux qui étaient proches depuis toujours et ceux qui l’étaient devenus récemment. Le Christ Lui-même, de Son vivant, était allé au-delà : nous L’avons vu guérir le serviteur du «centurion» et constater : «Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël !».

Néanmoins, Sa révélation du franchissement des limites du peuple juif a été progressive. Avant la Résurrection, Il a dit encore dans une péricope de Matthieu (Matt. 10, 5) : «N’allez pas chez les gentils … N’allez pas chez les Samaritains». «Allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël» : il y avait urgence, en effet, et c’est d’abord pour le peuple juif que le Seigneur avait été envoyé : «Prêchez et dites que le Royaume des cieux approche !».

Mais Lui-même néanmoins … Rappelons-nous cette Samaritaine ... qu’Il feignait de ne pas considérer, à l’étonnement des apôtres qui Le pressaient de lui donner satisfaction : «Il n’est pas bon, disait-Il, de donner aux chiens le pain des enfants». Oui, mais répondit l’humble samaritaine, les chiens aussi mangent sous la table le pain qui tombe de la table des enfants ! Et elle obtient ce qu’elle demandait. Car il n’y a pas en fait de limitation de l’œuvre salvatrice : vous étiez loin, mais maintenant vous êtes tous proches, dit le texte des
Ephésiens, car Celui qui est descendu des cieux a fait que, vous tous chrétiens, vous êtes, des parties d’un même édifice, le Corps du Christ. Il est notre Paix : de deux peuples, Il en a fait un seul, ayant détruit par Sa chair la cause de leur inimitié qui était la Loi des préceptes et ayant fait, en Lui-même, un homme nouveau.

II – Ce franchissement des limites, nous le voyons au niveau de la famille qui peut être un rempart d’étroitesse. Un docteur de la Loi interrogeait le Christ – non sans mauvaises intentions … – et Lui demandait : «Que faut-il que je fasse pour hériter le la vie éternelle ?». Le Christ renvoie ce docteur à ce que dit la Loi et le docteur répond, correctement : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu par-dessus tout et ton prochain comme toi-même». Mais cela, on le comprend, prête facilement à interrogations et discussions : qui est mon prochain ? Mon frère, mon cousin, et jusqu’à quel degré ?

A ces sophismes implicites, le Seigneur répond par la parabole du bon Samaritain. Un marchand se rendait de Jérusalem à Jéricho, il tombe entre les mains de brigands qui le frappent, le volent, le laissent à demi mort sur le bord du chemin. Passent deux ecclésiastiques – un sacrificateur et un lévite – qui empruntent simplement l’autre côté de la route et poursuivent leur chemin. Passe un Samaritain – et vous n’ignorez pas qu’il y avait un fort contentieux religieux entre les Juifs et les Samaritains – et celui-ci descend, désinfecte les plaies de l’agressé, le met sur sa monture, le mène à l’hôtellerie, laisse de l’argent à l’hôtelier et lui dit que si la somme ne suffit pas, il repassera quelques jours plus tard et le compensera de la différence …

Des trois passants – dont deux Juifs et un Samaritain – qui a été le prochain du blessé ? conclut le Christ – Celui évidemment qui a exercé la miséricorde !… Même s’il appartenait à une ethnie répudiée !

Les impératifs de la charité sont au-delà des clivages humains.

III – Le second évangile du jour est celui de la vocation de l’apôtre Philippe – que nous célébrons aujourd’hui – et en fait celui de la vocation de Nathanaël. Le Christ dit à Philippe : «Suis-moi !», et Philippe Le suit aussitôt. Il rencontre son ami Nathanaël et lui dit : Celui dont parlent Moïse et les prophètes, nous l’avons rencontré, c’est Jésus de Nazareth ! Nathanaël est sceptique, «viens et vois» et suit néanmoins Philippe. Jésus le voit arriver et dit : «Voici un Israelite en qui il n’y a aucun esprit de fraude !» – « D’où me connais-tu », et Christ répond : « Avant qui Philippe ne t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu !

Nathanaël reconnaît aussitôt le Fils de Dieu. Le Christ répond : « Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’Homme ».

La vision de la Transfiguration est l’aboutissement d’une vocation sans réticences

Toutes les limites sont franchies !

AMIN

 

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