DORMITION de la T. S. MERE DE DIEU




Vêpres : Gén. XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 ; Prov. IX, 1-11
Matines : Luc I, 39-49, 56
Liturgie : Phil. II, 5-11 ; Luc. X, 38-42 et XI, 27-28

 

 


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


I – A) Dormition, c’est le mot dont on se sert, s’agissant des saints ou de simples fidèles, pour parler de leur mort. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est donc morte le 15 / 28 août, au village de Gethsémani.

Tous les apôtres, miraculeusement rassemblés par la voie des airs, se trouvèrent là pour célébrer ses funérailles, sauf un – dont la tradition dit que c’était l’apôtre Thomas. Il arriva donc en retard, funérailles terminées. «Ce n’est pas possible, déclara ce retardataire, La Mère du Christ, celle qui L’a porté dans son sein, ne peut pas mourir : son corps ne peut pas être voué à la corruption !»

Les autres confirmèrent pourtant qu’ils venaient de l’ensevelir. «Où l’avez-vous mise ?» demanda Thomas. On lui montra le sépulcre. – «Ouvrez-le !» dit-il. Cet apôtre, vous le savez, n’était pas porté à admettre ce qu’il ne voyait pas. On ouvre le tombeau et le corps de la Mère de Dieu n’y était plus ! Mais le tombeau vide embaumait d’une odeur merveilleuse. L’odeur de sainteté, comme vous savez. Des peintres ont représenté la scène avec le sépulcre ouvert plein de roses. Effectivement, le corps de celle qui a porté le Christ n’a pas connu la corruption. Voilà ce que nous savons et que nous apporte la Foi transmise.

Tel est le Mystère merveilleux que nous avons reçu ... L’Église de Rome en a fait – tardivement – le «Dogme de l’Assomption ». Nous les orthodoxes nous respectons le Mystère.

B) Parenthèse non inutile : stupeur d’un catholique italien qui me sait orthodoxe lorsque je lui parlais de la dormition de la Mère de Dieu : «Parce que, pour vous, elle est Mère de Dieu ?» Il croit en l’Assomption, mais il ne sait pas que le Christ est Dieu ! Nous, nous Lui disons, tous les samedis : «Tu es notre Dieu : nous n’en connaissons pas d’autre que Toi». Le Christ n’est pas notre Mahomet ! Avec l’Église, affirmons résolument la Maternité divine de la Mère de Dieu et la Divinité du Christ – car la Trinité que nous a révélé le Christ lui-même – est consubstantielle et indivisible. Souvenons-nous aussi de cette réponse du Christ à l’Apôtre Philippe qui lui demandait de leur faire voir le Père : « Tu me le demandes depuis si longtemps que tu vis avec Moi ? Quiconque me voit, voit le Père ». Il n’y a pas d’autre icône du Père que le Fils.

II – Cette solennité merveilleuse d’aujourd’hui nous apporte encore de riches enseignements par les Lectures et par les Épîtres de la veille. La lecture de la Genèse est le Songe de Jacob. Le saint patriarche s’est endormi sur la terre et il voit en songe une immense échelle qui monte jusqu’au ciel et sur laquelle s’appuie Dieu et par laquelle montaient et descendaient les anges. Elle monte au ciel, car elle est l’image de l’ascension spirituelle à laquelle nous sommes appelés. Mais elle repose sur la terre. Cette terre – la terre promise dont Dieu fait explicitement don à Jacob Israël. Mais cette terre est désormais l’Église – QUI EST L’ISRAËL DE DIEU.

La Lecture suivante est celle d’Ézéchiel qui voit la porte fermée par laquelle passera le Seigneur. Il y prendra son repas (Il s’incarnera) et Il ressortira par le même chemin, la porte restant fermée. C’est la virginité perpétuelle de Marie avant et après l’enfantement.

Des Proverbes, la Lecture prescrite est l’appel de la Sagesse aux Simples : Vous recevrez l’intelligence : telle est la prédication faite aux plus humbles. «Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché la sagesse aux Intelligents dont on connaît les prétentions, et de l’avoir révélée aux plus petits».L’épître aux Hébreux dit : «Souvenez-vous de vos évangélisateurs : Christ est le même, hier, aujourd’hui et toujours». Cela nous dit la continuité intangible de la Foi Transmise. Elle ajoute que Christ a été crucifié hors de la ville ; nous en effet, les chrétiens, nous n’avons pas de cité terrestre. Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange – ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui – car notre vraie cité est la cité céleste.

III – Ainsi avertis, en particulier sur la sagesse révélée aux humbles, avançons-nous maintenant au cœur de la célébration en cours. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est, selon l’enseignement de l’Église, «la plus haute de toutes les créatures». Elle est l’incorruptible Fleur céleste et c’est elle que nous célébrons. Mais, PARADOXALEMENT – en apparence du moins … – l’évangile de la Fête ne parle pas d’elle. Il loue une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare … Or, notez-le, ce n’est pas une inadvertance qui serait nôtre : c’est la Tradition de toute l'Église, l'Église d’avant le schisme du XIe siècle car tel était aussi l’évangile de «l’Assomption» jusqu’au changement opéré par Pie XII en 1950 !

Mais la Vérité, Bien-aimés Frères et Sœurs, est plus grande que les apparences, la Transmission du Verbe transcende les simples paroles. L’évangile de ce jour se poursuit par une voix de femme s’élevant de la foule et disant : «Heureuses les entrailles qui T’ont portée …» Mais, Bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule, puisque Jésus était chez les deux sœurs et la voix de cette femme s’élevant de la foule c’était dans un autre épisode !

Cependant, l'Église toute entière nous a transmis cet évangile-ci avec ces deux parties accolées. L’anecdotique, en effet, est dépassé et avec cette fin accolée, l’évangile est vraiment celui de la Mère de Dieu. Marie a choisi «la meilleure part» : cela est vrai de la sœur de Marthe – image traditionnelle de la Vie contemplative – mais, au-delà de la sœur de Marthe, cela est parfaitement vrai s’agissant de la Mère de Dieu, toujours en retrait, humble, apparemment effacée. C’est à elle parfaitement que s’applique la correction apportée par Jésus aux paroles de la femme de la foule : «Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent !». Qui avait mieux gardé la Parole de Dieu que Celle en qui S’était incarné le Verbe, Dieu Parole ? … «Toi incomparablement plus glorieuse que les Séraphins», nous écrions-nous après la lecture complète et contemplative de cet Évangile d’aujourd’hui.

Aussi, le prélude adapté à cette glorification de la plus humble et de la plus glorieuse de toutes les créatures était-il justement celui de la veille, comme toujours, celui de la Visitation : «Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses

AYANT EU LA GRÂCE DE PARTICIPER A CETTE FËTE, glorifions sans cesse dans notre cœur Celle qui fut par son humilité et qui continue d’être, incomparablement, le réceptacle de Dieu !


AMIN

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12-e DIMANCHE après la PENTECÔTE


Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie : 1 Cor. XV, 1-11 ; Matt. XIX, 16-26



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – L’Evangile de ce jour est celui du jeune homme riche et, à première vue, il est assez décourageant. Mais les textes de ce jour alternent les raisons d’optimisme et une vue plus réaliste des affaires du monde.

L’Evangile de Matines, c’est l’apparition du Christ sur la montagne qu’Il leur avait désignée. Lorsqu’ils Le virent, ils L’adorèrent même ceux qui avaient douté. Jésus s’approcha et leur dit : «Toute puissance m’est donné dans le ciel et sur la terre. Allez, instruisez les nations les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit – seule énonciation complète du nom de Dieu dans tous les évangiles –, leur apprenant à garder ce que je vous ai commandé. Et voici je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde !»

L’homme ne peut rien par lui-même, mais ce qu’il peut, il le peut par le Christ.

II – Cette péricope de la première Epître aux Corinthiens est d’abord une récapitulation rapide et percutante de l’Evangile annoncé par les apôtres : le Christ est mort pour nos péchés, Il est ressuscité le troisième jour ! Toute la crédibilité des Evangiles repose sur la RÉSURRECTION ! D’où l’évocation détaillée des diverses apparitions du Christ à Ses apôtres, à des groupes de fidèles (dont cinq cents d’entre eux !), finalement même à Paul qui se qualifie d’avorton et de dernier des apôtres …

Cependant – et retenez ce qui a été dit plus haut sur l’efficacité de l’action humaine – ce qu’il a été donné de faire à cet avorton, c’est-à-dire Paul, c’est par la grâce de Dieu qu’il a pu le faire.

Il a donc travaillé comme les apôtres et plus qu’eux – rappelez-vous ce qui a été dit sur l’immensité de la production des épîtres pauliniennes – mais ce qu’il a pu faire, « c’est par la Grâce de Dieu qui était en lui et avec lui», qu’il a pu le faire.

Au bilan, conclut-il, soit donc moi, soit donc eux, c’est ce que nous prêchons et qu’il vient de rappeler, et c’est par cette prédication en laquelle vous avez cru, dit-il aux Corinthiens, que vous avez reçu le Salut.

III – Nous arrivons à l’épisode du jeune homme riche et de ses problèmes. Remarquons-le dès le départ, ce jeune homme était animé des meilleures intentions.

Il s’approche du Christ et L’aborde : «Mon bon Maître, que dois-je faire pour être sauvé ?». Le Christ le reprend avec quelque raideur : «Pourquoi m’appelles-tu bon?» Mais, poursuit-Il, de façon plus bienveillante, «si tu veux être sauvé, observe les commandements», et le Christ les énumère.

Le bon jeune homme réplique : «Je les ai observés depuis ma jeunesse ! Que me manque-t-il encore ?».

Vous l’observez, il s’agit non seulement d’un très honnête jeune homme, mais ce jeune homme est animé par le désir – fondamentalement louable ! – de progresser.

La réponse du Christ est impérative et redoutable : «Vends tous tes biens et donne-les aux pauvres !».

L’honnêteté, bien-aimés Frères et Sœurs est relativement facile, mais la perfection est très difficile …L’honnête jeune homme s’en alla tout triste car il avait de grands biens !

Un riche, conclut le Christ entrera difficilement dans le royaume des cieux … Et il poursuit par une métaphore : «Il est plus aisé de faire passer une corde par le trou d’une aiguille !...» /Un chameau, traduit-on souvent, ce qui est absurde : il s’agit d’une homonymie./

Cet épisode douloureux effectivement laisse les apôtres assez tristes. «Mais dans ces conditions, qui pourra être sauvé ?». Et le Christ répond : «Pour l’homme c’est impossible ! Mais pour Dieu, tout est possible !».

Comme nous le disions au début, l’action humaine est limitée, souvent impuissante. MAIS PAR LA GRÂCE, TOUT EST POSSIBLE.


AMIN

 

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SAINTS MARTYRS IMPERIAUX DE RUSSIE


Vêpres : Isaïe XLIII, 9-12 – Salomon III, 1-9 – Salomon IV, 7-15
Liturgie : Rom. VIII, 28-39 ; Jn XV,17-XVI, 2

 


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Le massacre de la Famille Impériale et de milliers et de milliers d’hommes, de clercs, de femmes et d’enfants opéré par les bolchéviques est particulièrement atroce et insupportable.

Les lectures des textes de l’Ancien Testament, propres à l’office des Nouveaux Martyrs, ont une résonance singulièrement adaptée au drame. Que toutes les nations se rassemblent, dit l’Eternel dans le texte d’Isaïe, avec leurs faux prophètes. «Vous êtes mes témoins, ainsi que mon serviteur que j’ai élu afin que vous compreniez qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Moi qui suis l’Eternel et il n’y a pas d’autre Sauveur que Moi». Le bolchévisme était la négation de Dieu auquel on substituait – ce sont les fausses prophéties ! – l’action de forces naturelles et inintelligentes. La persécution athée visait à extirper le christianisme : ces millions de fidèles sont véritablement des martyrs, c'est-à-dire des « témoins » de Dieu. «Vous êtes mes témoins, dit l’Eternel et il n’y a point d’autre Sauveur que Moi

Les textes de la Sagesse de Salomon évoquent les massacres et les souffrances de ces persécutés. Les justes sont dans la main de Dieu et les tourments, atrocement réels, ne les atteignent pas. Aux yeux des hommes, ils ont reçu des souffrances, mais leur espérance était « promesse d’immortalité ». Ils ont souffert « un peu », dit le texte - même si ces souffrances étaient épouvantables -, mais l’inégalité, qui anéantit ces souffrances dans l’absolu, est celle de l’aboutissement bienheureux. Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de Lui. Comme l’or au creuset, ils paraîtront dans leur splendeur. Ils seront comme des étincelles dans le chaume et Dieu règnera en eux pendant les siècles des siècles.

Des destinées humaines ont été tranchées, mais le sage, même s’il meurt avant l’âge sera dans le repos : la vieillesse honorée ne se compte pas au nombre des années et tous ces martyrisés ont reçu leur récompense. Ils veillent sur nous qui prions pour eux.

Toutes choses, commence l’apôtre dans l’Epitre aux Romains concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. Ceux-là, qu’Il avait auparavant connus – la prescience de Dieu est sans limite -, Il les a prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit le premier né entre plusieurs frères, ceux qu’Il a prédestinés Il les a aussi appelés, et ceux qu’Il a appelés, Il les a aussi justifiés et ceux qu’Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés.

Tous les mots portent et sont l’infaillible splendeur du plan divin. D’où cette exclamation d’évidence de l’apôtre : si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui, qui n’a pas épargné Son propre Fils mais qui L’a livré pour nous, comment ne nous donnerait-Il pas toutes choses AVEC LUI !

Qui, poursuit l’apôtre, nous séparera de l’amour du Christ ? Sera-ce l’affliction, l’angoisse, la nudité, la persécution ou le péril ou l’épée ? – Ce texte s’applique en effet aux persécutés de la Russie. Certes, nous sommes livrés à la mort tous les jours à cause de Toi. On nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Au contraire, en tout nous sommes plus que vainqueurs PAR CELUI QUI NOUS A AIMÉS. Et l’apôtre termine en un mouvement d’éloquence irrésistible : «Car ni la mort ni la vie, ni les anges ou les principautés, ni les choses élevées ou bases, ni aucune créature … NE POURRA NOUS SÉPARER DE L’AMOUR QUE DIEU A MONTRÉ EN JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR

La péricope de l’évangile se rapporte directement aux persécutions où sont morts nos frères de Russie. Il vient d’évoquer les cataclysmes de la fin des temps et il poursuit : Mais avant tout cela, ils mettront la main sur vous, ils vous persécuteront, vous traîneront devant les puissants à cause de mon nom et cela vous servira de témoignage – martyr, en effet, veut dire : témoin – ; ne vous demandez pas ce que vous répondrez : Je vous donnerai une Sagesse irrésistible …

Néanmoins, vous serez livrés par vos proches eux-mêmes, ON FERA MOURIR BEAUCOUP D’ENTRE VOUS …Mais – c’est la conclusion paradoxale – il ne se perdra pas un cheveu de votre tête … car les Nouveaux Martyrs, en effet, ont la force SURNATURELLE de Samson (dont la force résidait dans sa chevelure. D’où la conclusion, ascétique et mystique, en tout point digne des Nouveaux Martyrs : possédez vos âmes PAR LA PATIENCE ;

QU’A L’EXEMPLE DES INOUBLIABLES NOUVEAUX MARTYRS DE LA RUSSIE, LA PATIENCE DIVINE SOIT EN NOUS !


AMIN

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6-e DIMANCHE après la PENTECÔTE



Matines : Luc, XXIV, 36-53
Romains XII, 6-14 ; Matt. IX, 1-8
Eph. VI, 10-17 ; Luc XXI, 12-19


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – L’évangile de Matines est le sixième des « évangiles de la Résurrection », il a donc une position médiane [quoique le douzième ne soit lu que le Grand Samedi], il raconte une apparition du Christ, qui n’est pas la première, mais qui a pour témoins les « onze » et quelques autres fidèles. Tous sont ahuris et joyeux, mais ils doutent un peu, le Christ leur montre Ses mains et Ses pieds percés par les clous, Il mange pour achever de les convaincre un peu de poisson et de miel. Il leur explique les Ecritures Le concernant, les invite à rester à Jérusalem jusqu’à ce que leur vienne la force d’En-Haut, c’est-à-dire le Saint-Esprit, puis Il les emmène vers Béthanie, et, tandis qu’Il les bénissait, Il fut enlevé au Ciel. En sa position centrale, l’évangile de l’Ascension comble de joie les disciples – et nous-mêmes ! –, les disciples qui étaient désormais toujours dans le Temple, louant et glorifiant Dieu.

II – En harmonie, en quelque sorte, l’épître évoque l’Eglise, c’est-à-dire la communauté chrétienne comparable à un corps, dont les différents membres ont chacun leur fonction : il y a les «prophètes», les ministres du culte, c’est-à-dire le clergé et le chœur, il y a l’enseignement, c’est-à-dire le catéchisme, l’exhortation, c’est-à-dire le sermon et ce qui s’y rattache … Arrêtons-nous quelques instants sur les «prophètes» : ce sont, depuis l’ancien Testament, les «inspirés» parfois incommodes, mais qui portent les messages, spécifiques et inattendus, de Dieu. L’Eglise ancienne connaissait aussi ceux qui avaient ce don – d’un enseignement nouveau et complémentaire – ce qui est compréhensible pour une Eglise qui commençait … Certains sectaires d’aujourd’hui font une place à des inspirés. Et nous ? Sommes-nous, désormais, trop enracinés – voire vieillis ! – dans le christianisme pour en avoir besoin ? Non pas ! Nous avons les Saints dont certains, en effet, sont très dérangeants par la nouveauté et le non conformisme de leur message.

Nous, les Russes, nous avons de grands saints étonnamment novateurs, dont les noms sont dans toutes les mémoires, et nous avons – et c’est là une des spécificités de la terre russe – les fous de Dieu. Innombrables ! Pensons en particulier à sainte Xénia, si proche de nous, si extraordinaire par ses presciences – son «don de prophétie» au sens propre …

L’apôtre poursuit, il évoque la bienfaisance, les aumônes, les œuvres de miséricorde… Que votre charité soit sincère, que votre affection les uns pour les autres soit fervente. Ayez le souci des «saints» – c’est-à-dire de tous les membres de la communauté. N’oubliez pas non plus les étrangers : pratiquez l’hospitalité. Bénissez ceux mêmes qui vous persécutent car la communauté a ses ennemis et ceci nous met dans l’esprit des textes propres au martyr.

III – L’évangile de ce jour est celui d’un paralytique (un paralytique calme à la différence du juif errant …), qui était exposé sur son lit par sa famille pleine de foi. Le Christ avec bienveillance l’encourage et lui dit : tes péchés te sont remis. Car il y a ainsi, nous le savons, un lien entre le péché et la maladie. Des scribes qui étaient là pensent en leur cœur : « Cet homme blasphème ! » Jésus comprend ces mauvaises pensées – inexprimées ! – et répond : « Qu’est-ce qui est plus facile à dire : tes péchés te sont pardonnés ou Lève-toi et marche ? » Afin que tous sachent que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés, Il dit au paralytique : « Lève-toi, prends ton lit et rentre chez toi ! ». L’homme fit ainsi et le peuple fut rempli d’admiration.

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FÊTE des Apôtres SAINT PIERRE et SAINT PAUL

 

Vêpres : 1 Pierre, I, 3-9 ; 1, Pierre, I, 13-19 3 ; 1, Pierre, II, 11-24
Matines : Luc, XXIV, 12-35
Liturgie : 2 Cor., XI, 21-XII ; Matt. XVI, 13-19

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,

Nous terminons la période de pénitence du jeûne et l’apôtre Pierre nous assure que nous aurons l’héritage du Christ, mais nous le recevrons dans les cieux. L’ascétisme est notre règle et nous sommes rachetés par le Sang de Jésus-Christ. Continuons à vivre modestement en dépit de l’héritage qui nous est promis, n’ayons pas de convoitises, respectons les autorités. Que notre vie soit humble.

Dans l’épître aux Corinthiens qui est proprement celle de la fête d’aujourd’hui, l’apôtre évoque toutes les épreuves qu’il a subies, les emprisonnements, les tortures, sans même parler de la prison et de la pauvreté. Il a eu ainsi plus de souffrances que beaucoup. Il a eu, il est vrai, des faveurs spirituelles : il les évoque. Mais nous aussi nous avons comme on dit des consolations spirituelles … Il ne faut pas s’y attarder, car « l’ange de Satan » est prêt à en profiter : saint Paul évoque sommairement ces tentations dont il souffrait douloureusement. Plusieurs fois, il avait demandé au Christ d’éloigner de lui cet esprit mauvais. Mais la réponse du Christ est lumineuse : Ma grâce de suffit !

Nous aussi supportons avec patience nos épreuves, ne nous exaltons pas des bonnes pensées qui nous viennent. Prenons notre existence, comme disait l’apôtre Pierre, avec modestie et patience. Mais nous également, tout comme, ainsi que disait encore l’apôtre Pierre, nous avons la ferme espérance du Royaume des Cieux, souvenons-nous aussi toujours que le Christ est avec nous que son secours, bienveillant et gratuit – c’est cela la Grâce – est toujours proche de nous, avec nous ;

L’important, en effet, dit l’apôtre dans l’épître aux Romains, c’est de confesser le Christ ! « M’aimes-tu plus que ceux-ci » demande le Christ à Pierre, dans un passage de l’évangile de Jean également propre aux matines de ce jour. Pierre répond qu’il l’aime. Le Christ lui demande par trois fois la même chose et répond à l’affirmation de Pierre : « Pais mes agneaux ! ». Il lui dit, comme il l’a dit également aux autres apôtres que ceux qu’il libèrera seront libérés dans le Royaume de Dieu et que ceux qu’il retiendra seront retenus, mais ce n’est pas pour autant qu’il lui ouvre, pour ce monde-ci, un parcours heureux : il lui prédit au contraire la manière dont il souffrira le martyre ! Nous retrouvons ce que disait l’apôtre Paul quand aux nombreuses épreuves et aux châtiments qu’il avait subis. Nous devons choisir le Christ, mais Lui-même reste le seul
maître – et il ne satisfait pas même la curiosité de Pierre lui demandant ce qu’il en sera de Jean qui marchait derrière eux.Il est le souverain Maître et ce qui importe pour nous, c’est de le suivre.

Mais nous avons ainsi la béatitude de Le suivre et de L’avoir suivi.Or, à la fin de l’Evangile de ce jour, Christ demande aux apôtres : « Que dit-on de Moi ». Ceux-ci lui répondent les bruits qui couraient : certains disent que tu es Jean Baptiste, Elie, ou un autre des prophètes. Mais le Christ recommence : « Et vous que dites-vous ?». Pierre répond – ce que nous répétons avec lui – « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant ! » Le Christ répond alors : « Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ! » Reconnaître Jésus comme le Christ, le libérateur, attendu depuis des générations et cet Homme le reconnaître comme le Fils du Dieu vivant, tel est le fondement de l’Eglise : c’est sur cette pierre-là qu’est fondée l’Eglise.

Rien d’autre n’est important, comme je le disais plus haut. « Tu es Pierre, ajouterons-nous, toi qui t’appelais Simon, et tu recevras les clés du Royaume ».

« Les péchés que tu pardonneras seront pardonnés, et ceux que tu retiendras seront retenus » car telle est la vocation de l’Eglise.

Que les prières des saints apôtres Pierre et Paul nous donnent d’avoir, COMME EUX, la même immuable, inébranlable et salvatrice fidélité !


AMIN

 

 

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