La Parabole du Semeur

Le Seigneur a prononcé cette parabole devant une foule si nombreuse, qu’Il a dû monter dans une barque qui se trouvait au bord du lac de Tibériade. Saint Jean Chrysostome disait que le Seigneur parlait en paraboles pour rendre Sa Parole plus expressive, pouvoir mieux l’imprégner dans les esprits et mieux faire apparaître les faits aux yeux de ceux qui l’écoutaient. Dans cette parabole sur le Semeur, sous les traits duquel Il se représentait Lui-même, les graines étaient la Parole Divine qu’Il enseignait, tandis que le terrain où tombaient ces graines étaient les cœurs de ceux qui L’écoutaient. Écoutant Son récit, ils pouvaient revoir en pensée leurs propres champs, le chemin qui les traversait, parfois bordé de ronces, par endroits pierreux, couverts seulement d’une fine couche de terre. Le geste du Semeur est en outre une parfaite image de l’enseignement de la Parole Divine qui, tombant dans les cœurs pouvait, en fonction de l’état de ceux-ci, soit rester infertile, soit porter des fruits plus ou moins gros.

En réponse à la question de Ses disciples – pourquoi leur parles-Tu en paraboles, le Seigneur répondit : « A vous, il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, mais à eux, cela n’a pas été donné ». La connaissance des vérités divines, bien que de façon encore incomplète avant la descente de l’Esprit Saint, avait été donnée aux disciples du Seigneur, en tant que futurs propagateurs de l’Évangile, alors que tous les autres n’étaient pas capables d’appréhender ces vérités du fait de leurs mœurs grossières et des idées fausses sur le Messie et Son Royaume qui étaient véhiculées par les scribes et les pharisiens, ce dont parlait déjà le prophète Isaïe. Si l’on montrait à de telles personnes moralement corrompues la Vérité telle qu’elle est, sans la couvrir du moindre voile, la voyant ils ne la verraient pas, l’entendant ils ne la comprendraient pas. Ce n’est qu’en la présentant sous un voile imagé et utilisant des représentations familières, que la Vérité pouvait devenir accessible à leur entendement.

« On donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a », aimait à dire le Seigneur à plusieurs endroits de l’Évangile. Cela signifie qu’un riche, s’il travaille avec zèle, s’enrichira toujours plus, et le pauvre, s’il est paresseux, perdra le peu qu’il possède. Dans un sens spirituel cela veut dire : vous, qui êtes apôtres, avec les connaissances des mystères du Royaume des Cieux qui vous ont déjà été données, vous pouvez approfondir encore ces mystères, les comprendre de manière encore plus parfaite ; en revanche, le peuple perdrait le peu qu'il lui reste de connaissance de ces mystères si, en les lui expliquant on ne les lui présentait pas d'une manière qui lui soit plus compréhensible.

Ceux dont le cœur est corrompu par le péché ne sont pas capables de comprendre la Parole de Dieu : ils l’entende, mais elle ne pénètre pas en eux, tout comme cette graine sur le chemin ouvert aux quatre vents dont le Malin s’empare aisément, la rendant inopérante.

Le sol pierreux, ce sont ces gens qui se passionnent pour la prédication de l’Évangile, trouvent même du plaisir et de l’intérêt à l’écouter, mais dont le cœur est froid, immobile et dur comme de la pierre : ils ne sont pas à même de modifier leur mode de vie habituel, de se défaire de leurs péchés coutumiers qu’ils aiment tant, de lutter contre les tentations, d’endurer toutes sortes d’afflictions et de privations pour la vérité de l’Évangile. S’ils tentent de lutter contre les tentations, ils se laissent finalement séduire par elles, perdent courage et tournent le dos à la foi et à l’Évangile.

Le sol couvert d’épines, ce sont les gens dont les cœurs sont empêtrés dans les passions – la dépendance à l’argent, aux plaisirs et d’une façon générale aux biens de ce monde.

Et enfin, la bonne terre ce sont les gens aux cœurs bons et purs qui, ayant entendu la Parole Divine, ont pris la résolution ferme d’en faire le guide de toute leur vie et de produire les fruits de la vertu. « Les sortes de vertus sont variées, comme le sont ceux qui prospèrent dans la sagesse spirituelle ». /Bienheureux Théophilacte/

+ Archevêque AVERKY