Le repentir dans la vie de Sainte Marie l'Égyptienne

 

 

Bien-aimés en Christ, aujourd’hui, nous contemplons la vie extraordinaire de Sainte Marie l’Égyptienne et de Saint Zosime, deux figures qui nous enseignent la puissance du repentir, de la conversion et de la miséricorde divine. Leur rencontre n’est pas un simple épisode de la tradition monastique, mais un message profond sur l’amour de Dieu pour chaque âme qui revient à Lui avec sincérité.

Se repentir : l’ancienne définition de ce verbe, selon Le Robert (1960), est la suivante : « un profond regret qui mène à un changement ». Dans le cas de Sainte Marie l’Égyptienne, le changement est radical. Elle a commencé sa vie dans le péché. Née en Égypte, elle quitta sa maison à un jeune âge et mena une vie de débauche à Alexandrie, non pas tant pour l’argent que par passion débridée. Pendant dix-sept ans, elle vécut dans le vice, jusqu’au jour où, par curiosité, elle suivit un groupe de pèlerins en route vers Jérusalem pour la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix.

Arrivée devant l'église du Saint-Sépulcre, une force invisible l'empêcha d'entrer. Comprenant qu'elle était indigne, elle se tourna vers la Mère de Dieu dans une prière sincère et fit le vœu de changer de vie. Aussitôt après, elle put entrer et vénérer la Croix du Seigneur. En sortant, une voix lui indiqua qu’elle devait traverser le Jourdain et vivre dans le désert. Elle obéit et passa près de quarante-sept ans dans la solitude, vivant dans l'ascétisme, nourrie uniquement par la Providence divine.

Saint Jean Climaque nous enseigne : « Le repentir est la renaissance de l’âme, un renouvellement du baptême, un contrat avec Dieu pour une nouvelle vie ». L’exemple de Marie l’Égyptienne illustre parfaitement cette réalité : elle est morte à son ancienne vie pour renaître dans la sainteté.

Saint Zosime était un moine d’une grande piété, mais il lui manquait encore une leçon d’humilité. Lorsqu’il se rendit dans le désert du Jourdain, comme le voulait la tradition de son monastère pendant le Grand Carême, il rencontra une figure étrange : une femme décharnée, au corps asséché par des années de jeûne et de prière. Elle connaissait son nom et son histoire, bien que lui ne la connût pas. Elle lui raconta sa vie et lui demanda de lui apporter la Sainte Communion l’année suivante.

Quand Zosime revint l’année suivante avec l'Eucharistie, il la vit marcher sur les eaux du Jourdain pour venir à lui. L'année suivante, en revenant, il trouva son corps sans vie, avec un message demandant qu'il l'enterre. Zosime retourna au monastère, témoignant de la grandeur de cette femme qui, bien que pécheresse, était devenue une sainte par la grâce de Dieu.

Saint Isaac le Syrien affirme : « L’humilité est le vêtement de la divinité ». Zosime dut reconnaître que la grâce de Dieu agit au-delà des apparences et que la vraie sainteté est souvent cachée aux yeux du monde.

Le vrai repentir est illustré par de nombreux exemples dans la Bible. L’Ancien Testament nous raconte la vie du roi David, qui a vivement regretté ses fautes et a mené une vie au service de Dieu. Le larron crucifié à la droite de Jésus est devenu le premier à entrer au paradis après son repentir sur la croix. Zachée, étant publicain, cherchait le Christ pour changer sa vie. Une fois qu’il L’eut trouvé, il transforma complètement sa manière de vivre : il donna la moitié de ses biens aux pauvres et rendit le quadruple à ceux qu’il avait lésés. Il devint apôtre du Christ et évêque de Césarée. Saint Pierre, qui a renié Jésus trois fois, fut réintégré parmi les apôtres après son repentir et termina sa vie crucifié.

L’histoire de Sainte Marie l’Égyptienne et de Saint Zosime est un miroir pour nous, chrétiens d’aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où le péché est banalisé, où l’on cherche souvent le confort plutôt que l’ascèse, et où l’humilité est souvent oubliée au profit de l’orgueil et de la reconnaissance sociale.

Chers frères et sœurs en Christ, la définition actuelle du verbe « se repentir » dans Le Robert est la suivante : « synonyme de regretter ». Il y a le regret, mais il n’y a plus l’acte de changement après le regret que le même dictionnaire Le Robert donnait en 1960. Sommes-nous ainsi aujourd’hui ? Nous regrettons, mais nous ne cherchons pas à changer. Ne restons pas comme les protestants qui croient que leur baptême et leur foi en Dieu suffisent pour entrer dans le royaume de Dieu. Saint Apôtre Jacques nous confirme l’insuffisance : « Il en est ainsi de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même ». (Jacques 2:17).

Beaucoup de chrétiens vivent leur foi de manière superficielle, sans réelle transformation intérieure. Marie l’Égyptienne nous rappelle que la vraie conversion demande un changement radical de vie. Comme Saint Zosime, nous jugeons parfois les autres sur leurs erreurs passées, oubliant que Dieu regarde le cœur et non l’extérieur. L’histoire de ces saints nous invite à la charité et à l’humilité.

Que la vie de Sainte Marie l’Égyptienne et de Saint Zosime nous inspire à rechercher la miséricorde de Dieu avec confiance. Puissions-nous nous repentir de nos fautes dans l’ancienne et vraie signification du mot, grandir dans la prière et chercher l'humilité. Peu importe notre passé, la sainteté est possible si nous nous abandonnons à la grâce divine. Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev