Le Bon Samaritain

 

Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question : «Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle» ? Jésus lui demanda : «Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu» ? L’autre répondit : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même».

Souvenez-vous, chers frères et sœurs, comment la sainte Église nous a amenés à cet endroit du récit évangélique. Souvenez-vous de la lecture de dimanche dernier sur Jaïre qui était venu auprès du Christ car sa fille était mourante et il ne trouvait d’aide auprès de personne. Elle mourrait … et il accourt auprès du Christ, se jette à Ses pieds et supplie : « aide-moi … elle meurt … ma fille unique » et le Christ l’accompagne et ce chemin qu’ils parcourent ensemble n’est peut-être pas long, mais pour Jaïre c’est comme si c’était le chemin de toute sa vie. Et il est plein d’espoir parce qu’il croit que le Christ peut réaliser quelque chose de grand, qu’Il peut réaliser une guérison, ce que personne d’autre ne pouvait faire. Cet espoir et cette confiance sont comme le chemin de toute sa vie.

Il en est de même chez nous. Vient un moment dans notre vie où nous prenons conscience que viendra la fin, que viendra le temps du cercueil. Et nous partirons tous. Moi … vous … lui. Chacun de nous doit s’attendre et se préparer à ce moment. Mais si tu espères en le Seigneur et que, comme Jaïre tu t’accroches au vêtement du Christ et ne t’éloignes pas de Lui en dépit de toutes les tentations qui t’assaillent, tu arriveras à coup sûr … Mais où arriveras-tu ? Et bien, l’Évangile de ce jour répond à cette question du docteur de la Loioù doit-il arriver ? « Que dois-je faire faire pour obtenir la vie éternelle ? ». Voilà où il doit parvenir : à la vie éternelle.

Et c’est ce que nous propose l’Évangile d’aujourd’hui. Comment y parvenir ? Comment tenir sans le lâcher le vêtement du Christ tout le long de ce chemin ? Et combien est long ce chemin … C’est celui de toute notre vie. Pour les uns il dure 80 ans, pour d’autres 90, plus encore pour certains. Combien d’embûches sur ce chemin et que de risques de laisser échapper le vêtement du Christ ! Une véritable tempête de tentations accompagne toute notre vie. Regardez notre vie familiale : là, le mari, jouet d’un égarement, abandonne sa famille, ici, c’est la femme qui du fait de la tension nerveuse permanente au sein de la famille, perd ses nerfs et rend la vie impossible, là autre chose encore …

Et dans la vie publique toutes ces crises politiques, dans la société ces crimes effroyables. Mon Dieu, que faire, où aller ? La seule issue est de suivre l’exemple de Jaïre, de s’attacher au Christ, de s’accrocher à Son vêtement. Tout faire pour ne pas le laisser échapper et l’Évangile de ce jour nous montre comment y parvenir : être un bon samaritain partout, toujours et en tout. Mais, le sommes-nous ? Autour de nous il y avait des petits-enfants, leur avons-nous appris ce qu’était le Bien ? Une personne au bord de la chute morale est venue nous voir, l’avons-nous aidée à lutter contre le péché ? L’avons-nous aidée à se sortir de ce marécage boueux qui la tirait vers le fond ? Seul un doigt, pas même une main, aurait-il peut-être fallu lui tendre pour qu’elle soit sauvée. Et combien de personnes n’ont besoin que d’un mot de réconfort, d’une attention … et nous pourrions donner tout cela, mais l’avons-nous fait, comme ce Bon Samaritain l’a fait ?

Et si à toutes ces questions notre conscience répond non, nous le l’avons pas fait, alors oui, nous courrons le risque d’être arrachés du vêtement du Christ. Hâtons-nous d’y remédier. Seule la charité peut nous garder avec le Christ. Nos enfants ont ce que l’on appelle des dents de lait, qui tombent par elles-mêmes et à leur place d’autres dents, définitives, poussent. Nous avons tous un cœur, mais c’est un cœur de chair, grossier, égoïste. Un tel cœur ne nous permettra pas d’enter dans la vie éternelle. Et ce cœur ne tombera pas de lui-même comme une dent de lait. Nous devons le rejeter et le remplacer par un nouveau qui ne viendrait pas de nous, mais du Christ. Et à chaque fois où nous apportons de l’aide à un proche, que nous faisons un effort, c’est comme si nous arrachions un petit morceau de notre cœur pour le donner à notre prochain et en échange de ce petit morceau de notre cœur de chair, pécheur, le Seigneur mettra en nous un morceau identique de cœur du Christ. Et ainsi, durant tout le cours de notre vie, nous échangerons notre cœur contre un cœur neuf, un cœur véritable, nous l’échangerons contre le cœur du Christ. Et ce n’est que là que s’ouvrira pour nous la vie éternelle. Plus personne ne pourra nous arracher du vêtement du Christ et nous obtiendrons ce que le docteur de la Loi demandait au Christ : la vie éternelle.

+ Archevêque ANDRÉ /Rymarenko/