Dimanche de Tous-les-Saints

 

 

La semaine dernière, la Sainte Églisemettait entre nos mainsdes fleurs et de la verdure, comme pour nous dire : regardez comme la nature, dépourvue d'âme, obéit à son Créateur. Depuis Noël, la terre s'est tournée vers le soleil, qui s’est mis à lui apporter sa chaleur vivifiante. Et la nature ne s'est pas montrée ingrate envers son Créateur. En réponse à Sa tendresse, elle a produit cette beauté merveilleuse, ces fleurs, et elle donnera par la suite des fruits en abondance. Et nous ? En réponse à la chaleur spirituelle de la grâce de Dieu, si abondamment répandue sur nous, apportons-nous à notre Créateur la beauté spirituelle, les fleurs, les fruits des vertus ? Car Il s'est fait Homme pour nous, Il est mort par amour pour nous, Il est ressuscité pour nous et Il est monté au ciel pour nous envoyer Son Saint-Esprit ! Et nous ? Cette beauté de la nature qui nous entoure n'est-elle pas un reproche vivant à notre conscience ? Répondons honnêtement : oui, elle l'est. Mais comme si cela ne suffisait pas, nous voulons encore justifier notre négligence, notre ingratitude. Certes, disons-nous, les commandements du Christ sont magnifiques, et si les hommes les respectaient, toute la terre se transformerait en un magnifique jardin de Dieu. Mais est-ce possible pour nos faibles forces humaines ? Et voici qu'aujourd'hui, en ce Dimanche de Tous les Saints, l’Église répond à cette question d’une voix forte : oui, c'est possible.

Tous ces saints que nous célébrons aujourd'hui ont suivi l'exemple du Christ et chacun d’eux, à son époque et dans ses propres circonstances de vie, a accompli le commandement Divin qui est d’aimer Dieu et son prochain. Et leur époque était parfois difficile, voire plus difficile que la nôtre, et leurs conditions de vie étaient souvent plus dangereuses sur le plan spirituel, et souvent bien pires que les nôtres sur le plan matériel. Et pourtant, ils ont continué à avancer, à lutter... et ils ont atteint les demeures célestes, où ils triomphent aujourd'hui.

Il suffit de regarder les murs de notre égliseet vous les verrez tous: martyrs, confesseurs, saints moines, fols-en-Christ, érudits, simples, riches, pauvres,évêques,moines, laïcs... Voilà combien d'étoiles le Seigneur a allumées dans Sa voute céleste spirituelle. C'est l'Église Céleste. Elle englobe tout et elleest enrichieen permanence par l'Église Terrestre, l’Église militante. Il y aune place pour chacun. Voici ce que dit l'épître d'aujourd'hui : «C’est pourquoi, nous aussi, ayant autour de nous une telle nuée de témoins, rejetons tout ce qui nous appesantit ainsi que le péché qui nous entrave, et courrons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, l'Auteur et le Chef de la foi».

Et pensez-y : tous ces saints étaient, tout comme nous, des personnes vivantes. Et tous étaient, comme nous, des personnes différentes. Leurs chemins étaient différents. Mais tous, sans exception, avaient trois caractéristiques identiques et communes à nous tous. Ces caractéristiques nous sont indiquées dans l'Évangile d'aujourd'hui. Elles sont obligatoires pour tous, donc aussi pour nous, et ne peuvent être ignorées. Les voici : « Ainsi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père céleste ». Voilà la première. Frères, sentez-vous à quel point cela est important pour nous, les hommes d'aujourd'hui ? Car le monde entier autour de nous d’une certaine façon nous demande : « Es-tu chrétien ou es-tu des nôtres ? » Et nous ne pouvons laisser cette question sans réponse. Dans nos paroles, nos actes, nos pensées et nos sentiments, nous devons répondre haut et fort : « Oui, je suis chrétien ! » .

Voici la seconde caractéristique : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi ». Aujourd'hui encore, le Seigneur exige de nous cet amour total et absolu. L'aimer plus que tout et plus que tous. Et ce n'est qu'avec un tel amour pour Lui que nous pourrons réellement aimer nos proches, les étrangers et même nos ennemis. Et enfin, la troisième caractéristique : « Et celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi ». Ce principe n'a pas même besoin d'être expliqué : chacun a ses propres chagrins et difficultés dans la vie. Et ils sont personnels et propres à chacun. C'est difficile, c'est dur, mais telle est notre vie, et donc telle est la volonté de Dieu à notre égard...

Remercions donc le Seigneur pour cette croix que nous devons porter. Sans elle, il est impossible d'être sauvé. Or, le Seigneur veut que nous soyons tous sauvés et que nous nous unissions dans une seule et même célébration avec tous les saints que nous glorifions aujourd'hui…

 

 

Archevêque ANDRÉ /Rymarenko/

 

 

 

Неделя всех Святых

 

В прошлую неделю святая Церковь вкладывала в наши руки цветыи зеленьи, как бы, говорила нам: смотрите, как бездушная природа послушна своему Творцу. Со дней Рождества земля повернулась к солнцу, которое стало давать земле свою живительную теплоту. И природа не оказалась неблагодарной к своему Творцу. В ответ на Его ласку она произвела эту дивную красоту, эти цветы, а дальше произведет плоды. А мы ? В ответ на духовную теплоту Божьей Благодати, так обильно излиянной на нас, приносим ли мы нашему Творцу духовную красоту, цветы, плоды добродетелей ? Ведь Он стал Человеком ради нас, умер за нас, воскрес для нас, вознесся на Небо, чтобы ниспослать нам Духа Своего Святого ! А мы ? Не является ли эта красота природы вокруг нас укором нашей совести? Ответим честно: Да, является. Но мало того, мы еще хотим оправдать свое нерадение, свою неблагодарность. Заповеди Христовы прекрасны, говорим мы, и если люди станут их исполнять, то вся земля превратится в прекрасный Божий цветник. Но возможно ли это для слабых человеческих сил! И вот сегодняшнее воскресенье, Воскресенье Всех Святых, громко, во всеуслышание мiра отвечает на этот вопрос: да, возможно.

Все Святые, воспоминаемые сегодня, шли по примеру Христа, и все в их время, в их обстоятельствах жизни исполняли Заповедь Божьюлюбви к Богу и ближнему. А времена их подчас были трудные, может быть, труднее наших, и обстоятельства их жизни были нередко опаснее в духовном отношении, а часто и в житейском отношении хуже наших. А они все таки шли, боролись… и дошли до горних обителей, где и торжествуют ныне.

Посмотрите только наиконы на стенахнашего храма, и вы увидите их : мученики, исповедники, преподобные, юродивые, образованные, простые, богатые, бедные, святители, монашествующие, мiрские… Вот сколько звезд Господь возжег на Своем духовном небосклоне. Это – Церковь Небесная. Она всеобъемлющая, а пополняется она Церковью Земной, воинствующей. Там для каждого есть место. Вот что говорит сегодняшний Апостол : «Посему и мы, имея вокруг себя такое облако свидетелей, свéргнем с себя всякое бремя и запинающий нас грех, и с терпением будем проходить предлежащее нам поприще, взирая на Начальника Веры Иисуса».

И подумайте только : ведь все эти Святые были живыми людьми, такими же как мы. И все они были, как и мы, разными людьми. И пути их были разными. Но все они, безусловно все, имели три свойства, которые были у всех одинаковы. Эти свойства указаны нам в сегодняшнем Евангелии. Они обязательны для всех, а значит и для нас, их нельзя миновать. Вот они : «И так всякого, кто исповедает Меня перед людьми того исповедаю и Я перед Отцом Моим Небесным». Вот,этопервое. Чувствуете ли вы, братья, как для нас, современных людей это важно ? Ведь весь мiръ кругом нас, как бы спрашивает нас – Христианин ли ты или наш ? И мы не можем оставить этот вопрос без ответа. И в речах наших, и в поступках, и в мыслях, и в чувствах, мы громко и твердо должны ответить : Да, я христианин !

А вот второе : «Кто любит отца или мать более нежели Меня, недостоин Меня, а кто любит сына или дочь более, нежели Меня, недостоин Меня.» Вот и ныне, от нас с вами Господь требует этой всепоглощающей любви. Любить Его больше всех и больше всего. И только при такой любви к Нему мы сможем по настоящему любить и родных, и чужих, и даже врагов наших. И, наконец, третье : «И кто не берет креста своего и не следует за Мной, тот недостоин Меня». Это положение даже и объяснять не приходится: у каждого есть свои скорби и трудности в жизни. И они личные, у каждого свои. Трудно, тяжело, но такова наша жизнь, а, значит, такова о нас Воля Божия…

Возблагодарим же Господа и за наш этот крест. Без него нельзя спастись. А Господь хочет всем нам спастись и соединиться в одно Торжество со всеми святыми, которых мы сегодня прославляем…

 

 

Архiепископъ АНДРЕЙ /Рымаренко/

 

 

Servir Dieu ou Mamon ?

 

Les paroles du Seigneur sont une authentique lampe sur le chemin de notre vie, et il en est ainsi pour les paroles de l'Évangile de ce jour. L'œil est la lampe du corps, dit le Seigneur. Pourquoi n'est-il pas dit « les yeux », mais « l'œil » ? Parce qu'ici le Seigneur entend non les yeux charnels, mais l'œil spirituel, c'est-à-dire notre cœur. Par « œil » on entend donc le coeur siège de la conscience, de la loi intérieure qui nous indique ce qu'est le Bien et ce qu'est le Mal. Par « corps » on entend toute notre vie intérieure, nos pensées, désirs, intentions – tout ce que nous faisons tout au long de notre vie sur terre. Le sens, donc, de ces paroles du Sauveur est que notre cœur, ou notre conscience, est pour l'homme une lampe qui doit l'éclairer dans tous ses actes et ses pensées.

Plus loin le Seigneur dit : si ton œil, c'est-à-dire ton cœur et ta conscience, est limpide et pur, alors toutes tes pensées et tes actes seront lumineux, justes, purs ; mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres, c'est-à-dire toutes tes pensées, toute ta vie seront mauvais, pervers.

Et donc, si ton cœur, qui t'a été donné par le Seigneur pour être une lampe, est devenu ténèbres à cause de ta négligence et de ta paresse, que sera ta vie, que seront tes actes ? N'en est-il pas ainsi dans la vie ? N'en voyons-nous pas des exemples en permanence ?

Prenons deux personnes. La première se contente de très peu, n'a nul besoin d'une table fastueuse, de vêtements somptueux, d'un logement richement aménagé, etc. Elle a le pain quotidien, quelques vêtements propres et convenables de rechange, elle dispose de quelques revenus ou d'un petit salaire – elle s'en contente et en rend grâce à Dieu. Elle ne désire rien de plus.

Mais regardez la vie de l'autre personne. Rien ne la satisfait. Sa table, n'est pas une table, ses vêtements n'en sont pas, de même en est-il de son logement. Il lui manque toujours quelque chose. Que de temps et de soucis consacre-t-elle à ses vêtements ! Alors que nos vêtements ne sont qu'un voile temporaire, un pansement sur une plaie, parce que le vêtement n'est qu'une conséquence du péché lorsque l'homme et la femme ont pris conscience de leur nudité. Et donc, est-il vraiment nécessaire d'embellir des pansements sur les plaies ? Ne vaut-il pas mieux s'occuper de guérir la plaie au plus vite, autrement dit de se purifier au plus tôt de ses péchés ? Rappelons que lors de notre baptême nous avons tous reçu un vêtement d'incorruptibilité. C'est de ce vêtement là que nous devrions nous préoccuper plus que tout. Préservons ce vêtement, qu'il soit notre plus belle parure. Mais revenons à cette seconde personne : jamais rien ne la satisfait. Pourquoi ? Pour la simple raison que son cœur est faux, enténébré, qu'il est la proie des passions. Et il est ainsi parce qu'elle ne connaît pas, et ne veut pas connaître, les commandements de notre Seigneur, qu'elle n'est pas guidée par la lumière de l'Évangile du Christ. Parce que elle accomplit aveuglément la volonté de sa chair prisonnière de passions.

Nul ne peut servir deux maîtres. Soit il haïra l'un et aimera l'autre, soit il s’attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent, c'est-à-dire notre chair pécheresse par laquelle agit le diable qui s'efforce de l'arrimer au monde. C'est précisément ce que le Seigneur entend par servir Mamon, c'est ce qui met à l'envers, la tête en bas, toute notre vie. Au lieu de nous soucier en premier lieu de notre âme et de notre salut en général, nous nous occupons à complaire l'avidité insatiable de notre ventre, et par notre négligence nous laissons périr dans ses péchés notre âme, cet être immortel créé à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Je terminerai par les paroles du Sauveur : «Ne vous inquiétez pas et ne dites pas : que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou comment nous vêtirons-nous ? Car ce sont là des choses que recherchent les païens, et votre Père céleste sait que vous en avez besoin». Écoutez la parole du Seigneur, ce sont les païens, et non les chrétiens, qui se soucient de ce qu'ils mangeront, de ce qu'ils boiront ou de ce qu'ils porteront, et qui ne pensent pas aux œuvres de Dieu et à l'accomplissement de Ses commandements. Cherchez d'abord le royaume de Dieu et Sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît. Amen.

 

Saint et Juste JEAN de Kronstadt

 

 

 

Богу или мамоне ?

 

Слова Господни суть истинный светильник нам на пути жизни – так и слова ныне чтенного Евангелия. Светильник телу есть око, говорит Господь, то есть око, или глаз, есть светильник для тела. Почему не сказано «очи», а око? Потому что здесь Господь разумеет не телесные очи, а око духовное, или сердце наше. Под оком разумеется сердце, в котором насаждена совесть, или внутренний закон, указывающий, что добро и что зло. Под телом же разумеются вся внутренняя жизнь наша, помышления, желания, намерения, все дела наши, которые мы делаем в течение нашей земной жизни. Значит, смысл слов Спасителя будет такой: сердце, или совесть, есть светильник человеку на пути его жизни во всех помышлениях и во всех делах его.

Далее Господь говорит: Итак, если око твое будет просто, то все тело твое будет светло, т.е. все помыслы и дела твои будут светлы, правы, чисты; если же око твое будет лукаво, то все тело твое будет темно, то есть все помыслы, желаниятвои,вся жизнь твоя будут темны, неправы и лукавы.

Итак, если сердце твое, которое дано тебе от Господа вместо светильника, по твоему нерадению сделалось само тьмой, то какова же будет вся жизнь твоя, все дела твои? Не так ли бывает это в жизни? Не видим ли мы тому постоянные примеры?

Возьмем два человека. Первый доволен очень немногим, не желает роскошного стола, многих нарядных и дорогих одежд, богато убранного жилища и прочее; есть у него насущный хлеб, есть несколько перемен чистой и приличной одежды, есть постоянный, хотя, может, и небогатый доход или жалованье – он доволен и благодарит Бога. Большего он и не желает.

Но посмотрите на жизнь другого человека. Он ничем не доволен. ему стол не стол, жильё не жильё, одежда не одежда. Едва ли чем он бывает доволен. Сколько времени и забот тратит он на всё это, хотя известно, что одежда наша есть временное покрывало или временная повязка на ране, потому что одежда появилась вследствие греха, когда люди узнали свою наготу. А стоит ли украшать повязки на ране? Не о том ли надо заботиться, как бы поскорее рану вылечить, т.е. как бы скорее от грехов очиститься? Припомним, что в крещении все мы получили одежду нетления. Вот об этой одежде правды будем заботиться; эту одежду будем хранить; она пусть будет нашим украшением.

Но вернёмся к человеку, который всем недоволен.Отчего он недоволен? Оттого, что сердце его лукаво, омрачено, полно страстей. А отчего оно таково? Оттого, что заповедей Господних не знает или знать не хочет, светом Евангелия Христова не водится. Оттого, что творит волю слепой, страстной плоти своей и помышлений своих.

Никто не может служить двум господам; ибо или одного будет ненавидеть, а другого любить, или одному станет усердствовать, а о другом нерадеть. Не можете служить Богу и мамоне. Не можете служить Богу и богатству, то-есть греховной плоти нашей, в которой действует диавол, силящийся приковать ее к мiру. Невозможно работать вместе Богу и любогреховной плоти. Служить мамоне это значит ставить, так сказать, вверх дном всю жизнь нашу: вместо того чтобы заботиться главным образом о душеивообще о спасении, мы печемся об угождении своему алчному чреву, а душу – это безсмертное существо, сотворенное по образу и подобию Божию, – погибающую заживо во грехах, оставляем в пренебрежении.

Закончу словами Спасителя: Не заботьтесь и не говорите: что нам есть? или что пить? или во что одеться? потому что всего этого ищут язычники, и потому что Отец ваш Небесный знает, что вы имеете нужду во всем этом. Слышите: по слову Господнему, все те язычники, а не христиане, которые о том и заботятся, что есть да пить или во что одеваться, а о делах Божиих и исполнении заповедей Его не помышляют. Ищите же прежде Царства Божия и правды Его, и это все приложится вам. Аминь

 

Св. прав. IОАННЪ Кронштадтскiй

 

 

 

Un des plus grands saints du XXe siècle

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ,

Aujourd’hui, en cette sainte Liturgie, nous célébrons l’un des plus grands saints du XXe siècle, un véritable luminaire de notre temps : Saint Jean de Shanghai et de San Francisco, l’archevêque errant, le pasteur des orphelins, le défenseur des persécutés, et, surtout, un pacificateur, là où régnaient la division et la souffrance.

Il est écrit dans l’Évangile selon saint Matthieu : « Bienheureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Matthieu 5:9). Cette parole, frères et sœurs, s’est incarnée dans la personne du saint que nous vénérons aujourd’hui.

Saint Jean n’a pas eu une vie facile. Il est né en 1896 dans l’Empire russe, a connu l’exil, la guerre, les camps de réfugiés. Il a parcouru le monde : de la Russie à la Serbie, de la Chine aux Philippines, puis en France et enfin en Amérique. Partout où il est allé, il a trouvé des communautés divisées, blessées, perdues. Et pourtant, partout, il a semé la paix, non une paix superficielle, mais la paix du Christ.

Quand il arrive à Shanghai, la communauté russe y est éclatée, appauvrie, désorientée. Il ne cherche pas à imposer son autorité, mais à rassembler, à comprendre, à servir. Il ouvre un orphelinat pour les enfants abandonnés (selon le synaxaire, environ 3500 enfants), il soigne les malades, prie pendant des heures la nuit. Les gens voient en lui un saint vivant. Et au sein de cette cité en chaos, il devient un pont de réconciliation entre classes sociales, entre Russes et Chinois, entre clercs et laïcs.

À Paris, puis à San Francisco, les conflits ne manquent pas. Les querelles autour de la juridiction ecclésiastique, les accusations, les procès même… Beaucoup se détournent. Mais Saint Jean reste. Il porte en silence la croix de la calomnie. Il ne condamne pas, il n’élève pas la voix en colère, il souffre avec patience, avec amour. Et peu à peu, les cœurs s’adoucissent. Sa sainteté agit comme un baume.

Frères et sœurs, que voyons-nous dans sa vie ? Un homme frêle, voûté, qui parfois dormait à peine, marchait pieds nus, parlait peu… Mais un cœur brûlant d’amour pour Dieu et pour chaque être humain. Un cœur qui pardonne, qui rassemble, qui pacifie.

En ces temps où le monde est rempli de divisions — divisions entre peuples, entre familles, parfois même au sein de nos propres paroisses — Saint Jean est pour nous un exemple urgent et vivant. Il ne cherchait pas à « avoir raison ». Il cherchait à aimer. Il ne voulait pas gagner des débats, il voulait gagner des âmes pour le Royaume.

Chacun de nous peut, à son niveau, être un pacificateur. Dans nos maisons, nos lieux de travail, nos communautés, soyons comme Saint Jean : attentifs, priants, humbles, porteurs de paix. Car la paix véritable vient de Dieu. Et ceux qui la cultivent seront appelés fils de Dieu.

Saint Jean nous enseigne aussi que la paix n’est pas seulement l’absence de conflit. C’est la présence active de l’amour, de la prière et du pardon. Il priait sans cesse, même quand il semblait dormir. Il célébrait la Divine Liturgie avec une telle attention, une telle sainteté, que ceux qui y assistaient en sortaient transformés.

Aujourd’hui, demandons-lui son intercession. Qu’il nous aide à pardonner, à prier avec ferveur, à servir les plus petits, comme il l’a fait toute sa vie. Qu’il nous apprenne à porter la paix du Christ dans un monde qui en a soif.

Saint Jean de Shanghai et de San Francisco, prie Dieu pour nous ! Amen.

Père Zhivko Zhelev

La Foi du Centurion

 

 

« Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. » (Matthieu 8:8)

Frères et sœurs bien-aimés en Christ,

Ces paroles, que nous venons d’entendre, devraient résonner en nous comme un éclair de vérité. Elles jaillissent non pas de la bouche d’un prophète, ni d’un apôtre, ni même d’un fidèle juif… mais d’un centurion romain, d’un païen, d’un homme d’armes, d’un représentant d’un pouvoir d’occupation.

Les faits se passent à Capharnaüm, en Galilée. La Judée, humiliée, est soumise à l’Empire romain. Les soldats étrangers, païens, circulent librement dans les villes saintes. Et pourtant, c’est l’un de ces soldats, un officier responsable de cent hommes, qui vient vers Jésus — avec respect, avec compassion, et avec foi.

C’est un homme de pouvoir. Il donne des ordres, et on obéit. Mais face au Christ, il ne vient ni avec arrogance, ni avec autorité. Il vient comme un mendiant, mais un mendiant dont la foi va jusqu’à toucher même Dieu.

Ce centurion, remarquons-le, ne commence pas par une prière. Il n’impose rien, ne réclame rien. Il dit simplement :« Seigneur, mon serviteur est couché chez moi, paralysé, et il souffre terriblement. » (Matthieu 8:6). Il expose la douleur, présente la réalité, sans essayer de manipuler le Christ. Il se contente d’exprimer la situation. Et cette simplicité, cette confiance silencieuse, fait déjà acte de foi.

Le Seigneur, qui venait d’enseigner les foules, qui avait passé la journée à guérir, à marcher, ne répondit pas avec hésitation. Il dit : « J’irai, et je le guérirai. » (Matthieu 8:7). Ce détail nous enseigne beaucoup. Car même fatigué, pressé par les foules, le Christ est prêt à marcher, à venir, à servir.

Il vit ce qu’Il avait déjà dit dans le sermon sur la montagne : « Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. » (Matthieu 5:41). Cette parole, frères et sœurs, n’est pas seulement pour les prêtres, mais pour tous ceux qui portent le nom de chrétiens. Le Christ se rend disponible pour nous. Il ne choisit pas les heures, il ne regarde pas qui on est, il n’exige pas de mérite. Il est Amour en mouvement.

Mais c’est là que surgit l’éclat de la foi du centurion. Il aurait pu dire : « Viens, je t’emmène. Je t’accueillerai dignement. » Mais au contraire, il s’abaisse jusqu’à dire : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. » (Matthieu 8:8). C’est une honte féconde, une lucidité spirituelle. Il reconnaît en Jésus une sainteté qui dépasse toute dignité humaine. Il n’a pas étudié la Torah, il n’est pas Juif, mais il voit ce que les docteurs de la Loi ne voient pas. Et plus encore, il déclare : « Dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. » (Matthieu 8:8). Quel acte de foi ! Il comprend, beaucoup mieux que d’autres, que le Christ n’a pas besoin d’être présent physiquement pour agir, que la puissance de Sa parole suffit.

Chers frères et sœurs, cela ne vous rappelle pas l’histoire de  la femme cananéenne, une autre étrangère, à qui Jésus dira : « Femme, ta foi est grande. » (Matthieu15:28) ? Le centurion, lui aussi, reçoit ce témoignage du Seigneur : « En vérité, même en Israël, je n’ai pas trouvé une foi aussi grande. » (Matthieu 8:10)

Et que se passe-t-il ? Le serviteur est guéri sur-le-champ. Pas de toucher, pas de déplacement, pas de miracle spectaculaire. Une parole. Et la santé est rendue, pas de la manière dont les médecins nous guérissent, mais de la manière dont Dieu Seul peut le faire. Le centurion n’avait pas besoin de preuves. Il avait la foi. Et Dieu a agi.

Aujourd’hui encore, le Christ agit ainsi. Mais trouve-t-Il encore cette foi ?

A présent, beaucoup demandent des preuves, veulent voir des miracles, exigent des réponses immédiates. Mais souvent, nous prions sans vraiment croire, ou nous voulons croire sans nous abaisser. Le centurion, lui, a cru avant d’avoir vu, et a reçu sans même avoir demandé. Frères et sœurs, c’est cette foi qu’il nous faut retrouver. Une foi humble, une foi qui écoute, une foi qui ne commande pas à Dieu, mais lui fait confiance même dans le silence. Et cette foi naît dans l’humilité, dans l’amour pour les autres, et dans la confiance absolue dans la puissance de la Parole du Christ.

À chaque préparation pour la communion, nous lisons cette parole. Dans la prière de Saint Jean Chrysostome avec foi et amour nous lisons : « Seigneur, mon Dieu, je sais que je ne suis pas digne, ni préparé pour que tu entres sous le toit de mon âme … » Et le miracle se produit. Le Christ entre en nous. Il guérit notre âme. Il fait de nous Ses serviteurs. Aujourd’hui, frères et sœurs, faisons silence en nous. Présentons-Lui simplement notre douleur, notre faiblesse, ou celle d’un proche. Et croyons, humblement, qu’une seule parole du Seigneur peut suffire. Qu’Il nous donne la foi et l’humilité du centurion, et la paix que donne la confiance en Lui. Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

Antipâque et saint Thomas

 

Le Christ est ressuscité !

 

« Paix à vous ! » Ce sont les premiers mots avec lesquels le Christ salue Ses disciples après la Résurrection. La paix dont nous avons tant besoin. La paix que l’on peut recevoir uniquement lorsque nous sommes proches du Christ, quand nous sommes proches de Dieu. La paix que les saints ont cherchée dans le désert en purifiant leur âme du péché. Paix à ceux qui avaient été bien enfermés, car ils avaient peur des Juifs. Bien-aimés frères et sœurs, ce jour d’Antipâque marque la fin de la Semaine Lumineuse. Ce jour-là est aussi la fête du Saint Apôtre Thomas.

Les apôtres avaient vraiment peur des Juifs. Ils avaient vu tous ce qui s’était passé avec le Christ : la trahison, la torture et la mort sur la croix. Même la foi de Pierre sur laquelle le Christ voulait bâtir son Église a plié sous les événements de la semaine qui précédait la Résurrection et il a renié trois fois le Christ. Selon les Juifs, ces gens apeurés qui avaient du mal à croire à la Résurrection ont eu le courage de voler le corps de leur rabbi. Mais laisser les apôtres vivre dans la peur n’était pas la volonté du Christ. Il voulait les envoyer pour évangéliser les nations.

« Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint Esprit. » (Jean 20:21-22) La réception du Saint Esprit se fait pleinement par les apôtres pour la fête de la Pentecôte, mais cette première réception est pour enlever la peur et le doute de leurs cœurs. De la même manière, le prêtre souffle dans la bouche du futur baptisé, avant qu’il soit baptisé pleinement dans les eaux sanctifiées du baptistère.

Le Saint Esprit est appelé aussi Consolateur. C’est Lui qui amène la paix dans l’âme. C’est Lui qui était dans les prophètes avant l’incarnation du Christ et dans les Saints après Son incarnation. D’où la salutation du Christ : « Paix à vous ! ». Mais ce jour-là l’apôtre Thomas n’était pas présent dans la pièce. Est-ce par manque de paix dans l’âme qu’il ne croit pas aux autres apôtres et à ce qu’ils lui racontaient ? Il ne faut pas oublier que les apôtres, eux aussi, n’avaient pas cru aux femmes myrophores.

«Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, si je ne mets  mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets la 
main dans son côté, non, je ne croirai pas !» (Jean 20:25). Combien de fois, nous aussi, nous voulons des preuves de l’existence de Dieu ? Le Christ nous aide dans notre peu de foi, dans notre manque de paix. Il aide également le Saint apôtre Thomas et huit jours après saluant de la même manière « Paix à vous » Jésus S’approche de Thomas et lui dit : « Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais croyant. » (Jean 20:27)

La foi s’enflamme dans le Saint apôtre Thomas quand il s’approche des blessures de Jésus et il nous en rend témoignage en s’exclamant :« Mon Seigneur et Mon Dieu » (Jean 20 :28). Car Jésus est Dieu ! Le vrai Dieu, le Fils du Père ! Oui, Il a fait des prophéties, mais Il n’est pas seulement un prophète comme le disent les musulmans. Oui, IL a fait des miracles et des guérisons, et néanmoins Arius a nié la Divinité du Christ en L’appelant une créature. De nos jours, les Témoins de Jéhovah reprennent cette même fausse doctrine. Comment un Dieu peut être créé ? Mais le Christ est notre Sauveur, notre Seigneur et notre Dieu, comme l’apôtre Thomas l’a témoigné pour nous. Qui d’autre que Dieu Lui-même peut donner la paix dans notre âme ?

La suite de l’évangile est tournée plus vers nous. Les Chrétiens de nos jours, nous, qui n’avons pas été présents au moment où Jésus est entré dans la pièce, la porte et les fenêtres fermées. Nous, qui n’avons pas touché les blessures des clous et le côté de Jésus. Le Seigneur envoie la grâce aux générations suivantes: « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru! » (Jean 20:29). Nous, qui pouvons voir le Christ uniquement avec nos yeux spirituels. La preuve que le cœur pur et l’esprit humble ont tourné plus de gens vers Dieu que les miracles ont tourné les Juifs vers Jésus. Le Sauveur a fait devant leurs yeux plein de miracles mais, ils n’ont pas cru. En revanche, des gens simples comme la Samaritaine, l’aveugle né, la cananéenne et beaucoup d’autres ont cru en Christ et ils ont hérité le Royaume de Dieu. C’est bien de se poser toujours nous-même la question : A quel groupe appartenons-nous ?

Envoie-nous Ta paix à nos âmes, Seigneur, à nous pécheurs, et enlève toute crainte et doute de nos cœurs! Amen !

 

Prêtre Zhivko Zhelev