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Dimanche de la Samaritaine
Aujourd'hui nous célébrons le dimanche dit de la Samaritaine, parce que lors de la Divine Liturgie nous avons lu le passage des Évangiles où Notre Seigneur Jésus-Christ discute près du puits de Jacob avec une Samaritaine qu'Il convertit à mener une vie pieuse. Dans ce récit, nous voyons en premier lieu une leçon pour nous – combien nous devons être prudents dans nos jugements envers les proches et combien nous devons éviter toute condamnation définitive nous souvenant de ce récit évangélique.
Fatigué du chemin parcouru, le Sauveur s'était assis près du puits de Jacob. Vient une femme samaritaine puiser de l'eau. Lorsque le Seigneur lui dit : « Donne-moi à boire », elle Lui répondit froidement : « Comment Toi qui est Juif, me demandes-Tu à boire, à moi qui suis Samaritaine ? » A proprement parler, il s'agissait là d'un refus. Puis il est écrit : « car les Juifs n'ont pas de commerce avec les Samaritains ». En dépit du refus et de la froideur de la réponse, le Seigneur poursuivit sa discussion avec elle, et le ton de la Samaritaine changea brusquement lorsqu'Il lui dit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit : donne-moi à boire, tu Lui aurais toi-même demandé à boire et Il t'aurait donné de l'eau vive ». Or, bien que cette Samaritaine fût une grande pécheresse, sous la carapace des passions et du péché battait en elle un cœur vivant. Et ce cœur sentit que devant elle se tenait quelqu'Un qui n'était pas semblable aux autres hommes. Et elle Lui dit : « Seigneur, Tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond, d'où aurais-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits ? ». Le Seigneur continue à parler avec elle de cette eau vive et l'amène à dire ce qui suit : « Je sais que le Messie, celui que l'on appelle Christ, doit venir et Il nous annoncera toutes choses ». Et en réponse elle entend : « Je le suis, Moi qui te parle ».
La Samaritaine fut sans aucun doute ébranlée, car on n'entend aucune réponse de sa part. Elle a perçu toute la sainte et terrible vérité de ces propos. Et laissant là sa cruche, elle partit en courant vers la ville dire aux habitants qu'ils viennent voir si Celui qui, sans qu'Il ait pu auparavant le savoir, lui a raconté tout ce qu'elle avait fait, n'était pas le Christ ?
C'est là une leçon pour nous. Le Seigneur avait vu que sous la carapace de ses péchés, cette femme avait un cœur vivant. Il est des personnes qui ont en apparence une vie pleinement convenable et honnête, mais qui sont spirituellement morts. En dépit de toute la fange dans laquelle elle s'était abaissée, elle n'était pas spirituellement morte. Dès qu'elle vit qu'Il savait tout d'elle, alors qu'Il ne pouvait nullement le savoir, elle dit : « Seigneur, je vois que Tu es un prophète ». Et elle Lui pose immédiatement un tas de questions spirituelles, sur la façon d'adorer Dieu – est-ce comme le disent les Juifs, ou comme le font les Samaritains ? Cela montre qu'en elle son âme était vivante. Ces interrogations l'habitaient, elle cherchait, ne parvenait pas à comprendre commentadorer Dieu en vérité ? Et les réponses du Seigneur l'amenèrent à dire : « Le Messie va venir et Il nous instruira sur toutes choses ». Et là, elle entendit Sa réponse.
Que cela soit une leçon pour chacun de nous de ne juger personne ! Cette Samaritaine était pécheresse et elle est devenue une juste. Et pas seulement une juste : l’Église la glorifie en tant que sainte martyre Photinie la Samaritaine ayant souffert pour le Christ. Nous ne devons jamais juger qui que ce soit, car nous ne connaissons pas la vie intérieure de la personne.
Souvenons-nous d'un autre miracle étonnant, lorsque par Son amour et Sa sagesse le Seigneur a tiré à Soi une autre brebis perdue – le publicain Zachée. A peine l'avait-Il vu et était entré chez lui qu'Il lui annonce : « Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison » ! Parce que le Seigneur a vu dans l'âme de ce publicain qui, profitant de son métier, s'adonnait à des pratiques illégales d'enrichissement, une étincelle de lumière. Et le Seigneur sut avec sagesse transformer cette étincelle en une flamme et Zachée devint un juste. Que ces exemples nous aident à nous juger nous-mêmes et non les autres. Il n'y a pas si longtemps nous demandions au Seigneur dans la prière du Grand-Carême de saint Ephrem de nous donner de voir nos propres fautes et de ne pas juger notre prochain. L'évangile d'aujourd'jui nous montre que nous ne devons jamais juger les autres, car nous ne savons pas ce qu'il y a dans leur âme.
Saint Métropolite PHILARÈTE
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2° Dimanche – L’Apôtre Thomas
En ce jour la sainte Église Orthodoxe joint à la célébration dominicale le souvenir du saint apôtre Thomas. Parfois, dans la langue de tous les jours, nous pouvons entendre l’expression « Je suis incrédule comme Thomas », autrement dit – pas très croyant. Celui qui parle ainsi ne comprend très certainement pas en quoi consistait l’incrédulité du saint apôtre que l’Église, d’ailleurs, dans ses prières nomme « la bonne incrédulité de Thomas ». Lorsque dans les saints Évangiles nous lisons des passages sur l’apôtre Thomas, nous voyons un homme sceptique. Ainsi, lorsque avant la résurrection de Lazare, le Seigneur dit à Ses apôtres : « Allons en Judée », Thomas dit aux autres apôtres « Allons mourir avec Lui ». Dans ce propos il y a tout à la fois la combinaison d’un amour indubitable, prêt à donner sa vie pour le Seigneur bien-aimé, et de cette incrédulité sceptique : ce voyage, aura-t-il une issue favorable ou s’achèvera-t-il seulement par la mort du Maître et de Ses disciples ? Ou encore ici, parlant avec Ses apôtres lors de la Sainte Cène, le Seigneur leur dit que le chemin où Il va, ils le connaissent – « Vous savez où je vais et vous en connaissez le chemin » /Jn 14, 4/. Mais s’en suivit immédiatement la réponse de Thomas : « Seigneur, nous ne savons pas où Tu vas, comment pouvons-nous en savoir le chemin ? ». Puis nous avons encore le récit de l’épisode où les apôtres disent avoir vu le Seigneur Ressuscité. Thomas dit qu’il ne croira que lorsqu’il verra dans Ses mains la marque des clous et qu’il pourra mettre sa main dans Son côté /Jn 20, 25/. Une semaine passa et l’apôtre n’arrivait toujours pas à croire. Combien dut lui être sombre et pénible cette semaine ! Tous les autres apôtres étaient en liesse et se réjouissaient, et lui était toujours incrédule. Huit jours plus tard le Seigneur apparaît à Ses apôtres, parmi lesquels se trouve Thomas, et Il leur dit : « La paix soit avec vous ! », puis s’adressant à Thomas Il reprend les propres paroles de l’apôtre par lesquels celui-ci exprimait ses doutes : « Avance tes doigts … et regarde mes plaies ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; et ne soit pas incrédule, mais croyant » /Jn 20, 27/. Alors, de la bouche et de tout le cœur de l’apôtre jaillit cette extraordinaire confession à laquelle Thomas resta fidèle jusqu’à la mort : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » /Jn 20, 28/. La plus infime ombre de doute s’évapora à l’instant de son âme. Mais pourquoi l’Église nomme-t-elle son incrédulité – bonne ? Parce que, au même titre que tous les autres apôtres, Thomas aimait le Seigneur avec une telle force. Si seulement le Seigneur pouvait mettre en nos cœurs ne serait-ce qu’un centième de cet amour ! Le cœur de Thomas brûlait d’une telle envie de croire, croire sans la moindre ombre de doute, tant était grand et fort son amour pour son Seigneur et Maître. C’est la raison pour laquelle l’Église dit que son incrédulité est bonne parce qu’elle a montré à quel point il était fidèle à son Maître de tout son cœur et de toute son âme, alors que sa raison l’amenait à être incrédule.
En est-il ainsi de nos jours ? Ceux qui disent être "des Thomas incrédules", ressemblent-ils réellement à l’apôtre Thomas ? Le plus souvent leur propre incrédulité est éloignée de celle de Thomas comme l’est l’orient de l’occident, le ciel de la terre.
Voyez, chers frères et sœurs, combien la vérité de la Résurrection, la vérité des saints Évangiles, était chère au cœur de l’apôtre Thomas ! Alors que notre époque se distingue précisément par le fait que nos contemporains sont de plus en plus gagnés par l’indifférence à l’égard de la Vérité divine. On entend beaucoup de belles paroles et dans les faits, en réalité, les gens nourrissent une totale indifférence pour la Vérité. Pilate avait fait preuve d’une indifférence semblable lorsque le Seigneur se tenait devant lui au tribunal. Face à Pilate se tenait la Vérité incarnée, mais Pilate témoigna de son scepticisme en disant : « Qu’est-ce que la vérité ? » /Jn 18, 38/, autrement dit – existe-t-elle seulement. Et dans une totale indifférence il se détourna de Celui qui était la Vérité même. Et les gens sont aujourd’hui devenus tout aussi indifférents. Combien de fois avez-vous pu tous entendre des paroles emphatiques, magnifiques, d’apparence chrétiennes, sur l’union de tous en une seule foi, en une seule religion, une seule Église. Mais sachez qu’il ne s’agit là que d’un bel habillage de cette indifférence à l’égard de la Vérité. Si cette Vérité était un tant soit peu chère aux hommes, jamais ils ne diraient, ni ne feraient pareille chose.
Fuyons pareille indifférence à l’égard de la Vérité. Dans l’Apocalypse, notre Seigneur Jésus-Christ nous montre combien cette indifférence peut avoir des conséquences terribles. Il s’adresse à l’Ange de Laodicée : « Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède ... je vais te vomir de ma bouche » /Ap. 3, 15-16/. Je vais te vomir comme un organisme rejette de soi ce qui lui est foncièrement désagréable et nocif.
Souvenons-nous toujours que cette indifférence pour la Vérité est une des principales catastrophes de notre siècle d’apostasie. Vous qui êtes orthodoxes – chérissez la Vérité. Soyez des combattants de la Vérité. Souvenez-vous combien l’apôtre Thomas aimait la Vérité de la Résurrection du Christ. Dans votre vie, plus haut que tout mettez la Vérité. Certes, nous sommes tous pécheurs, tous nous chutons par faiblesse, mais une chose est de tomber par faiblesse, autre chose est l’indifférence à l’égard de la Vérité, un rejet conscient de la Vérité. Que Dieu nous préserve de cela! Que chacune de nos paroisses, telle une famille spirituelle unie, se tienne fermement dans la Vérité et soit une cellule fidèle de notre sainte Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières. Amen.
Saint Métropolite PHILARÈTE
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Sainte Marie l'Egyptienne
Beaucoup d'entre vous savent sans doute qu'en ce jour, en plus du dimanche, l’Église célèbre cette très grande pécheresse qui par la suite devint une des plus grandes saintes, d'une pureté proprement angélique – sainte Marie l'Egyptienne. Plus d'une fois nous avons déjà souligné les exploits spirituels qu'elle avait accompli. Nous savons que d'après l'exemple de sa pénitence aussi bas puisse tomber un homme dans l'abîme du péché, la puissance de la pénitence peut tout effacer et le transformer en une créature nouvelle.Il en fut ainsi avec Marie l'Egyptienne. Il était impossible, semble-t-il, à une femme de tomber plus profondément dans l'abîme de la souillure et de la débauche que n'était tombée Marie. Et pourtant, le très-grand saint et ascète Zossime, ainsi que nous lisons dans l'office de ce jour, fut pénétré de frayeur lorsqu'il vit, non un être humain, mais un ange incarné : il vit de ses propres yeux comment, après sa pénitence, sainte Marie traversait le Jourdain à pieds secs, comment, lorsqu'elle était en prière, elle s'élevait de terre vers le ciel. Ce même corps qui, des années durant, était le réceptacle de la souillure et de la débauche s'était, par la pénitence, illuminé, élevé, comme s'il était tendu vers le monde céleste, vers le Trône de Dieu.
Il faut également attirer l'attention sur l'évangile de ce jour. On y lit comment le Seigneur racontait un jour à Ses apôtres ce qui L'attendait à Jérusalem. Il leur expliquait clairementce que Ses ennemis allaient Lui faire, mais qu'en fin de compte Il ressusciterait. L'évangéliste Marc se limite à cela, mais les autres évangélistes complètent son récit en disant que les apôtres n'avaient rien compris de ce que le Seigneur leur avait dit, tellement cela leur était étranger et incompréhensible. Le Seigneur venait juste de finir Son récit qu'Il entendit la demande de Jacques et de Jean : ils demandaient que lorsqu'Il allait s'asseoir sur Son Trône de Gloire, ils puissent, dans Son Royaume, prendre place l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche. Les autres apôtres furent indignés en entendant cette demande. Mais il faut savoir que les apôtres n'avaient pas encore été instruits et purifiés par le Saint Esprit et que la demande de Jacques et Jean témoignait de leur amour pour le Christ. Ils désiraient être le plus près de Lui. Peut-être même avaient-ils eule sentiment que le Seigneur accordait un privilège particulier à Pierre, lorsqu'Il lui avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre Je bâtirai Mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle »et qu'ils avaient voulu également obtenir quelque chose de particulier dans le Royaume Céleste. Mais la réponse qu'ils reçurent ne fut sans doute pas celle qu'ils attendaient. Le Seigneur leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Et en effet, ils ne le savaient pas, car peu de temps après la méchanceté des homme L'avait élevé sur un Trône, mais ce trône était la Croix plantée sur le Golgotha et deux larrons se trouvaient, l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche. Les apôtres ignoraient que c'était ces places là qu'ils demandaient au Seigneur. C'est pourquoi après leur avoir dit : « vous ne savez pas ce que vous demandez », Il ajouta : « pouvez-vous boire le Calice que je boirai et recevoir le baptême dont Je serai baptisé ?» en parlant du baptême du Golgotha. Ne Le comprenant évidemment pas, les apôtres cependant, par amour et dévouement, répondirent avec empressement : « Nous le pouvons ! ».
Mais le Seigneur ne repoussa pas la promesse qu'ils Lui avaient faite, Il ne les arrêta pas comme Il arrêta plus tard Pierre, lorsque celui-ci se mit à L'assurer avec trop de présomption, qu'il Lui serait indéfectiblement fidèle. Il ne les arrêta pas, mais Il leur dit : « Vous boirez en effet mon Сalice; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi de l'accorder; c'est pour ceux pour qui mon Père l'a préparé ». Cette place dans le Royaume des Cieux sera réservée en fonction du fait comment on aura servi son Seigneur et son proche, et comment on aura été fidèle à son Seigneur et son Dieu. C'est ainsi que cette place sera définie et elle ne peut être accordée sur la base d'un souhait subjectif.
Nous voyons combien ceux qui entouraient le Seigneur, ne Le comprenaient pas ! Lorsqu'Il était confronté à une incrédulité persistante des gens, cela pouvait laisser échapper de Sa bouche très-pure un sentiment d'indignation affligée : « O génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous? Jusques à quand vous supporterai-je ? ». Mais lorsqu'il s'agissait de Ses disciples les plus proches, ceux qu'Il appelait Ses amis, et qui également ne Le comprenaient pas … Nous voyons combien lourde était la Croix qu'Il portait, dans quelle solitude vivait notre Seigneur Jésus-Christ ! Certes, Il étaient entouré de personnes totalement dévouées, les apôtres, les myrrophores, mais personne ne Le comprenait réellement. Et c'est dans cette solitude intérieure qu'Il portait Sa Croix et qu'Il la porta jusqu'au Golgotha.
Le temps où nous allons nous souvenir de Sa Passion approche. Plus qu'une semaine nous sépare du temps où nous nous souviendrons de Ses souffrances rédemptrices. Préparons-nous donc à comprendre comme il convient l'exploit spirituel qu'Il a accompli pour nous, afin d'aborder convenablement ce temps sacré. Amen
Saint Métropolite PHILARÈTE
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ANNONCIATION de la T.S. Mère de Dieu
« Annoncez sur terre une grande joie,
cieux, célébrez la gloire de Dieu ».
Le christianisme commence avec l'Annonciation, il commence à partir du moment où nous entendons la voix céleste et recevons cette Bonne Nouvelle. Les Pères de l’Église ont dit que l'Annonciation était le début de notre salut. L'Annonciation est en réalité, et dans sa plénitude, la fête de l'Amour divin et de la liberté humaine. Une liberté qui accepte librement l'Amour.
On connaît peu dans l'histoire de l’Église chrétienne, dans la tradition religieuse, dans la mémoire religieuse des peuples chrétiens de fête aussi joyeuse et lumineuse que cette fête printanière de l'Annonciation. Et pourtant il n'existe, semble-t-il, aucun événement transcrit dans les Évangiles qui provoque autant d'incrédulité et de scepticisme chez les incroyants, les sceptiques, les rationalistes que, précisément, cet événement étrange que nous célébrons. Cet ange envoyé du Ciel auprès d'une jeune fille, cette promesse étrange, cet échange entre eux difficilement compréhensible ...
Même si dans certaines circonstances le sceptique est prêt à admettre un fondement historique au christianisme, s'il est prêt à ne pas nier tout en bloc, ce n'est pas ici – excusez ce propos inadéquat – ce n'est pas dans ce qui lui semble un conte enfantin. Mais peut-onalors imaginer que toute cette joie, toute cette explosion de liesse « Annoncez sur terre une grande joie, cieux, célébrez la gloire de Dieu », tout cela ne soit en quelque sorte qu'une légende, un mythe, voire pire … un mensonge ?
En aucune façon, car pour les fidèles chrétiens il n'est question ici ni de conte enfantin, ni de mensonge, mais bien d'obéissance et de raisonnement.
« Je suis la servante du Seigneur », c'est ainsi que la Très-Pure Vierge Marie conclut sa conversation avec l'Archange. C'est ainsi qu'elle répondit à ses paroles disant qu'elleallait être Mère de Dieu. Notre siècle incrédule exprime à propos de la réponse de la Vierge un étonnement pouvant en apparence sembler fort pieux : comment a-t-elle pu donner son accord, car cet accord pouvait signifierqu'elle se sentait capablede devenir Mère de Dieu. Comment pouvait-elle accepter de dire cela ? Pourquoi n'avait-elle pas refusé ? Cependant, ceux qui pensent ainsi ont tort, car il convient dans le cas présent de distinguer l'accord signifiant qu'elle se sentait capable, de l'accord donné par obéissance. Oui, elle a donné son accord, mais pas du fait qu'elle se reconnaissait capable ou digne, mais parce qu'elle confessait être la servante, en tout point obéissante, du Seigneur.
Lorsque l'on refuse ce qui vous est proposé par humilité, c'est un comportement hautement convenable, car l'humilité est une des plus hautes vertus. Mais il n'en est pas de même si l'on s'obstine à refuser et à aller contre la volonté divine. L'obéissance est un comportement plus élevé que l'humilité, et le refus d'obéissance par humilité est un péché.
Si nous voulons mieux comprendre l'obéissance de la Très-Sainte Vierge et la comparer à différents refus ou hésitations, souvenons-nous de l'apôtre Pierre dans l'épisode du lavement des pieds : « Simon Pierre lui dit : non, jamais tu ne me laveras les pieds » – cette réaction témoigne de l'humilité de Pierre. « Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi », lui répond le Seigneur. Alors, Pierre s'exclame : « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ». Pierre ne donne pas là son accord parce qu'il se sent digne, mais parce qu'il est poussé par un fort désir de prendre part au Seigneur ; toutefois il ne s'agit pas encore d'une obéissance parfaite, car il ajoute de lui-même : « mais encore les mains et la tête » . Le Seigneur, en ne lui lavant que les pieds, montre que ce n'est que l'obéissance, et elle seule, qui nous est demandée.
Ainsi, dans cet épisode de l'Annonciation nous est révélé le contenu de deux éminentes vertus chrétiennes : d'une part, le raisonnement en tant que capacité à évaluer correctement les phénomènes de la vie spirituelle, et d'autre part, l'obéissance à la volonté divine et les moyens de parvenir à sa juste compréhension. Sans ces deux qualités il est impossible de réaliser la vie chrétienne. Et ces qualités sont clairement manifestées par la Très-pure Vierge le jour de l'Annonciation et tout chrétien se doit de les faire croître en son cœur.
Amin
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Guérison de la femme courbée
Luc XIII, 10-17
Le comportement du Christ à l'égard des malheurs et des maladies n'est pas identique. Voyant dans une synagogue une femme courbée, Il la guérit : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité ». Cela se passait un jour de sabbat, et, en réponse aux critiques lui reprochant d'avoir fait cette guérison un samedi, Il dit : « Et cette femme, qui est une fille d'Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat ? »
Ces paroles suscitent des questions : est-ce que sans l'action de Satan il n'y aurait pas eu de maladie ? Et par ailleurs – pourquoi le Seigneur a-t-Il permis cette action et pourquoi dit-Il en même temps qu'il était indispensable de la libérer des liens de Satan ? A cela il faut répondre la chose suivante : certaines maladies surviennent dans le but de corriger l'homme de ses péchés. C'est dit clairement dans le cas de la guérison du paralytique : « Va, et ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire » /Jn V, 14/
Pour parler de la cause d'une maladie, on peut dire : « C'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » /Jn IX, 3/. Mais cela correspond plus au but de la maladie qu'à sa cause, et l'on peut dire que toutes les maladies sont données dans un but commun : que soit manifestée l’œuvre de Dieu – la renaissance et le salut de l'homme. C'est pourquoi il est vain de vouloir savoir pourquoi certains naissent forts et bien portants, d'autres faibles et malades, d'autres encore malheureux et difformes, l'important est de réfléchir au travail moral qui les attend, de savoir quel effort de vertu le Seigneur attend d'eux.
Des paroles que nous avons entendues dans l'évangile de ce jour « cette fille d'Abraham que Satan tenait liée », nous voyons que Satan possède en effet un pouvoir sur les hommes, mais il est inutile de chercher à en connaître la raison. Il est bien plus utile de chercher à voir comment le Sauveur et les saints Pères se comportent à l'égard de ce genre de malheurs, et là nous voyons que tout dépend de l'état moral du malade. Parfois, le Seigneur guérit par une simple parole, parfois Il ordonne de faire quelque chose, parfois Il se limite à un conseil. Il peut guérir certains sur le champ, sans même qu'ils le Lui demandent, d'autres sont interrogés sur leur foi, à d'autres encore Il ne répondra que plus tard. Mais dans tous les cas le Seigneur veut seulement leur salut et donc il est plus utile pour nous de penser non à la cause de la maladie, mais à ce que le Seigneur attend du malade – que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.
La guérison des possédés est toujours précédée par la prière des parents et des proches, ou bien par les souffrances et les cris du possédé adressés au Christ. Extérieurement les possédés ressemblent à des épileptiques, mais il y a différents degrés dans la responsabilité de l'homme ayant amenée sa possession. Certains le sont dès leur plus jeune âge, d'autres le deviennent dans leur enfance par la faute de leurs parents, d'autres encore le deviennent à l'âge mûr à la suite d'un lourd péché, le plus souvent un sacrilège, un blasphème contre Dieu.
Ceux qui nient l'existence des démons sont généralement ceux qui sont précisément victimes de leur action. Un possédé se différencie peu de celui qui est rongé par la passion de l'amour-propre ou de l'orgueil. Parlez à une telle personne du vice qui la concerne et vous la verrez sur le champ s'enflammer de fureur. Si nous voyons que la dénonciation de notre vice provoque en nous l'irritation, nous devons alors craindre le démon.
Interrogez-vous et répondez sincèrement. Ne soyez pas troublés par la réponse et ne perdez pas courage. Luttez pour acquérir l'humilité, la patience, la longanimité, luttez pour vous défaire de l'irascibilité et sachez que vous n'êtes pas seuls dans cette lutte. Votre Ange gardien mène toujours le combat contre Satan et il viendra toujours à votre aide, si vous le lui demandez.
Il est très difficile de se guérir de la possession comme des passions. Dans l'évangile selon saint Marc /IX, 26/ nous lisons le cas de la guérison d'un enfant possédé d'un esprit muet. Il est écrit : « Et il sortit en l'agitant avec une grande force », c'est-à-dire que c'est en le secouant fortement que le démon est sorti de l'enfant. Ne craignez pas et luttez. Malheureux sont les hommes qui ne prennent pas soin de leur âme. Ne plaisantez pas de vos péchés et de vos passions. Que le Seigneur nous délivre de notre négligence envers notre âme.
S.B. Métropolite ANTOINE /Khrapovitsky/