4° Dimanche du Grand-Carême

Mémoire de saint Jean Climaque

 

Ce dimanche, 4° du Grand-Carême, est consacré par l’Église à la mémoire de saint Jean Climaque. C’est un des ascètes majeurs de la piété chrétienne. Il est essentiellement connu pour son ouvrage qu’il a intitulé L’Echelle Sainte.

Dans ce livre on trouve des instructions spirituelles pour ceux qui veulent pratiquer l’ascèse, comment ils doivent, avec l’aide de la grâce divine, vaincre les tentations successives. On y trouve l’explication des causes de tel ou tel péché, telle ou telle passion qui prennent racine dans le cœur de l’homme et le moyen qu’il y a lieu d’employer pour vaincre ce péché, cette passion, et en être définitivement et totalement libéré.

En ces jours de Grand-Carême l’image de ce maître de piété, de lutte contre le péché, est particulièrement instructive pour nous. C’est pour cette raison que l’Église célèbre sa mémoire et nous le donne en exemple pour savoir comment obtenir le salut.

Saint Jean était un authentique ascète et il appelait à l’exploit ascétique non seulement les moines, mais tous les pieux chrétiens.

Un authentique ascète ne voit pas dans sa chair, dans son corps, le principe du mal ! Il sait que notre corps a été créé par Dieu et que sa vocation est d’être le temple de l’âme humaine. Un ascète ne sacrifiera jamais quoi que ce soit de spirituel en contre-partie du plaisir de la chair. Il veillera toujours à ce que les valeurs supérieures l’emportent sur les valeurs inférieures. Et nous tous sommes appelés à en faire autant. C’est pourquoi nous devons regarder notre cœur et notre âme sous cet angle, afin que le spirituel l’emporte toujours sur le charnel. Un ascète n’acceptera jamais de sacrifier sa vie spirituelle au profit de la chair.

Notre vie doit être une lutte constante contre le mal qui se niche dans notre cœur et dans notre âme à travers les péchés que nous commettons. Nous devons toujours être vigilants à ce que le mal, sous une apparence trompeuse agréable, ne vienne se glisser dans notre cœur et, en nous détachant de Dieu, ne nous fasse sombrer dans l’abîme de la perdition. C’est pourquoi, nous devons constamment brider notre vie en apportant constamment des sacrifices à Dieu, avec un esprit brisé et un cœur broyé et humilié qui se repent de ses péchés.

Il fut un temps, il y a très longtemps, les questions d’ascèse, de foi, de salut occupaient la toute première place dans la vie des gens. Beaucoup de temps était consacré à ces questions, d’innombrables ouvrages furent écrit à ce sujet. Tous ces problèmes étaient étudiés avec le plus grand intérêt, car le centre de la vie n’était pas le bien-être matériel ou la justice sociale dont on parle tant aujourd’hui, mais précisément le salut de l’âme.

Comment sauver son âme, que faire pour être agréable à Dieu, comment surmonter et vaincre les passions et les vices qui parfois nous tiennent solidement entravés.

Durant toutes ces années, l’ennemi de notre salut ne sommeillait pas, mais imaginait des plans toujours nouveaux : comment faire pour extirper des hommes la foi en un Dieu véridique et les détourner de ce but qu’ils se sont donnés à eux-mêmes, c’est-à-dire le salut.

Certes, le péché a toujours existé, les hommes péchaient et commettaient des crimes, il y avait des guerres, toutefois ils voulaient et n'espéraient qu’en une seule chose : leur salut.

Le diable imaginait des plans, les réalisait, renversant tout ce qui était sacré à nos yeux, le foulant aux pieds dans la boue. Les hommes en sont venus à ne plus croire en leur élection divine particulière, en ce qu’ils ont été créés par Dieu à Son image et à Sa ressemblance, par un acte divin particulier, et ils se sont mis à admettre qu’ils descendaient d’un animal. Toutes leurs pensées sont devenue viles et basses, les tirant vers la terre et ils ont fini par être dominés par des aspirations animales, incapables de se relever et de lever les yeux vers le Ciel.

Les règles ecclésiales, de même que les coutumes religieuses, ont été les unes après les autres abandonnées, les fêtes ne sont plus fêtées. Et c’est ainsi que sont éduqués nos enfants et pour cette raison aujourd’hui tout nous est autorisé. Même les crimes sont de nos jours justifiés par une prétendue science qui explique que, soi-disant, tel criminel n’est pas normal et que de ce fait il n’est pas responsable de ses actes. Aujourd’hui le vice et le péché sont justifiés et l’on tente d’éradiquer de notre langue la notion même de péché afin que nous oubliions qu’il puisse même exister. Des millions de personnes ont recours aujourd’hui aux services de psychanalystes qui leur inculquent qu’il n’y a aucun péché, qu’ils n’ont rien commis de mal et qu’il convient de se libérer et d’oublier au plus vite ce qui est arrivé.i

Pareillement on s’efforce d’exclure la pénitence de la vie humaine. Quant à nous, nous savons bien que tout cela ne sont que des voies mensongères qui mènent les hommes à la perte, qui ne procurent pas de joie réelle, de vraie consolation. C’est pourquoi, de nos jours, les paroles du saint apôtre Pierre sont à ce point appropriées. S’adressant au Seigneur, il avait dit : Seigneur, vers qui irions-nous, Tu es l’unique source de vie. Amen.

+ Archevêque PAUL de Sydney et d’Australie-Nouvelle Zélande (+1995)

Leçon morale pour la jeunesse

Parabole du Fils prodigue – Luc XV, 11-32

« Père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir». Dans cette parabole du Fils prodigue nous avons la leçon la plus instructive pour la jeunesse.

En effet, dans ce Fils prodigue nous voyons toute la plénitude du caractère de l'adolescence insouciante : la frivolité, l'irréflexion, la passion de l'indépendance – en un mot tout ce qui distingue la majeure partie des adolescents. Le plus jeune fils a grandi dans la maison de son père. A l'âge de l'adolescence, il a imaginé que cette maison était devenue pour lui trop étroite. Il lui était devenu désagréable de vivre sous l'autorité de son père et le contrôle et la surveillance de sa mère. Il avait envie d'imiter ses camarades qui s'adonnaient aux plaisirs bruyants du monde. « Je suis, – se disait-il, – l'héritier d'une riche propriété. Ne serait-il pas préférable que je reçoive dès maintenant ma part ? Je peux disposer de cette richesse autrement que ne le fait mon père ». Et l'adolescent écervelé se laisse emporter par l'éclat trompeur des plaisirs du monde et décide de se défaire de ce joug de l'obéissance en quittant la maison paternelle.

Est-ce que ce ne sont pas des motivations du même ordre qui amènent beaucoup de jeunes aujourd'hui encore à abandonner la maison, non des parents terrestres, mais la maison du Père Céleste, c'est-à-dire à se soustraire à l'obéissance de la Sainte Église.

Pour des esprits immatures, le joug du Christ paraît difficile à porter, et il en est de même des commandements du Christ. Ils estiment qu'il n'y a pas de nécessité particulière à observer ce que Dieu et Sa Sainte Église nous commandent. Ils pensent qu'il est possible de servir Dieu, sans refuser de servir le monde. « Nous sommes, – disent-ils, – déjà suffisamment forts pour faire face aux tentations et aux appâts funestes. Nous pouvons très bien nous tenir nous-mêmes à la vérité et à une saine doctrine. Laissez-nous parfaire notre intellect par des informations multiples ! Laissez-nous consolider par nous-mêmes notre volonté au milieu de toutes les séductions et tentations ! Que ce soit par notre propre expérience que nous nous convainquions de l'ignominie du vice ! » – En quoi ces désirs sont-ils meilleurs que la demande irréfléchie que le jeune fils a faite à son père : « Père ! Donne-moi la part de bien qui doit me revenir !» ?

Et voilà que ce jeune écervelé cesse d'écouter les commandements et les conseils de la Sainte Église. Il cesse d'étudier la parole de Dieu et les enseignements des saints Pères et prête son oreille aux élucubrations de faux maîtres à penser et sacrifie les meilleures heures de sa vie à ces occupations. Il se met à fréquenter plus rarement l'église ou alors s'y comporte avec distraction et inattention. Il ne trouve plus possible de s'occuper assidûment de piété et de pratiquer la vertu car la majeure partie de son temps est consacrée aux spectacles et autres distractions et réjouissances. Bref, de jour en jour il s'abandonne toujours plus au monde pour s'éloigner enfin vers « un pays lointain ».

A quoi aboutit pareil éloignement de la Sainte Église ? À un résultat identique à celui du Fils prodigue qui a quitté la maison paternelle. Les jeunes gens écervelés dissipent leurs forces et leurs capacités magnifiques de l’âme et du corps еt ruinent ce qu’ils avaient pu auparavant faire de bien pour la vie éternelle. Et pendant ce temps voilà qu’« une grande famine survint dans ce pays» ; et là arrivent la vacuité et le mécontentement qui sont les conséquences inévitables des plaisirs bruyants ; vient la soif des plaisirs qui ne fait que s’intensifier avec la satisfaction des passions perverses et qu'en fin de compte plus rien ne peut assouvir. Et comme il arrive souvent, ces pauvres personnes, pour satisfaire leurs passions, en viennent à des pratiques viles et honteuses qui, loin de les amener au remord, qu’a connu le Fils prodigue, et de le ramener sur la voie du salut, achèvent sa perdition dans la vie présente et éternelle. Amen.

 

+ Saint Archevêque JEAN de Shangaï (1946)

Dimanche de Zachée

Zachée était un publicain, un collecteur d'impôts, et c'était un homme riche à qui la vie avait tout donné. A son époque, il était pour le peuple juif ce que l'on pourrait appeler « un grand personnage ». C'était un homme puissant et riche. Il avait eu un parcours de vie sans fautes, il n’y a qu’une chose à laquelle il n’avait pas pensé : c’était que le temps passait inexorablement. Les années et la vie passent et arrive la vieillesse.

Et il comprit soudain que tout ce qu'il avait amassé ne servait à rien. Il ne pouvait même plus profiter de ses richesses, car il n'avait plus ni force, ni santé. Et lorsqu'il repensait à sa vie passée, sa vie de publicain, il ressentait quelques remords : dans telle occasion il avait fait de la peine à une veuve, dans telle autre il avait rendu malheureux des enfants, ailleurs il s'en était pris à une personne faible … Il soutirait, soutirait de l'argent, il était fort, puissant. Et voilà que le Seigneur l'avait gratifié de son grand âge et toute cette richesse lui était désormais inutile. En qu'en était-il de sa conscience ? Elle le tourmentait et il ne savait comment se défaire de ses remords. Et c'est là qu'il entendit parler d'un Prophète.

Il ne comprenait pas encore que le Christ était le Fils de Dieu, mais il savait que c'était un Maître de vie. Il voulut le connaître comme un ultime remède à ses maux. Et il partit à Sa rencontre. Mais il y avait une telle foule, qu'il comprit qu'il ne pourrait jamais voir le Christ. Or, sur le bord du chemin il y avait un sycomore, un figuier. Et le voilà qui grimpe à ce figuier. Notez bien ce fait : que penserait-on ici, en Occident, si un important serviteur de l'Etat, un député, un gouverneur, un maire animé du désir de rencontrer un nouveau prédicateur, grimpait sur le premier arbre venu, aux yeux de tous, en pleine ville ? Que penserait-on de lui ? On imagine combien cela pourrait nuire à sa réputation ou aux élections à venir …

Et l’impression que cela pouvait produire dans la société juive était exactement la même ! Mais lui n’avait plus peur de rien, il n’avait pas peur de se sentir humilié, car il souffrait moralement et avait besoin d’aide. Et là il vit que le Christ était réellement ce Prophète qui pourrait lui apporter cette aide. Il n’avait que faire de cette foule et de ses moqueries. Et voilà que le Christ était là, devant lui. « Zachée, hâte-toi de descendre; car, aujourd'hui, il faut que Je demeure dans ta maison ». Et le miracle se produisit : le Christ était chez Zachée. Mais certains se demanderont : est-ce réellement un miracle ? Nous connaissons dans les Evangiles des miracles bien plus importants, de vrais miracles, alors que là il ne s’agit que d’une visite … Il n’y a rien là de surnaturel. Mais en réalité, c’est plus que surnaturel. Quelle est la situation ? Toute la puissance de la conscience de Zachée se délie et il semble transmettre cette conscience au Christ qui à son tour sanctifie son cœur. Fort de cette joie que ce poids du péché, de tout le mal qu’il avait fait durant sa vie, ne pesait plus sur son cœur, il s’exclame : Seigneur ! Je donnerai la moitié de mes biens aux pauvres et je paierai au quadruple ceux à qui j’ai fait de la peine.

Il n’y a pas longtemps, nous lisions dans l’Evangile : Repentez-vous car le Royaume de Dieu est proche. La lecture d’aujourd’hui nous montre que cette repentance est en marche. Et nous devons nous amener nous-mêmes à un état où, à l’image de Zachée, notre cœur soit pénétré de cette crainte de Dieu et inondé de larmes. Nous comprenons mieux également ce qu’est « le Royaume des Cieux » : c’est Zachée repenti dont le cœur est devenu si large qu’il en est devenu prêt à embrasser le monde entier, qu’il est prêt à tout donner, prêt à enrichir chacun de ses frères. C’est là l’esprit de la vie éternelle qui doit visiter chacun de nous.

Que le Seigneur nous aide, chers frères et sœurs, à entamer ce travail de pénitence. Nous sommes encore dans la période précédant le carême, mais très bientôt ce temps sera derrière nous et nous entrerons dans le temps de la pénitence. Amen.

+ Archevêque ANDRÉ /Rymarenko/ (+1978)

Mgr André /Rymarenko/, né en 1893 en Russie dans la région de Poltava, était un disciple des saints startsy de Optino, et notamment fils spirituel du saint starets Nectaire d'Optino. En octobre 1921 élevé au diaconat et à la prêtrise, connut les internements pour sa foi. Au bénéfice de la guerre put sortir d'URSS en 1943, rejoignit l’Église Russe Hors-Frontières, servit à Berlin, Stuttgart et en 1949 émigra aux Etats-Unis où il fonda le monastère de Novo-Divéevo à Spring-Valley dans l'Etat de New-York, qui à son époque la plus faste compta jusqu'à cinquante moniales. Elevé à l'épiscopat en 1968 avec pour siège la ville de Rockland. Archevêque en 1973. Connu pour sa très haute spiritualité, Soljénitsyne et Rostropovitch, notamment, avaient exprimé le désir de rencontrer ce maître spirituel à l'image de tous ces grands écrivains russes du XIX° siècle qui se rendaient à Optino pour recevoir l'enseignement des startsy. Mgr André rendit l'âme à Dieu le 12 juillet 1978, et repose aujourd'hui dans le cimetière de Novo-Divéevo qu'il avait fondé.

Le Carême de la Nativité

 

Le 25 décembre selon le calendrier julien (7 janvier selon le calendrier grégorien) nous célébrons la fête joyeuse de la Nativité du Christ. C'est la venue dans notre monde pécheur du Dieu Verbe Incarné. Dieu est devenu Vrai Homme sans cesser d'être Vrai Dieu afin de nous sauver du péché, de la malédiction et de la mort qui pesaient sur toute l'humanité consécutivement à la chute de nos ancêtres Adam et Eve. Cette immense fête est en réalité la mère de toutes les fêtes, car en elle trouvent leur fondement la Théophanie, la Pâque, l'Ascension et la Pentecôte. Si le Christ n'était pas né dans la chair, Il n'aurait pas été baptisé – ce qui est la fête de la Théophanie ; Il n'aurait pas souffert et ne serait pas ressuscité – ce qui est la fête de la Pâque ; Il n'aurait pas envoyé le Saint Esprit – ce qui est la Pentecôte. Ainsi, de cette fête de la Nativité du Christ sont nées toutes nos autres fêtes comme d'une même source naissent différents ruisseaux.

Il est donc compréhensible que la sainte Église nous appelle à nous préparer à accueillir cette grande et joyeuse fête. Elle désire que nous préparions nos âmes à sa célébration solennelle par le jeûne et la pénitence, que nous entrions par avance dans l'esprit et l'état d'esprit de cette fête, afin que nous la célébrions de façon consciente et qu'elle porte en nous des fruits et soit salutaire pour nos âmes.

Mais est-ce que nous nous préparons comme il se doit à la venue dans ce monde du Fils de Dieu ? Malheureusement, peu nombreux sont aujourd'hui les vrais chrétiens, même parmi les orthodoxes ! Alors que les ennemis du Christ ont tout fait pour éradiquer cette fête de nos consciences, la priver de toute signification, en ont fait une banale « fête saisonnière » pour laquelle il est de coutume de s'offrir mutuellement des cadeaux. Les commerçants, avides de profit, se préparent bien en amont en faisant la publicité pour leurs produits : et nous savons que c'est une période où effectivement le commerce est très actif et très lucratif pour les commerçants. Mais presque personne n'a la moindre pensée pour Celui qui est né en ce jour de fête – le Christ Sauveur du monde ! Ce jour se résume à des réjouissances, des distractions, des festins, des cadeaux – toutes choses qui n'ont rien de commun avec la Nativité du Christ. Et de nos jours, nous voyons combien en ce jour cet événement grandiose de l'histoire de l'humanité est de plus en plus oublié et ignoré.

Voilà avec quelle ruse et quelle maîtrise travaillent les ennemis du Christ et il est triste de voir que nombre de nos fidèles orthodoxes se laissent entraîner dans ce courant de « guerre froide » contre le christianisme.

Et cependant, notre sainte Église nous enseigne à une tout autre célébration de cette fête et nous appelle 40 jours avant à nous y préparer. Évidemment , non seulement on peut faire des cadeaux, c'est même très bien, cependant ce ne doit pas être une fin en soi. Célébrer de façon chrétienne, n'est possible que lorsque nous nous efforçons à purifier nos âmes de toute impureté et de tout péché.

C'est dans ce but que dès les premiers siècles du christianisme, l’Église a établi un Carême de 40 jours précédant la Nativité du Christ, 40 jours pendant lesquels on jeûne, on se confesse et l'on communie aux Saints Dons. Ce Carême de la Nativité commence le 15/28 novembre, il est parfois appelé « Carême de Philippe » car il débute le lendemain du jour où nous faisons mémoire de l’apôtre Philippe (14/27 novembre).

Ce Carême n'est pas aussi strict que le Grand-Carême : les lundi, mercredi, vendredi on s'abstient de consommer du poisson, du vin et de l'huile et les autres jours seul le poisson est interdit, en revanche les samedi et dimanche le poisson est autorisé. Du 20 au 24 décembre/2 au 6 janvier on s'abstient de manger du poisson. La veille de la Nativité on mange traditionnellement de la « koutia » ou « kolivo », préparation de graines de blé mélangées à du miel ou autre graminée bouillies et des noisettes ce qui doit nous rappeler que le Carême ne s'interrompt qu'après la Liturgie de Noël.

Sept jours après le début du Carême (21 novembre/4 décembre) on célèbre l'Entrée au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu. C'est une très grande fête qui entre au nombre des « Douze grandes fêtes » de l'année liturgique qui annonce en quelque sorte la Nativité du Christ. «Dans le temple de Dieu, la Vierge se montre clairement et, d’avance, elle annonce le Christ à tous », chantons-nous dans le tropaire de cette fête et l'événement même est appelé « prélude de la bienveillance de Dieu », car la Nativité fut la conséquence de ce que la Très-Pure Vierge Marie soit entrée dans le temple et y a reçu son éducation spirituelle qui a fait d'elle un vase de l'Incarnation du Fils de Dieu. C'est pourquoi, à compter de ce jour aux offices des vigiles est chanté le chant triomphal de la Nativité : « Le Christ naît, glorifiez-Le ; le Christ descend des cieux, allez à Sa rencontre ; le Christ est sur terre, relevez-vous. Chantez le Seigneur toute la terre et, dans votre joie, peuples, célébrez-Le, car Il S'est couvert de gloire » (1° hirmos du canon des matines).

Nous devons écouter ce chant avec un cœur ému, car il nous annonce la venue prochaine de la fête joyeuse de la Nativité selon la chair de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et plus nous approchons de ce jour radieux, plus nous entendons lors des offices des paroles qui nous en rapprochent.

Deux semaines avant la Nativité, nous commémorons les saints Ancêtres, les Justes vétérotestamentaires, grâce auxquels a été maintenue parmi les hommes la foi en un Messie à venir et Sa manifestation sur terre a été possible. Et le dernier dimanche avant la Nativité, Dimanche de la Généalogie, la sainte Église glorifie toute la généalogie des ancêtres du Christ dans la chair et à la Liturgie est lu l'évangile de saint Matthieu qui énumère cette généalogie depuis Abraham. De façon particulièrement solennelle l’Église célèbre la vigile de la Nativité avec lecture des prophéties annonçant la venue du Messie. La joie s'exprime dans ce chant triomphal reprenant les paroles prophétiques d'Isaïe : « Dieu est avec nous, sachez-le nations et soumettez-vous, car Dieu est avec nous » !

C'est ainsi que progressivement durant ces 40 jours l’Église nous prépare à cette fête que les livres liturgiques nomment également Pâque, la Pâque d'hiver. C'est ainsi que durant des siècles et des siècles, les chrétiens se préparaient et célébraient cette fête joyeuse annoncée par les prophètes. Et que voyons-nous aujourd'hui ?

Les ennemis de Dieu ont de tout temps, et tout spécialement de nos jours, cherché à effacer le Christ de la conscience des chrétiens et ont pu atteindre des résultats significatifs par la faute même des chrétiens. C'est ainsi que le monde chrétien contemporain en est venu à célébrer la Nativité du Christ … sans le Christ !

Il n'y a rien de mal dans la coutume du sapin de Noël et des cadeaux pour les petits enfants, mais ce qui est mal c'est lorsque le sapin et les cadeaux en viennent à éclipser le Christ, jusqu'à aboutir à Son total oubli ! N'oublions jamais que, pour nous chrétiens, le Christ doit toujours occuper la première place, être au cente de notre vie, et ce notamment les jours où nous célébrons Sa venue parmi nous, pour notre propre salut.

Sachons que nous devrions avoir honte d'emboîter le pas aux ennemis du Christ, qui poussés par le diable luttent contre Lui et s'efforcent par tous les moyens de nous entraîner dans leur camp. Se peut-il que pour des biens éphémères par lesquels ils tentent de nous séduire, nous soyons prêts à trahir notre Seigneur et Sauveur ?

Qu'il n'en soit jamais ainsi !

D'après + Archevêque AVERKY

Parabole du riche et de Lazare

/Luc XVI, 19-31/

L'idée essentielle de cette parabole est qu'une mauvaise utilisation de la richesse prive l'homme du Royaume Céleste et le relègue en enfer pour des tourments éternels. Un homme riche, qui s'habillait de pourpre et de lin fin, vivait dans le luxe pour son propre plaisir. Près du portail de sa maison gisait un pauvre mendiant du nom de Lazare. Ce nom « Lazare » signifie littéralement « Dieu a aidé», c'est-à-dire que ce « pauvre », abandonné de tous, ne pouvait espérer qu'en Dieu. Les chiens lui causaient encore plus de mal et de douleur venant lécher ses ulcères, alors qu'il n'avait pas même la force de les repousser.

Le riche aurait pu se faire un ami de ce pauvre qui à son tour, après sa mort, aurait pu l'accueillir dans les demeures éternelles, mais ce riche était un homme sans cœur, sans pitié pour le pauvre, sans pour autant être cupide puisque tous les jours il festoyait. Il ne plaignait pas son argent, mais ne le dépensait que pour ses plaisirs. Lorsque Lazare fut mort, son âme fut portée par les anges dans le sein d'Abraham, c'est-à-dire qu'il partagea le sort posthume d'Abraham, sort plein d'espoir en une béatitude future qui est le lot des justes. Et Lazare l'avait bien mérité par la vie pleine de souffrances qu'il avait endurée sans jamais se plaindre, résigné.

« Le riche mourut aussi, et il fut enseveli ». Ses funérailles sont ici mentionnées du fait qu'elles furent sans doute somptueuses, tandis que le cadavre de Lazare avait été simplement jeté en pâture aux animaux sauvages. Mais c'est le riche qui se retrouve en enfer, dans les tourments. Et voilà qu'il voit au loin Abraham et Lazare en son sein. La contemplation par des pécheurs de la félicité des justes ne fait qu'augmenter leurs souffrances en enfer, et peut parfois faire naître en eux l'espoir bien vain d'un soulagement. Mais tout comme Lazare autrefois cherchait juste à se nourrir de quelques miettes, de même le riche, devenu pauvre à son tour, ne demande que quelques gouttes d'eau pour refroidir sa langue en feu. Mais cette consolation minime lui est même refusée : tout comme Lazare reçoit sa consolation en proportion de ses souffrances antérieures, le riche souffre également en proportion desa vie antérieure, insouciante et sans pitié.

De plus, Abraham avance une autre raison à son refus : l'immuabilité de la sentence Divine voulant qu'un fossé infranchissable sépare le lieu où les justes jouissent de la béatitude et le lieu de souffrance des pécheurs, à l'image du fossé moral qui les sépare les uns des autres. Abraham refuse également la demande du riche d'envoyer Lazare dans la maison de son père afin de prévenir ses frères qu'ils ne suivent pas son mode de vie. « Ils ont Moïse et les prophètes » lui répond-il, c'est-à-dire qu'ils ont la Loi écrite de Dieu qui leur permet de savoir comment ils doivent vivre pour ne pas se retrouver dans le lieu des tourments éternels.

Le riche reconnaît que ses frères sont tout comme lui sourds à la Loi Divine et que seul un phénomène extraordinaire, comme l'apparition d'un mort, pourrait leur faire entendre raison et les amener à changer de mode de vie. Abraham répondit à cela que s'ils en étaient arrivés à une telle déchéance morale qu'ils n'écoutaient même plus la Parole de Dieu, toutes les autres assurances seraient superflues. Un incroyant qui serait même frappé par l'extraordinaire apparition d'un mort, se mettrait très vite à expliquer ce phénomène d'une quelconque autre façon et resterait en fin de compte tout aussi incroyant et impossible à corriger.

Pour preuve qu'il en est bien ainsi, nous le voyons dans l'exemple de ces Juifs incroyants qui n'étaient en rien convaincus par les innombrables signes et miracles que réalisait notre Seigneur Jésus-Christ. Ils refusèrent même de croire lorsqu'ils virent la résurrection de Lazare, ils pensaient même le tuer. Tout vient du fait, qu'un cœur corrompu par le péché s'obstine à refuser de croire en la réalité des tourments éternels qui attendent les pécheurs et aucun miracle ne peut les contraindre à y croire.

+ Архиепископ АВЕРКИЙ