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SERMON du 28-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Apôtre Philémon
Matines : Luc XXIV, 36-53
Liturgie : Coloss. I, 12-18 ; Luc XIV, 16-24
Philémon I, 1-25 ; Luc X, 1-15
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs
I – Ce passage de l’Epître aux Colossiens que vous venez d’entendre est d’une densité singulière et, en quelques lignes, l’Apôtre Paul nous donne tout ce que la Révélation nous a enseigné et c’est, pourrait-on dire, la mine inépuisable dans laquelle travaillent tous les théologiens chrétiens.
Rendons grâces au Père, commence-t-il, qui nous a fait passer dans le Royaume de Son Fils bien-aimés. Voilà en effet le « royaume » qu’annonçaient le Christ, puis, à sa suite, les apôtres, royaume qui, par la Grâce, est en ce monde et qui n’est pas de ce monde. C’est l’Evénement fondamental de l’histoire humaine, lequel est l’Avènement du Fils en qui, explique l’apôtre, nous avons la Rédemption : tout est changé et tout devient clair à nos yeux parce que, par le Fils, nous sommes sauvés !
« Vrai Dieu de vrai Dieu » dit le Symbole de foi et l’apôtre formule la relation fondamentale du Fils au Père : Il est l’image du Dieu invisible. Il n’y a pas en effet d’autre icône du Père que le Fils. Arbitraire, voire blasphématoire est cette représentation du Père comme d’un vieillard barbu si fréquente dans l’art occidental !
L’apôtre poursuit son enseignement en disant du Fils : « c’est par Lui qu’ont été créées toutes les choses visibles et invisibles », tout ce qui existe, paraphraserons-nous, visiblement ou invisiblement. Mais il ajoute, indiquant la finalité du créé : Tout a été créé par Lui et pour Lui. Le Fils est avant toutes choses et toutes choses subsistent par Lui – c’est ce que les théologiens appellent « la Création continuée ».
C’est Lui qui est le Chef de l’Eglise, le Commencement – natchatok –, le premier-né d’entre les morts : afin qu’Il tienne le premier rang en toutes choses.
II – Cette merveilleuse synthèse du Christianisme est suivie par la parabole du festin de l’évangile de saint Luc.
Un « maître de maison » – et nous savons que par là est souvent désigné Dieu – faisait un grand festin. Ses serviteurs avertissent les invités – ils étaient donc prévenus ! – que le grand repas est prêt. Mais l’un dit qu’il vient d’acheter un champ et qu’il va le visiter, un autre qu’il a acheté des paires de bœufs et veut les voir au travail, un autre encore qu’il vient de se marier … Bref, tous les invités, sous un prétexte ou sous un autre, font défaut au maître de maison. Celui-ci est fort irrité et dit à ses serviteurs de faire entrer les pauvres, les impotents, les boiteux, les aveugles … Ainsi font-ils et ils viennent ensuite avertir le maître qu’il y a encore des places libres.
« Allez par les chemins et faites entrer tous ceux que vous trouverez … - mais voici la décision terrible – aucun de ceux qui avaient été invités ne mangera de mon souper »
Au premier niveau, cela désigne évidemment l’exclusion des Juifs qui n’ont pas répondu à l’appel du Christ et qui ont été remplacés par les « gentils », ceux des « nations » étrangères parmi lesquels nous nous retrouvons nous-mêmes.
Mais au second niveau cela ne risque-t-il pas de s’appliquer aussi à ceux d’entre nous, les chrétiens qui avons reçu l’enseignement du Christ, qui sommes toujours conviés à Son repas, mais qui sommes distraits par nos affaires et nos préoccupations et qui les faisons passer AVANT la préoccupation fondamentale, celle du Salut ?
Interrogeons-nous, Bien-aimés Frères et Sœurs, il y a le sens allégorique qui désigne souvent des faits historiques, mais il y a le sens anagogique qui désigne les vérités supérieures et spirituelles, mystiques si vous voulez…
Et je ferai ici une incursion dans la péricope de l’évangile – de Luc également – propre à la fête de saint Philémon. C’est la mission donnée aux soixante-dix qui sont envoyés par le Christ pour annoncer la bonne nouvelle et accomplir toutes les bonnes œuvres qui y sont liées, guérir les malades, purifier les lépreux, ressusciter les morts … Or le Christ leur dit, dans quelque maison où vous entriez, donnez-leur la paix : certains seront bien disposés, d’autres moins, « votre paix vous reviendra … » Mais si on ne vous reçoit pas, partez et secouez la poussière de vos pieds : SODOME, au Dernier Jour, sera traitée moins mal que ces bourgs qui ne vous auront pas reçus.
Suivent les malédictions de Khorazine, Bethsaïde et Capharnaüm.
Cette péricope de saint Philémon, complète celle du festin et des invités conviés qui refusent le repas.
Interrogeons-nous dans le secret de notre conscience et NE REFUSONS JAMAIS la Grâce du Christ qui est l’icône du Père, l’alpha et l’oméga !
AMIN
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SERMON du 27-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Matines : Luc 24, 12-35
Liturgie : Ephés. 6, 10-17; Luc 13, 10-17
Ephés. 6, 10-17 ; Luc 12, 8-12
Nous avons en ce 27-e Dimanche qui est aussi la célébration de martyrs et confesseurs, deux péricopes évangéliques et, de plus, l’évangile de matines et ce sont les armes dont nous sommes équipés – selon les métaphores de l’épître – pour comprendre l’enseignement, saisissant voire paradoxal, sur le péché contre le Saint-Esprit, seul impardonnable.
I – Dans ce passage de l’Epître aux Ephésiens, l’apôtre Paul nous détaille, sous forme d’images, l’équipement qui doit être le nôtre en tant qu’évangélisateurs et lutteurs contre les démons. Restez avec le Seigneur et prenez les armes de Dieu pour combattre le diable, car notre adversaire véritable n’est pas, comme en apparence, fait de chair et de sang. C’est le démon sous toutes ses formes et en toutes ses forces ; d’où la belle évocation allégorique : prenez la ceinture de la Vérité, la cuirasse de la Justice, les sandales de l’évangélisation, le bouclier de la Foi, le casque du Salut, et l’épée spirituelle qu’est la Parole de Dieu ... Nous sommes ainsi axés sur la Confession dont il va être question par la suite.
II – Face à l’Evangile que nous prêchons, il y a d’abord – sans mauvaise volonté – la simple inintelligence. C’est ce que nous voyons avec les deux voyageurs d’Emmaüs. Ils n’étaient pas du tout hostiles, puisqu’ils étaient des disciples du Christ. Or, tandis qu’ils cheminaient, le Christ ressuscité les abordent – ils ne Le reconnaissent évidemment pas – et leur demande de quoi ils parlaient et pourquoi ils semblent si tristes. Les deux pèlerins s’étonnent qu’Il ne soit pas au courant, l’informent, Lui parlent de Jésus, de Sa condamnation et de Son exécution. C’était un prophète puissant en actes et en paroles, disent-ils … et nous pensions que ce serait Lui qui délivrerait Israël. Ils ne renient pas Jésus, L’admirent toujours, ils écoutent attentivement les citations que leur fait ensuite Jésus, car il s’agissait de leur propre culture juive, mais ils n’avaient pas compris quel était le Royaume que Jésus annonçait.
Il peut y avoir un autre type d’inintelligence – sans même parler de malveillance caractérisée – et c’est ce qui apparaît dans la péricope de ce Dimanche. Il s’agissait d’une femme courbée en deux depuis dix-huit ans. Le Christ lui dit : « Femme, tu es délivrée ! » – ce qui était suffisant, nous le savons par d’autres épisodes –, mais en outre Il lui impose les mains. Le Chef de la synagogue rappelle : « Il y a six jours pour travailler : venez donc dans ces jours-là pour être guéris ». Ce responsable de synagogue ne nie pas le miracle : mais il faut venir un autre jour que celui du sabbat ! Il ne nie pas, mais il ne comprend pas. Il y a en effet l’inintelligence de ceux qui dont butés dans leurs habitudes et dans leur Loi.
III – Nous arrivons ainsi à l’évangile des Confesseurs que nous honorons en ce jour.
« Quiconque, dit le Christ, Me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera devant les anges. Mais celui qui Me reniera sera renié devant les anges. »
Nous voyons en passant, le rôle des anges – dont nous parlions Dimanche dernier – dans notre Salut.
Il poursuit – et ici nous sommes confrontés à ce qui est vraiment difficile –, en disant : « Quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme – c’est-à-dire le Christ Lui-même ! – il lui sera pardonné. Mais celui qui aura blasphémé contre l’Esprit, il ne lui sera PAS pardonné ! »
Nous ressentons un moment de stupeur : nous sommes tellement habitués à l’accueil bienveillant de tous les pécheurs.
Les pécheurs repentis, cependant …
La suite nous aide à comprendre : « On vous mènera devant les puissants, devant les tribunaux : ne vous mettez pas en peine de ce que vous répondrez car le Saint-Esprit vous enseignera ! »
Nous célébrons aujourd’hui des confesseurs martyrs : mais l’Esprit est plus grand que la Confession …
Car il est L’EGLISE sur la terre et aux cieux.
C’EST-A-DIRE LA PRÉSENCE DE DIEU !
Que, par l’intercession des saints Martyrs, le Christ notre Dieu soit toujours avec nous !
AMIN
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SERMON du 26-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Fête de l’archange Michel et des Puissances célestes
Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : Ephés. V, 9-19; Luc XII, 16-21
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien- aimés Frères et Sœurs,
I – Vous étiez autrefois dans les ténèbres. Vous êtes maintenant dans la Lumière Marchez donc comme des enfants de la Lumière, dit l’Epître. Le fruit de l’Esprit, c’est tout ce qui est bon, la vérité, la justice, toutes sortes de bonnes œuvres, recherchez ce qui plaît au Seigneur. N’ayez donc pas part aux œuvres de ténèbres ! Condamnez-les plutôt !
Ne vous enivrez pas, ne faites pas de festins … Le péché d’Adam, rappelons-le, était aussi Gourmandise. Pratiquons LE JEÛNE ! Fuyez les choses malhonnêtes, ce que d’autres font en secret finit toujours par apparaître et est condamné par la Lumière.
« Réveille-toi toi qui dors, ajoute l’apôtre en une citation biblique, relève-toi et Christ t’éclairera ! »
C’est de Lui que vient tout ce qui est bon. Vivez dans la prière, les cantiques, soyez judicieux en tout, mesurés …
Faites de saintes lectures. Lisez chaque jour l’épître et l’évangile du jour. Telle pieuse fidèle avait toujours sur sa table de chevet les Psaumes : avant de s’endormir, elle en lisait deux ou trois ... Dites sans vous lasser la prière de Jésus : le chapelet est notre recours et même en marchant, même en conduisant notre voiture, nous pouvons prier ! Le jeûne n’est pas uniquement l’abstention de certaines nourritures : il est l’effort de toute l’âme pour être toujours avec Dieu.
Rachetons le Temps, car les jours sont mauvais !
Les temps sont mauvais : vous n’avez qu’à ouvrir le journal et, dans le délire du mois des « fêtes » comme on dit, vous n’aurez qu’à regarder l’agitation, les débordements, les frénésies de jouissance et de divertissements.
Le déferlement des biens du monde n’est pas dans la ligne de l’évangile et de la vérité ! Il en est le contraire !
II – C’est ce que nous montre en ce jour la parabole du riche qui avait une récolte exceptionnelle, un afflux exceptionnel de tout ce qui était non seulement l’abondance, mais la surabondance et le superflu. Ce riche se réjouissait, il prenait des mesures en conséquence, il pensait faire abattre ses greniers, en faire de plus grands, et il disait en lui-même : « Réjouis-toi mon âme – c’est-à-dire : ma vie - ! Mange, bois, fais la fête … »
« Sot ! lui dit Dieu : ta vie – ton âme - te sera redemandée cette nuit même ! De tous les biens que tu as amassés, que t’en restera-t-il ? »
Le hiérodiacre Vissarion, commentant cette péricope, raconte l’anecdote suivante sur Alexandre le Grand. Alexandre avait conquis, après bien d’autres royaumes, la Perse. Il fit alors venir les plus grands sages de ce pays et il leur dit : « Demandez-moi ce que vous voudrez : je vous le donnerai ! » - «Împårate (ce qui veut dire : roi en vieux roumain), donne-nous de vivre sans mourir ! » Alexandre s’emporta : « On m’avait dit que vous étiez des sages : je vois que vous êtes idiots ! Tous les hommes meurent ! » - « Mourras-tu toi aussi, împårate ? » - « Ça, c’est absolument certain ! … » - « Alors, quand tu mourras, tous ces royaumes que tu as conquis, toutes ces richesses … que t’en restera-t-il ? » Alexandre fut troublé et y pensa longuement.
Ce sont les païens qui recherchent les biens terrestres. Vous, nous, enrichissons-nous en Dieu ! Notre âme éternelle est plus importante que tous les biens terrestres.
III – Le calendrier fait que, cette année, en même temps que le 26-e Dimanche, nous célébrons la fête du saint Archange Michel et des autres Puissances célestes.
Vêpres : Jésus fils de Navila V, 13-15 ; Juges, VI, 2- 7, 11-24 ; Isaïe, XIV, 7-20
Hébr. : II, 2-10 ; Luc X, 16-21
Les anges sont les premières créatures créées. Ils étaient lumière, mais la seule lumière parfaite est Dieu. Ils étaient donc accessibles aux tentations de ténèbres et ainsi chuta Satan – que mentionne le Christ dans la péricope évangélique d’aujourd’hui – ainsi que ses compagnons qui devinrent les démons. Les démons nous tentent, mais les anges nous gardent : les textes nous le rappellent parfois et nous ne devons jamais l’oublier. Invoquons dans le calme de la prière nos anges gardiens !
Les humains, créés ensuite, ne participent pas aux charismes des anges – nous le savons et nous l’expérimentons ! – mais ils sont, comme le rappelle l’Epître aux Hébreux lue en ce jour, « de peu inférieurs aux anges ».
Les anges – l’épître d’aujourd’hui le mentionne –, ils ont pris part à l’éducation des hommes. A plusieurs reprises, ils se sont manifestés aux hommes. Ainsi en a-t-il été pour Jésus fils de Navila dont le livre suit immédiatement le cinquième de Moïse dont ce Jésus était un disciple. L’ange lui apparut portant une épée. Es-tu des nôtres ou de nos compétiteurs ? demanda cet homme de Dieu. L’ange lui répondit : « Je suis archi stratège du Seigneur. Quitte tes chaussures, car le lieu que tu foules est sacré ».
C’est un ange qui apparut à l’humble Gédéon qui vaquait comme il le pouvait à ses modestes travaux ruraux sous l’oppression des Madianites. Un ange lui apparut et lui dit que lui-même vaincrait cet ennemi. Gédéon prépare un sacrifice, de son bâton, l’ange allume le feu sacrificiel. Gédéon comprend et il s’attend à mourir car il a vu ce qui est divin, mais le Seigneur lui révèle qu’il ne mourra pas et effectivement il vainc l’ennemi.
Car il y a des princes mauvais ce qui était le cas du Roi de Babylone séparé par ses crimes et au-delà de la mort des autres souverains défunts, comme le rappelle la troisième lecture, les anges étant mêlés aux affaires humaines.
Mais comment se fait-il que ce soit aux hommes – et non aux anges – que soit soumis « le monde à venir », selon l’Epître aux Hébreux ? Tu as mis, dit encore le même texte, toutes choses sous ses pieds … Vous le comprenez, bien-aimés Frères et Sœurs, Celui qui est en cause dans cette interrogation sous-jacente, c’est Jésus-Christ, lui qui a été, pour un temps dit l’Apôtre, de peu inférieur aux anges. La prescience du rôle du Christ fut la cause, disent les Pères, de la révolte de Satan. J’ai vu Satan tomber du ciel comme l’éclair ! dit en l’évangile de ce jour le Fils de Dieu lui-même.
L’explication dernière et suprême elle est dans le texte de l’Epître que vous avez entendue. C’est par la mort qu’Il a soufferte que le Christ, afin que par la Grâce de Dieu Il souffrît la mort pour tous, nous a sauvés. L’apôtre explicite : « Il était convenable que Celui par qui et pour qui sont toutes choses, consacrât l’Auteur de leur salut PAR LA SOUFFRANCE ».
Voilà pourquoi et comment, Frères et Sœurs bien-aimés, LA CROIX du Christ notre Dieu est l’explication dernière et suprême DE TOUT L’UNIVERS.
AMIN
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SERMON du 25-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Saints anargyres Cosme et Damien
Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : Ephés. IV, 1-6 ; Luc X, 25-37
I Cor. XII, 27 – XIII, 8 ; Matt. X, 1, 5-8
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs
I – Il y a entre les deux fêtes de ce jour et les textes correspondants des interférences évidentes : l’évangile du 25-e Dimanche est celui du bon Samaritain et les saints que nous célébrons sont Cosme et Damien qui, non seulement guérissaient – ce qui n’est pas à la portée de tous les médecins … – mais ne faisaient pas payer [et nous nous souvenons de l’hémorroïsse de dimanche dernier qui avait, en vain, dépensé tout son argent en médecine].
Cosme et Damien sont connus en Occident et en Orient, alors que les deux autres médecins miraculeux, Cyr et Jean, ne sont vraiment connus qu’en Orient.
Nous méditerons d’abord sur l’évangile du bon Samaritain. Le Docteur de la Loi qui interrogeait le Christ sur les moyens de faire son Salut éternel, et qui confirme lui-même qu’il faut aimer Dieu par-dessus tout et aimer son « prochain » comme soi-même, voulant tenter Jésus, lui demande : « Qui est mon prochain ? ». Linguistiquement, c’est celui qui est « le plus près », ce qui, ethniquement, était entendu par les Juifs en termes de parenté. Le paradoxe – toujours valable pour nous ! –, c’est qu’il ne s’agit pas, dans la parabole du Christ, de parenté ou de familiarité, mais d’un inconnu … qui, simplement, se trouve là …
Le second paradoxe – ethnique celui-là – est que le comportement exemplaire présenté par le Christ est celui d’un Samaritain, c’est-à-dire d’un groupe hébraïque avec lequel les Juifs évitaient toute relation.
Ce n’est pas moins provocateur – comme nous dirions aujourd’hui – que le contre exemple de cette anecdote, celui de deux ecclésiastiques juifs ...
L’important est de faire comprendre que le prochain est tout homme qui se trouve en proximité physique avec nous et qui, manifestement, a besoin d’aide.
Mais l’épître correspondante est le passage des Ephésiens, typiquement doctrinal et théologique : « … conservez l’unité de l’Esprit ». Il y a, poursuit l’apôtre, un seul Corps et un seul Esprit, comme vous êtes appelés à une seule espérance … Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême … Tel est le fondement de l’amour, pour le « prochain » en particulier.
II – C’est à l’amour qu’est consacrée l’épître pour Cosme et Damien – alors que les « guérisons » – gratuites au demeurant : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement – ne sont évoquées – dans la péricope de l’évangile de Matthieu précédemment entendu, que comme un accompagnement de la prédication du royaume des cieux.
Le cœur de l’épître est l’exaltation inconditionnelle de la charité, c’est-à-dire de l’amour. Comme en un préambule, l’apôtre évoque la variété des dons – des aptitudes et vocations – dans l’Eglise qui est le Corps du Christ. Certains sont apôtres, d’autres prédicateurs, d’autres théologiens. Certains ont le don des miracles, d’autres des guérisons, d’autres d’assister ou de secourir, d’autres de parler en langues selon la formule …
Mais là s’accomplit le retournement dialectique qui conduit à la surévaluation de l’amour : « quand bien même je parlerais toutes les langues, si je n’ai pas la charité, je ne serais qu’une cymbale ! Si j’ai le don de prophétie, si je connais tous les mystères, si j’ai la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien ».
La louange de la charité, de sa douceur, de sa modestie se poursuit : « … la charité excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais ».
L’apôtre conclut même : « Maintenant [dans notre vie terrestre, simple prélude de la vie éternelle] ces trois demeurent, la foi l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité ».
III – Certes, notre vie terrestre n’est qu’un prélude et nous ne sommes pas encore dans le monde vrai.
Aussi bien, l’évangile de Matines a-t-il pour nous quant à nos possibilités et à notre vocation supérieure et définitive, une résonance manifestement résolutive. Le Christ, après être apparu à Marie-Madeleine, dont le témoignage n’a pas été cru, aux pèlerins d’Emmaüs, dont le témoignage n’a pas été cru non plus, le Christ apparaît finalement à tous les apôtres. Il leur reproche leur dureté de cœur et il leur donne la mission fondamentale : « Allez … prêchez l’évangile à toutes les nations. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ». Il leur annonce les miracles qui les accompagneront, parmi lesquels la guérison des malades.
Ces guérisons seront un effet de la Grâce de leur charité !
Que cette charité, avec celle du bon Samaritain, soit dans nos cœurs !
AMIN
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SERMON du 24-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Saints Martyrs Marcien et Martyrien
Matines : Marc XVI, 1-8
Liturgie : Eph. II, 14-22 ; Luc VIII, 41-56.
Eph. IV, 7-13 ; Mat. X, 1, 5-8
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs,
I – La péricope évangélique de ce jour est l’inoubliable épisode de la résurrection de la fille de Jaÿre, au milieu duquel s’intercale la guérison de l’hémorroïsse, deux manifestations spectaculaires de la Toute Puissance du Christ qui a dit : « Tout pouvoir M’a été donné au Ciel et sur la Terre ».
A - Jaÿre était un « chef de la synagogue », venu se jeter à ses pieds en le priant de guérir sa fille, âgée de douze ans, qui se mourait. Jésus y va. Mais, pendant qu’il marchait entouré d’une foule nombreuse, une humble femme, hémorroïsse depuis douze ans, s’approche et touche par derrière le vêtement de Jésus et elle est guérie aussitôt. Jésus demande « Qui m’a touché ? » alors qu’Il était entouré par la foule, mais Il a senti qu’« une force est sortie de Lui ». La femme se voyant découverte tombe à Ses pieds et raconte son humble histoire et Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ».
Sur ces entrefaites, arrivent les serviteurs de Jaÿre disant de ne pas déranger le Maître car sa fille venait de mourir. Jésus dit à Jaÿre : « Crois seulement ! Ta fille sera guérie ».
Ils arrivent dans la maison du chef de la synagogue, tout le monde est en pleurs. Jésus dit : « Ne pleurez pas : elle dort ! » On se moque de Lui, Il entre avec les parents dans la chambre de la jeune défunte, Il la prend par la main : « Jeune fille, lève-toi ! » Et elle se lève.
B - Faisons mémoire de deux autres résurrections que rapportent les évangiles : le fils de la veuve de Naïm, pendant qu’on l’enterrait – on enterrait le troisième jour – et son ami Lazare, le 4-e jour, alors, dit Marthe, qu’il puait déjà : la corruption de la chair étant déjà commencée. Mais Christ notre Dieu est le Maître de la vie et de la mort.
A Ses apôtres, lorsqu’Il les envoie prêcher deux par ceux, Il leur dit également, dans le passage même de Matthieu qu’on vient de lire en l’honneur des martyrs Marcien et Martyrien : « guérissez les malades, ressuscitez les morts » (Matt. 10, 8).
La mort, ne l’oublions pas, est un châtiment d’Adam après sa faute.
Christ vainqueur de la mort est vraiment le nouvel Adam.
II – Mais nous, les hommes, nous ne sommes pas le Nouvel Adam. Ce que le Christ nous recommande, c’est la FOI. Nous le voyons dans l’épisode de Jaÿre : « Crois seulement ! ».
Il faut venir à Lui, car l’homme est libre, nous l’avons souvent rappelé.
Ce n’est pas toujours facile : Jaÿre était un personnage important, un chef, nous dit le texte évangélique, dans la synagogue et chacun connaît l’opposition virulente à l’égard de Jésus de la synagogue et des pharisiens.
C’est une démarche volontaire aussi que celle de l’hémorroïsse, ruinée par les médecins et qui va à Jésus avec une foi totale. Elle s’approche par derrière et elle est guérie alors que Jésus ne la voit pas !
Quant au Fils de la veuve de Naïm, il n’avait rien demandé puisqu’il était déjà mort !
« Demandez et vous recevrez ». Mais le Tout Puissant aussi reste libre et sa bonté est infinie et ne connaît pas de limites. Il a vu passer l’enterrement du fils unique de la veuve de Naïm et il « s’est ému en son cœur ».
III – Le franchissement de toutes les limites, tel est l’enseignement que nous apporte l’épître de ce jour.
« De deux peuples, par sa Croix, il en a fait un seul ».
Il y avait en effet d’abord les circoncis et les incirconcis. Il y avait aussi, puisque la Palestine était envahie, les Juifs et les « Gentils », c’est-à-dire ceux qui appartenaient à d’autres nations, ceux qui étaient proches depuis toujours et ceux qui l’étaient devenus récemment. Le Christ lui-même, de son vivant, était allé au-delà : nous l’avons vu guérir le serviteur du « centurion » et constater : « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ! »
Néanmoins, sa révélation du franchissement des limites du peuple juif a été progressive.
Avant la Résurrection : (Matt. 10, 5), il a dit encore dans la péricope de Matthieu lue aujourd’hui : « N’allez pas chez les gentils … N’allez pas chez les Samaritains ». « Allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël » : il y avait urgence, en effet, et c’est d’abord pour le peuple juif que le Seigneur avait été envoyé : « Prêchez et dites que le Royaume des cieux approche ! »
Mais Lui-même néanmoins … Rappelons-nous cette Samaritaine ... qu’Il feignait de ne considérer, à l’étonnement des apôtres qui Le pressaient de lui donner satisfaction : « Il n’est pas bon, disait-il, de donner aux chiens le pain des enfants ». Oui, mais répondit l’humble samaritaine, les chiens aussi mangent sous la table le pain qui tombe de la table des enfants ! Et elle obtient ce qu’elle demandait.
Car il n’y a pas en fait de limitation de l’œuvre salvatrice : vous étiez loin, mais maintenant vous êtes tous proches, dit le texte des Ephésiens, car Celui qui est descendu des cieux a fait que, vous tous chrétiens, vous êtes, avec vos vocations et dons divers, des parties d’un même édifice, le Corps du Christ et la Maison de Dieu.
Après la Résurrection, par suite, l’universalité de l’œuvre salvatrice est nette et impérative : «Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».
La charité du Christ notre Dieu n’a point de limites : Il est vraiment le Vainqueur de la Mort pour toutes les nations !
AMIN