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SERMON du 14 e DIMANCHE après PENTECÔTE
[et de l’icône du Christ non faite de main d’homme]
Liturgie : Matt. XXII, 1-14
Luc IX, 51-56 et X, 22-24
AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs
I - Des deux évangiles de ce jour, nous retiendrons d’abord le message du second, celui de saint Luc qui nous fait apparaître la singulière équanimité du Christ notre Dieu. Les apôtres lui rapportent avec indignation qu’un quidam qui n’était aucunement de leur groupe, faisait des miracles au nom de Jésus : ils prétendaient le lui interdire. Mais le Christ notre Dieu ne les approuve pas « Quiconque n’est pas contre vous, leur dit-il, est avec vous ! »
Enseignement surprenant et remarquable …
Peu après, le Christ, qui se rendait pour la fête à Jérusalem, arrive à un bourg de Samaritains dont les habitants lui en interdisent l’accès. Il y avait en effet, vous le savez, un fort contentieux entre les Samaritains et les Juifs ; ceux-ci prétendaient qu’on ne peut rendre un culte à Dieu qu’à Jérusalem. Les Samaritains estimaient au contraire que l’on peut adorer Dieu dans tout lieu élevé. Le Christ, se heurtant à l’intolérance et à l’hostilité des Samaritains, se détourne tranquillement de leur bourg, poursuivant son chemin. « Veux-tu, comme Elie, faire tomber le feu du ciel sur eux et sur leur ville ? » lui demandent les apôtres. Mais le Christ, dans l’esprit de ce qu’il a dit plus haut, leur enseigne que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire périr, mais pour sauver ».
Or cette patience de Jésus n’est pas un mouvement simplement humain : en effet, l’évangile cité de saint Luc se poursuit par un passage qui se rapporte à un autre épisode – ce qui témoigne bien d’un enseignement concerté de « l’Eglise de la Foi transmise ». « Tout, enseigne-t-il, a été remis entre mes mains par mon Père » La patience – dont il vient de faire preuve – n’est pas celle d’un homme, mais du Tout-Puissant. Et il ajoute, s’adressant directement à ses apôtres : « Vous voyez ce que beaucoup de prophètes et de rois – pensons au saint Roi David – ont voulu voir et qu’ils n’ont pas vu ».
Ainsi sommes-nous amenés à considérer les Prophètes qui sont au cœur de l’évangile de ce 14 e dimanche que nous allons maintenant évoquer.
II – L’évangile de saint Matthieu pour ce quatorzième dimanche est celui des noces du Fils du Roi. Le Roi mariait son Fils, et, pour cette occasion, le festin préparé était plus que ce que l’on peut attendre en orient : il était d’une magnificence non seulement orientale, mais royale. Les bêtes avaient été égorgées à l’avance, les viandes et tous les autres mets avaient été préparés : au moment opportun, le Souverain envoie ses serviteurs convier les invités – car ceux-ci avaient été prévenus à l’avance. Mais, curieusement, l’un ou l’autre s’excusent : tel avait acheté un champ et voulait le visiter, tel autre avait une affaire en cours, un autre encore venait de se marier : bref, sous divers prétextes, tous refusent de se rendre à l’invitation.
Le Roi envoie à nouveau d’autres serviteurs – à la longueur de ces diverses circonstances, vous comprenez bien que ce récit ne se rapporte pas à des événements quotidiens, mais a une dimension symbolique – mais les serviteurs successivement envoyés sont aussi mal reçus que les premiers, voire plus mal : certains sont insultés, certains sont maltraités, certains sont tués … Vous pensez alors au prophète Zacharie, tué entre la nef et le sanctuaire : vous pensez bien, car c’est des prophètes qu’il s’agit effectivement ici. Tous ses prophètes que le Roi – c’est-à-dire Dieu – a envoyé au peuple juif, « les invités », pour une circonstance qui n’était autre que le mariage du Fils de Dieu et de la nature humaine, le Christ incarné.
Que fait le Roi ainsi bafoué par les invités qu’il avait choisis ? Il envoie son armée qui châtie les meurtriers et brûlent leur ville – c’est la fin de l’existence de la nation juive.
Ensuite, le Roi dit à ses serviteurs : « Le repas est prêt – vous voyez bien qu’il s’agit d’un symbole -, faites entrer tous ceux que vous rencontrerez par les chemins et par les places ». Ces nouveaux conviés qui n’étaient pas originellement invités, ce sont les Gentils, c’est-à-dire nous les non-juifs.
Ainsi font les serviteurs et ils sont bientôt en mesure d’annoncer au Roi que toutes les places au festin sont désormais occupées.
Le Roi vient à son tour, voit tous ces convives … Mais il remarque l’un d’entre eux qui est venu au banquet sans la robe nuptiale – c’est-à-dire sans s’être préparé pour ce festin royal, c’est-à-dire l’Eucharistie.
Le Roi lui demande les raisons de son comportement, l’autre bafouille, le Roi le fait prendre par ses gens, lier pieds et poings attachés et le fait jeter dans les ténèbres extérieures – où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Dieu est patient, nous l’avons vu, miséricordieux … Mais il est notre Roi. Il y a ses prescriptions, ses enseignements et ses lois. Il avait choisi les Juifs en leur donnant des règles qui devaient les conduire au Christ.
Celui qui refuse les comportements de salut, celui-là est rejeté dans les ténèbres du châtiment éternel.
Puissions-nous, frères et sœurs bien-aimés, ne pas confondre la PATIENCE de Dieu et le LAXISME DE L’INDIFFERENCE !
AMIN
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DORMITION de la MERE DE DIEU
Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit !
Bien aimés Frères et Sœurs,
I – A) Dormition, c’est le mot dont on se sert, s’agissant des saints ou de simples fidèles, pour parler de leur mort. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est donc morte le 15 / 28 août, au village de Gethsémani.
Tous les apôtres, miraculeusement rassemblés par la voie des airs, se trouvèrent là pour célébrer ses funérailles, sauf un – dont la tradition dit que c’était l’apôtre Thomas. Il arriva donc en retard, funérailles terminées.
« Ce n’est pas possible, - déclara ce retardataire - la Mère du Christ, celle qui L’a porté dans son sein, ne peut pas mourir : son corps ne peut pas être voué à la corruption ! »
Les autres confirmèrent pourtant qu’ils venaient de l’ensevelir. « Où l’avez-vous mise ? » demanda Thomas. On lui montra le sépulcre. – « Ouvrez-le ! » dit-il. Cet apôtre, vous le savez, n’était pas porté à admettre ce qu’il ne voyait pas. On ouvre le tombeau et le corps de la Mère de Dieu n’y était plus ! Mais le tombeau vide embaumait d’une odeur merveilleuse. L’odeur de sainteté, comme vous savez. Des peintres ont représenté la scène avec le sépulcre ouvert plein de roses.
Effectivement, le corps de celle qui a porté le Christ n’a pas connu la corruption. Voilà ce que nous savons et que nous apporte la Foi transmise. Tel est le Mystère merveilleux que nous avons reçu ... L’Eglise de Rome en a fait – tardivement – le « Dogme de l’Assomption ». Nous les orthodoxes nous respectons le Mystère.
B) Parenthèse non inutile : stupeur d’un catholique italien qui me sait orthodoxe lorsque je lui parlais de la dormition de la Mère de Dieu : « Parce que, pour vous, elle est Mère de Dieu ? » Il croit en l’Assomption, mais il ne sait pas que le Christ est Dieu !
Nous, nous Lui disons, tous les samedis : « Tu es notre Dieu : nous n’en connaissons pas d’autre que Toi ». Le Christ n’est pas notre Mahomet ! Avec l’Eglise, affirmons résolument la Maternité divine de la Mère de Dieu et la Divinité du Christ – car la Trinité que nous a révélée le Christ Lui-même – est consubstantielle et indivisible. Souvenons-nous aussi de cette réponse du Christ à l’Apôtre Philippe qui lui demandait de leur faire voir le Père : « Tu me le demandes depuis si longtemps que tu vis avec Moi ? Quiconque me voit, voit le Père ». Il n’y a pas d’autre icône du Père que le Fils.
II – Cette solennité merveilleuse d’aujourd’hui nous apporte encore de riches enseignements par les Lectures et par les Epîtres de la veille.
La lecture de la Genèse est le Songe de Jacob. Le saint patriarche s’est endormi sur la terre et il voit en songe une immense échelle qui monte jusqu'au ciel et sur laquelle s’appuie Dieu et par laquelle montaient et descendaient les anges. Elle monte au ciel, car elle est l’image de l’ascension spirituelle à laquelle nous sommes appelés. Mais elle repose sur la terre. Cette terre – la terre promise dont Dieu fait explicitement don à Jacob Israël. Mais cette terre est désormais l’Eglise – QUI EST L’ISRAËL DE DIEU.
La Lecture suivante est celle d’Ezéchiel qui voit la porte fermée par laquelle passera le Seigneur. Il y prendra son repas (Il s’incarnera) et Il ressortira par le même chemin, la porte restant fermée. C’est la virginité perpétuelle de Marie avant et après l’enfantement.
Des Proverbes, la Lecture prescrite est l’appel de la Sagesse aux Simples : « Vous recevrez l’intelligence » : telle est la prédication faite aux plus humbles. « Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché la sagesse aux Intelligents dont on connaît les prétentions, et de l’avoir révélée aux plus petits ».
L’épître aux Hébreux dit : « Souvenez-vous de vos évangélisateurs : Christ est le même, hier, aujourd’hui et toujours ». Cela nous dit la continuité intangible de la Foi Transmise.
Elle ajoute que Christ a été crucifié hors de la ville ; nous en effet, les chrétiens, nous n’avons pas de cité terrestre. Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange – ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui – car notre vraie cité est la cité céleste.
III – Ainsi avertis, en particulier sur la sagesse révélée aux humbles, avançons-nous maintenant au cœur de la célébration en cours. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est, selon l’enseignement de l’Eglise, « la plus haute de toutes les créatures ». Elle est l’incorruptible Fleur céleste et c’est elle que nous célébrons. Mais, PARADOXALEMENT – en apparence du moins … – l’évangile de la Fête ne parle pas d’elle. Il loue une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare … Or, notez-le, ce n’est pas une inadvertance qui serait nôtre : c’est la Tradition de toute l’Eglise, l’Eglise d’avant le schisme du XIe siècle car tel était aussi l’évangile de « l’Assomption » jusqu’au changement opéré par Pie XII en 1950 !
Mais la Vérité, Bien-aimés Frères et Sœurs, est plus grande que les apparences, la Transmission du Verbe transcende les simples paroles. L’évangile de ce jour se poursuit par une voix de femme s’élevant de la foule et disant : « Heureuses les entrailles qui T’ont porté … » Mais, Bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule, puisque Jésus était chez les deux sœurs et la voix de cette femme s’élevant de la foule c’était dans un autre épisode ! Cependant, l’Eglise toute entière nous a transmis cet évangile-ci avec ces deux parties accolées. L’anecdotique, en effet, est dépassé et avec cette fin accolée, l’évangile est vraiment celui de la Mère de Dieu. Marie a choisi « la meilleure part » : cela est vrai de la sœur de Marthe et plus encore de la Mère de Dieu, toujours en retrait, humble, apparemment effacée, et c’est à elle plus encore que s’applique la correction apportée par Jésus aux paroles de la femme de la foule : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent ! ». Qui avait mieux gardé la Parole de Dieu que Celle en qui s’était incarné le Verbe, Dieu Parole ?
… « Toi incomparablement plus glorieuse que les Séraphins » nous écrions-nous après la lecture complète et contemplative de cet Evangile d’aujourd’hui.
Aussi, le prélude adapté à cette glorification de la plus humble et de la plus glorieuse de toutes les créatures était-il justement celui de la veille, comme toujours, celui de la Visitation :
« Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses ! »
AYANT EU LA GRÂCE DE PARTICIPER A CETTE FÊTE, glorifions sans cesse dans notre cœur Celle qui fut par son humilité et qui continue d’être, incomparablement, le réceptacle de Dieu !
AMIN
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LA TRANSFIGURATION
AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs
I - La Fête de la Transfiguration est une très grande fête chrétienne. Elle nous est une consolation dans ce jeûne de la Toute Sainte. La Transfiguration se produisit quarante jours avant la Passion, montrant bien que celle-ci était volontaire pour le Salut des hommes.
Le Christ avait pris pour compagnons dans l’ascension de la montagne trois disciples seulement, Pierre Jean et Jacques – Il avait d’ailleurs annoncé à mots couverts que certains verraient Sa gloire céleste avant leur mort. Et là, sur le Thabor, a lieu la prodigieuse Transfiguration : Son visage était plus brillant que le soleil et Ses vêtements éblouissants de blancheur.
Or, étaient auprès de Lui, s’entretenant de Son retour à Jérusalem et de Sa mort, Moïse et Elie – que les apôtres ont reconnus sans les avoir jamais vus : sagesse des témoins des apparitions …
La voix du Père lui rendit témoignage : « Celui-ci est mon Fils Bien-aimé » …, une nuée lumineuse – le Saint Esprit – les renveloppait.
Le témoignage du Père, en la présence de l’Esprit, le Précurseur l’avait déjà vu, mais ici Jésus Lui-même est transfiguré. Il n’est plus simplement Homme mais Fils de Dieu. La Transfiguration est apparition pleine de la Divinité. Les apôtres tombent la face contre terre. Car ils ont vraiment vu Dieu !
Adorons, Bien-aimés Frères et Sœurs et partageons leur bouleversement !
II – Les deux Prophètes, instantanément identifiés par les apôtres, sont Moïse et Elie qui, eux aussi, d’une certaine manière mais de manière certaine, avaient vu Dieu.
Moïse avait gravi une autre montagne, le Sinaï, il avait vu le Buisson ardent, après six jours le Seigneur lui avait donné les Tables de la Loi – c’est à dessein que l’apôtre Paul, dans l’épître de la veille de ce jour rapproche et oppose l’écriture dans la pierre et ce qui est gravé dans les cœurs –, Moïse avait donc reçu une révélation écrite. Par ailleurs, comme le dit l’Exode, il s’entretenait familièrement avec Dieu « comme un ami avec un ami ». Mais c’est lui qui dans une autre épisode du même livre demande à Dieu de lui prouver qu’Il conduit véritablement son peuple en se manifestant visiblement à Son serviteur. Dieu accède à sa demande, mais lui dit « Quand je passerai, je mettrai ma main sur tes yeux et ensuite tu me verras de dos car on ne peut voir mon visage sans mourir » – raison pour laquelle, quand nous vénérons le suaire le Vendredi Saint, nous mettons un linge sur le visage du Christ.
Moïse le visionnaire de l’Ancien Testament, a donc aussi vu Dieu – sans voir Son visage.
Elie également, humble et pieux, conversait familièrement avec Dieu.
C’est le cas, en particulier, lorsque, dans son affliction de persécuté fugitif, il demande à Dieu de lui ôter la vie. Le fidèle serviteur de Dieu est à bout de sa résistance humaine – c’est aussi très peu de jours avant la Passion que le Christ se laisse voir transfiguré … – et Dieu dans Son affection, Se manifeste à Elie. Sous quelle forme ? Il lui dit qu’il entendra d’abord un épouvantable ouragan, ensuite un tremblement de terre : Dieu n’était ni en l’un ni en l’autre de ces phénomènes. Ensuite il percevra une brise légère et là était Dieu !
Singulière humilité du Tout Puissant qui a fait le ciel et la terre …
Semblablement, quand les apôtres, ayant finalement compris – même Pierre avait compris ! ce qui se passait – étaient tombés face contre terre, quand ils relevèrent la tête, ils trouvèrent en face d’eux, le Christ homme, seul et bienveillant.
Mais ils devenaient vraiment les Apôtres qui allaient nous porter l’Illumination et la Vie.
Et le Prophète Elie peu après le murmure de la brise légère, sacre un roi d’Israël et il investit son successeur Elisée.
Peu après également, il montera sur le char de feu.
Représentant les vivants aux côtés du Christ dans la Transfiguration, lui aussi « qui n’a pas connu la mort » reviendra peu avant la fin du monde et le Retour en Gloire du Christ lors de Son Second Avènement.
Car c’est ce Second Avènement que nous annonce aussi en ce jour la Transfiguration du Seigneur.
ATTENDONS LE AVEC FERVEUR ! et, comme Moïse et Elie, comme les saints apôtres, SOYONS PORTEURS DE LA RÉVÉLATION …
AMIN