SAMEDI de LAZARE


Hébr. : 12, 28 – 13, 8 Ev. : Jean, 11, 1-45


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – « Dieu est un feu brûlant » commence l’apôtre, dans cette péricope presque finale de l’Epître aux Hébreux, et il poursuit en évoquant toutes les vertus conseillées aux chrétiens, l’hospitalité – certains n’ont-ils pas reçu des anges, sans le savoir … – la visite des prisonniers, le mariage honorable, l’absence de toute avarice ; toutes les vertus personnelles, en somme : Dieu n’a-t-il pas dit : Je ne t’abandonnerai point.
Il faut se souvenir aussi de nos maîtres, ceux qui nous ont apporté la Parole de Dieu, imiter leur foi et leur vie. L’apôtre conclut ces avis par cette vérité de référence, absolue et qui est la base de tout : « Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement ! »

Mémorable Préambule qui nous conduit à la Résurrection de Lazare.

II – Celle-ci est racontée par saint Jean dans toutes ses circonstances. Lazare était tombé – gravement – malade et ses sœurs, Marthe et Marie, firent prévenir son ami, le Seigneur. Mais Celui-ci ne se pressa pas de venir : cette maladie n’est pas la fin : elle est pour la gloire du Fils de Dieu … Le Seigneur, en l’occurrence, ne Se désigne pas, ici, comme « Fils de l’Homme », comme Il fait souvent. C’est en effet en tant que Dieu qu’Il ressuscitera Lazare.

Il prend son temps, deux jours passent, et Il dit aux apôtres : « Lazare dort ! ». « S’il dort, c’est qu’il va mieux ! » disent ceux-ci avec bon sens. Mais le Seigneur explicite : Lazare est mort et je me réjouis à cause de vous afin que vous croyiez !

Jésus a ressuscité d’autres morts, le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaÿr … mais jamais Il n’avait explicité cet objectif. Nous sommes vraiment dans une circonstance exceptionnelle – puisque nous arrivons à quelques jours de la Passion – et la résurrection de Lazare est elle-même singulièrement spectaculaire. Elle l’est d’autant plus que Lazare était mort depuis quatre jours : or chacun sait, dans les civilisations traditionnelles, que l’âme ne quitte le corps que le troisième jour – commencement de la corruption de la chair.
L’apôtre poursuit, il modèle son récit sur la lenteur de son Divin Maître. Marthe, sachant que Jésus arrivait vient à sa rencontre et Lui dit : « Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort
« Ton frère ressuscitera ! » - « Au dernier Jour, je sais bien ! » répond la pieuse Marthe
« Je suis la Résurrection et la Vie ! » - autre révélation exceptionnelle dans cet épisode d’exception. « Quiconque croit en Moi – fût-il mort – vivra ! Crois-tu cela ? » Marthe acquiesce et elle poursuit : « Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde ! » Plénitude de la foi, de la confession explicite de Marthe …

L’épisode évangélique continue à se dérouler, lentement. Marthe fait avertir sa sœur, celle-ci quitte ses visiteurs – qui la suivent en pensant qu’elle va pleurer sur la tombe de son frère. Elle arrive. Le Seigneur n’a pas bougé du lieu où Il avait rencontré Marthe … Marie arrive, tombe aux pieds de Jésus en pleurant et redit à peu près les mêmes paroles que Marthe. Les autres Juifs qui l’avaient suivi, pleuraient aussi … Jésus frémit en Lui-même, Il demanda : « Où l’avez-vous mis ? » - Car homme, il ne le savait pas -, et Lui aussi pleura si bien que les témoins disaient : « Voyez comme Il l’aimait » …

On Le conduit au tombeau ; Il dit d’enlever la pierre qui fermait le sépulcre – « Seigneur, dit Marthe, il pue déjà … ». Lazare était mort depuis quatre jours et la corruption de son corps avait commencé.
Alors le Fils de Dieu adresse à Son Père une brève prière : « Je sais bien que Tu m’écoutes toujours, mais je te remercie à cause de ceux-ci ». Alors, en tant que Dieu, Il crie d’une voix forte : « Lazare, sors de là ! » et Lazare, tout enveloppé de bandelettes – qui rendent tout mouvement impossible – sort du tombeau, le visage encore couvert du voile de face.

Quelques jours plus tard, il participait à un repas chez lui avec ses amis et ses proches, en présence de Jésus.
La résurrection de Lazare MORT DEPUIS QUATRE JOURS est, peut-on penser, le sommet incontestable de tous les miracles accomplis par le Seigneur lors de Sa vie terrestre !

Que les prières de saint Lazare nous accompagnent en cette fin du Carême.

AMIN



 

 

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L’ANNONCIATION

Vêpres : Exode III, 1-8 ; Prov. VIII, 22-30
Liturgie : Hébr. II, 11-18 ; Luc I, 24-38


AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


L’Annonciation est le commencement de notre Salut ! ont dit avec justesse les pères de l’Eglise. C’est une très grande fête de la Mère de Dieu, mais parmi les grandes célébrations mariales non dépourvues entre elles de similitudes liturgiques, la liturgie de l’Annonciation est singulière et nous apporte des enseignements d’une particulière richesse.

I – Elle comporte, initialement, deux prémonitions théophaniques d’une forte densité symbolique. La première, tirée de l’Exode, est l’épisode du Buisson ardent. Moïse voit dans la montagne déserte un Buisson qui brûlait sans se consumer. Surpris de ce phénomène, il s’approche et Dieu lui parle : « Déchausse-toi [ce qui veut dire que la terre de ce lieu est sacrée], je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob … ». De ce buisson ardent, Dieu s’adresse à lui. Ces paroles divines venues d’un buisson qui ne se consumait pas sont manifestations du Dieu-Parole, c’est-à-dire du Verbe, et nous savons, nous orthodoxes, que le buisson ardent est une icône de la Mère de Dieu qui porta en elle le Verbe de Dieu sans être consumée.
L’autre épisode symbolique est celui du songe de Jacob. Le patriarche se couche dans le désert, appuyant sa tête sur une pierre. Un songe lui vient, il voit une échelle montant de la terre au ciel et sur laquelle Dieu s’appuie. Cette image de l’échelle mystique reliant la terre au ciel est aussi symbolique de la Mère de Dieu – ainsi que de la vie contemplative. Le patriarche fut rempli d’une terreur sacrée : « c’est ici, pensa-t-il, la Porte du Ciel ! »

II – Les autres Lectures et l’Epître ont un pôle commun : la Sagesse et le Sacerdoce. Le premier texte tiré des Proverbes est une « prosopopée », un discours, de la Sagesse. Celle-ci exprime le Verbe – de la Trinité – : elle était depuis toujours en l’Eternel, engendrée – non créée.

Quand Dieu fit le ciel, elle était là. « J’étais l’ouvrière, paraphrase-t-elle, du début de tous les jours, sans cesse je me réjouissais de sa présence … » Paroles qui expriment la Personne du Verbe. Le second passage des Proverbes décrit « La maison de la Sagesse ». La Sagesse a préparé son repas – de pain et de vin, ce qui ne vous surprend pas –, elle envoie ses servantes chercher ses invités … « Que celui qui est simple entre ici ! ». C’est assez typiquement évangélique. Elle prône « le chemin de la prudence ». N’instruis pas le méchant, il te haïrait, instruis le sage, il deviendra plus sage encore. Le commencement de la sagesse, est-il ajouté, est la crainte de Dieu.

Le texte d’Ezéchiel se rapporte d’abord aux sacrificateurs et au sacerdoce. Mais, tout à coup, le voyant est ramené à la porte extérieure du sanctuaire, celle de l’Orient. Elle était fermée. Elle est et restera fermée, dit le Seigneur, et personne ne passera par elle parce que le Seigneur, le Dieu d’Israël, passera par elle et elle restera fermée. Le Prince s’assiéra là et prendra son repas. Il passera par cette porte fermée et sortira par le même chemin. Or la Gloire de l’Eternel remplissait la demeure. Il s’agit manifestement de la conception de Jésus, et de la virginité de Marie, avant et après l’enfantement.

Le voile tombe et il s’agit vraiment de ce que l’archange a annoncé à Marie. Au demeurant, les passages précédents étaient animés par une progression partiellement cryptée mais perceptible, celle de la descente du Salut. Avec la péricope de l’Epître aux Hébreux de l’apôtre Paul, nous sommes au cœur de l’avènement du Salut : « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés ne sont qu’un »: c’est pourquoi Il – c’est-à-dire le Christ – n’a pas honte de les appeler Ses frères. C’est les enfants que Dieu Lui a donnés, et, puisque ces enfants sont chair et sang, il a Lui-même participé à leur nature, afin que, souverain sacrificateur semblable à tous ses frères – de la postérité d’Abraham que nous retrouvons ici – il détruisît, par sa mort l’empire du diable et de la mort.

III – Comme par ces préludes et la progression de leur message, nous sommes passés du ciel à la terre, nous en arrivons à l’événementiel de l’Incarnation dont le mot-clé est que rien n’est impossible à Dieu.

D’où l’association de la conception de la Stérile – c’est-à-dire Elisabeth, la mère du Précurseur – et de l’Incarnation du Verbe en Marie la Vierge.

L’évangile de Matines est en effet celui de la Visitation : Elisabeth s’émerveille que la mère de son Seigneur la visite : Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni, et Marie répond : Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur … Mais, auparavant, l’ange Gabriel avait paru devant Marie : Réjouis-toi, Marie pleine de grâces, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes et il lui annonce qu’elle concevra un fils auquel elle donnera le nom de Jésus … Marie s’étonne « car elle ne connaît pas d’homme ». L’ange lui dit que l’Esprit surviendra en elle, et, lui révélant que la stérile Elisabeth attend un enfant, il ajoute : « car rien n’est impossible à Dieu ». Pour Marie en ce jour, la prédication du Sauveur et la terrible épreuve de LA PASSION étaient encore à venir …

L’apôtre Pierre, dans les Actes d’aujourd’hui évoque la prophétie de David qui pressentait la Résurrection et la glorification du Christ son descendant.

Christ est effectivement ressuscité : par Sa mort, Il a vaincu la Mort. Rendons-Lui gloire ! et vénérons l’Annonciation faite à Marie, la toujours vierge.

AMIN

 

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5-e DIMANCHE de CARÊME
Sainte Marie l’Egyptienne

Avant-Fête de l'Annonciation

 

Hébr. IX, 11-14 ; Marc X, 32-45

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

C‘est aujourd’hui, en ce cinquième Dimanche de Carême, la fête de Sainte Marie l’Egyptienne, et en même temps de toutes les Marie, petites et grandes, qui sont dans notre paroisse, puisqu’en général dans les pays orthodoxes les nommées « Marie » ont pour sainte patronne, non, par suite du respect, la Mère de Dieu, mais cette grande sainte, qui, après avoir vécu plusieurs années dans le péché, se convertit à la suite d’un miracle de la Mère de Dieu et passa plusieurs dizaines d’années dans le désert et dans la pénitence où saint Zozime la découvrit et lui donna la communion, alors qu’elle était elle-même dans une extrême vieillesse.

Honneur à la Sainte et aux petites et grandes Maries !

Les Dimanches précédents ont été consacrés à ces héros de la Grâce que furent saint Grégoire Palamas et Saint Jean de l’échelle. Ils étaient moines depuis leur jeunesse et l’un et l’autre furent les guides de nombreux moines et demeurent des Lumières du Christianisme. Toute différente était sainte Marie l’Egyptienne. C’était une pécheresse, comme dit l’Ecriture et elle avait entraîné beaucoup dans le péché. Elle était donc à l’opposé des deux maîtres que nous venons de nommer. Or voici qu’un jour cette pécheresse voulut entrer dans une église consacrée à la Mère de Dieu. La porte était largement ouverte, Marie s’approcha et une force invincible l’empêcha d’y entrer ! Marie n’avait pas choisi de se consacrer à Dieu, bien au contraire ! Mais c’est Dieu qui l’avait choisie !

Marie comprit et partit dans le désert où elle se consacra à la pénitence … Il y a ceux dont la Grâce couronne les efforts et parfois, la Grâce elle-même vient au devant du pécheur !

I – L’apôtre, dans l’épître aux Hébreux, rappelle la structure de l’ancien temple, comportant un premier « tabernacle » conduisant au second que l’on désignait comme le « Saint des Saints ». Or, fait-il comprendre, le « premier tabernacle » n’avait pas encore été ouvert véritablement, ce qui veut dire que les sacrifices du « Saint des Saints » étaient seulement une image. Christ, par contre, « venant d’un tabernacle qui n’a pas été fait de main d’homme », c’est-à-dire du séjour éternel de la Divinité, est entré véritablement dans le Saint des Saints. Il y est entré une seule fois, avec Son propre Sang – et non celui des « victimes », boucs ou taureaux, offertes en sacrifice –, mais Il nous a obtenu par cette seule fois la purification, c’est-à-dire la Rédemption éternelles.

Ce qui est complexe pour nous, ici, a trait à la structuration du temple juif, mais avec le Christ, Sacrificateur éternel et Rédempteur, nous débouchons au cœur même du christianisme.

II – Dans la péricope de Marc pour ce jour, comme dans une péricope lue récemment, le Christ annonce explicitement à Ses apôtres, la Passion, Sa Mort, et Sa Résurrection. Il n’est guère compris ! Les apôtres semblent préoccupés de prééminences : sujet futile ! Jacques et Jean Lui demandent d’être, dans Son Royaume, l’un à Sa droite, l’autre à Sa gauche. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? Recevoir le baptême que je vais recevoir ? « Nous le pouvons ! » répondent-ils avec présomption …

Effectivement, leur répond le Christ – et là nous entrons dans les choses sérieuses et dans la Vérité – vous boirez de la même coupe et vous serez baptisés du même baptême : et Il leur annonce par là leur martyre. Mais quant aux places que vous demandez, elles reviennent à ceux à qui elles ont été accordées … Ils comprennent ou ne comprennent pas, toujours est-il qu’il y a aussitôt après dispute entre les deux qui avaient parlé d’abord et les autres apôtres. Les apôtres, en somme, étaient bien humains … Comme nous mêmes ! Mais le Christ conclut ces discussions futiles en donnant le principe même du primat parmi les chrétiens : le Premier sera le serviteur de tous, comme le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner Sa vie POUR LE SALUT DE BEAUCOUP !

Conclusion : Tel est, Frères et Sœurs bien-aimés, notre Souverain Sacrificateur. Il est venu du « tabernacle éternel » pour remplacer les sacrifices en quelque manière fictifs de l’ancienne Loi, par le Sacrifice Véritable, que nous venons de célébrer ici, aujourd’hui même, en donnant Sa Vie pour nous. Quelle plénitude incommensurable de Son amour ! Oh certes, nous sommes, chacun de nous, tout petits, tout médiocres, tout nuls. Mais, comme la pécheresse, comme sainte Marie l’Egyptienne, nous pouvons aimer : aimons-Le de tout notre cœur, chers Frères et Sœurs et ayons totalement confiance en Son infinie Miséricorde !

AMIN

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4-e DIMANCHE de CARÊME
Saint Jean de l’Echelle (Climaque)

 

Hébr. VI,13-20 ; Marc IX,17-31
Eph. V,9-19 ; Mat. IV,25-V,12


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – L’apôtre, dans un paragraphe précédent poursuivait ses exhortations morales bien adaptées à ce temps pénitentiel : persévérez, ne vous relâchez pas, étant ceux qui, par la foi sont devenus héritiers de la Promesse, et de là il en vient au texte que vous avez entendu, c’est-à-dire à la Promesse de Dieu à Abraham : « Je te bénirai et multiplierai ta postérité … », mais il souligne que Dieu promet cela par serment, un serment sur Lui-même, puisqu’Il n’a pas de supérieur. Nous avons donc, comme Abraham dont nous sommes les héritiers, la Promesse ET le Serment. C’est là, ajoute-t-il, l’ancre – la métaphore est étrange – l’ancre par laquelle notre âme se trouve amarrée, une ancre qui pénètre au-dedans du rideau [le rideau mystique qui sépare le Sanctuaire du Temple où sont les fidèles], là donc où est entré notre « Précurseur », comme dit saint Paul, le CHRIST, grand Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech.

L’épître nous a fait passer du plan de la morale et de la bonne conduite aux réalités mystiques.

II – La péricope évangélique nous ramène, pourrait-on presque dire au plan de la quotidienneté – du miracle, cependant ! – puisqu’il s’agit de la guérison de l’enfant que notre médecine qualifierait d’épileptique, cet enfant possédé du démon lequel le faisait tomber dans des crises de tétanie et autres, le jetant éventuellement dans le feu ou dans l’eau.

Nous nous trouvons au plan de la thaumaturgie. Le Père qui amène son malade au Christ, lui dit qu’il l’a préalablement montré aux apôtres qui n’ont pu le guérir … « Hommes de peu de foi !» dit le Seigneur. Lui-même guérit l’enfant, ainsi que raconte l’évangile.

Mais le Christ dit au père : « Crois-tu ? ». La foi – dont témoigne aussitôt le malheureux père –, est l’adhésion indispensable de celui qui recourt au Christ.

Cette guérison – qui ne nous surprend pas ! – suscite par contre l’interrogation des apôtres : « Pourquoi, nous, n’avons-nous pu le guérir ? ». Or le Christ leur répond : « Cette race de démons ne peut être vaincue que par le jeûne et la prière ». Le jeûne et la prière, nous y sommes particulièrement adaptés en cette période de Carême, nous en expérimentons chaque jour la dimension morale et spirituelle. Nous progressons par le jeûne et la prière. Mais l’enseignement du Christ notre Dieu nous en fait percevoir ici la dimension MYSTIQUE. Nous connaissons leur dimension humaine et morale, mais le Christ nous fait percevoir leur efficacité AU DELA DU VOILE, dans cet au-delà du voile, où, par le Christ, nous sommes ancrés – comme un navire, selon la métaphore de l’apôtre Paul.

Etant ainsi prédisposés à comprendre, nous comprenons que la péricope évangélique se poursuive par l’annonce de la Passion et de la Résurrection : Celui qui, sous nos yeux a guéri le jeune épileptique, Il est notre grand prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. Les miracles qu’Il accomplit sont le prélude de cette GUÉRISON éternelle qu’est le Salut, accompli « une fois pour toutes » par notre grand prêtre éternel, le Christ.

III – « Vous étiez dans les ténèbres, mais vous êtes lumière dans le Seigneur : Marchez donc comme des enfants de lumière ! » dit l’épître aux Ephésiens qui détaille ensuite tous les fruits de l’esprit, la bonté, la justice, la vérité. C’est pourquoi il était dit : « Réveille-toi, toi qui dors et le Christ t’éclairera ! »

Mais l’évangile qui suit, en l’honneur du guide des moines qu’était saint Jean de l’Echelle (Climaque), n’est autre que le « grand » évangile des béatitudes, celui que l’on trouve chez saint Matthieu et celui que nous entendons tous les dimanches.

Sagesse surhumaine et divine, inépuisable et au-delà de tout commentaire et qu’on ne peut cesser de contempler et d’adorer !

En l’honneur de ce moine et guide spirituel éminent, en la pensée aussi de tous ceux qui sont dans les ténèbres et la recherche, de ceux qui sont dans l’angoisse et de tous ceux qui, dans notre paroisse, ont des raisons d’inquiétude ou de tristesse, je vais lire à nouveau ce « sermon des béatitudes » :

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux,

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés,

Heureux les doux car ils hériteront la terre,

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés,

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde,

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu,

Heureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu,

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux,

Heureux serez vous quand à cause de moi, on vous injuriera, on vous persécutera, on dira faussement de vous toute sorte de mal,

Réjouissez-vous alors et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car ainsi ont été persécutés les prophètes qui ont été avant vous.

Par les prières de saint Jean et des saints moines ascètes, puissions-nous nous aussi surmonter nos avanies et nos tristesses et parvenir à la pureté du cœur et à l’Illumination divine !

AMIN

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2° DIMANCHE de CARÊME

Saint Grégoire Palamas

 

Hébr. I,10-2 ; Marc II,1-12

Hébr. VII,26-VIII,2 ; Jn X,9-16

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

I - Le Péché et le Paralytique

A) A cet homme paralysé que l’on descend à ses pieds par le toit, le Christ « voyant sa foi », dit – ce qui peut paraître inattendu, voire non pertinent : « Tes péchés te sont pardonnés » …

Arrêtons-nous d’abord :

Nous sommes en ce moment dans le Carême, temps de la pénitence. Le plus urgent semble au Christ, quand Il voit le Paralytique, de lui dire : « Tes péchés te sont pardonnés ».

Qu’est ce que le péché, sinon LA PARALYSIE DE L’ÂME, Frères et Sœurs bien-aimés ? Du fait du péché, en effet, on n’avance plus, on est cloué à la terre …

B) Ce Paralytique – historique, dirais-je – est antérieur à la Confession et à la Pénitence sacramentelles, mais c’est avec juste raison que les prédicateurs orthodoxes prêchent, ce jour-là, sur la Confession, l’absolue nécessité de laver notre âme de tous ses péchés.

C) C’est dans un second temps seulement, et, « afin que vous sachiez que le Fils de l’Homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés », que le Christ dit au Paralytique : « Prends ton grabat et marche ! ».

Miracle saisissant ! Telle est l’autorité du Christ Dieu : c’est la contemplation première qui s’impose à nous en ce jour.

II – « Ô Dieu, - dit Dieu au Fils, dans l’Epître aux Hébreux - c’est Toi qui as fondé la terre dès le commencement, et les cieux sont l’œuvre de tes mains … Ils vieilliront comme un vêtement, tu les plieras et ils seront changés, mais Toi Tu seras toujours le même et tes années ne finiront point ».

L’épître aux Hébreux poursuit par un parallèle – inégal – entre le Fils et les anges ; « … et auquel de ses anges, Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je T’ai engendré aujourd’hui » [C'est-à-dire : hors du temps] ? Et l’Apôtre continue le parallèle  - opposition entre le Fils et les anges, il développe la fonction de ceux-ci : ils sont envoyés pour exercer leur ministère « en faveur de ceux qui doivent avoir l’héritage du salut » et il s’étend sur la parole qui a été annoncée par les anges et qu’il faut respecter … car la Foi n’abolit pas la Loi, mais elle l’accomplit.

III A) L’épître pour Grégoire Palamas vous est bien connue : « Car il nous était convenable d’avoir un tel souverain sanctificateur qui fut saint … » C’est l’épître que l’on lit souvent pour les grands saints.

Mais ce texte file un parallèle – ambiguïté, dirais-je, entre le saint que l’on honore et le Christ, elle file aussi l’opposition entre l’ancien sacrificateur – qui offrait et renouvelait le sacrifice pour ses péchés et ceux du peuple – et le nouveau, le Christ, qui a accompli le sacrifice, c’est-à-dire Sa Passion, une fois pour toutes

Qui a enlevé le péché du monde – d’où, en particulier, le pardon souverain accordé au Paralytique de la péricope du deuxième Dimanche.

B) L’évangile poursuit : « Je suis la Porte … Je suis le Bon Pasteur »

Tel est en effet la péricope de saint Grégoire Palamas dont nous célébrons la fête, lui, le hérault, le porte-parole de l’hésychasme, l’un des pères les plus prestigieux de l’Athos,

Lié à chacun de nous par la prière de Jésus, Saint Grégoire – début du XIV-e siècle – nous a laissé divers écrits théologiques dont certains sont singulièrement complexes, sur la distinction, en Dieu, de l’Essence et des énergies en particulier, sur la déification et la Lumière du Thabor ... Il est l’auteur d’homélies remarquables, dont son homélie sur la « Transfiguration » … Il eut une controverse célèbre avec le théologien Barlaam qui exprimait les points de vue romains.

Véritable phare de l’Orthodoxie,  saint Grégoire Palamas n’est pas indigne de se voir appliquer, comme au Christ les saintes paroles : « Je suis la Porte … Je suis le Bon Pasteur ».

L'important en l’occurrence, c’est l’évangile du Bon Pasteur : Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent … JE CONNAIS MES BREBIS ET MES BREBIS ME CONNAISSENT COMME JE CONNAIS LE PÉRE ET COMME LE PÈRE ME CONNAÎT  La connaissance des brebis est mise sur le même plan que la connaissance réciproque du Père et du Fils !

Les confessés doivent être purs, transparents comme le diamant  – voilà pourquoi le prêche de ce jour porte sur la confession !

Comme le Christ, et par Lui, saint Grégoire a été le Bon Pasteur. Souvenons-nous en en ce Dimanche du repentir et de la Pénitence.

AMIN

 

 

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