CINQUIÊME DIMANCHE DE CARÊME
Sainte Marie l’Egyptienne


Hébr. IX, 11-14 ; Marc X, 32-45
Gal. III, 23-29 ; Luc VII, 36-50


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


C‘est aujourd’hui, en ce cinquième Dimanche de Carême, la fête de Sainte Marie l’Egyptienne, et en même temps de toutes les Marie, petites et grandes, qui sont dans notre paroisse, puisqu’en général dans les pays orthodoxes les nommées «Marie» ont pour sainte patronne, non, par suite du respect, la Mère de Dieu, mais cette grande sainte, qui, après avoir vécu plusieurs années dans le péché, se convertit à la suite d’un miracle de la Mère de Dieu et passa plusieurs dizaines d’années dans le désert et dans la pénitence où saint Zozime la découvrit et lui donna la communion, alors qu’elle était elle-même dans une extrême vieillesse. Honneur à la Sainte et aux petites et grandes Marie !

Les Dimanches précédents ont été consacrés à ces héros de la Grâce que furent saint Grégoire Palamas et Saint Jean de l’échelle. Ils étaient moines depuis leur jeunesse et l’un et l’autre furent les guides de nombreux moines et demeurent des Lumières du Christianisme. Toute différente était sainte Marie l’Egyptienne. C’était une pécheresse, comme dit l’Ecriture et elle avait entraîné beaucoup dans le péché. Elle était donc à l’opposé des deux maîtres que nous venons de nommer. Or voici qu’un jour cette pécheresse voulut entrer dans une église consacrée à la Mère de Dieu. La porte était largement ouverte, Marie s’approcha et une force invincible l’empêcha d’y entrer ! Marie n’avait pas choisi de se consacrer à Dieu, bien au contraire ! Mais c’est Dieu qui l’avait choisie ! Marie comprit et partit dans le désert où elle se consacra à la pénitence … Il y a ceux dont la Grâce couronne les efforts et parfois, la Grâce elle-même vient au devant du pécheur !

I – L’apôtre, dans l’épître aux Hébreux, rappelle la structure de l’ancien temple, comportant un premier «tabernacle» conduisant au second que l’on désignait comme le «Saint des Saints». Or, fait-il comprendre, le «premier tabernacle» n’avait pas encore été ouvert véritablement, ce qui veut dire que les sacrifices du «Saint des Saints» étaient seulement une image. Christ, par contre, «venant d’un tabernacle qui n’a pas été fait de main d’homme», c’est-à-dire du séjour éternel de la Divinité, est entré véritablement dans le Saint des Saints. Il y est entré une seule fois, avec Son propre Sang – et non celui des «victimes», boucs ou taureaux, offertes en sacrifice –, mais Il nous a obtenu par cette seule fois la purification, c’est-à-dire la Rédemption éternelle. Ce qui est complexe pour nous, ici, a trait à la structuration du temple juif, mais avec le Christ, Sacrificateur éternel et Rédempteur, nous débouchons au cœur même du christianisme.

Aussi bien la seconde Epître, celle de la sainte, nous est-elle tout à fait familière : «Ceux qui ont été baptisés en Christ, ont revêtu le Christ», comme le chœur le chante dans certains offices à la place de «Saint Dieu, Saint Fort, Saint immortel» ; l’ancienne Loi a été notre conducteur pour nous amener au Christ, mais le Christ étant venu, nous n’avons plus besoin de ce conducteur car nous sommes enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ, et la conclusion, pour paradoxale qu’elle soit, nous est également familière : «Puisque vous appartenez au Christ, vous êtes donc de la descendance d’Abraham et les héritiers de la Promesse». Nous sommes en effet les nouveaux Juifs.

II – Dans la péricope de Marc pour ce jour, comme dans une péricope lue récemment, le Christ annonce explicitement à Ses apôtres, la Passion, Sa Mort et Sa Résurrection. Il n’est guère compris ! Les apôtres semblent préoccupés de prééminences : sujet futile ! Jacques et Jean Lui demandent d’être, dans Son Royaume, l’un à Sa droite, l’autre à Sa gauche. «Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? Recevoir le baptême que je vais recevoir »? «Nous le pouvons !» répondent-ils avec présomption … Effectivement, leur répond le Christ – et là nous entrons dans les choses sérieuses et dans la Vérité – vous boirez de la même coupe et vous serez baptisés du même baptême : et Il leur annonce par là leur martyre. Mais quant aux places que vous demandez, elles reviennent à ceux à qui elles ont été accordées … Ils comprennent ou ne comprennent pas, toujours est-il qu’il y a aussitôt après dispute entre les deux qui avaient parlé d’abord et les autres apôtres. Les apôtres, en somme, étaient bien humains … Comme nous-mêmes ! Mais le Christ conclut ces discussions futiles en donnant le principe même du primat parmi les chrétiens : le Premier sera le serviteur de tous, comme le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie POUR LE SALUT DE BEAUCOUP !

III – L’évangile de Luc, en la péricope qui honore Sainte Marie l’Egyptienne, raconte l’histoire d’une pécheresse – il y en avait beaucoup en Israël ! – qui, sachant où mangeait Jésus, à savoir chez Simon le Pharisien, y vint avec un vase d’albâtre dans lequel était un parfum de grand prix et se mit à laver les pieds du Seigneur en pleurant, les essuyant avec ses cheveux …. Le Pharisien pense en lui-même que si Jésus était vraiment un prophète, il saurait quelle est cette femme …

Mais Jésus l’interpelle et lui raconte l’anecdote de ces deux emprunteurs devenus insolvables, dont l’un devait cinquante deniers et l’autre cinq cents. Ni l’un ni l’autre ne pouvaient rembourser, et le créancier leur remit leur dette. Lequel, demande le Christ à Simon, lui sera le plus reconnaissant ? «Celui, je pense, répond Simon, qui lui devait la plus grosse somme» ! Tu as bien dit ! répond le Christ. Il oppose alors l’hospitalité parcimonieuse de Simon, qui ne Lui a pas donné de l’eau pour Ses pieds, qui ne Lui a pas parfumé la tête, contrairement à ce qui se faisait dans la société d’alors, tandis que cette femme ne cesse pas de Lui laver les pieds avec un parfum de grand prix, de pleurer et de Lui essuyer les pieds avec ses cheveux … Ses nombreux péchés lui seront pardonnés PARCE QU’ELLE A BEAUCOUP AIMÉ. A celui qui aime peu, peu sera pardonné … Jésus renvoie la pécheresse à qui Il vient de remettre Ses péchés : «Va en paix, ta foi t’a sauvée

Conclusion : Tel est, Frères et Sœurs bien-aimés, notre Souverain Sacrificateur. Il est venu du «tabernacle éternel» pour remplacer les sacrifices en quelque manière fictifs de l’ancienne Loi, par le Sacrifice Véritable, que nous venons de célébrer ici, aujourd’hui même, en donnant Sa Vie pour nous. Quelle plénitude incommensurable de Son amour ! Oh, certes, nous sommes, chacun de nous, tout petits, tout médiocres, tout nuls. Mais, comme la pécheresse, comme sainte Marie l’Egyptienne, nous pouvons aimer : aimons-Le de tout notre cœur, chers Frères et Sœurs et ayons totalement confiance en Son infinie Miséricorde !

 

AMIN

 

 

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QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME
Saint Jean Climaque ou "de l’Echelle"


Dimanche : Hébr. VI, 13-20 ; Marc IX, 17-31
Saint Jean : Eph. V, 9-19 ; Mat. IV, 25 - V, 12


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs


I – L’apôtre, dans un paragraphe précédent poursuivait ses exhortations morales bien adaptées à ce temps pénitentiel : persévérez, ne vous relâchez pas, étant ceux qui, par la foi sont devenus héritiers de la Promesse, et de là il en vient au texte que vous avez entendu, c’est-à-dire à la Promesse de Dieu à Abraham : «Je te bénirai et multiplierai ta postérité …», mais il souligne que Dieu promet cela par serment, un serment sur lui-même, puisqu’il n’a pas de supérieur. Nous avons donc, comme Abraham dont nous sommes les héritiers, la Promesse ET le Serment. C’est là, ajoute-t-il, l’ancre – la métaphore est étrange – l’ancre par laquelle notre âme se trouve amarrée, une ancre qui pénètre au-dedans du rideau [le rideau mystique qui sépare le Sanctuaire du Temple où sont les fidèles], là donc où est entré notre «Précurseur», comme dit saint Paul, le CHRIST, grand Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech.

L’épître nous a fait passer du plan de la morale et de la bonne conduite aux réalités mystiques.

II – La péricope évangélique nous ramène, pourrait-on presque dire, au plan de la quotidienneté – du miracle, cependant ! – puisqu’il s’agit de la guérison de l’enfant que notre médecine qualifierait d’épileptique, cet enfant possédé du démon lequel le faisait tomber dans des crises de tétanie et autres, le jetant éventuellement dans le feu ou dans l’eau.

Nous nous trouvons au plan de la thaumaturgie. Le Père qui amène son malade au Christ, lui dit qu’il l’a préalablement montré aux apôtres qui n’ont pu le guérir … «Hommes de peu de foi !» dit le Seigneur. Lui-même guérit l’enfant, ainsi que raconte l’évangile. Mais le Christ dit au père : «Crois-tu ?». La foi – dont témoigne aussitôt le malheureux père –, est l’adhésion indispensable de celui qui recourt au Christ.

Cette guérison – qui ne nous surprend pas ! – suscite par contre l’interrogation des apôtres : «Pourquoi, nous, n’avons-nous pu le guérir ?». Or le Christ leur répond : «Cette race de démons ne peut être vaincue que par le jeûne et la prière». Le jeûne et la prière, nous y sommes particulièrement adaptés en cette période de Carême, nous en expérimentons chaque jour la dimension morale et spirituelle. Nous progressons par le jeûne et la prière. Mais l’enseignement du Christ notre Dieu nous en fait percevoir ici la dimension MYSTIQUE. Nous connaissons leur dimension humaine et morale, mais le Christ nous fait percevoir leur efficacité AU DELA DU VOILE, dans cet au-delà du voile, où, par le Christ, nous sommes ancrés – comme un navire, selon la métaphore de l’apôtre Paul.

Etant ainsi prédisposés à comprendre, nous comprenons que la péricope évangélique se poursuive par l’annonce de la Passion et de la Résurrection : Celui qui, sous nos yeux a guéri le jeune épileptique, Il est notre Grand Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. Les miracles qu’Il accomplit sont le prélude de cette GUÉRISON éternelle qu’est le Salut, accompli «une fois pour toutes» par notre Grand Prêtre éternel, le Christ.

III – «Vous étiez dans les ténèbres, mais vous êtes lumière dans le Seigneur : Marchez donc comme des enfants de lumière !» dit l’épître aux Ephésiens qui détaille ensuite tous les fruits de l’esprit, la bonté, la justice, la vérité. C’est pourquoi il était dit : «Réveille-toi, toi qui dors et le Christ t’éclairera

Mais l’évangile qui suit, en l’honneur du guide des moines qu’était saint Jean de l’Echelle, n’est autre que le «grand» évangile des béatitudes, celui que l’on trouve chez saint Matthieu et celui que nous entendons tous les dimanches.

Sagesse surhumaine et divine, inépuisable et au-delà de tout commentaire et qu’on ne peut cesser de contempler et d’adorer !

En l’honneur de ce moine et guide spirituel éminent, en la pensée aussi de tous ceux qui sont dans les ténèbres et la recherche, de ceux qui sont dans l’angoisse et de tous ceux qui, dans notre paroisse, ont des raisons d’inquiétude ou de tristesse, j'attirerai l'attention sur deux points seulement : Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux : être pauvre "en esprit", que l'on soit milliardaire ou pas, c'est avoir tout abandonné pour le Christ : soucis d'ambition, préoccupations financières, carrière, vicissitudes de santé ... : Tout !

Et en l'honneur particulièrement de ce saint moine : Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Voilà la véritable pureté de cœur : "voir Dieu" ! Par les prières de saint Jean et des saints moines ascètes, puissions-nous nous aussi surmonter nos avanies et nos tristesses et parvenir à la pureté du cœur et à l’Illumination divine !


AMIN

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3-e DIMANCHE de CARÊME : VÉNÉRATION de la CROIX



Liturgie : Hébr. IV,14-V,6 ; Marc VIII,34-IX,1



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Ce troisième dimanche de Carême est celui de la Croix. Nous avons eu, avec le Triomphe de l’Orthodoxie, la fête des Icônes qui sont le signe visible de la Divinité du Christ. «Dieu, nous L’avons vu !», c’est le cri de victoire des orthodoxes. Nous L’avons vu et nous Le voyons dans toutes nos églises, dans toutes nos maisons, présent dans Ses saintes icônes que nous vénérons avec piété, sur lesquelles nous déposons avec ferveur le baiser de nos lèvres. Le deuxième dimanche de Carême était celui de ce maître de la mystique, Grégoire Palamas, guide de nos âmes par l’hésychasme, lequel, par l’inhabitation en nous du Nom de Jésus, nous conduit à la participation de la Lumière incréée, la Lumière du Thabor. Dans la continuation de ce cheminement de carême, voici que, en ce troisième dimanche, nous sommes directement face à face avec la Croix, avec le Christ Lui-même qui nous a sauvés et rachetés par Sa Croix.

II – A cette confrontation nous prépare l’Epître aux Hébreux dans la péricope d’aujourd’hui, tout entière consacrée au Sacerdoce de Jésus-Christ, sacerdoce souverain et éternel. Nous avons en Christ, le souverain Sacrificateur, Celui qui peut offrir le Don pour le peuple – puisque Il connaît par Son Humanité notre humanité qu’Il élève vers Dieu. Ces offrandes, il est dit, ailleurs, qu’Il les a accomplies une fois pour toutes, puisque Il s’est offert Lui-même par la Croix. Or, cette médiation, poursuit l’Apôtre, personne ne peut s’en investir soi-même, l’assumer soi-même. Aussi le Christ ne s’est-Il pas attribué la gloire d’être souverain sacrificateur, Il l’a reçue de Celui qui a dit : «Tu es Mon Fils : aujourd’hui [C’est-à-dire : éternellement] Je T’ai engendré». Mais le Même Lui a dit aussi : «Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech». «L’ordre de Melchisédech» correspondant au Nouveau Sacerdoce, celui de la Foi, alors que le sacerdoce ancien, celui d’Aaron et des lévites, était celui de la Loi. Or le Christ était de la tribu de Juda (dans laquelle, jusqu’alors, ainsi que le rappelle un peu plus loin l’apôtre Paul, il n’y avait pas eu de sacerdoce).

III – La révélation plénière, en ce jour et pour toute la suite, se trouve dans la péricope évangélique de Marc. C’est une révélation traumatisante pour chacun de nous : «Quiconque veut venir à Moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive !». «Qu’il se charge de sa croix», cela a été dit avant la crucifixion, ce qui montre, à la fois que cette crucifixion était volontaire et également que cette exhortation ne s’applique pas à un acte unique du fidèle, mais à toute sa vie. En effet, le Christ précise : «Quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de Moi et de l’évangile la sauvera».

«Vouloir sauver sa vie» qu’est-ce à dire ? C'est-à-dire : vouloir pour soi tous les biens désirables de ce monde, une situation sociale toujours meilleure, toujours plus d’argent, et par suite, tous les biens que l’on désire et dont on veut jouir.

Or le Christ ajoute : «Que servirait-il de gagner le monde [donc tous les biens que j’ai dit] et de perdre son âme»? Il explicite également ce que signifie cette course après les biens humains : «Quiconque aura eu honte de Moi et de Mes paroles – l’appât du gain et des jouissances, vous le comprenez, bien-aimés Frères et Sœurs, est en effet une répudiation du Christ – quiconque aura eu honte de Moi et de Mes paroles, le Fils de l’Homme le répudiera aussi quand Il viendra avec ses anges !».

L’option de la croix n’est pas facultative : elle est la condition même du Salut ! Pensons-y avec gravité, frères et sœurs bien-aimés !

Mais la contrepartie est à portée de la main : certains ne mourront point sans avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance ! Cela ne s’applique pas seulement aux témoins historiques de la Transfiguration, mais à tous ceux qui, suivant la voie de saint Grégoire Palamas, verront luire sur eux la Lumière Incréée.

Que, par Sa Croix, le Christ notre Dieu nous accorde aussi cette Illumination plénière !


AMIN



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DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME
Saint Grégoire Palamas



Liturgie : Hébr. I, 10-II, 3 ; Marc II, 1-12
Hébr. VII, 26-VIII, 2 ; Jn X, 9-16



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I Le Péché et le Paralytique

A) A cet homme paralysé que l’on descend à Ses pieds par le toit, le Christ «voyant sa foi», dit – ce qui peut paraître inattendu, voire non pertinent : «Tes péchés te sont pardonnés» …

Arrêtons-nous d’abord :Nous sommes en ce moment dans le Carême, temps de la pénitence. Le plus urgent semble au Christ, quand il voit le Paralytique, de lui dire : «Tes péchés te sont pardonnés». Qu’est ce que le péché, sinon LA PARALYSIE DE L’ÂME, Frères et Sœurs bien-aimés ? Du fait du péché, en effet, on n’avance plus, on est cloué à la terre …

B) Ce Paralytique – historique, dirais-je – est antérieur à la Confession et à la Pénitence sacramentelles, mais c’est avec juste raison que les prédicateurs orthodoxes prêchent, ce jour-là, sur la Confession, l’absolue nécessité de laver notre âme de tous ses péchés.

    С) C’est dans un second temps seulement, et, «afin que vous sachiez que le Fils de l’Homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés», que le Christ dit au Paralytique : «Prends ton grabat et marche !». Miracle saisissant ! Telle est l’autorité du Christ Dieu : c’est la contemplation première qui s’impose à nous en ce jour.

    II « Ô Dieu, - dit Dieu au Fils, dans l’Epître aux Hébreux, - c’est Toi qui as fondé la terre dès le commencement, et les cieux sont l’œuvre de tes mains … Ils vieilliront comme un vêtement, tu les plieras et ils seront changés, mais Toi Tu seras toujours le même et tes années ne finiront point».

    L’épître aux Hébreux poursuit par un parallèle – inégal – entre le Fils et les anges ; «… et auquel de ses anges, Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je T’ai engendré aujourd’hui»[C'est-à-dire : hors du temps] ? Et l’Apôtre continue le parallèle - opposition entre le Fils et les anges, il développe la fonction de ceux-ci : ils sont envoyés pour exercer leur ministère «en faveur de ceux qui doivent avoir l’héritage du salut» et il s’étend sur la parole qui a été annoncée par les anges et qu’il faut respecter … car la Foi n’abolit pas la Loi, mais elle l’accomplit.

    III – A) L’épître pour Grégoire Palamas vous est bien connue : «Car il nous était convenable d’avoir un tel souverain sanctificateur qui fut saint …». C’est l’épître que l’on lit souvent pour les grands saints. Mais ce texte file un parallèle – ambiguïté, dirais-je, entre le saint que l’on honore et le Christ, elle file aussi l’opposition entre l’ancien sacrificateur – qui offrait et renouvelait le sacrifice pour ses péchés et ceux du peuple – et le nouveau, le Christ, qui a accompli le sacrifice, c’est-à-dire Sa Passion, une fois pour toutes. Qui a enlevé le péché du monde – d’où, en particulier, le pardon souverain accordé au Paralytique de la péricope du deuxième Dimanche.

    B) L’évangile poursuit : «Je suis la Porte … Je suis le Bon Pasteur».Tel est en effet la péricope de saint Grégoire Palamas dont nous célébrons la fête, lui, le hérault, le porte-parole de l’hésychasme, l’un des pères les plus prestigieux de l’Athos. Lié à chacun de nous par la prière de Jésus, Saint Grégoire – début du XIV-e siècle – nous a laissés divers écrits théologiques dont certains sont singulièrement complexes, sur la distinction, en Dieu, de l’Essence et des énergies en particulier, sur la déification et la Lumière du Thabor ... Il est l’auteur d’homélies remarquables, dont son homélie sur la « Transfiguration » … Il eut une controverse célèbre avec le théologien Barlaam qui exprimait les points de vue romains..

    Véritable phare de l’Orthodoxie, saint Grégoire Palamas n’est pas indigne de se voir appliquées, comme au Christ les saintes paroles : «Je suis la Porte … Je suis le Bon Pasteur» .

Comme le Christ, et par Lui, il a été le Bon Pasteur. Souvenons-nous en en ce Dimanche du repentir et de la Pénitence.

 

AMIN


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1-er DIMANCHE de CARÊME : TRIOMPHE de l’ORTHODOXIE


Liturgie Hébr. XI, 24-26, 32- XII, 2
Jean I, 43-51



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Dimanche dernier, nous étions dans la tristesse de l’accablement d’Adam chassé du Paradis. Effectivement, dès les vêpres du Pardon, nous sommes passés aux ornements noirs et nous avons commencé le Grand Jeûne. Mais Dieu ne nous laisse pas longtemps dans le désarroi : aujourd’hui Premier Dimanche de Carême, très régulièrement, nous fêtons cette grande fête de consolation qu’est le Triomphe de l’Orthodoxie.

L’iconoclasme, déclenché par deux décrets de l’empereur de Constantinople Léon III (726 et 728) a duré cent vingt ans – avec des hauts et des bas – et cela a été pour nos frères orthodoxes qui vivaient alors une persécution épouvantable. On détruisait les icônes dont on vidait les églises, on persécutait tous ceux qui les vénéraient. Quiconque avait une croix sur lui risquait la mort. Il y a eu une brève accalmie sous le règne de l’impératrice Irène qui régnait aux alentours de 800. Le septième concile s’était pourtant prononcé en faveur des icônes. Le fanatisme destructeur, influencé probablement par le comportement des musulmans et des juifs, a repris … Mais, à la mort de Théodule, redoutable iconoclaste (842), c’est sa femme Théodora qui a assumé la régence, et Théodora a rétabli avec autorité la vénération des icônes. L’iconoclasme était terminé, et, en cette fête, l’église rend hommage plusieurs fois dans les offices de la veille «aux saint empereurs, Michel et Théodora». Théodora était régente et Michel III, comme on le voit sur l’icône du jour, était encore un enfant.

II – Les icônes sont fondamentales pour nous, vous le savez ; aux iconoclastes de tout bord qui disaient : «nul n’a jamais vu Dieu», les orthodoxes répondaient : «Mais nous, nous L’avons vu !». L’icône est l’affirmation de la Divinité du Christ et de Son Incarnation. C’est pourquoi nous représentons le Christ et les saints qui sont tous l’image du Christ, et la Mère de Dieu a sa place rituelle dans toutes nos églises.

Dans le passage d’aujourd’hui de l’épître aux Hébreux, après avoir rendu un hommage appuyé à Moïse qui «devenu grand» refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, pour rejoindre ses frères, renonçant ainsi aux gloires passagères, l’apôtre Paul évoque ensuite, à partir de Gédéon, tous ces autres grands Hébreux dont les œuvres furent exceptionnelles par la foi – c’est le leitmotiv de ces évocations – : ils ont vaincu les ennemis, conquis des royaumes, ils ont ressuscité des morts. Leur courage dans les épreuves, volontaires ou infligées n’est pas moins remarquable : on les a tués, sciés, lapidés. Ils vivaient dans des cavernes ou des trous de la terre, vêtus de peaux de bêtes, eux dont le monde était indigne.

Cependant, poursuit l’apôtre, ils n’ont pas reçu la récompense espérée et promise !

Est-ce un surprenant paradoxe, pourrions-nous demander …Non, poursuit l’apôtre : Dieu ne voulait pas – pour accroître la plénitude de la récompense – qu’ils parviennent sans nous à l’aboutissement.

Mais nous, avec de tels témoins – dont la valeur n’est pas méconnue ! – prenons le Christ pour guide et pour modèle, le Christ qui, à cause de la joie ! a choisi la Croix et subi l’humiliation, mais qui siège à la droite de Dieu.

III – Cette gloire impérissable qui entourait le Christ, même en cette vie, nous en avons une idée et un reflet saisissants dans l’épisode de Nathanaël. Jésus venait de choisir Philippe, comme il le faisait généralement en lui disant simplement : «Suis-moi !». Adhésion immédiate et totale de Philippe ! Celui-ci rencontre, peu après, Nathanaël et il lui dit : «Celui dont Moïse et les prophètes ont parlé, nous l’avons trouvé : c’est Jésus, le fils de Joseph de Nazareth».

Nathanaël n’attendait rien de bon de Nazareth, mais il suit Philippe. Jésus, le voyant arriver dit : «Voici un vrai Israélite en qui il n’y a point de fraude». «Comment me connais-tu ?» demande Nathanaël stupéfait. Jésus répond : «Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier je t’ai vu !». Nathanaël, bouleversé par cette «double vue» de Jésus, Le reconnaît aussitôt comme Fils de Dieu et roi d’Israël. Mais le Christ annonce d’avantage : vous verrez le ciel ouvert et les anges monter et descendre sur le Fils de l’homme.

Vision mystique, qui fut celle des apôtres ou du précurseur – pensons notamment au Baptême, à la Transfiguration, à l’Ensevelissement, à tous ceux, en général, que le Christ choisit …

Voir «au-delà des apparences» n’est-ce pas à cela que nous convient nos saintes icônes que nous fêtons aujourd’hui ? VÉNÉRONS-LES !



AMIN

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