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1-er DIMANCHE après PENTECÔTE
Dimanche de Tous les Saints
Vêpres : Isaïe XLIII, 9-14 – Sages. Sal. III, 1-9 – Sages. Sal. V, 15-VI, 3
Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie: Hébr. XI, 33–XII, 2 ; Matt. X, 32-33, 37-38, XIX, 27-30
AU NOM DU PÊRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
A ceux qui constatent que nos grandes fêtes sont toujours « en retard » par rapport aux fêtes homonymes de l’Occident, il est possible de dire que, par contre, nous sommes en avance par rapport à eux qui fêtent la Toussaint le 1er novembre et « tous les morts » le 2.
Pour nous, la Toussaint n’est pas un jour de brumes automnales : nous la célébrons le Dimanche qui suit la Pentecôte, ce qui est normal puisque les saints sont les fruits de la descente du Saint Esprit, et pour nous c’est une grande fête lumineuse : Duminica mare ! dit-on en roumain. Et tous les saints, ce ne sont pas uniquement ceux qui sont inscrits dans le calendrier, c’est tous ceux qui sont morts en Jésus-Christ, nos ancêtres et nos frères. De la même manière quand l’apôtre Paul écrit à une Église, il écrit à «tous les saints», c’est-à-dire les baptisés qui s’y trouvent.
Jour de lumière et de joie, puisque nous fêtons l’immense multitude des saints, connus et inconnus, qui ont vécu et se sont endormis en Jésus-Christ.
Les textes de ce jour béni donnent l’enseignement spécifique de l’Eglise sur les saints : le monde laïque et déchristianisé aurait volontiers tendance, dans la moins mauvaise hypothèse, à les mettre sur le même plan que les grands hommes, les héros …
« Vous êtes mes témoins, dit Dieu au prophète Isaïe, Il n’y a pas d’autre Dieu que Moi ! ». Les sages sont dans la main de Dieu, dit la Sagesse de Salomon. Dieu regarde les humbles. Ils ont paru souffrir, mais leur espérance est sans fin. Dieu les a éprouvés comme l’or au creuset et les a trouvés dignes de Lui. Ils jugeront les Nations et le Seigneur régnera avec eux pour les siècles. Et encore : ils recevront la couronne de justice et la Main de Dieu les couvrira de Sa force. Tels sont les saints.
L’évangile des matines, d’une certaine manière, donne la clé de leur vocation : « Evangélisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » De ce terreau des baptisés sortent les « témoins de Dieu » : les saints se sont oubliés eux-mêmes, aimant Dieu par-dessus tout et le Christ sera avec eux jusqu’à la fin du monde.
I – L’épître ne laisse pas d’être un peu déconcertante. L’apôtre évoque les merveilles des saints d’Israël : ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, ils ont mis en déroute des armées d’étrangers, ils ont ressuscité des enfants morts. Leurs souffrances et leurs martyres ne sont pas moins étonnants, ils ont été tourmentés, lapidés, sciés, ils ont vécu en ascètes, vêtus de peaux de bêtes, vivant dans des trous de la terre, eux dont le monde n’étaient pas dignes, mais – là est le paradoxe dont se sert l’apôtre – tous ces saints admirables N’ONT PAS EU LEUR RECOMPENSE … Nous restons sans voix ! et il poursuit tranquillement « parce que Dieu voulait pour eux un sort MEILLEUR ». Ils recevront en effet leur récompense avec nous qui avons eu comme guide et comme modèle LE CHRIST QUI A SOUFFERT ET QUI A ÉTÉ CRUCIFIÉ, alors qu’ils n’avaient connus, eux, le Christ seulement en espérance.
II – L’évangile, complexe et ardu, est néanmoins résolutif :
A) « Quiconque Me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père qui est aux cieux, et quiconque Me reniera, je le renierai devant mon Père ».
B) « Celui qui aime son père ou sa mère… son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi ».Quand j’étais enfant, ces paroles me scandalisaient un peu : le plus grand amour que peut connaître un gamin, c’est évidemment celui de son père et de sa mère. Mais il faut la sagesse que donnent les années, les épreuves, la prière et la Grâce non seulement pour savoir, mais pour expérimenter que l’amour suprême est celui que nous porte le Christ notre Dieu, si bien qu’il dépasse infiniment celui que nous portent nos proches les plus affectueux.
Mais le Christ notre Dieu ajoute : « Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de Moi ».
L’ascèse est inhérente à la marche vers le salut, et nous le comprenons liturgiquement en ce dimanche de tous les saints qui prélude à un Carême.
Celui qui aura sauvé sa vie, poursuit le Christ dans le même esprit de répudiation des jouissances la perdra, mais celui qui aura perdu sa vie à cause de Moi, la sauvera.
Le Christ est notre MODELE absolu d’ascèse !
C) La solution définitive est dans Matt. XIX, 27-30 : « Et nous, demande Pierre, nous qui avons tout quitté pour Toi ? … ». Christ répond : vous serez sur douze trône jugeant les tribus d’Israël … Quiconque aura laissé son père, sa femme, ses fils … recevra au centuple dans le royaume des cieux …
La conclusion définitive est le renversement des valeurs. Les premiers (héros, grands hommes, etc.) seront les derniers, et les derniers seront les premiers.
Que le Christ notre Dieu, bien-aimés Frères et Sœurs, nous donne l’humilité d’être les derniers et de Le suivre jusqu’à la fin !
AMIN
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PENTECÔTE
Vêpres : Nombres XI, 16-17, 24-29 – Joël II, 23-32 – Ezéchiel XXXVI, 24-28
Matines : Jean XX, 19-23
Liturgie : Actes II, 1-11 ; Jn VII, 37-52, VIII, 12
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
La Pentecôte – cinquante jours après Pâques – était initialement une grande fête juive, instituée en mémoire du jour où Dieu remit à Moïse les Tables de la Loi. C’est la « fête » où se rendit le Seigneur et dont il est question dans nos textes de ce jour.
I – Dans le texte des Nombres, Dieu dit à Moïse de choisir soixante-dix vieillards sages et savants… : « Сonduis-les devant le sanctuaire : Je prendrai de ton esprit et je le mettrai sur eux ». Il s’agissait de désigner des assistants de Moïse, afin que celui-ci ne soit pas seul à avoir la charge – religieuse – du peuple. Moïse fit ainsi, il disposa les soixante-dix devant le sanctuaire, l’esprit de Dieu descendit sur eux, ils « prophétisèrent », c’est-à-dire prêchèrent sous l’inspiration de Dieu …Mais ils ne continuèrent pas.
Or deux hommes, qui avaient été désignés – Eldad et Médad –, mais qui n’étaient pas venus vers le tabernacle, « prophétisèrent » dans le camp. Des proches de Moïse – et non des moindres : Josué en était ! – lui suggérèrent de le leur interdire. Moïse n’en fit rien et constata – avec satisfaction manifestement – que l’Esprit de Dieu était sur eux …
L’Esprit, en effet, souffle où Il veut. Constatons-le aussi et retenons les noms d’Eldad et de Medad qui prophétisèrent dans le camp, alors que les soixante-dix appelés ne prophétisèrent plus. Nous aussi, Russes hors-frontières, nous ne nous rattachons pas au patriarcat de Moscou et cela est valable aussi pour d’autres ethnies qui sont parmi nous …
L’Esprit souffle où Il veut et il faut Lui être fidèle, humblement, mais totalement.
La péricope du Prophète Joël annonce, de manière partiellement métaphorique, l’abondance de biens dont bénéficiera Israël, et Dieu annonce : J’enverrai mon Esprit : vos fils et vos filles prophétiseront.
Des signes dans le ciel, inquiétants, sont annoncés qui préluderont au Jour du Seigneur. Mais la conclusion est dans l’esprit de l’évangile : ceux qui invoqueront le Nom du Seigneur seront sauvés.
Je vous sauverai des « nations » – païennes – dit Dieu dans la prophétie d’Ezéchiel, Je vous conduirai à votre terre, mais aussitôt reparaît le thème de l’eau pure qui depuis le Dimanche de la Samaritaine est dans notre esprit. Cette eau vous purifiera de toute souillure. Vous n’aurez plus un cœur de pierre et « Je vous donnerai mon Esprit ». Le peuple, ainsi renouvelé, marchera dans les commandements de Dieu. En un mot :
vous serez Mon peuple et Je serai votre Dieu …
Que notre humilité nous donne un cœur purifié et que le Seigneur marche avec nous.
II – Avec la péricope de l’évangile de Matines, nous avons l’apparition du Seigneur dans un lieu clos où sont les apôtres par crainte des Juifs. Le Seigneur leur donne la paix, par deux fois : « La paix soit avec vous ! » et Il souffle sur eux en disant : « Recevez le Saint-Esprit ». Il institue le Sacrement de pénitence : « Ceux auxquels vous remettrez les péchés, leurs péchés seront remis et ceux dont vous retiendrez les péchés, leurs péchés seront retenus ». L’humilité, plus haut mentionnée, aboutit à la pénitence.
III – C’est dans le chapitre 2 des Actes que se trouve la description de la Nouvelle Pentecôte. Un vent violent retentit et ébranle les murs de la maison où tous les apôtres se trouvaient réunis. Le « vent violent », c’est le souffle de l’Esprit et, aussitôt, des flammes se posent sur chacun d’eux.
C’est le baptême du Saint-Esprit que le Christ avait annoncé à Ses apôtres : «Jean a donné le baptême d’eau, vous recevrez vous le baptême du Saint-Esprit ».
C’est ce baptême de feu, que nous donnons sous la forme de l’huile dans la Chrismation.
L’efficacité de ce baptême de l’Esprit apparaît aussitôt : les apôtres prophétisent – pour reprendre le terme des Lectures – et tous ceux qui avaient été attirés par le vacarme du vent violent ont la stupéfaction de les entendre chacun dans sa propre langue ! La descente du Saint-Esprit débouche aussitôt sur la prédication apostolique universelle de l’Evangile.
La péricope évangélique de ce jour réunit le thème de l’eau et le thème du feu. C’est d’abord ces paroles du Christ « le dernier jour de la fête » : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive découleront de lui : c’est exprimer la prédication inépuisable de l’Evangile.
L’apôtre commente : le Christ parlait de l’Esprit que recevraient ceux qui croiraient en Lui car le Saint-Esprit n’était pas encore venu. Mais la péricope s’achève, après l’évocation de contestations diverses, par ces mots souverains du Christ où nous retrouvons le feu : « Je suis la Lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres car il aura la Lumière de Vie ».
Que cette Lumière de Vie soit toujours avec nous !
AMIN
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L’ASCENSION de N.S.J.Ch.
Vêpres : Is. II, 2-3 – LXII, 10-12 ; Is. LXIII, 1-3, 7-9 ; Zach. XIV, 4, 8-11
Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : Actes : I, 1-12 ; Luc XXIV, 36-53
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,
I – Le fait de l’Ascension de Jésus clôt l’histoire de Sa présence visible parmi Ses apôtres. Il leur était apparu plusieurs fois depuis Sa Résurrection, tantôt à quelques-uns, tantôt à plusieurs. Il se trouvait encore avec plusieurs d’entre eux non loin de Jérusalem – c’était le quarantième jour après Pâques – quand, tout à coup, Il s’éleva visiblement et, sous leurs yeux monta au Ciel. Ils regardaient, fascinés … alors deux hommes, vêtus de blanc – des anges, nous le savons désormais –, se trouvèrent devant eux et leur dirent que ce même Jésus reviendrait de la même manière à la fin des temps.
Voilà le fait brut qui advint au Mont des Oliviers, dont les apôtres revinrent à Jérusalem même qui s’en trouve seulement à «une distance de sabbat». Quant à eux leur mission était définie et ils s’y adonnèrent. Ils devaient simplement attendre à Jérusalem la descente du Saint- Esprit.
Ne nous attardons pas aux bafouillis scientifiques – il n’y a pas de «ciel physique» – ou des catholiques : «Il parut s’élever» … Survolons avec amitié les exhortations morales de beaucoup de prédicateurs : «Elevons nos pensées vers le ciel et les bonnes méditations», conseils toujours sages dont nous faisons notre profit.
II – Poursuivons dans la ligne de méditations déjà commencées et qui nous acheminent vers la Grande Fête suivante, la Pentecôte.
Le Prophète Zacharie, dans le passage lu hier, dit : « Ses pieds se poseront sur la montagne des Oliviers – il savait donc bien où adviendrait l’Ascension –, et la montagne se fendra en deux », une large vallée s’ouvrira et, en ce jour-là des eaux vives sortiront de Jérusalem. Une moitié – précise-t-il – vers la mer d’Orient, et l’autre moitié vers la mer d’Occident. C’est le déferlement des paroles de vie portées par les apôtres et aboutissant au baptême de toutes les nations, celles de l’Orient et celles de l’Occident.
Nous retrouvons les eaux vives que le Seigneur annonçait à la Samaritaine.
Le Prophète Isaïe évoque, dans les derniers temps, la convergence de tous les peuples vers la Montagne et la Maison du Seigneur, ce qui est conforme à l’apocatastase du prophétisme juif. La fille de Sion ne sera plus appelée la délaissée, mais au contraire la recherchée. Mais singulière est, au début du chapitre 63, l’interrogation sur les vêtements rouges. En un premier temps, le prophète dit : «Qui est celui qui vient en vêtements rouges avec des habits éclatants portant la tête haute dans la plénitude de sa force»? L’Eternel répond «C’est Moi qui parle avec justice, tout-puissant pour sauver» Les vêtements rouges sont, ici, la Passion rédemptrice.
Mais le Prophète poursuit : «Pourquoi tes habits sont-ils rouges, comme ceux de celui qui sort du pressoir» ? Or l’Eternel répond : «J’ai été seul à fouler au pressoir, et, parmi les peuples, personne n’était avec moi». C’est la solitude du Seigneur dans les derniers temps et l’aboutissement de Sa Passion. Mais Il ajoute parlant de ceux qui L’ont abandonné «Je les ai foulés dans ma colère, je les ai écrasés dans mon courroux : leur sang a rejailli sur mes habits … Car le jour de la vengeance est dans mon cœur».
La dualité du signifié des habits rouges apparaît ici : le Rédempteur est aussi le Juge du Jour Terrible du Jugement. Ne l’oublions pas, bien-aimés Frères et Sœurs.
Certes, le prophète poursuit en rappelant les bontés de l’Eternel pour l’Israël de Dieu : «Ils seront mon peuple, des enfants qui ne tromperont pas. L’Eternel a été leur Sauveur».
Il faut toujours espérer dans la Miséricorde du Seigneur.
Les anges cependant qui apparurent aux apôtres stupéfaits qui regardaient le ciel où un nuage avait dérobé Jésus à leur vue, précisèrent : «Ce Jésus qui a été enlevé d’avec vous dans le ciel en reviendra de la même manière que vous l’avez vu y monter».
L’ascension est glorification de Jésus-Christ Sauveur, mais elle prélude à Son retour, c'est-à-dire au Jugement dernier où, si triste que cela soit pour eux, ceux qui ont déserté le Christ, seront châtiés.
Je terminerai, cependant par un autre feu … plus imminent pour nous, puisqu’il s’agit de celui de la Pentecôte. Dans la péricope des Actes lue aujourd’hui, le Seigneur, en priant les apôtres de rester encore quelques jours à Jérusalem, ajoute : «Jean a baptisé d’eau, mais vous vous serez baptisés du Saint-Esprit dans quelques jours».
L’eau inépuisable dont le Christ est la source qui ne tarit jamais, c’est celle du baptême et de la Parole divine transmise par les apôtres. L’eau est l’un des deux déferlements qui viennent de la blessure faite, lors de la crucifixion, à Son flanc divin. L’autre, c’est ce sang de Sa Passion rédemptrice dont Il a fait l’Eucharistie.
Quant au Feu du Saint-Esprit épandu sur les apôtres puisse-t-il éternellement brûler dans notre cœur en un brasier d’amour !
AMIN
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6-e SEMAINE après PÂQUES
De l'aveugle né
Liturgie : Actes XVI, 16-34 ; Jn IX, 1-38
CHRISTOS VOSKRESE !
Bien-aimés Frères et Sœurs !
Ce Dimanche de l’aveugle-né est unifié par la notion de Lumière.
I – Nous avons d’abord le récit des Actes évoquant cette servante dotée d’un esprit de prophétie ou de voyance dont ses maîtres tiraient grand profit car on la consultait. En l’occurrence d’ailleurs cette voyante rendait hommage à la qualité de « serviteurs du Dieu très haut » de Paul et de Silas. Elle les suivait ainsi, mais Paul, discernant celui qui était en elle, chasse cet esprit, ce démon en somme … si bien que la servante ne peut plus dire la bonne aventure, ce qui tarit les ressources qu’elle apportait à ses maîtres. Il en résulta une plainte de ceux-ci et une suite judiciaire que nous laisserons de côté.
Ce que nous retiendrons par l’exemple de cette voyante, c’est qu’il y a une fausse lumière (même quand celle-ci, en apparence, transmet des informations exactes) – donc un faux esprit de prophétie. Un prêtre que j’ai connu, catholique mais ayant de bonnes réactions chrétiennes, avait dans sa ville une cartomancienne et voyante de renom : elle avait beaucoup de « clients » et plusieurs fidèles de ce prêtre lui en avaient parlé, y étaient allés et avait été très impressionnés : « Elle nous a dit bien des choses exactes et nous annoncé …». Ce prêtre décida d’y aller lui-même comme un client anonyme, mais, comme il avait de bons réflexes chrétiens, il mit dans sa poche son chapelet – tchiotki –. La voyante commença à parler et à annoncer …, et le prêtre, subrepticement, mit la main dans la poche du chapelet. La voyante continue de parler quelques instants, puis s’interrompt : « C’est étrange : je ressens une nette réticence de celui qui ordonne … « Celui qui ordonne » était un démon, tout comme dans le cas de cette servante exorcisée par l’Apôtre Paul.
C’est ce que l’on constate aussi de nos jours dans « l’esprit de prophétie » qui anime certains sectaires, qui se mettent aussi à parler dans des langues inconnues …
Mais tout ce qui luit n’est pas la vraie lumière : c’est de celle-ci qu’il est dit – dans l’évangile de Matthieu parlant des apôtres : Vous êtes la lumière du monde. C’est le Christ qui est la lumière authentique, Il le dit dans cette péricope même, et c’est cette vraie lumière qu’Il donne à l’aveugle né qui se convertit. Celui-ci, en effet, retrouve la vue et comme il est dit à la fin de l’évangile de ce jour, il se prosterne devant le Christ.
II – La péricope de l’aveugle né est longue et complexe.
Les apôtres, conformément aux habitudes des Juifs ainsi que je l’avais dit dans le sermon sur le paralytique, demandent si c’est lui ou ses parents qui avaient péché. Le Christ répond que ce n’est ni lui ni eux, mais qu’il est ainsi infirme, « afin que les œuvres de Dieu soient manifestées » – et nous comprenons par là que dans la vie humaine rien n’est hasard, mais que tout est providentiellement marqué – ce qui nous invite à méditation.
Singulier est le lent processus de déroulement du miracle de l’aveugle né. Il est arrivé d’autres fois qu’un mot suffise au Christ pour guérir des infirmes, des aveugles en particulier. Ici, il crache dans la terre, fait une pâtée de boue, en oint les yeux de l’aveugle qu’il envoie se laver à la piscine de Siloé. L’homme y va, se lave là et est guéri.
En lui recréant des yeux avec ce mélange de terre et de salive, le Christ agit en tant que Créateur : la terre a produit par Son ordre – récit de la Genèse – les êtres vivants. De la même manière, il crée Eve en prélevant une côte d’Adam. Nous savons aussi que, de chaque homme, il est dit : Tu es terre et tu retourneras à la terre.
Mais le Christ lui ayant ainsi mystérieusement recréé les globes oculaires, envoie l’aveugle se laver à la piscine de Siloé. L’aveugle, potentiellement, peut voir – quoiqu’il ne le sache pas encore – mais le Christ l’envoie se laver à la piscine de Siloé, dont il revient en voyant parfaitement.
Parce que cette piscine que l’ange agitait parfois c’est un aspect de la « Foi Transmise » des Juifs. Foi transmise, nous orthodoxes, sommes sensibles à cette notion. Or le Christ a dit – cela est rappelé dans l’évangile de Matthieu – qu’Il n’est pas venu détruire la Loi, mais l’accomplir. [Il précise encore qu’il n’y a pas de « petit commandement » et que quiconque négligera un de ces « petits commandement », un iota de la Loi, sera dit « très petit » dans le royaume des cieux.]
III – Mais alors Lui-même, le Christ notre Dieu, qu’est-Il en train de faire ? Avec cette pâtée de boue qu’Il fabrique et dont Il oint les paupières de l’aveugle, n’est-Il pas en train de manquer au repos du Sabbat qui n’est pas un petit commandement ?
A la Samaritaine, le Christ a dit : « Ce n’est ni à Jérusalem ni ailleurs que vous devrez adorer car vous adorerez Dieu en esprit et en vérité ».
La Foi a succédé à la Loi dont elle est l’accomplissement et qu’elle transfigure. Nous aussi nous respectons le nouveau Sabbat – qui commence même par les vêpres du samedi soir mais qui se développe en ce « premier jour de la semaine », le Dimanche. Nous sanctifions ce jour, mais nous prions aussi pour « ceux qui pour de bonnes raisons sont absents ». De la même manière, le jeûne eucharistique est rigoureusement prescrit, mais quand le prêtre secourt un malade à l’hôpital, il lui donne la Communion, alors que ce malade n’a pas jeûné. « Vous adorerez en esprit et en vérité ».
Face à ce miracle de la guérison de l’aveugle né, ce respect des traditions juives (la fontaine de Siloé), il y a aussi le formalisme buté des pharisiens. Ils ont eu sous les yeux la Lumière du monde, ils ont vu en l’aveugle l’œuvre de Dieu, mais ils objectent le respect du sabbat.
Faire un miracle le jour du sabbat leur semble contraire au repos sabbatique. Mais Celui qui a recréé l’œil de l’aveugle est aussi Celui qui a institué le sabbat ! … Il l’a dit : le sabbat est fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat !
Il n’importe, pour ces pharisiens, Celui qui a ainsi guéri en ce jour ne peut être qu’un pécheur.
D’où les interrogatoires à perte de vue de l’aveugle guéri, de ses parents, l’atmosphère de pointillisme juridique et inquisitorial qui pèse sur ces derniers en particulier. L’aveugle guéri y échappe et retourne à ses interrogateurs cette question humoristique : « Voulez-vous, vous aussi, vous convertir à cet homme ? »
Il se fait rabrouer, mais lui, par contre il a parfaitement compris. Celui qui lui a rendu la vue, ce que personne n’a jamais fait, ne peut que venir de Dieu.
Or quand il a le bonheur de rencontrer Jésus, Celui-ci lui demande : « Crois-tu au Fils de Dieu ? » - « Qui est-ce ? » - « Celui-là même qui te parle », alors il Lui dit : « Je crois, Seigneur » et il se prosterne devant Lui.
Il est guéri et il est sauvé !
L’aveugle-né guéri est l’antagoniste du paralytique monstrueusement ingrat, d’Isaac Lakedem, le Juif errant, que nous avons évoqué il y a deux semaines. Que l’aveugle-né guéri et sa bouleversante et salvifique gratitude soient toujours avec nous !
AMIN
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5-e DIMANCHE après PÂQUES
La Samaritaine
Matines : Jn XX, 1-10
Liturgie : Actes XI, 19-26 - 29-30 ; Jn IV, 5-42
CHRIST EST RESSUSCITÉ !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
I - Dans les dimanches précédents, immédiatement consécutifs à la Pâque, nous avons vu la stupeur et l’incrédulité – pensons à Thomas –, le traumatisme devant l’impossible comme nous avions dit. Cependant, paradoxalement, l’Église se développait. Dès le 3-e dimanche, nous avons vu l’institution des diacres. Le christianisme était l’option impensable … Cependant, par la main du Seigneur, comme il est dit dans la lecture d’aujourd’hui des Actes, il s’enracinait et s’étendait. La lapidation du diacre Stéphane a marqué une première vague, presque spontanée, de persécutions : les apôtres se sont enfuis, en Phénicie, à Chypre, à Antioche. Ils ne s’adressaient qu’aux Juifs. Cependant la nouvelle foi se diffusait même et notamment parmi les Grecs. Si bien que, de Jérusalem, on envoie Barnabé à Antioche et lui-même, peu après, va chercher Saül, c’est-à-dire Paul, à Tarsis. Cet apostolat dura près d’un an : c’est à Antioche, fait mémorable, que pour la première fois ceux qui avaient embrassé la foi nouvelle furent appelés chrétiens …
II – Ce cinquième Dimanche est celui de la Samaritaine. La péricope évangélique que vous venez d’entendre est longue, part d’un simple fait divers, et comporte de singulières révélations. Le fait divers, c’est que, apparemment fatigué par la marche, le Seigneur s’assoit sur la margelle d’un puits, le puits de Jacob, pendant que ses disciples vont chercher de la nourriture au bourg voisin.
Mais, comme observent les prédicateurs orthodoxes, le Seigneur est Dieu et Il savait qui Il attendait.
C’était l’été, certes, et il faisait très chaud : c’était la sixième heure et c’est précisément à la sixième heure que le serpent s’adressa à notre première mère Ève et la fit chuter par la gourmandise ! En quelque manière, la Samaritaine – qui s’appelait Photinie ou Svetlana – et qui par la suite mourut martyre, est une anti-Eve.
Ce n’était pourtant pas à l’origine, comme remarquent des prédicateurs, une personne exemplaire : elle avait eu cinq « maris » – et du sixième, avec lequel elle vivait, nous savons que ce n’était pas son mari. Certes, elle venait chercher l’eau au puits comme toutes les femmes du village, mais cela lui semblait une corvée, comme l’atteste la joie avec laquelle elle accueille l’idée d’une eau vive après laquelle on n’aurait plus jamais soif.
Le Seigneur n’est pas venu sauver les justes, mais les pécheurs. En outre cette femme, un peu « ordinaire » dans sa mentalité, était Samaritaine et il y avait un fort contentieux – religieux – entre les Juifs et les Samaritains et c’est ce que remarque avec grande surprise Svetlana : « comment se fait-il, que toi, juif, tu me demandes à boire, à moi Samaritaine ? » Les Samaritains étaient, pour les Juifs, des sortes d’hérétiques, puisqu’ils prétendaient adorer Dieu sur leur montagne, alors que, pour les Juifs, le seul culte agréable à Dieu devait Lui être rendu à Jérusalem.
« Pécheresse », en quelque sorte, Svetlana-Photinie, l’était deux fois, par sa propre vie et par son appartenance.
III – C’est pourtant à elle que Dieu – qui comme je l’ai rappelé l’attendait – fait trois révélations fondamentales. Certes, le Salut vient des Juifs – confirmation d’importance ! – MAIS le temps vient – et il est arrivé ! – où les vrais adorateurs adoreront Dieu EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ. C’est la révélation des deux temps de l’Alliance, l’ancienne loi et la nouvelle foi.
Dieu en effet est Esprit et celui qui adore en esprit et en vérité est l’adorateur que Dieu veut. Photinie a de quoi être fortement « secouée » pour le dire familièrement : elle retombe cependant sur ce que nous pourrions appeler « les fondamentaux » de la croyance qu’elle avait reçue : « Nous savons, dit-elle, que le Messie viendra que l’on appelle le Christ, et, quand il viendra, il nous enseignera tout ».
Le Seigneur lui répond par la troisième révélation : « Le Messie, c’est Moi qui te parle ! »
Svetlana-Photinie laisse ses seaux et court au village. Elle raconte … « Cet homme qui m’a dit tout ce que j’avais fait dans ma vie, venez et voyez : ne serait-ce pas le Christ ? ». Ils vinrent en effet, ils entendirent et ils prièrent le Christ de rester. Il resta deux jours beaucoup crurent en Lui, et ensuite ils pouvaient dire à la femme : « Maintenant, nous ne croyons pas parce que tu nous as dit : nous avons entendu et nous savons qu’il est en vérité le Sauveur du monde, le Christ ! »
Entre temps, les apôtres étaient revenus, rapportant de la nourriture. Ils Le prièrent de manger. Il leur dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre … ». Il a effectivement accompli ce que l’ancienne Alliance avait initié. Il poursuit en évoquant la moisson imminente – nous sommes en effet en plein été – : elle réjouira le semeur et le moissonneur. Celui qui sème n’est pas toujours celui qui moissonne … « Je vous ai envoyé moissonner où vous n’aviez pas travaillé et vous ramasserez le fruit du labeur des autres ».
Cela nous ramène au thème de l’expansion apostolique si profondément lié à ces dimanches d’après Pâques comme nous l’avons dit au début.
Puissions-nous nous insérer nous aussi, modestement, à cette œuvre apostolique à laquelle le Christ Lui-même nous a appelés ainsi que tous ses disciples !
IV – Mais j’ajouterai encore quelques mots concernant l’eau vive, car il s’agit de la Samaritaine et de l’eau que Jésus donnera et dont Il dit que celui qui la boira n’aura plus jamais soif. Et Il ajoute : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau vive qui jaillira jusqu’à la vie éternelle. L’apôtre Jean, au chap. 7 (37-39) explique cela en racontant que le dernier jour de la fête, Jésus dit : si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’Écriture le dit. L’apôtre ajoute : Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui, car le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié [élevé sur la Croix]. L’eau, c’est l’eau de l’Esprit qui est la vie. Au début de la Genèse, il est dit en effet que l’Esprit de Dieu planait sur les eaux, ce qui veut dire qu’Il les fécondait et toute la vie allait découler de ces eaux. De l’eau de l’Esprit, procède d’abord toute vie physique : c’est pour cela que l’on remplit d’herbe nos églises le jour de la Pentecôte, car l’herbe est gonflée de vie. Mais l’eau de l’Esprit est aussi, par le sacrifice du Christ, l’eau de la vie – spirituelle et éternelle. Dans quelques jours, nous fêterons la descente du Saint-Esprit, la Pentecôte – qui est aussi la Fête de la Trinité. Dieu est UN, Père Fils et Saint-Esprit, la Trinité étant consubstantielle et indivisible : quiconque voit le Christ [réponse à l’apôtre Philippe] voit le Père, de même le Christ est l’inépuisable source d’eau vive : le Saint-Esprit …
Qu’en ce jour de l’EAU VIVE, nous nous préparions déjà, bien-aimés Frères et Sœurs, à l’adoration de la Très Sainte Trinité à qui sont tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles !
AMIN