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La fille de Jaïrus et la femme atteinte de perte de sang
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, l’Évangile du jour nous présente deux miracles inséparables, deux récits où se manifeste la puissance vivifiante de notre Seigneur Jésus-Christ : la guérison de la femme atteinte d’une perte de sang et la résurrection de la fille de Jaïrus. Deux situations humaines désespérées, mais un seul Sauveur, une seule lumière : la foi qui ouvre le cœur à la grâce.
Cette femme, depuis douze ans, portait un fardeau d’humiliation et de souffrance. Elle était rejetée à cause de sa maladie, considérée comme impure, privée de contact humain et de vie liturgique. Pourtant, dans le secret de son âme, elle nourrit une espérance : si je touche seulement la frange de Son vêtement, je serai guérie. C’est la foi qui parle, non la raison. C’est le cri silencieux du cœur qui croit à la miséricorde de Dieu. Et voici que, dès qu’elle touche le vêtement du Seigneur, la puissance divine agit, et la femme retrouve la santé. Le Seigneur s’arrête et demande : qui m’a touché ? Non pas parce qu’Il l’ignore, mais, comme dit saint Jean Chrysostome, « afin de manifester la foi de cette femme, de rendre son acte public, et de faire de sa guérison un enseignement pour tous ». Car le Christ ne veut pas seulement guérir en secret, Il veut que la foi soit confessée devant les hommes pour glorifier Dieu.
Lorsque la femme, tremblante, se jette à Ses pieds, Jésus lui dit : ma fille, ta foi t’a sauvée, va en paix. Saint Cyrille d’Alexandrie commente : « Le Seigneur appelle fille celle qu’Il adopte par la foi ; elle qui était exclue devient enfant de Dieu. » Quelle merveille ! Le Christ ne se contente pas de rendre la santé au corps, Il restaure la communion perdue, Il transforme la honte en dignité, la solitude en filiation.
Mais voici que la scène se déplace. Tandis que la joie éclaire le visage de cette femme, une autre douleur surgit : on vient dire à Jaïrus que sa fille est morte. Tout semble fini, l’espoir s’effondre. Mais Jésus dit au père abattu : ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. Dans ces quelques mots se trouve tout l’Évangile. Ne crains pas : car la peur est l’arme du démon. Crois seulement : car la foi ouvre la porte à la vie éternelle.
Arrivé à la maison, Jésus trouve les pleurs et la dérision. Il dit : ne pleurez pas, elle n’est pas morte, mais elle dort. Et tous se moquent de Lui, car ils ne comprennent pas. Saint Grégoire le Théologien écrit : « Pour Dieu, la mort n’est qu’un sommeil, car Celui qui a créé la vie peut la réveiller à Sa parole. » Et Jésus, prenant la main de la jeune fille, prononce : Mon enfant, lève-toi. Aussitôt l’esprit revient, et la vie renaît. Ce geste du Seigneur est plein de tendresse et de puissance. Il touche la main d’un mort, ce que la Loi interdisait, mais Lui, le Seigneur de la Loi, n’est pas souillé par la mort ; c’est la mort qui est vaincue par Son contact. Comme le dit saint Éphrem le Syrien : « Le Christ est entré dans la maison de la mort, et la mort s’est enfuie. »
Ces deux miracles sont le miroir d’un même mystère. La femme et la jeune fille ont toutes deux douze ans d’histoire : douze ans de souffrance d’un côté, douze ans de vie interrompue de l’autre. L’une perdait son sang, signe de la vie qui s’écoule, l’autre perd la vie elle-même. L’une symbolise l’âme malade du péché, l’autre l’âme morte par le désespoir. Et dans les deux cas, le Christ se manifeste comme le médecin et le "ressusciteur". La femme guérie figure l’humanité lavée de son impureté par la foi et par la grâce ; la fille relevée figure l’humanité ressuscitée par la puissance de la Résurrection.
Frères et sœurs, l’enseignement de cet Évangile est clair. Ce n’est pas la proximité physique du Christ qui sauve, mais la foi. Beaucoup Le pressaient, une seule L’a touché. Beaucoup L’écoutent, mais peu ouvrent vraiment leur cœur. Saint Jean Chrysostome disait encore : « La foule entoure le Christ, mais c’est la foi qui Le retient. » Nous pouvons venir à l’église, entendre les lectures, nous approcher des sacrements, mais si notre cœur n’est pas tourné vers Lui, nous ne recevons pas la grâce.
Le Seigneur nous dit aujourd’hui à chacun : ne crains pas, crois seulement. Dans nos douleurs, dans nos épreuves, dans nos angoisses, il nous suffit de tendre la main de la foi. Quand tout semble perdu, le Christ nous dit encore : elle n’est pas morte, elle dort. Ainsi parle Celui qui a vaincu la mort. Rien n’est vraiment perdu si nous gardons la foi.
Approchons-nous donc du Seigneur comme la femme de l’Évangile, avec humilité et confiance. Touchons-Le dans la prière, dans le repentir, dans la Sainte Communion. Car chaque fois que nous Le touchons avec foi, une force sort de Lui et nous guérit. Et si la mort elle-même frappe à notre porte, souvenons-nous qu’elle n’a pas le dernier mot, car le Christ a pris la main de la jeune fille, et par ce geste Il a pris la main de toute l’humanité.
Alors, frères et sœurs, que notre cœur s’ouvre à la parole du Seigneur. Que nous entendions intérieurement Sa voix qui nous dit aussi : mon enfant, ta foi t’a sauvée. Ne crains pas, crois seulement. Et nous aussi, nous ressusciterons à Sa lumière. Amen.
Père Zhivko Zhelev
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Le bon Samaritain
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui le saint Évangile nous donne la parabole du Bon Samaritain, une parole tellement profonde que les saints Pères la considèrent comme un résumé de toute l’histoire du salut. Le Seigneur y dévoile non seulement le drame de l’humanité, mais aussi la manière dont Lui-même vient au secours de notre misère. Un docteur de la Loi demande au Christ ce qu’il doit faire pour hériter la vie éternelle, et comme il veut se justifier, il pose la question : qui est mon prochain.
Pour répondre, le Seigneur ne donne pas une définition, mais une histoire, une image vivante et lumineuse. Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Cette phrase semble banale, mais elle est chargée de sens. Jérusalem représente la cité divine, l’état de paix et de communion avec Dieu, l’image du paradis. Là où l’homme est créé pour vivre en présence du Seigneur. Jéricho au contraire symbolise l’enfer, la région basse et desséchée où souffle le vent brûlant du désert, le lieu de la chute et de la perdition. Ainsi, l’homme qui descend figure l’humanité entière, qui au lieu de demeurer en Dieu se détourne de Lui et glisse vers les profondeurs de la mort spirituelle. Chaque fois que nous nous éloignons du Seigneur, nous marchons nous aussi vers Jéricho.
Sur ce chemin dangereux, les brigands surgissent. Ils dépouillent l’homme, le frappent et le laissent à demi mort. Ces brigands sont les démons, qui guettent toujours l’âme dès qu’elle se détourne de Dieu. Les Pères disent qu’ils nous dépouillent de la robe lumineuse reçue au baptême, qu’ils nous volent la paix du cœur et qu’ils blessent l’âme par les passions, la colère, la jalousie, l’orgueil, la paresse. Quand l’homme quitte le bon chemin, il devient vulnérable, et les forces ennemies de Dieu l’encerclent pour le réduire à l’impuissance.
Le prêtre et le lévite passent à côté de lui. Ils voient, mais ne s’arrêtent pas. Eux aussi descendent vers Jéricho. Ils représentent le sacerdoce de l’Ancien Testament et la royauté ancienne, qui n’avaient ni le pouvoir ni parfois même la volonté de sauver l’humanité. Leur regard ne suffit pas, leur compassion est insuffisante, leur aide est impossible. La Loi pouvait montrer le mal, mais pas le guérir. La royauté pouvait organiser le peuple, mais ne pas vaincre la mort. Ces deux figures marchent vers le bas, vers Jéricho, incapables de remonter l’homme vers Dieu.
Alors survient celui que personne n’attend, un Samaritain, un étranger méprisé par les Juifs. Lui qui paraît lointain est en réalité le seul proche. Il est l’image du Christ Lui-même, venu d’une région que les hommes ne connaissent pas. Il s’approche. Il s’arrête. Il se penche. Ce Dieu que l’humanité méprisait et ignorait devient l’Unique qui se fait proche de son souffrant. La miséricorde divine brise tous les préjugés humains.
L’huile qu’il verse sur les plaies symbolise les saints sacrements, les dons de guérison de l’Église, l’onction du Saint-Esprit qui apaise et illumine. L’huile adoucit les blessures, comme la grâce apaise les passions. Le vin versé sur les plaies représente le Sang précieux du Christ, qui purifie et sanctifie le cœur, et qui sera répandu sur la Croix pour toute l’humanité. Le Samaritain charge l’homme sur sa monture, signe que le Christ prend notre nature et porte sur Lui-même nos faiblesses. Il conduit le blessé jusqu’à l’auberge, qui est l’image de l’Église, le lieu où les âmes sont guéries, nourries, instruites, fortifiées.
Dans l’aubergiste, les Pères voient l’image du clergé chargé de soigner les âmes avec les dons que le Seigneur a laissés. Les deux deniers confiés à l’aubergiste symbolisent l’Ancien et le Nouveau Testament, l’un annonçant le salut, l’autre révélant le Sauveur. Ces deux trésors suffisent pour conduire chaque âme à la guérison jusqu’au retour du Seigneur, quand Il reviendra achever toute justice.
À la fin, le Christ demande lequel a été le prochain de l’homme blessé. Et l’enseignant de la Loi ne veut même pas prononcer le mot “Samaritain”, tant il méprise ce peuple. Il dit seulement “celui qui a exercé la miséricorde”. Comme si ce mot brûlait sa langue. Comme si son cœur refusait d’admettre que l’étranger, l’impur, le méprisé, était plus proche de Dieu que ceux qui se croyaient justes. Ainsi, le Seigneur montre que la véritable proximité ne dépend pas des étiquettes religieuses ou des frontières humaines, mais de la miséricorde qui se penche et qui guérit.
Cette parabole nous dit que le Christ est venu nous chercher alors que nous descendions vers la mort, que les forces du mal nous avaient blessés, que la Loi ne pouvait nous sauver, et que seule sa compassion a pu nous relever. Elle nous dit que l’Église est l’auberge où se poursuit notre guérison. Elle nous dit que les Écritures sont les deux deniers qui nourrissent l’âme. Elle nous dit que nous aussi devons devenir miséricordieux, non par simple sentiment, mais en imitant le mouvement même du Christ qui s’arrête, qui voit, qui touche et qui relève.
C’est dans ce même esprit de compassion que nous rappelons brièvement les saints hiérarques de l’Église Russe Hors Frontières, les saints Antoine, Anastase, Philarète et Vitaly. Ils furent comme des aubergistes fidèles, veillant sur les blessés de l’exil et portant la miséricorde du Bon Samaritain à ceux qui avaient tout perdu. Saint Antoine avait la douceur d’un père. Saint Anastase la fermeté humble d’un pasteur dans la tourmente. Saint Philarète la pureté du cœur et la parole de vérité. Saint Vitaly l’infatigable dévouement pastoral. Tous ont montré par leur vie que la guérison des âmes est l’œuvre du Christ, mais que le clergé doit y coopérer avec amour, patience et fidélité.
Frères et sœurs, demandons au Seigneur qu’Il fasse de nous des imitateurs du Bon Samaritain. Que nous cessions de descendre vers Jéricho pour remonter vers Jérusalem. Que nous laissions le Christ verser en nous l’huile et le vin de Sa grâce. Et que nous devenions, à notre tour, porteurs de miséricorde pour tous ceux que Dieu place sur notre chemin. Afin qu’au dernier jour, nous puissions reconnaître Celui qui s’est penché sur nous, et entendre Sa voix nous dire : entre dans la joie de ton Seigneur. Amen.
Que Dieu vous garde!
Prêtre Zhivko Zhelev
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La Parabole des Talents
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui l’Évangile de Matthieu nous rappelle la parabole des talents. Le Seigneur nous y révèle une vérité profonde : chacun de nous reçoit des dons et des responsabilités de la part de Dieu, et nous serons jugés sur la manière dont nous les faisons fructifier. Il ne nous donne jamais plus que ce que l’on peut supporter (5, 2 ou 1 talent selon nos forces). Cette parabole nous appelle à une vigilance spirituelle constante et à une fidélité active dans la prière, le carême, les bonnes œuvres et le service à notre prochain et à l’Église, car il ne s’agit pas simplement de posséder ou de conserver, mais de mettre en action les dons que le Seigneur nous confie.
Dans cette parabole, un homme, partant en voyage, appelle ses serviteurs et leur remet ses biens. À l’un il donne cinq talents, à l’autre deux, au troisième un, chacun selon sa capacité, et il part. Celui qui part à l’étranger représente le Christ Lui-même qui s’éloigne du monde par Son Ascension et jusqu’à Son deuxième avènement confie à chacun de nous l’administration de nos vies, de nos talents et de nos œuvres. L’étranger symbolise le temps de l’épreuve et de la responsabilité. Dieu ne disparaît pas, mais Il nous confie l’administration de nos vies et de nos ressources, afin que nous les fassions fructifier dans l’attente de Son retour.
Les trois serviteurs représentent tous les croyants. Ceux qui multiplient les talents sont ceux qui vivent dans la fidélité et l’amour de Dieu, et celui qui enterre son talent par peur représente ceux qui laissent la crainte, la paresse ou l’inaction stériliser les dons que Dieu leur a confiés. Les talents, dans le contexte biblique, sont de grandes sommes d’argent, mais spirituellement ils représentent les dons de Dieu : nos talents naturels, nos forces morales, notre foi, notre capacité à aimer et à servir. Tout ce que nous possédons, même nos épreuves et nos ressources, peut devenir un instrument de sanctification si nous le mettons au service du Royaume Céleste. Ainsi, la parabole n’est pas une simple leçon économique, mais une exhortation à mettre nos dons au service de Dieu et du prochain avec courage et fidélité.
Les saints Pères ont médité longuement sur cette parabole et nous offrent des lumières précieuses pour la comprendre. Saint Jean Chrysostome enseigne que le Seigneur donne à chacun des talents selon sa capacité et que notre responsabilité est d’agir avec diligence. Il insiste sur le fait que celui qui ne produit rien n’est pas puni pour ses capacités, mais pour son inertie et sa négligence. Saint Grégoire le Théologien souligne que même un seul talent, bien utilisé, est précieux et peut se multiplier dans l’œuvre de Dieu. La mesure n’est pas la quantité, mais la fidélité dans l’amour et le service. Saint Jean de Damas ajoute que même les talents les plus modestes, s’ils sont offerts avec amour et persévérance, deviennent une source de bénédiction et de joie pour le Royaume de Dieu. Ces enseignements nous rappellent que la parabole concerne non seulement nos actions, mais la qualité de notre vie intérieure, notre prière, notre amour et notre vigilance spirituelle.
Frères et sœurs, méditons maintenant sur notre vie quotidienne. Notre prière est-elle fidèle ou bien nos talents spirituels dorment-ils par paresse ou par peur ? Pendant le carême, prenons-nous le temps de multiplier nos efforts pour Dieu, par le jeûne, la prière et la charité ? Nos dons naturels, notre expérience et notre position sociale sont-ils utilisés pour servir les autres et glorifier Dieu, ou sont-ils simplement enfouis pour notre confort personnel ? Chaque chrétien est appelé à réfléchir sur les talents que le Seigneur lui a confiés et sur la manière dont il peut les faire fructifier pour le Royaume. Même une petite offrande, lorsqu’elle est donnée avec amour et fidélité, devient un trésor aux yeux de Dieu. Le serviteur qui enterre son talent ne fait pas le mal par excès de vice, mais par paresse et crainte. Le Christ nous appelle à oser, à travailler courageusement, et à transformer nos dons en fruits pour Son Royaume.
Pour illustrer cela, pensons à nos saints et moines qui ont vécu dans l’humilité et la fidélité. Par exemple, Saint Nicolas le Thaumaturge est un modèle parfait. Bien qu’il ait occupé des responsabilités importantes comme évêque, il a toujours utilisé ses talents non pour s’enrichir ou s’élever lui-même, mais pour aider les pauvres, défendre les innocents et instruire son peuple dans la foi. Chaque acte de charité, chaque décision juste qu’il prenait était une manière de « multiplier ses talents » spirituels et matériels pour le Royaume. Sa vie montre que même ceux qui ont beaucoup de responsabilités ou de dons ont le devoir de les faire fructifier pour les autres, avec humilité et fidélité.
Un autre exemple intéressant est celui de Sainte Marie l’Égyptienne, qui a transformé sa vie pleine d’erreurs en un don total à Dieu. Ses talents n’étaient pas matériels ni sociaux, mais sa conversion radicale et sa persévérance dans l’ascèse ont fait d’elle un trésor spirituel. Elle a multiplié son talent par la prière, le jeûne et la méditation, et a ainsi rayonné sur beaucoup d’âmes même depuis sa vie solitaire dans le désert.
Souvenons-nous que la parabole des talents est un appel à la responsabilité spirituelle. Dieu nous donne des dons selon notre capacité et attend de nous fidélité et courage. La vraie richesse n’est pas dans l’argent ou le pouvoir, mais dans l’amour mis en action et dans la fidélité de la foi. Prions pour que le Seigneur nous aide à ne pas enterrer nos talents par peur, paresse ou négligence, mais à les voir et multiplier dans la prière, le service et la charité, afin qu’au jour de Son retour, nous entendions Sa voix bienveillante nous dire : C’est bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître. Amen.
Prêtre Zhivko Zhelev
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Aimez vos ennemis
Frères et sœurs bien-aimés en Christ, aujourd’hui l’Évangile nous place devant l’un des appels les plus exigeants et les plus lumineux du Seigneur. Le Christ nous dit : « Et comme vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. Aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car Il est bon pour les ingrats et pour les méchants. Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. » (Luc 6:35) Ces paroles ne sont pas seulement un conseil moral ou une invitation à être aimable. Elles sont un appel à entrer dans le cœur même de Dieu, à refléter dans notre vie l’amour sans mesure du Père céleste. Être miséricordieux, ce n’est pas simplement faire le bien par devoir ou par sympathie. C’est aimer selon la mesure divine, aimer même quand on ne reçoit rien en retour, aimer sans condition. La miséricorde dont parle le Christ n’est pas une émotion passagère. C’est un état du cœur qui voit en chaque personne l’image de Dieu, même défigurée par le péché, et qui répond à cette image avec douceur, compassion et respect. Le Seigneur nous appelle à dépasser la logique humaine du mérite et de la réciprocité. Il nous invite à vivre selon la logique du Royaume des cieux, où la justice n’est pas celle du talion, mais celle de la grâce.
Pour comprendre ce que cela signifie concrètement, l’Église nous donne des exemples vivants, des témoins de l’amour du Christ. Parmi eux, Saint Jean de Shanghai et de San Francisco brille comme une étoile dans la nuit du monde moderne. Né en 1896 dans une Russie bouleversée, il fut marqué dès son enfance par la prière, la simplicité et la foi. Devenu moine, puis évêque, il ne chercha jamais la gloire, ni le confort, ni la reconnaissance. Il se considérait comme le serviteur de tous, un pauvre du Christ. À Shanghai, alors que la ville était remplie de misère, de réfugiés et d’orphelins, il devint le père des sans-abris et des oubliés. On le voyait marcher pieds nus dans les rues, même en hiver, pour rendre visite aux malades et porter secours aux pauvres. Il fonda un orphelinat, et quand il n’avait rien à donner, il mendiait lui-même pour nourrir les enfants. Il priait toute la nuit pour eux, se souvenant de chacun par son nom. Ce n’était pas un philanthrope au sens humain, mais un homme habité par la compassion du Christ.
Saint Jean voyait dans chaque visage l’icône du Sauveur. Pour lui, il n’y avait pas de frontières entre les peuples, ni de barrières entre les âmes. Il priait pour tous, il aimait tous, sans juger. Il ne se contentait pas de prêcher l’amour, il le vivait dans les moindres détails de son existence. Ce qui est frappant, c’est que cet homme de miséricorde n’était pas un héros aux yeux du monde. Il était petit, frêle, souvent malade. Beaucoup se moquaient de lui à cause de son apparence négligée et de son comportement ascétique. Mais en lui brûlait une force surnaturelle, la force de l’amour crucifié. C’est dans sa faiblesse que la puissance de Dieu se manifestait.
Saint Jean passait des heures en prière, souvent debout, les bras levés, intercédant pour les vivants et pour les défunts. Il priait pour ceux qui l’insultaient, pour ceux qui le calomniaient. Il ne gardait dans son cœur aucune rancune. Quand on l’accusait injustement, il répondait par le silence et la bénédiction. C’est là le signe de la véritable miséricorde : aimer même quand on est blessé, pardonner même quand on n’est pas compris.
Mais avant de devenir archevêque à San Francisco, Saint Jean passa aussi plusieurs années en France, où il servit avec un zèle extraordinaire la communauté orthodoxe russe et francophone. Il vécut à Paris, à Versailles, et surtout, il exerça son ministère dans notre Église Saint-Nicolas à Lyon. Oui, frères et sœurs, dans cette même église où nous prions aujourd’hui, il a célébré la Divine Liturgie, confessé des âmes, enseigné, consolé, et laissé le parfum de la sainteté. Ici même, dans cette maison de Dieu, ses pas ont retenti, ses prières ont monté vers le Ciel, ses larmes ont coulé pour le monde. Nous ne parlons donc pas d’un saint lointain, mais d’un père spirituel qui a marché parmi nous, dans notre ville, dans notre église, et qui continue d’intercéder pour nous du haut des cieux. On disait de lui qu’il ne dormait que quelques heures par nuit, car il passait le reste du temps en prière. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il se fatiguait ainsi, il répondait simplement : « Comment pourrais-je dormir paisiblement quand tant d’âmes souffrent ? » Il disait aussi : « Les gens cherchent des miracles, mais le plus grand miracle, c’est quand un cœur commence à aimer. »
Ce miracle, Saint Jean l’a vécu chaque jour. Son amour n’était pas sentimental, mais concret. Il prenait soin des corps et des âmes, il pleurait avec ceux qui pleuraient, il se réjouissait avec ceux qui se relevaient. Après sa mort, en 1966, des milliers de personnes vinrent se recueillir auprès de son corps. Beaucoup furent frappés de voir qu’il demeurait incorrompu, comme si le Seigneur voulait montrer que l’amour véritable ne meurt pas. Ce n’était pas seulement un signe extérieur, mais la confirmation de cette parole du Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »
Frères et sœurs, le Seigneur ne nous demande pas de devenir tous des saints connus, mais Il nous appelle chacun à vivre la miséricorde là où nous sommes et avec les forces que nous avons. Peut-être ne pouvons-nous pas fonder des orphelinats, ni parcourir les rues pieds nus, mais nous pouvons ouvrir notre cœur à ceux qui souffrent près de nous. Nous pouvons commencer par de petites choses : ne pas juger trop vite, pardonner à celui qui nous a blessés, prier pour nos ennemis, donner un mot de consolation, un sourire, une aide discrète. Ce sont ces gestes simples qui transforment le monde.
Être miséricordieux, c’est refuser la dureté du cœur. C’est croire que chaque être humain peut être relevé par la grâce. C’est choisir d’aimer, même quand on ne le ressent pas, même quand cela coûte. La miséricorde n’est pas une faiblesse ; elle est la force du Royaume. Elle seule peut vaincre le mal et désarmer le démon. Quand nous aimons comme le Christ, nous devenons ses témoins, ses icônes vivantes dans ce monde.
Frères et sœurs, regardons la vie de Saint Jean et laissons-nous toucher. Lui, un homme simple, fragile, est devenu un phare de lumière pour des générations entières. Pourquoi ? Parce qu’il a pris au sérieux l’Évangile. Il a cru que ces paroles : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux », étaient faites pour être vécues. Il n’a pas attendu que le monde change pour aimer. Il a aimé, et le monde autour de lui a commencé à changer.
Que chacun de nous fasse de même. Que dans nos familles, nos communautés, nos cœurs, la miséricorde prenne racine. Que nous apprenions à voir le Christ dans le visage de ceux qui nous entourent, surtout dans celui des plus petits et des plus faibles. Car c’est là que le Seigneur se cache. Et lorsque nous agissons ainsi, le Royaume de Dieu n’est plus loin : il commence ici, dans le secret de nos âmes transformées par l’amour.
Que Saint Jean de Shanghai et de San Francisco intercède pour nous, afin que nous recevions cette grâce de la miséricorde. Qu’il nous apprenne à aimer sans mesure, à pardonner sans conditions, à servir sans rien attendre. Et qu’à travers nos vies, le monde puisse entrevoir la lumière du Père céleste, Lui qui est bon et miséricordieux envers tous. Amen.
Prêtre Zhivko Zhelev
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Résurrection du fils de la veuve de Naïn
Le Christ, entouré de Ses apôtres et d’une multitude de gens, se dirige vers les portes de la ville de Naïm. Au même moment une procession mortuaire sort de la ville. On porte un jeune garçon, fils unique d’une veuve de Naïm. Imaginez les souffrances de la mère : son fils unique, bien-aimé, l’espoir de sa vieillesse. Le Christ, entouré par lafoule, rencontre cette procession mortuaire ...Il voit la souffrance de la mère et lui dit : « Ne pleure pas». Qui pouvait être en droit et avaitle pouvoir de dire ces paroles à cette mère effondrée sur le cercueil de son fils ? Lui, et Lui seul, car Il avait vaincu la Mort. Ceux qui portaient le cercueil s’arrêtèrent. Le Christ prend la main du garçon et lui dit : « Lève-toi» et Il le rend à sa mère. Essayez d’imaginer ce que ressent la mère. La vie qu’elle connaissait avant la mort de son fils non seulement peut recommencer, mais elle est totalement revivifiée. Elle voit non seulement son fils vivant, mais elle a encore vu la puissance de la Résurrection. Et tout cela est arrivé du fait que le chemin du Christ a rencontré celui de la procession mortuaire. La voie du Christ, par laquelle devait cheminer le défunt. Sur cette voie il ne peut y avoir de chagrin.
Il est possible que je fasse erreur, mais je ne le pense pas. Regardez la lecture de l’épître de ce jour et vous verrez que je dis vrai. Que nous dit cet épître ? Il y est question de l’apôtre Paul, encore Saül à l’époque. Lisons ce qu’il y est dit : « L’Évangile que j’ai proclamé n’est pas une invention humaine, mais vient d’une révélation de Jésus Christ ». Comment s’est opérée cette révélation ? Saül était un pharisien authentique qui attendait le Messie. Mais quel était le Messie que le peuple juif attendait alors ? Pour eux, le Messiedevait être un Roi qui devait les libérer du pouvoir romain et devenir le Maître du monde. C’était ce que pensait le pharisien Saül qui attendait la venue du Messie qui allait donner aux Juifs un royaume mondial. Alors qu’il était en chemin prêt à persécuter la secte des Nazaréens, à ce moment précis le Christ lui apparaît et en un instant de Saül-persécuteur il se transforme en Paul-chrétien. L’Évangile s’est révélé à lui. Et nous voyons là à nouveau le chemin du Christ, chemin sur lequel se tient Paul. Grâce à ce cheminement vers le salut, la Vérité se révèle à lui.
Et il en est de même pour nous, chers frères. Nous devons également savoir sur quel chemin nous nous tenons. Le chemin du chrétien doit être celui qui s’ouvre sur celui du Christ. Ce chemin, c’est l’Église. En elle se trouve la grâce qui imprègne tous les sacrements, toutes les prières. Cette grâce contenue dans l’Église, nous pouvons y goûter. Elle est dans tous les rites religieux et tout spécialement dans la Divine Liturgie.
Voilà le chemin que nous devons suivre. Si nous nous tenons sur ce chemin, il n’y aura plus de place pour toute cette tragédie qui nous entoure. Si le Christ a dit à la veuve de Naïm: « Ne pleure pas », cette même voix murmure aujourd’hui à notre oreille – "ne pleurez pas" ! Mais pour cela ne quittez pas le chemin du christianisme authentique. N’abandonnez pas la prière, comportez-vous conformément àce que demande l’Église. Voyez comment s’égrènent nos jours : lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et tout s’achève avec le jour de la Résurrection.
Vivez dans la Grâce Divine et le Seigneur ne vous abandonnera pas. Amen
Archevêque ANDRÉ /Rymarenko/
Воскрешение сына Наинской вдовы
Христосъ, окруженный апостолами, множеством народа, движется к вратам города Наина. А в это время из Наина появляется погребальная процессия. Несут юношу, единственного сына вдовы Наинской. Представьте себе страдания матери: единственный, любимый, надежда в ее старости. Но в это время Христосъ со множеством народа и с апостолами приближается к этой процессии по дороге… Он видит страдания матери, подходит к ней и говорит : « Не плачь ». Кто мог, кто имел право сказать эти слова матери над гробом сына ? Он Один, потому что Он победил Смерть. Несшие остановились. Христосъ берет юношу за руку и говорит: « Восстань! » И отдает его матери его. Представляете себе, что пережила мать ? Тот мiръ, который могла иметь мать до кончины сына, он не только возобновляется, но он оживляет всю ее жизнь. Она, помимо, своего сына, увидела силу воскресения. И это все получилось оттого, что путь Христа совпал с путем процессии погребальной. Путь Христа… по этому пути Христа должен был идти покойный, а на пути Христа не может быть горя.
Может быть, я ошибаюсь ! Может быть, я не так думаю ? Так откройте же тогда апостольское чтение на сегодняшний день и увидите, что я это правду говорю. Что говорило нам сегодняшнее апостольское чтение ? Оно говорило нам об апостоле Павле, еще Савле. Вот что тут говорится : “Новое Евангелие даю вам.., но которое не создано человеческим разумом, а по откровению Господню явилось.” Как же это было открыто ? А было открыто так : Павел – Савл был истинный фарисей, и он ждал Мессию. Но какого Мессию в тот момент ждали евреи ? Они понимали Мессию как царя, который должен был освободить их от Римского владычества и сделать его главою мiра – Царем. Так думал и фарисей Савл. Он верил в то, что это будет так, что придет еврейский Мессия, который даст им, евреям, всемiрное царство. Когда он шел гнать, как ему казалось секту Назареев, в тот момент Христосъ, явился ему. И тут Савл в момент превратился в Павла-христианина. Для него раскрылось Евангелие. И вот опять: путь Мессии. На этом пути Мессии стоит Павел. И вот благодаря тому искреннему движению к спасению, ему открывается истина.
Так и для нас, братия. И мы должны знать, на каком пути мы стоим. Путь христианина – это стихия, в которой открывается путь Христов. А путь Христов – Церковь. В ней благодать, которая находится во всех таинствах, во всех молитвословиях. Вот эта благодать, которая находится в Церкви, она с нами. И она выражена в каждом чинопоследовании, а особенным образом в Божественной Евхаристии.
Вот тот путь, по которому нужно нам идти. Если мы будем находиться на этом пути, то не будет в нашей жизни той трагедии, которая сейчас есть. Если вдове Наинской Господь сказал: “Не плачь”, так и нам сегодня этот же голос шепчет: “Не плачьте!” Только не уходите с этого пути истинного христианства. Будьте в молитве, держитесь в жизни так, как того требует святая Церковь. Смотрите, как жизнь проходит: понедельник, вторник, среда, четверг, пятница, суббота… Воскресение. Конец всему – Воскресение.
Живите в Божьей Благодати, и Господь не оставит вас. Аминь.
Арихiепископъ АНДРЕЙ /Рымаренко/