La France Orthodoxe
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Saint et Juste JEAN de Kronstadt
Lorsque nous étudions la vie de saint Jean de Kronstadt, nous constatons qu’il a commencé sa vie de prêtre de la même façon que beaucoup d’autres prêtres. Il était né dans une famille pauvre d’un modeste chantre, avait connu la pauvreté, le besoin avant de recevoir la prêtrise. Mais il y a une énigme ; comment, ayant commencé sa vie comme tant d’autres prêtres, est-il devenu ce géant spirituel, comme il y en a peu, non seulement en Russie, mais dans toute l’Église Universelle ?
Il faut encore se souvenir combien son ascèse était ardue. Nos plus grands saints, comme saint Serge ou saint Séraphim et d’autres, se retiraient du bruit et de la vanité de ce monde, alors que tout le labeur pastoral de saint Jean s’est déroulé au milieu des masses humaines.
Mais il a lui-même donné l’explication à cette énigme. Ayant commencé son périple pastoral comme l’un des simples prêtres de la cathédrale de Kronstadt, il a tendu toute son attention et toutes ses forces à ce que nous appelons « l’homme intérieur ». Il dira lui-même par la suite qu’il avait décidé fermement, dès son premier jour de prêtrise, de se surveiller, de se contrôler en permanence. Ainsi, il s’efforçait de réprimer tous les désirs pécheurs, toutes les inclinaisons vers le péché dès qu’elles affleuraient son âme.
Nous voyons là combien il est différent de nous, grands pécheurs. Combien de péchés et de séductions nichent dans notre âme pécheresse !… Combien faibles et impuissants sommes-nous lorsqu’il nous faut vaincre le péché, parce que nous avons tardé à entrer en lutte contre lui, car lorsque le péché a déjà pris possession de notre âme, il est alors plus que difficile de le vaincre et de le chasser de son âme. Quant à saint Jean, dès lors qu’il remarquait en soi une insinuation pécheresse, car cela lui arrivait aussi, il était un homme comme nous, il l’arrêtait immédiatement et entamait une lutte sévère contre notre ennemi, le Séducteur, qui, comprenant qu’il avait affaire à un serviteur de l’Église tout à fait exceptionnel, se mettait à l’assaillir de façon telle que les gens pouvaient le voir. Un des prêtres qui avait souvent célébré avec le père Jean dans sa jeunesse témoignait : « Que de fois ai-je vu comment l’ennemi tentait d’enchaîner le père Jean durant la célébration ; son visage alors s’assombrissait, il s’arrêtait, se tenait immobile et l’on voyait qu’en son for intérieur une lutte terrible se déroulait. Il invoquait alors le Nom du Seigneur et là il s’illuminait entièrement, joyeusement et avec entrain, baigné de grâce divine, reprenait la célébration ». Menant un tel combat contre ses inclinations pécheresses, contre l’ennemi de notre salut, le père Jean rapidement se mit à grandir spirituellement.
Et à un certain moment il se transforma en thaumaturge, d’abord de Kronstadt, puis de toute la Russie. Nous savons combien sa célébrité a franchi les frontières de la Russie, parce que de tous les coins de notre monde s’élevaient vers lui des demandes pour qu’il prie, de sa prière puissante et audacieuse, auprès du trône de notre Seigneur de Gloire. Nous avons eu en Russie beaucoup de grands saints qui accomplissaient de très nombreux miracles, mais un tel océan de miracles, dont on ne saurait en calculer le nombre et qui accompagnaient saint Jean dans la seconde moitié de sa vie pastorale, nous n’en avons jamais eu de pareil. Ce n’est pas pour rien que ses enfants spirituels et tous ceux qui le vénéraient, disaient que cela leur rappelait les temps évangéliques. Tout comme les miracles fleurissaient autour du Christ, de même un flot incessant de miracles entourait Son fidèle serviteur.
Voilà quel homme de prière et thaumaturge, le Seigneur a envoyé au peuple russe à la veille des temps difficiles qu’il allait endurer. Le père Jean avertissait, sonnait l’alarme. Dans ses sermons des dernières années il le répétait sans cesse. Il disait : « Peuple russe, préserve ton bon et pieux Tsar. Si tu parviens à le garder, la Russie restera pour de longues années encore puissante et glorieuse pour le plus grand bonheur de ses amis et la crainte de ses ennemis. Et si tu ne le préserves pas, on tuera ton Tsar ainsi que la Russie, et toi tu connaîtras le déshonneur et on ira jusqu’à te priver de ton nom » !
De quelle terrible façon s’est réalisée sa prédiction… Le peuple russe n’a pas voulu écouter ce grand prophète que le Seigneur lui avait envoyé et sur la Russie se sont abattus des maux terribles qui durent jusqu’à présent. Mais nous avons foi en notre grand saint qui intercède pour nous par sa prière. Le saint père Jean n’a jamais refusé sa prière pastorale à qui la demandait lorsqu’il était sur terre. Maintenant qu’il est près du trône terrible du Seigneur de Gloire, qu’il se tient dans Sa Gloire avec les autres grands saints de Dieu, nous savons avec assurance qu’il ne nous oublie pas et qu’il n’oublie pas notre malheureuse Patrie, et qu’il élève là-haut ses prières ardentes. Que par ses saintes prières le Seigneur envoie à notre peuple épuisé par tant de tourments, la libération espérée de tous ses malheurs et du joug des sans-Dieu. Amen
Saint Métropolite PHILARÈTE
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La Parabole du Semeur
Le Seigneur a prononcé cette parabole devant une foule si nombreuse, qu’Il a dû monter dans une barque qui se trouvait au bord du lac de Tibériade. Saint Jean Chrysostome disait que le Seigneur parlait en paraboles pour rendre Sa Parole plus expressive, pouvoir mieux l’imprégner dans les esprits et mieux faire apparaître les faits aux yeux de ceux qui l’écoutaient. Dans cette parabole sur le Semeur, sous les traits duquel Il se représentait Lui-même, les graines étaient la Parole Divine qu’Il enseignait, tandis que le terrain où tombaient ces graines étaient les cœurs de ceux qui L’écoutaient. Écoutant Son récit, ils pouvaient revoir en pensée leurs propres champs, le chemin qui les traversait, parfois bordé de ronces, par endroits pierreux, couverts seulement d’une fine couche de terre. Le geste du Semeur est en outre une parfaite image de l’enseignement de la Parole Divine qui, tombant dans les cœurs pouvait, en fonction de l’état de ceux-ci, soit rester infertile, soit porter des fruits plus ou moins gros.
En réponse à la question de Ses disciples – pourquoi leur parles-Tu en paraboles, le Seigneur répondit : « A vous, il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, mais à eux, cela n’a pas été donné ». La connaissance des vérités divines, bien que de façon encore incomplète avant la descente de l’Esprit Saint, avait été donnée aux disciples du Seigneur, en tant que futurs propagateurs de l’Évangile, alors que tous les autres n’étaient pas capables d’appréhender ces vérités du fait de leurs mœurs grossières et des idées fausses sur le Messie et Son Royaume qui étaient véhiculées par les scribes et les pharisiens, ce dont parlait déjà le prophète Isaïe. Si l’on montrait à de telles personnes moralement corrompues la Vérité telle qu’elle est, sans la couvrir du moindre voile, la voyant ils ne la verraient pas, l’entendant ils ne la comprendraient pas. Ce n’est qu’en la présentant sous un voile imagé et utilisant des représentations familières, que la Vérité pouvait devenir accessible à leur entendement.
« On donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a », aimait à dire le Seigneur à plusieurs endroits de l’Évangile. Cela signifie qu’un riche, s’il travaille avec zèle, s’enrichira toujours plus, et le pauvre, s’il est paresseux, perdra le peu qu’il possède. Dans un sens spirituel cela veut dire : vous, qui êtes apôtres, avec les connaissances des mystères du Royaume des Cieux qui vous ont déjà été données, vous pouvez approfondir encore ces mystères, les comprendre de manière encore plus parfaite ; en revanche, le peuple perdrait le peu qu'il lui reste de connaissance de ces mystères si, en les lui expliquant on ne les lui présentait pas d'une manière qui lui soit plus compréhensible.
Ceux dont le cœur est corrompu par le péché ne sont pas capables de comprendre la Parole de Dieu : ils l’entende, mais elle ne pénètre pas en eux, tout comme cette graine sur le chemin ouvert aux quatre vents dont le Malin s’empare aisément, la rendant inopérante.
Le sol pierreux, ce sont ces gens qui se passionnent pour la prédication de l’Évangile, trouvent même du plaisir et de l’intérêt à l’écouter, mais dont le cœur est froid, immobile et dur comme de la pierre : ils ne sont pas à même de modifier leur mode de vie habituel, de se défaire de leurs péchés coutumiers qu’ils aiment tant, de lutter contre les tentations, d’endurer toutes sortes d’afflictions et de privations pour la vérité de l’Évangile. S’ils tentent de lutter contre les tentations, ils se laissent finalement séduire par elles, perdent courage et tournent le dos à la foi et à l’Évangile.
Le sol couvert d’épines, ce sont les gens dont les cœurs sont empêtrés dans les passions – la dépendance à l’argent, aux plaisirs et d’une façon générale aux biens de ce monde.
Et enfin, la bonne terre ce sont les gens aux cœurs bons et purs qui, ayant entendu la Parole Divine, ont pris la résolution ferme d’en faire le guide de toute leur vie et de produire les fruits de la vertu. « Les sortes de vertus sont variées, comme le sont ceux qui prospèrent dans la sagesse spirituelle ». /Bienheureux Théophilacte/
+ Archevêque AVERKY
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Exaltation de la Croix du Seigneur
Lorsque devant nous est exposée la Croix et que, nous nous prosternons jusqu'à terre pour la vénérer et sommes prêts à l'embrasser de nos lèvres et de tout notre cœur afin d'exprimer tout notre amour pour le Christ-Mort en Croix, profitons-en pour réfléchir à la signification profonde de la Croix du Christ.
Croix, gardienne de tout l'univers, croix, de l’Église le charme et la beauté, sceptre vraiment royal qui soutient la vigueur de notre foi, croix, suprême effroi des légions de l'enfer, croix, gloire des anges dans le ciel ! Espérance des chrétiens, guide des errants et havre des naufragés, victoire dans les combats et rempart de l'univers, guérison des malades, résurrection des morts, croix du Christ aie pitié de nous !
Les hymnographes qui ont composé ces stichères ont voulu, par ces définitions attribuées à la Croix, non seulement exprimer sa puissance et son sens profond, mais nous disposer à croire en Elle.
Il est tout naturel pour nous de faire le signe de la Croix, de la porter sur notre poitrine, et de la voir en tous lieux : dans les églises, dans les cimetières, au sommet des collines. La Croix ainsi que le récit du Christ-Crucifié ont si profondément pénétré la vie des hommes qu'aucune force au monde ne pourrait l'effacer. Mais lorsque viendra le temps où on ne la verra plus, lorsque viendront des temps si effrayants que l'on aura honte de la Croix et que l'on craindra montrer notre foi en Elle, ce sera alors le signe certain de la venue prochaine du Second avènement du Christ pour juger ce monde adultère et pécheur. La Croix ne se réfugiera plus dans des endroits cachés, mais resplendira alors dans le ciel, de sorte que tout le monde la verra, tout le monde verra ce Signe du Fils de l'homme si cher à tous les chrétiens, la Croix du Christ, devant laquelle toutes les tribus de la terre se lamenteront.
Ce n'est pas seulement aux tous premiers temps de l’Église que la Croix pouvait apparaître scandale pour les uns et folie pour d'autres, lorsque ceux qui entendaient pour la première fois des prédications sur le Seigneur crucifié étaient troublés et ne pouvaient ni comprendre ni croire que le salut pouvait être obtenu d'une façon aussi étrange et effroyable, mais il en est de même pour ceux qui dès leur enfance sont chrétiens et, devenus adultes, sont troublés en entendant l’Église enseigner que le salut des hommes s'acquiert par les souffrances du Fils de Dieu sur la Croix. Et plus encore, ils sont troublés par ces Paroles du Sauveur : « Si quelqu'un veut venir derrière moi, qu'il renonce à lui-même et se charge de sa croix ». Si la foi nous permet de comprendre et de croire aux souffrances du Christ, il est en revanche beaucoup plus difficile d'accepter l'enseignement de l’Église, selon lequel, pour obtenir le salut nous devons nous crucifier avec le Christ, crucifier notre chair, nos passions, nos désirs, nous devons humblement porter notre Croix sans murmure. Cet enseignement a de la peine à trouver un écho en nous. Les croyants contemporains, très souvent, ne comprennent pas le sens des souffrances, des douleurs, des maladies par lesquelles nous devons passer pour pouvoir entrer dans le Royaume de Dieu.
Au lieu de porter patiemment sa Croix en se confiant au Sauveur afin de se préparer pour le Royaume des Cieux, nos contemporains mettent tous leurs efforts et leurs moyens à s'installer confortablement sur cette terre. Cet attrait pour le bien-être terrestre, une vie insouciante, engendre chez les individus une indifférence à l'égard de Dieu, une perte de la foi et, dans les masses populaires, fait naître un attrait incontrôlable pour les bouleversements politiques et sociaux qui seraient sensés apporter un bonheur universel.
Jadis, le diable séduisait les premiers hommes : « Si vous goûtez de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, vous serez comme des dieux ». Autrement dit – détournez-vous de Dieu, ne Lui obéissez pas et tout ira bien pour vous, bien mieux que maintenant. N'assistons-nous pas à la même chose aujourd'hui ? Vous recherchez le bonheur, semble demander à chacun ce même tentateur diabolique – renoncez donc à l’Évangile qui exige de vous d'observer des jeûnes, l'abstinence, la pénitence, de pleurer sur vos péchés ; renoncez au Christ-Crucifié qui vous promet le Royaume des Cieux et vous aurez une vie parfaite sur terre, vous serez heureux. Et comme ce désir de bonheur, de bien-être est inné à l'homme, il lui est difficile de résister à cet appel séduisant, difficile de lutter contre son propre désir de vivre ici-bas pour tout son plaisir. C'est pourquoi il y a de moins en moins de disciples fidèles de notre Seigneur-Dieu.
Mais pour notre bonheur, nous ne voyons pas que ceux qui ont rejeté le Seigneur, soient réellement heureux, que leur vie ne connaisse ni douleur, ni tristesse. C'est pour nous un enseignement et un avertissement salutaire.
Celui qui est avec le Seigneur garde constamment l'image du Christ-Crucifié devant les yeux. Celui qui est avec le Seigneur se souvient toujours de la Résurrection du Christ. Celui qui est avec le Seigneur attend la vie du siècle à venir, tient fermement à cet espoir et puise en lui les forces pour porter sa Croix jusqu'au bout.
Ainsi, lorsque vous faites sur vous le signe de la Croix, transportez-vous par la pensée au Christ-Crucifié, scrutez-le avec les yeux de la foi, fortifiez-vous dans la foi et l'amour envers Lui, et alors aucune tentation ne pourra vous détourner du Seigneur. Amen
Archiprêtre Victor Illienko
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A quoi ressemble le Royaume des Cieux
La lecture de l’Évangile de ce dimanche nous brosse un tableau effrayant. Le récit débute par ces mots : « Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un Roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait une somme énorme, dix mille talents. Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout ». Le Roi éprouva de la compassion pour ce serviteur, il effaça sa dette et le laissa partir. Notez bien : il ne lui a pas fait une remise ou échelonné sa dette, mais il a tout effacé, en totalité et pour toujours. Comme si cette dette n'avait jamais existé. Et la vie repris, tout aussi tranquille qu'auparavant et même meilleure, car le serviteur avait appris à mieux connaître son Roi, en qui il voyait dorénavant un Père aimant, et travailler pour un tel Père devenait un réel bonheur.
Mais soudain, une chose terrible arriva. Ce serviteur rencontra un de ses amis qui lui devait une somme tout à fait minime et l'attrapant au collet, l'étranglant, il lui dit : rends-moi tout ce que tu me dois. Apprenant cela, son Roi fut pris de colère et le livra aux bourreaux jusqu'à ce que ce serviteur lui rende tout ce qu'il lui devait.
Et il en est ainsi avec nous. Nous avons tout reçu de notre Seigneur et nous sommes des débiteurs incapables de rembourser tous les bienfaits qu'Il nous a octroyés. Nous L'avons supplié de nous pardonner, et avons obtenu Son pardon. Le Seigneur nous a accueillis dans Sa famille – l’Église du Christ, qui nous permet de traverser cet océan déchaîné de notre vie comme si nous étions dans une embarcation en toute sécurité. Cette embarcation présente tout ce qui est nécessaire pour protéger ceux qui naviguent, les protéger de tous les écueils et d'une mer démontée. Elle possède une base solide, un fond, des parois, des voiles, des rames, un gouvernail. Et il en est de même avec l’Église qui possède un gouvernail piloté par son divin timonier, notre Seigneur Jésus-Christ, elle a des voiles et des rames – ce sont les sacrements divins, la base solide ce sont les commandements du Christ, et parmi ces commandements le plus important est l'amour. Et si nous préservons et observons ce commandement essentiel, nous séjournerons alors dans Sa Famille, c'est-à-dire dans l’Église, et nous serons dans la joie. Que de fois le Seigneur est revenu sur ce point dans Son discours d'adieu avec Ses disciples / « Et voici Mon commandement : Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés »/Jn XV,12/. « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres » /Jn XV,17/. En effet, il est impossible d'être dans l’Église et de ne pas être dans Son Amour. On ne peut être dans l’Église du Christ que si l'on observe Son commandement principal, commandement qui a jeté les bases de toute Son Église, et ce commandement est l'Amour.
Et ce malheureux serviteur de l'extrait de l’Évangile que nous avons lu, a tout perdu : et le pardon du Seigneur, et l'effacement de toute sa dette envers Lui, et la liberté pour soi, tout comme pour sa femme et ses enfants – en un mot : tout ce qu'il avait reçu il l'a perdu en un instant. A l'instant même où il n'a pas pardonné à son débiteur. De la même façon, nous pouvons tout perdre : et le pardon reçu dans le sacrement de pénitence, et la grâce reçue dans le sacrement de Communion. Nous pouvons les perdre en un instant, au moment même où nous ne pardonnons pas à notre débiteur.
Que le Seigneur fasse qu'un tel moment ne se produise jamais. Et pour cela agissons de sorte que, pour notre propre salut, notre bien-être et celui de nos proches, nous pardonnions de tout cœur ceux qui nous ont fait du tort. Et réjouissons-nous de posséder de tels débiteurs, car ce n'est qu'en leur pardonnant leurs torts envers nous, que nous pouvons montrer au Seigneur combien Son propre pardon nous est cher. Et réjouissons-nous également du fait que le Seigneur nous accorde le pardon pour nos énormes fautes, tandis que ce que nous avons à pardonner est si infime, si insignifiant. Réjouissons-nous à chaque fois que dans la prière du Seigneur, nous disons / « Et pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Amen.
Archevêque ANDRÉ /Rymarenko/
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Dimanche de Tous les Saints Russes
L’Église orthodoxe a le plus grand amour pour tous ces saints qui se sont manifestés par leur foi et leur amour pour Dieu et par leur vie selon l’Évangile. Rares sont les offices dans nos églises où ne soit célébrée la mémoire d'un saint, mais dans les monastères, où les offices sont quotidiens, chaque jour la mémoire d'un ou de plusieurs saints est célébrée. Les chants et les louanges à leur gloire résonnent toute l'année. Les vies complètes de ces saints ne sont pas lues en église, mais dans les tropaires, les kondakia et les stichères, en peu de mots, est tracé le caractère général du saint, ses actes, ses exploits, sa beauté spirituelle. Quant à l'esprit du saint qui réside invisiblement là où il est commémoré avec amour, il suscite en nos âmes des élans de foi et d'amour.
Nous ne sommes pas des étrangers pour les saints, ni eux pour nous. Nous sommes membres d'une même famille chrétienne ! Certes, ils ne vivent pas avec nous, nous ne les voyons pas, mais il suffit qu'un sentiment d'amour nous unisse ! L'amour transcende le temps et l'espace.
Les parents, notamment les mères, savent qu'il n'est nullement nécessaire que l'enfant soit constamment devant leurs yeux pour pouvoir l'aimer. Et même plus : on aime et on plaint encore plus celui qui est absent. Et il en est ainsi de nos sentiments pour les saints. Nous les aimons, bien qu'ils vivaient il y a longtemps et que nous ne les connaissons qu'à travers des récits. L'amour que nous partageons avec eux pour le Christ fait que nous appartenons à une seule et même famille.
Les protestants refusent toute communion d'amour avec les saints. Chez eux, tant qu'une personne est vivante, ils la vénère et l'aime, mais dès lors qu'elle meurt elle disparaît de leur cœur, comme si elle disparaissait pour toujours. Mais Dieu est le Dieu des vivants et non des morts : en Dieu, nous sommes tous vivants. Actuellement, nous avons une communion en esprit avec les saints, comme s'ils étaient avec nous, et nous espérons un jour les rencontrer face à face dans la vie future. Et c'est là que seront justifiés notre amour pour eux, la vénération de leur mémoire, les fêtes et les louanges en leur honneur.
Les saints sont nos frères aînés au sein de la grande famille des chrétiens. Ils ont déjà accompli ce chemin de la vie chrétienne que nous sommes seulement en train d'effectuer. Dans leur vie, ils nous ont montré comment un chrétien doit vivre et se comporter dans toutes les circonstances de la vie. Ils sont nos précepteurs, mais également nos amis qui peuvent nous venir en aide. C'est pourquoi, depuis les temps apostoliques, les chrétiens se sont toujours adressés aux saints demandant leur aide. Voici l'exemple d'une prière très brève faite aux apôtres Pierre et Paul griffonnée sur un morceau de brique retrouvé dans les catacombes : « Pierre et Paul, souvenez-vous de nous !». C'est dit en très peu de mots, mais ces mots sont imprégnés de foi et expriment la certitude que les saints apôtres entendent ceux qui élèvent ces prières et ils leur apporteront leur aide.
Tant que nous vivons sur terre nous avons besoin de l'aide de nos amis et protecteurs célestes. Et lorsque nous achèverons notre pérégrination terrestre et partirons vers le Seigneur pour une vie bienheureuse, y serons-nous seuls ? Est-ce que nous ne les y retrouverons pas ? Bien-sûr que nous espérons être accueillis dans la famille commune de ceux qui dès le commencement des temps ont été agréables à Dieu. Si, par Sa très grande miséricorde, le Seigneur ne nous prive pas des demeures célestes, c'est précisément là que nous rencontrerons les saints que nous avons vénérés et aimés sur terre. Et plus nos sentiments à leur égard sont aujourd'hui vifs, plus joyeuse sera notre rencontre là-bas.
Lorsque des proches se retrouvent après une longue séparation, ces retrouvailles leur apporte une très grande joie ; ils ont des sujets de conversation, ils éprouvent du plaisir même à se regarder sans dire un mot, à revoir ces visages si chers.
Aujourd'hui, alors que nous célébrons nos saints russes que nous aimons tant, qu'allons-nous leur dire ? Qu'allons-nous leur demander ? Hier soir nous avons élevé des louanges en leur honneur, et aujourd'hui nous osons exprimer une prière que depuis un quart de siècle déjà nous portons en nos cœurs telle une blessure béante.
Saints de Dieu ! Si même nous, qui sommes égoïstes et froids, compatissons pour le destin amer de notre peuple, si, n'épargnant pas notre vie, nous nous sommes lancés jadis dans un combat décisif dans l'espoir d'améliorer son sort, n'aurez-vous pas, vous, pitié de lui ? Par vos prières obtenez de Dieu ne serait-ce qu'un peu de liberté, de miséricorde, un peu de joie, d'espoir en des jours meilleurs, un peu de pain et de vêtements, une santé meilleure !
Nous ne pensons pas qu'il faille supplier Dieu comme un juge exigeant, et nous ne pensons pas que nos prières Lui soient nécessaires. Mais lorsque nous prions de tout cœur pour notre peuple, nos âmes s'ouvrent alors à la compassion, nous manifestons plus d'amour chrétien ce qui peut nous rendre dignes de la miséricorde divine. Et alors, cette miséricorde se déversera sur nous et sur tous ceux que nous englobons dans notre amour. Amen.
Archiprêtre Victor Illienko
(1894-1989)