Saint et Juste JEAN de Kronstadt

 

Lorsque nous étudions la vie de saint Jean de Kronstadt, nous constatons qu’il a commencé sa vie de prêtre de la même façon que beaucoup d’autres prêtres. Il était né dans une famille pauvre d’un modeste chantre, avait connu la pauvreté, le besoin avant de recevoir la prêtrise. Mais il y a une énigme ; comment, ayant commencé sa vie comme tant d’autres prêtres, est-il devenu ce géant spirituel, comme il y en a peu, non seulement en Russie, mais dans toute l’Église Universelle ?

Il faut encore se souvenir combien son ascèse était ardue. Nos plus grands saints, comme saint Serge ou saint Séraphim et d’autres, se retiraient du bruit et de la vanité de ce monde, alors que tout le labeur pastoral de saint Jean s’est déroulé au milieu des masses humaines.

Mais il a lui-même donné l’explication à cette énigme. Ayant commencé son périple pastoral comme l’un des simples prêtres de la cathédrale de Kronstadt, il a tendu toute son attention et toutes ses forces à ce que nous appelons « l’homme intérieur ». Il dira lui-même par la suite qu’il avait décidé fermement, dès son premier jour de prêtrise, de se surveiller, de se contrôler en permanence. Ainsi, il s’efforçait de réprimer tous les désirs pécheurs, toutes les inclinaisons vers le péché dès qu’elles affleuraient son âme.

Nous voyons là combien il est différent de nous, grands pécheurs. Combien de péchés et de séductions nichent dans notre âme pécheresse !… Combien faibles et impuissants sommes-nous lorsqu’il nous faut vaincre le péché, parce que nous avons tardé à entrer en lutte contre lui, car lorsque le péché a déjà pris possession de notre âme, il est alors plus que difficile de le vaincre et de le chasser de son âme. Quant à saint Jean, dès lors qu’il remarquait en soi une insinuation pécheresse, car cela lui arrivait aussi, il était un homme comme nous, il l’arrêtait immédiatement et entamait une lutte sévère contre notre ennemi, le Séducteur, qui, comprenant qu’il avait affaire à un serviteur de l’Église tout à fait exceptionnel, se mettait à l’assaillir de façon telle que les gens pouvaient le voir. Un des prêtres qui avait souvent célébré avec le père Jean dans sa jeunesse témoignait : « Que de fois ai-je vu comment l’ennemi tentait d’enchaîner le père Jean durant la célébration ; son visage alors s’assombrissait, il s’arrêtait, se tenait immobile et l’on voyait qu’en son for intérieur une lutte terrible se déroulait. Il invoquait alors le Nom du Seigneur et il s’illuminait entièrement, joyeusement et avec entrain, baigné de grâce divine, reprenait la célébration ». Menant un tel combat contre ses inclinations pécheresses, contre l’ennemi de notre salut, le père Jean rapidement se mit à grandir spirituellement.

Et à un certain moment il se transforma en thaumaturge, d’abord de Kronstadt, puis de toute la Russie. Nous savons combien sa célébrité a franchi les frontières de la Russie, parce que de tous les coins de notre monde s’élevaient vers lui des demandes pour qu’il prie, de sa prière puissante et audacieuse, auprès du trône de notre Seigneur de Gloire. Nous avons eu en Russie beaucoup de grands saints qui accomplissaient de très nombreux miracles, mais un tel océan de miracles, dont on ne saurait en calculer le nombre et qui accompagnaient saint Jean dans la seconde moitié de sa vie pastorale, nous n’en avons jamais eu de pareil. Ce n’est pas pour rien que ses enfants spirituels et tous ceux qui le vénéraient, disaient que cela leur rappelait les temps évangéliques. Tout comme les miracles fleurissaient autour du Christ, de même un flot incessant de miracles entourait Son fidèle serviteur.

Voilà quel homme de prière et thaumaturge, le Seigneur a envoyé au peuple russe à la veille des temps difficiles qu’il allait endurer. Le père Jean avertissait, sonnait l’alarme. Dans ses sermons des dernières années il le répétait sans cesse. Il disait : « Peuple russe, préserve ton bon et pieux Tsar. Si tu parviens à le garder, la Russie restera pour de longues années encore puissante et glorieuse pour le plus grand bonheur de ses amis et la crainte de ses ennemis. Et si tu ne le préserves pas, on tuera ton Tsar ainsi que la Russie, et toi tu connaîtras le déshonneur et on ira jusqu’à te priver de ton nom » !

De quelle terrible façon s’est réalisée sa prédiction… Le peuple russe n’a pas voulu écouter ce grand prophète que le Seigneur lui avait envoyé et sur la Russie se sont abattus des maux terribles qui durent jusqu’à présent. Mais nous avons foi en notre grand saint qui intercède pour nous par sa prière. Le saint père Jean n’a jamais refusé sa prière pastorale à qui la demandait lorsqu’il était sur terre. Maintenant qu’il est près du trône terrible du Seigneur de Gloire, qu’il se tient dans Sa Gloire avec les autres grands saints de Dieu, nous savons avec assurance qu’il ne nous oublie pas et qu’il n’oublie pas notre malheureuse Patrie, et qu’il élève là-haut ses prières ardentes. Que par ses saintes prières le Seigneur envoie à notre peuple épuisé par tant de tourments, la libération espérée de tous ses malheurs et du joug des sans-Dieu. Amen

 

Saint Métropolite PHILARÈTE