SERMON du 22 e DIMANCHE a. P.
Et Pères du 7-e Concile Œcuménique, Nicée-II
Vêpres : Gen. 14, 14-20 – Deut. 1, 8-11, 15-17 – Deut. 10, 14-21
Matines : Jean, 21, 1-14
Liturgie : Gal, 2, 16-20 Luc 16, 19-31
Hébr. 13, 7-16 Jean 17, 1-13
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs !
Ce 22-e Dimanche après la Pentecôte est aussi celui où nous célébrons la mémoire des Pères du 7-e (et dernier) Concile œcuménique, convoqué par l’Impératrice Irène en 787 dans la ville de Nicée. Ce Concile de Nicée-2 nous est particulièrement cher car, réuni contre l’iconoclasme, il établit la légitimité de la vénération des icônes. La crise de « l’iconoclasme » a duré, comme vous le savez, cent vingt ans. Elle était déjà ancienne au temps d’Irène, elle a repris ensuite pour ne prendre définitivement fin que sous les saints empereurs Michel et Théodora en 843, mais le Concile de Nicée-2 entérine et définit dogmatiquement la légitimité de cette vénération.
Les textes de cette grande fête, y compris les lectures de la veille et l’évangile de Matines sont nombreux et denses. Afin de ne pas se perdre dans cette exceptionnelle richesse de faits et de symboles, disons qu’ils s’organisent autour de trois pôles qui nous serviront de guides et de références : ces pôles sont le "choix", la "justice", le "repas" (dont nous savons qu’il marque l’unité – icône de la Trinité - et préannonce l’eucharistie).
Genèse XIV raconte comment Abraham libéra son parent Lot dont il récupéra les biens. Or là apparaît le mystérieux Melchisédec, roi de Salem : du Christ il est dit : «Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédec ». Or Melchisédec fait apporter du pain et du vin – notre « pôle » du "repas" – il bénit (signe de supériorité) Abraham qui lui paye la dîme.
Dans le premier texte du Deutéronome, Moïse montre aux Juifs la Terre Promise – où il n’entrera pas –, il institue les juges – notre « pôle » de la "justice" – qui ne feront pas (la formule reviendra) «acception de personnes». Le deuxième texte du Deutéronome évoque le "choix" divin, souverain, du peuple juif : circoncisez votre cœur, est-il ajouté. Ce sacrifice volontaire [la circoncision, physique ou morale] prélude à la fonction de justice divine « qui n’a pas acception de personnes », formule que nous retrouvons ;
L’évangile de Matines, c’est la troisième apparition du Christ après la Résurrection – nous l’avons lu récemment –, les apôtres voient le Christ (qu’ils ne reconnaissent pas) sur le rivage, qui leur conseille de jeter le filet sur la droite de la barque : ils font une pêche miraculeuse – notre « pôle » du "repas", et, effectivement le Christ quand ils débarquent leur donne du pain et du poisson : c’est un repas commun, d’unité donc, même si ce n’est pas encore l’eucharistie.
L’épître /aux Galates/ rappelle avec vigueur – elle aussi nous l’avons lue dernièrement – que ce n’est pas par la Loi, mais uniquement par la Foi que l’homme est justifié – notre « pôle » de la "justice" – mais cette affirmation est transcendée par la vérité mystique : ce n’est plus moi qui vis, dit l’apôtre, c’est le Christ qui vit en moi. « Je vis dans la Foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré POUR MOI ».
L’évangile de ce Dimanche est l’histoire du riche jouisseur et du pauvre Lazare. Tous deux meurent la même nuit. Le riche, dans les flammes de ses tourments, voit de loin Lazare dans le sein d’Abraham. Il dialogue avec Abraham, lui demande d’envoyer Lazare mouiller son doigt pour lui humecter la langue … Envoie-le au moins, ajoute-t-il, à mes cinq frères pour qu’ils ne vivent pas comme moi et se repentent. « Ils ont Moïse et les prophètes : ils ne croiraient pas davantage un mort ressuscité ».
Effectivement, ils n’ont pas cru le Christ ressuscité !
L’épître propre aux Pères du 7-e Concile est cette péricope : « Priez pour ceux qui vous ont enseigné la foi. Christ est le même, hier, aujourd’hui et toujours ». Il est mort, hors de la porte ainsi qu’il était rituel, pour sanctifier le peuple par Son propre Sang.
Mais comment comprendre vraiment, comme le dit l’épître, que nous n’avons pas en ce monde de cité permanente et s’en pénétrer vraiment ? Pourtant le Salut est à ce prix.
L’évangile des Pères du 7-e Concile qui ont lutté pour la vérité et pour la foi, même si la méchanceté du monde ne leur a pas toujours donné la victoire, n’est autre que la grande prière sacerdotale de Jésus. Là reparaît le choix – notre premier « pôle » …– Je prie pour eux, dit le Christ, je prie pour ceux que tu m’as donnés … JE NE PRIE PAS POUR LE MONDE …
Que le Seigneur nous donne d’être toujours circoncis de cœur et de nous approcher, tremblants et fidèles, de son choix souverain, car Il est le même aujourd’hui et toujours.
AMIN