SERMON du 28-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Apôtre Philémon
Matines : Luc XXIV, 36-53
Liturgie : Coloss. I, 12-18 ; Luc XIV, 16-24
Philémon I, 1-25 ; Luc X, 1-15
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT
Bien-aimés Frères et Sœurs
I – Ce passage de l’Epître aux Colossiens que vous venez d’entendre est d’une densité singulière et, en quelques lignes, l’Apôtre Paul nous donne tout ce que la Révélation nous a enseigné et c’est, pourrait-on dire, la mine inépuisable dans laquelle travaillent tous les théologiens chrétiens.
Rendons grâces au Père, commence-t-il, qui nous a fait passer dans le Royaume de Son Fils bien-aimés. Voilà en effet le « royaume » qu’annonçaient le Christ, puis, à sa suite, les apôtres, royaume qui, par la Grâce, est en ce monde et qui n’est pas de ce monde. C’est l’Evénement fondamental de l’histoire humaine, lequel est l’Avènement du Fils en qui, explique l’apôtre, nous avons la Rédemption : tout est changé et tout devient clair à nos yeux parce que, par le Fils, nous sommes sauvés !
« Vrai Dieu de vrai Dieu » dit le Symbole de foi et l’apôtre formule la relation fondamentale du Fils au Père : Il est l’image du Dieu invisible. Il n’y a pas en effet d’autre icône du Père que le Fils. Arbitraire, voire blasphématoire est cette représentation du Père comme d’un vieillard barbu si fréquente dans l’art occidental !
L’apôtre poursuit son enseignement en disant du Fils : « c’est par Lui qu’ont été créées toutes les choses visibles et invisibles », tout ce qui existe, paraphraserons-nous, visiblement ou invisiblement. Mais il ajoute, indiquant la finalité du créé : Tout a été créé par Lui et pour Lui. Le Fils est avant toutes choses et toutes choses subsistent par Lui – c’est ce que les théologiens appellent « la Création continuée ».
C’est Lui qui est le Chef de l’Eglise, le Commencement – natchatok –, le premier-né d’entre les morts : afin qu’Il tienne le premier rang en toutes choses.
II – Cette merveilleuse synthèse du Christianisme est suivie par la parabole du festin de l’évangile de saint Luc.
Un « maître de maison » – et nous savons que par là est souvent désigné Dieu – faisait un grand festin. Ses serviteurs avertissent les invités – ils étaient donc prévenus ! – que le grand repas est prêt. Mais l’un dit qu’il vient d’acheter un champ et qu’il va le visiter, un autre qu’il a acheté des paires de bœufs et veut les voir au travail, un autre encore qu’il vient de se marier … Bref, tous les invités, sous un prétexte ou sous un autre, font défaut au maître de maison. Celui-ci est fort irrité et dit à ses serviteurs de faire entrer les pauvres, les impotents, les boiteux, les aveugles … Ainsi font-ils et ils viennent ensuite avertir le maître qu’il y a encore des places libres.
« Allez par les chemins et faites entrer tous ceux que vous trouverez … - mais voici la décision terrible – aucun de ceux qui avaient été invités ne mangera de mon souper »
Au premier niveau, cela désigne évidemment l’exclusion des Juifs qui n’ont pas répondu à l’appel du Christ et qui ont été remplacés par les « gentils », ceux des « nations » étrangères parmi lesquels nous nous retrouvons nous-mêmes.
Mais au second niveau cela ne risque-t-il pas de s’appliquer aussi à ceux d’entre nous, les chrétiens qui avons reçu l’enseignement du Christ, qui sommes toujours conviés à Son repas, mais qui sommes distraits par nos affaires et nos préoccupations et qui les faisons passer AVANT la préoccupation fondamentale, celle du Salut ?
Interrogeons-nous, Bien-aimés Frères et Sœurs, il y a le sens allégorique qui désigne souvent des faits historiques, mais il y a le sens anagogique qui désigne les vérités supérieures et spirituelles, mystiques si vous voulez…
Et je ferai ici une incursion dans la péricope de l’évangile – de Luc également – propre à la fête de saint Philémon. C’est la mission donnée aux soixante-dix qui sont envoyés par le Christ pour annoncer la bonne nouvelle et accomplir toutes les bonnes œuvres qui y sont liées, guérir les malades, purifier les lépreux, ressusciter les morts … Or le Christ leur dit, dans quelque maison où vous entriez, donnez-leur la paix : certains seront bien disposés, d’autres moins, « votre paix vous reviendra … » Mais si on ne vous reçoit pas, partez et secouez la poussière de vos pieds : SODOME, au Dernier Jour, sera traitée moins mal que ces bourgs qui ne vous auront pas reçus.
Suivent les malédictions de Khorazine, Bethsaïde et Capharnaüm.
Cette péricope de saint Philémon, complète celle du festin et des invités conviés qui refusent le repas.
Interrogeons-nous dans le secret de notre conscience et NE REFUSONS JAMAIS la Grâce du Christ qui est l’icône du Père, l’alpha et l’oméga !
AMIN
.