MESSAGE   PASCAL

S.E. IRÉNÉE, Évêque de Lyon et de l'Europe Occidentale

à tous les fidèles pieux de l'Église Orthodoxe Russe

à l'Étranger et dans la Patrie

 

Les chrétiens célèbrent Pâque. Dieu-Trinité avait déjà préfiguré cet événement dans l'Ancien Testament comme le fait de « passer à côté » du danger mortel qui pesait sur le peuple juif en Égypte. L'ange exterminateur avait terrassé tous les premiers-nés parmi les hommes et le bétail, excepté les Juifs dont les maisons avaient été marquées de sang. Il passait devant ces maisons, montrant ainsi aux païens les Juifs restés fidèles à Dieu.

L’Église néo-testamentaire, pareille à l'arche de Noé, rassemble tous ceux qui sont fidèles au Christ et les mène au salut, leur faisant éviter les récifs et les bancs de sable. La destination ultime de ce périple salvifique, c'est la Terre Promise, le Royaume des Cieux. L'humanité a cheminé en direction de ce Royaume durant des millénaires, dans l'obscurité, mais voilà que cette marche s'est illuminée d'un événement extraordinaire – la Résurrection dans la chair de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Dieu le Père a envoyé sur terre Son Fils Unique, notre Sauveur Jésus-Christ, afin qu'Il libère l'humanité de la perdition et de l'esclavage du diable. Le péché de l'homme ne pouvait être racheté que par les souffrances sur la Croix et la mort du Fils de l'Homme. Sans la Croix, il n'y aurait pas eu de Résurrection.

On aurait pu croire qu'après la tempête furieuse de ces dernières années, l'escadre de l’Église Hors-Frontières perdrait ses repères sacrés et se dévoierait du chemin du salut la Résurrection du Soleil de Justice, le Christ. Et effectivement, nombre de navires ont péri dans les eaux troubles de l'égarement ecclésial et se sont perdus dans des mers hostiles. Certains se sont échoués sur des bancs de sable, d'autres se sont fracassés contre des récifs, mais le vaisseau-amiral a réussi à maintenir le cap et derrière lui se sont rangés des navires rescapés, abimés par la tempête. La Lumière sacrée de la Résurrection du Christ est notamment préservée dans les cœurs de navigateurs valeureux qui traversent la houle de l'œcuménisme et du sergianisme. « Christ est Ressuscité », – scintille le phare du cap de l'Espérance Ecclésiale. Par un chemin ardu, mais avec une marche assurée, les navires de l'escadre Russe Hors-Frontières, entrainant dans leur sillage nombre de navires endommagés, se dirigent à sa rencontre. « En vérité, Il est Ressuscité », – entend-on retentir tel un puissant ˝hourra˝ sur tous les ponts de la Flotte Hors-Frontières, aujourd'hui libérée de ses traitres et de ses renégats.


IRÉNÉE, Évêque de Lyon et de l'Europe Occidentale

Pâque 2011

Bournoié - Bonn - Lyon



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SERMON  du SAMEDI de LAZARE

Hébr. : XII, 28 – XIII, 8 ; Jean XI, 1-45

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

I « Dieu est un feu brûlant » commence l’apôtre, dans cette péricope presque finale de l’Epître aux Hébreux, et il poursuit en évoquant toutes les vertus conseillées aux chrétiens, l’hospitalité – certains n’ont-ils pas reçu des anges, sans le savoir … – la visite des prisonniers, le mariage honorable, l’absence de toute avarice ; toutes les vertus personnelles, en somme ; Dieu n’a-t-il pas dit : Je ne t’abandonnerai point.

Il faut se souvenir aussi de nos maîtres, ceux qui nous ont apporté la Parole de Dieu, imiter leur foi et leur vie.

L’apôtre conclut ces avis par cette vérité de référence, absolue et qui est la base de tout : « Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement»

Mémorable Préambule qui nous conduit à la Résurrection de Lazare.

II Celle-ci est racontée par saint Jean dans toutes ses circonstances.

Lazare était tombé – gravement – malade et ses sœurs, Marthe et Marie firent prévenir son ami, le Seigneur. Mais Celui-ci ne se pressa pas de venir : cette maladie n’est pas la fin : elle est pour la gloire du Fils de Dieu … Le Seigneur, en l’occurrence, ne se désigne pas, ici, comme « Fils de l’Homme », comme Il le fait souvent. C’est en effet en tant que Dieu qu’Il ressuscitera Lazare.

Il prend son temps, deux jours passent, et Il dit aux apôtres : « Lazare dort ! ». « S’il dort, c’est qu’il va mieux ! » disent ceux-ci avec bon sens. Mais le Seigneur explicite : « Lazare est mort et je me réjouis à cause de vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez ! ».

Jésus a ressuscité d’autres morts, le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaÿr … mais jamais Il n’avait explicité cet objectif. Nous sommes vraiment dans une circonstance exceptionnelle – puisque nous arrivons à quelques jours de la Passion – et la résurrection de Lazare est elle-même singulièrement spectaculaire. Elle l’est d’autant plus que Lazare était mort depuis quatre jours : or chacun sait, dans les civilisations traditionnelles, que l’âme ne quitte le corps que le troisième jour – commencement de la corruption de la chair.

L’apôtre poursuit, il modèle son récit sur la lenteur de son Divin Maître. Marthe, sachant que Jésus arrivait vient à sa rencontre et lui dit : « Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort

« Ton frère ressuscitera ! » - « Au dernier Jour, je sais bien ! » répond la pieuse Marthe.

« Je suis la Résurrection et la Vie» – autre révélation exceptionnelle dans cet épisode d’exception. « Quiconque croit en Moi – fût-il mort – vivra ! Crois-tu cela ? » Marthe acquiesce et elle poursuit : « Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde» Plénitude de la foi, de la confession explicite de Marthe …

L’épisode évangélique continue à se dérouler, lentement. Marthe fait avertir sa sœur, celle-ci quitte ses visiteurs – qui la suivent en pensant qu’elle va pleurer sur la tombe de son frère. Elle arrive. Le Seigneur n’a pas bougé du lieu où il avait rencontré Marthe … Marie arrive, tombe aux pieds de Jésus en pleurant et redit à peu près les mêmes paroles que Marthe. Les autres Juifs qui l’avaient suivi, pleuraient aussi … Jésus frémit en Lui-même, Il demanda : « Où l’avez-vous mis ? » – Car homme, Il ne le savait pas –, et Lui aussi pleura, si bien que les témoins disaient :  « Voyez comme Il l’aimait » …

On le conduit au tombeau ; Il dit d’enlever la pierre qui fermait le sépulcre – « Seigneur, dit Marthe, il pue déjà … ». Lazare était mort depuis quatre jours et la corruption de son corps avait commencé.

Alors le Fils de Dieu adresse à Son Père une brève prière : Je sais bien que Tu m’écoutes toujours, mais je te remercie à cause de ceux-ci. Alors, en tant que Dieu, Il crie d’une voix forte : « Lazare, sors de là ! »  et Lazare, tout enveloppé de bandelettes – qui rendent tout mouvement impossible – sort du tombeau, le visage encore couvert du voile de face.

 

Quelques jours plus tard, il participait à un repas chez lui avec ses amis et ses proches, en présence de Jésus.

La résurrection de Lazare MORT DEPUIS QUATRE JOURS est, peut-on penser, le sommet incontestable de tous les miracles accomplis par le Seigneur lors de Sa vie terrestre !

Que les prières de saint Lazare nous accompagnent en cette fin du Carême.

 

AMIN



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SERMON de l’ANNONCIATION

 

Vêpres : Exod. III, 1-8 ; Prov. VIII, 22-30 – Genèse XVIII, 20-33

Matines : Luc, I, 39-49, 56

Liturgie : Hébr. II, 11-18 ; Luc I, 24-38

 

AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

L’Annonciation est le commencement de notre Salut ! ont dit avec justesse les Pères de l’Église. C’est une très grande fête de la Mère de Dieu, mais parmi les grandes célébrations mariales non dépourvues entre elles de similitudes liturgiques, la liturgie de l’Annonciation nous apporte des enseignements d’une particulière richesse.

I Elle comporte, initialement, une prémonition théophanique d’une forte densité symbolique. Tiré de l’Exode, c’est l’épisode du Buisson ardent. Moïse voit dans la montagne déserte un Buisson qui brûlait sans se consumer. Surpris de ce phénomène, il s’approche et Dieu lui parle : « Déchausse-toi [ce qui veut dire que la terre de ce lieu est sacrée], Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob … ». De ce buisson ardent, Dieu s’adresse à lui. Ces paroles divines venues d’un buisson qui ne se consumait pas sont manifestations du Dieu-Parole, c’est-à-dire du Verbe, et nous savons, nous orthodoxes, que le buisson ardent est une icône de la Mère de Dieu qui porta en elle le Verbe de Dieu sans être consumée. Or Dieu dit à Moïse qu’Il a vu l’affliction des Hébreux sous les Égyptiens et qu’Il est résolu à les délivrer et à les conduire vers la Terre Promise.

C’est donc la grande libération historique des Hébreux, prélude à la libération des humains, opérée par le Libérateur qui naîtra selon la parole de l’ange du buisson non consumé, Marie la Vierge.

Nous joindrons à cette annonce de joie, le passage de la Genèse lu à la Sixième Heure. Il s’agit de Sodome et Gomorrhe dont le scandale est monté jusqu’à l’Éternel qui envoie des anges – apparus au Chêne de Mambré. Or tandis que ceux-ci vont remplir leur mission, Abraham continue, avec une hardiesse dont il est confus, son dialogue avec l’Éternel … « Peut-être y a t-il dans ces villes perverties, cinquante justes Les feras-Tu périr et ne feras-Tu pas grâce à cause d’eux ». « Je ferai grâce, dit Dieu, pour ces cinquante justes ! » - Et, poursuit Abraham, s’il ne s’en trouve que quarante-cinq ? – Je ferai grâce, dit Dieu pour ces quarante-cinq ! Le dialogue continue : « Et s’il n’y en a que quarante ? Dieu fera grâce ! Abraham continue longuement … « Et s’il ne s’en trouve que dix ? » Le Seigneur fera grâce à cause de ces dix !

Même pour une poignée de justes !... Nous voyons par là l’infinie Miséricorde de Dieu, cette Miséricorde dont procède notre Salut dont nous célébrons l’annonce.

II - Avec la péricope de l’Épître aux Hébreux de l’apôtre Paul, nous sommes au cœur de l’avènement du Salut : Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés ne sont qu’un : c’est pourquoi Il – c’est-à-dire le Christ – n’a pas honte de les appeler Ses frères. C’est les enfants que Dieu Lui a donnés, et, puisque ces enfants sont chair et sang, Il a Lui-même participé à leur nature, afin que, souverain sacrificateur semblable à tous ses frères – de la postérité d’Abraham que nous retrouvons ici – Il détruisît, par sa mort l’empire du diable et de la mort.

Car Il n’a pas pris les anges, mais la descendance d’Abraham. C’est pourquoi il a fallu qu’Il fût semblable en toutes choses à Ses  frères, afin qu’Il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle – repensons à l’inlassable miséricorde du Dieu d’Abraham – et qu’Il remplisse pleinement l’expiation pour les péchés du peuple dont Il avait assumé la nature.

III – Rien, en effet, n’est impossible à Dieu.

D’où l’association, dans les deux péricopes évangéliques, de la conception de la Stérile – c’est-à-dire Élisabeth, la mère du Précurseur – et de l’Incarnation du Verbe en Marie la Vierge.

L’évangile de Matines est en effet celui de la Visitation : l’ange en effet dans son annonce à Marie avait explicitement mentionné l’attente inattendue d’Élisabeth et Marie lui rend aussitôt une longue visite. Élisabeth s’émerveille que la mère de son Seigneur la visite : Tu es bénie entre les femmes, dit-elle, et le fruit de ton sein est béni, et Marie répond : Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur …

Auparavant, l’ange Gabriel avait paru devant Marie : Réjouis-toi, Marie pleine de grâces, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes et avait annoncé qu’elle concevrait un fils auquel elle donnerait le nom de Jésus … Marie s’était étonnée « car elle ne connaît pas d’homme ». L’ange lui dit que l’Esprit surviendra en elle, et, lui révélant que la stérile Élisabeth attend un enfant, il ajoute : « car rien n’est impossible à Dieu »

Christ S’est incarné du Saint-Esprit et de Marie la Vierge. Il a vécu parmi nous. Il a été crucifié et Il est ressuscité : par Sa mort, Il a vaincu la Mort. Rendons-Lui gloire ! et vénérons l’Annonciation faite à Marie, la toujours vierge.

 

AMIN


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QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME

Saint Jean de l’Echelle

Hébr. VI : 13-20 ; Marc IX : 17-31

Eph. V : 9-19 ; Matth. IV :25 - V :12

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

I - L’apôtre, dans un paragraphe précédent poursuivait ses exhortations morales bien adaptées à ce temps pénitentiel : persévérez, ne vous relâchez pas, étant ceux qui, par la foi sont devenus héritiers de la Promesse, et de là il en vient au texte que vous avez entendu, c’est-à-dire à la Promesse de Dieu à Abraham : « Je te bénirai et multiplierai ta postérité … », mais il souligne que Dieu promet cela par serment, un serment sur Lui-même, puisqu’Il n’a pas de supérieur. Nous avons donc, comme Abraham dont nous sommes les héritiers, la Promesse ET le Serment. C’est là, ajoute-t-il, l’ancre – la métaphore est étrange – l’ancre par laquelle notre âme se trouve amarrée, une ancre qui pénètre au-dedans du rideau [le rideau mystique qui sépare le Sanctuaire du Temple où sont les fidèles], là donc où est entré notre « Précurseur », comme dit saint Paul, le CHRIST, grand Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech.

L’épître nous a fait passer du plan de la morale et de la bonne conduite aux réalités mystiques.

II - La péricope évangélique nous ramène, pourrait-on presque dire au plan de la quotidienneté – du miracle, cependant ! – puisqu’il s’agit de la guérison de l’enfant que notre médecine qualifierait d’épileptique, cet enfant possédé du démon lequel le faisait tomber dans des crises de tétanie et autres, le jetant éventuellement dans le feu ou dans l’eau. Nous nous trouvons au plan de la thaumaturgie. Le Père qui amène son malade au Christ, lui dit qu’il l’a préalablement montré aux apôtres qui n’ont pu le guérir … « Hommes de peu de foi ! » dit le Seigneur. Lui-même guérit l’enfant, ainsi que raconte l’évangile.

Mais le Christ dit au père : « Crois-tu ? ». La foi – dont témoigne aussitôt le malheureux père –, est l’adhésion indispensable de celui qui recourt au Christ.

Cette guérison – qui ne nous surprend pas ! – suscite par contre l’interrogation des apôtres : « Pourquoi, nous, n’avons-nous pu le guérir ? ». Or le Christ leur répond : « Cette race de démons ne peut être vaincue que par le jeûne et la prière ». Le jeûne et la prière, nous y sommes particulièrement adaptés en cette période de Carême, nous en expérimentons chaque jour la dimension morale et spirituelle. Nous progressons par le jeûne et la prière. Mais l’enseignement du Christ notre Dieu nous en fait percevoir ici la dimension MYSTIQUE. Nous connaissons leur dimension humaine et moral, mais le Christ nous fait percevoir leur efficacité AU DELA DU VOILE, dans cet au-delà du voile, où, par le Christ, nous sommes ancrés – comme un navire, selon la métaphore de l’apôtre Paul.

Etant ainsi prédisposés à comprendre, nous comprenons que la péricope évangélique se poursuive par l’annonce de la Passion et de la Résurrection : Celui qui, sous nos yeux a guéri le jeune épileptique, Il est notre grand prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. Les miracles qu’Il accomplit sont le prélude de cette GUÉRISON éternelle qu’est le Salut, accompli « une fois pour toutes » par notre grand prêtre éternel, le Christ.

III - « Vous étiez dans les ténèbres, mais vous êtes lumière dans Seigneur : Marchez donc comme des enfants de lumière ! » dit l’épître aux Ephésiens qui détaille ensuite tous les fruits de l’esprit, la bonté, la justice, la vérité. C’est pourquoi il était dit : « Réveille-toi, toi qui dors et le Christ t’éclairera ! »

Mais l’évangile qui suit, en l’honneur du guide des moines qu’était saint Jean de l’Echelle, n’est autre que le « grand » évangile des béatitudes, celui que l’on trouve chez saint Matthieu et celui que nous entendons tous les dimanches.

Sagesse surhumaine et divine, inépuisable et au-delà de tout commentaire et qu’on ne peut cesser de contempler et d’adorer !

En l’honneur de ce moine et guide spirituel éminent, en la pensée aussi de tous ceux qui sont dans les ténèbres et la recherche, de ceux qui sont dans l’angoisse et de tous ceux qui, dans notre paroisse, ont des raisons d’inquiétude ou de tristesse, je vais lire à nouveau ce «  sermon des béatitudes » :

Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux,

Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés,

Bienheureux les doux car ils hériteront la terre,

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés,

Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde,

Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu,

Bienheureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu,

Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux,

Bienheureux serez vous quand à cause de moi, on vous injuriera, on vous persécutera, on dira faussement de vous toute sorte de mal,

Réjouissez-vous alors et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car ainsi ont été persécutés les prophètes qui ont été avant vous.

Par les prières de saint Jean et des saints moines ascètes, puissions-nous nous aussi surmonter nos avanies et nos tristesses et parvenir à la pureté du cœur et à l’Illumination divine !

 

AMIN



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3e DIMANCHE de CARÊME

VÉNÉRATION de la CROIX

 

Liturgie : Hébr. IV,14-V,-6 ; Marc VIII,34-IX,1

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

ICe troisième dimanche de Carême est celui de la Croix. Nous avons eu, avec le Triomphe de l’Orthodoxie, la fête des Icônes qui sont le signe visible de la Divinité du Christ. « Dieu, nous L’avons vu », c’est le cri de victoire des orthodoxes. Nous L’avons vu et nous Le voyons dans toutes nos églises, dans toutes nos maisons, présent dans Ses saintes icônes que nous vénérons avec piété, sur lesquelles nous déposons avec ferveur le baiser de nos lèvres.

Le deuxième dimanche de Carême était celui de ce maître de la mystique, Grégoire Palamas, guide de nos âmes par l’hésychasme, lequel, par l’inhabitation en nous du Nom de Jésus, nous conduit à la participation de la Lumière incréée, la Lumière du Thabor.

Dans la continuation de ce cheminement de carême, voici que, en ce troisième dimanche, nous sommes directement face à face avec la Croix, avec le Christ Lui-même qui nous a sauvés et rachetés par Sa Croix.

IIA cette confrontation nous prépare l’Epître aux Hébreux dans la péricope d’aujourd’hui, tout entière consacrée au Sacerdoce de Jésus-Christ, sacerdoce souverain et éternel. Nous avons en Christ, le souverain Sacrificateur, Celui qui peut offrir le Don pour le peuple – puisqu'Il connaît par Son Humanité notre humanité qu’Il élève vers Dieu. Ces offrandes, il est dit, ailleurs, qu’Il les a accomplies une fois pour toutes, puisque Il s’est offert Lui-même par la Croix.

Or, cette médiation, poursuit l’Apôtre, personne ne peut s’en investir soi-même, l’assumer soi-même. Aussi le Christ ne s’est-Il pas attribué la gloire d’être souverain sacrificateur, Il l’a reçue de Celui qui a dit : « Tu es Mon Fils : aujourd’hui [C’est-à-dire : éternellement] Je T’ai engendré. Mais le Même Lui a dit aussi : « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech –  « L’ordre de Melchisédech »  correspondant au Nouveau Sacerdoce, celui de la Foi, alors que le sacerdoce ancien, celui d’Aaron et des lévites, était celui de la Loi. Or le Christ était de la tribu de Juda (dans laquelle, jusqu’alors, ainsi que le rappelle un peu plus loin l’apôtre Paul, il n’y avait pas eu de sacerdoce).

IIILa révélation plénière, en ce jour et pour toute la suite, se trouve dans la péricope évangélique de Marc.

C’est une révélation traumatisante pour chacun de nous :

« Quiconque veut venir à Moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ! »

« Qu’il se charge de sa croix », cela a été dit avant la crucifixion, ce qui montre, à la fois que cette crucifixion était volontaire et également que cette exhortation ne s’applique pas à un acte unique du fidèle, mais à toute sa vie.

En effet, le Christ précise : « quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de Moi et de l’évangile la sauvera ».

« Vouloir sauver sa vie » qu’est-ce à dire ? C'est-à-dire : vouloir pour soi tous les biens désirables de ce monde, une situation sociale toujours meilleure, toujours plus d’argent, et par suite, tous les biens que l’on désire et dont on veut jouir ?

Or le Christ ajoute : « Que servirait-il de gagner le monde [donc tous les biens que j’ai dit] et de perdre son âme ? »

Il explicite également ce que signifie cette course après les biens humains : « Quiconque aura eu honte de Moi et de Mes parolesl’appât du gain et des jouissances, vous le comprenez, bien-aimés Frères et Sœurs, est en effet une répudiation du Christ – quiconque aura eu honte de Moi et de Mes paroles, le Fils de l’Homme le répudiera aussi quand Il viendra avec ses anges ! »

L’option de la croix n’est pas facultative : elle est la condition même du Salut !

Pensons-y avec gravité, frères et sœurs bien-aimés !

Mais la contrepartie est à portée de la main : certains ne mourront point sans avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance ! Cela ne s’applique pas seulement aux témoins historiques de la Transfiguration, mais à tous ceux qui, suivant la voie de saint Grégoire Palamas, verront luire sur eux la Lumière Incréée.

Que, par Sa Croix, le Christ notre Dieu nous accorde aussi cette Illumination plénière.

AMIN


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