SERMON du 25-e DIMANCHE après PENTECÔTE

Saints anargyres Cosme et Damien

Matines  : Marc XVI, 9-20

Liturgie : Ephés. IV, 1-6 ; Luc X, 25-37

I Cor. XII, 27 – XIII, 8 ; Matt. X, 1, 5-8

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

I Il y a entre les deux fêtes de ce jour et les textes correspondants des interférences évidentes : l’évangile du 25-e Dimanche est celui du bon Samaritain et les saints que nous célébrons sont Cosme et Damien qui, non seulement guérissaient – ce qui n’est pas à la portée de tous les médecins … – mais ne faisaient pas payer [et nous nous souvenons de l’hémorroïsse de dimanche dernier qui avait, en vain, dépensé tout son argent en médecine].

Cosme et Damien sont connus en Occident et en Orient, alors que les deux autres médecins miraculeux, Cyr et Jean, ne sont vraiment connus qu’en Orient.

Nous méditerons d’abord sur l’évangile du bon Samaritain. Le Docteur de la Loi qui interrogeait le Christ sur les moyens de faire son Salut éternel, et qui confirme lui-même qu’il faut aimer Dieu par-dessus tout et aimer son « prochain » comme soi-même, voulant tenter Jésus, lui demande : « Qui est mon prochain ? ». Linguistiquement, c’est celui qui est « le plus près », ce qui, ethniquement, était entendu par les Juifs en termes de parenté. Le paradoxe – toujours valable pour nous ! –, c’est qu’il ne s’agit pas, dans la parabole du Christ, de parenté ou de familiarité, mais d’un inconnu … qui, simplement, se trouve là

Le second paradoxe – ethnique celui-là – est que le comportement exemplaire présenté par le Christ est celui d’un Samaritain, c’est-à-dire d’un groupe hébraïque avec lequel les Juifs évitaient toute relation.

Ce n’est pas moins provocateur – comme nous dirions aujourd’hui – que le contre exemple de cette anecdote, celui de deux ecclésiastiques juifs ...

L’important est de faire comprendre que le prochain est tout homme qui se trouve en proximité physique avec nous et qui, manifestement, a besoin d’aide.

Mais l’épître correspondante est le passage des Ephésiens, typiquement doctrinal et théologique : « … conservez l’unité de l’Esprit ». Il y a, poursuit l’apôtre, un seul Corps et un seul Esprit, comme vous êtes appelés à une seule espérance … Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême … Tel est le fondement de l’amour, pour le « prochain » en particulier.

II C’est à l’amour qu’est consacrée l’épître pour Cosme et Damien – alors que les « guérisons » – gratuites au demeurant : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement – ne sont évoquées – dans la péricope de l’évangile de Matthieu précédemment entendu, que comme un accompagnement de la prédication du royaume des cieux.

Le cœur de l’épître est l’exaltation inconditionnelle de la charité, c’est-à-dire de l’amour. Comme en un préambule, l’apôtre évoque la variété des dons – des aptitudes et vocations – dans l’Eglise qui est le Corps du Christ. Certains sont apôtres, d’autres prédicateurs, d’autres théologiens. Certains ont le don des miracles, d’autres des guérisons, d’autres d’assister ou de secourir, d’autres de parler en langues selon la formule …

Mais là s’accomplit le retournement dialectique qui conduit à la surévaluation de l’amour : « quand bien même je parlerais toutes les langues, si je n’ai pas la charité, je ne serais qu’une cymbale ! Si j’ai le don de prophétie, si je connais tous les mystères, si j’ai la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien ».

La louange de la charité, de sa douceur, de sa modestie se poursuit : « … la charité excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais ».

L’apôtre conclut même : « Maintenant [dans notre vie terrestre, simple prélude de la vie éternelle] ces trois demeurent, la foi l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité ».

III Certes, notre vie terrestre n’est qu’un prélude et nous ne sommes pas encore dans le monde vrai.

Aussi bien, l’évangile de Matines a-t-il pour nous quant à nos possibilités et à notre vocation supérieure et définitive, une résonance manifestement résolutive. Le Christ, après être apparu à Marie-Madeleine, dont le témoignage n’a pas été cru, aux pèlerins d’Emmaüs, dont le témoignage n’a pas été cru non plus, le Christ apparaît finalement à tous les apôtres. Il leur reproche leur dureté de cœur et il leur donne la mission fondamentale : « Allez … prêchez l’évangile à toutes les nations. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ». Il leur annonce les miracles qui les accompagneront, parmi lesquels la guérison des malades.

Ces guérisons seront un effet de la Grâce de leur charité !

Que cette charité, avec celle du bon Samaritain, soit dans nos cœurs !

 

AMIN

 

 

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SERMON du 24-e DIMANCHE après PENTECÔTE

Saints Martyrs Marcien et Martyrien

 

Matines : Marc XVI, 1-8

Liturgie : Eph. II, 14-22 ; Luc VIII, 41-56.

Eph. IV, 7-13 ; Mat. X, 1, 5-8

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs,

ILa péricope évangélique de ce jour est l’inoubliable épisode de  la résurrection de la fille de Jaÿre, au milieu duquel s’intercale la guérison de l’hémorroïsse, deux manifestations spectaculaires de la Toute Puissance du Christ qui a dit : « Tout pouvoir M’a été donné au Ciel et sur la Terre ».

A - Jaÿre était un « chef de la synagogue », venu se jeter à ses pieds en le priant de guérir sa fille, âgée de douze ans, qui se mourait. Jésus y va. Mais, pendant qu’il marchait entouré d’une foule nombreuse, une humble femme, hémorroïsse depuis douze ans, s’approche et touche par derrière le vêtement de Jésus et elle est guérie aussitôt. Jésus demande « Qui m’a touché ? » alors qu’Il était entouré par la foule, mais Il a senti qu’« une force est sortie de Lui ». La femme se voyant découverte tombe à Ses pieds et raconte son humble histoire et Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ».

Sur ces entrefaites, arrivent les serviteurs de Jaÿre disant de ne pas déranger le Maître car sa fille venait de mourir. Jésus dit à Jaÿre : « Crois seulement ! Ta fille sera guérie ».

Ils arrivent dans la maison du chef de la synagogue, tout le monde est en pleurs. Jésus dit : « Ne pleurez pas : elle dort ! » On se moque de Lui, Il entre avec les parents dans la chambre de la jeune défunte, Il la prend par la main : « Jeune fille, lève-toi ! » Et elle se lève.

B - Faisons mémoire de deux autres résurrections que rapportent les évangiles : le fils de la veuve de Naïm, pendant qu’on l’enterrait – on enterrait le troisième jour – et son ami Lazare, le 4-e jour, alors, dit Marthe, qu’il puait déjà : la corruption de la chair étant déjà commencée. Mais Christ notre Dieu est le Maître de la vie et de la mort.

A Ses apôtres,  lorsqu’Il les envoie prêcher deux par ceux, Il leur dit également, dans le passage même de Matthieu qu’on vient de lire en l’honneur des martyrs Marcien et Martyrien : « guérissez les malades, ressuscitez les morts » (Matt. 10, 8).

La mort, ne l’oublions pas,  est un châtiment d’Adam après sa faute.

Christ vainqueur de la mort est vraiment le nouvel Adam.

II – Mais nous, les hommes, nous ne sommes pas le Nouvel Adam. Ce que le Christ nous recommande, c’est la FOI. Nous le voyons dans l’épisode de Jaÿre : « Crois seulement ! ».

Il faut venir à Lui, car l’homme est libre, nous l’avons souvent rappelé.

Ce n’est pas toujours facile : Jaÿre  était un personnage important, un chef, nous dit le texte évangélique, dans la synagogue et chacun connaît l’opposition virulente à l’égard de Jésus de la synagogue et des pharisiens.

C’est une démarche volontaire aussi que celle de l’hémorroïsse, ruinée par les médecins et qui va à Jésus avec une foi totale. Elle s’approche par derrière et elle est guérie alors que Jésus ne la voit pas !

Quant au Fils de la veuve de Naïm,  il n’avait rien demandé puisqu’il était déjà mort !

« Demandez et vous recevrez ». Mais le Tout Puissant aussi reste libre et sa bonté est infinie et ne connaît pas de limites. Il a vu passer l’enterrement du fils unique de la veuve de Naïm et il « s’est ému en son cœur ».

IIILe franchissement de toutes les limites, tel est l’enseignement que nous apporte l’épître de ce jour.

« De deux peuples, par sa Croix, il en a fait un seul ».

Il y avait en effet d’abord les circoncis et les incirconcis. Il y avait aussi, puisque la Palestine était envahie, les Juifs et les « Gentils », c’est-à-dire ceux qui appartenaient à d’autres nations, ceux qui étaient proches depuis toujours et ceux qui l’étaient devenus récemment. Le Christ lui-même, de son vivant, était allé au-delà : nous l’avons vu guérir le serviteur du « centurion » et constater : « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ! »

Néanmoins, sa révélation du franchissement des limites du peuple juif a été progressive.

Avant la Résurrection : (Matt. 10, 5), il a dit encore dans la péricope de Matthieu lue aujourd’hui : « N’allez pas chez les gentils … N’allez pas chez les Samaritains ». « Allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël » : il y avait urgence, en effet, et c’est d’abord pour le peuple juif que le Seigneur avait été envoyé : « Prêchez et dites que le Royaume des cieux approche ! »

Mais Lui-même néanmoins … Rappelons-nous cette Samaritaine ... qu’Il feignait de ne considérer, à l’étonnement des apôtres qui Le pressaient de lui donner satisfaction : « Il n’est pas bon, disait-il, de donner aux chiens le pain des enfants ». Oui, mais répondit l’humble samaritaine, les chiens aussi mangent sous la table le pain qui tombe de la table des enfants ! Et elle obtient ce qu’elle demandait.

Car il n’y a pas en fait de limitation de l’œuvre salvatrice : vous étiez loin, mais maintenant vous êtes tous proches, dit le texte des Ephésiens, car Celui qui est descendu des cieux a fait que, vous tous chrétiens, vous êtes, avec vos vocations et dons divers, des parties d’un  même édifice, le Corps du Christ et la Maison de Dieu.

Après la Résurrection, par suite, l’universalité de l’œuvre salvatrice est nette et impérative : «Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».

La charité du Christ notre Dieu n’a point de limites : Il est vraiment le Vainqueur de la Mort pour toutes les nations !

 

AMIN

 



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SERMON du 23-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Apôtre et Evangéliste Luc




Vêpres : 1 Jean I, 1-7 Jacques, 1, 1-12, Jude en entier
Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie : Eph. II, 4-10 ; Luc VIII, 26-39
Coloss. IV, 5-9, 14, 18 ; Luc X, 16-21


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs !


En l’honneur de l’Apôtre et Evangéliste Luc, les lectures de la veille sont toutes tirées du Nouveau Testament.
I - La péricope, liminaire, de l’apôtre Jean est l’expression de l’éblouissement de ceux qui ont connu et vu Celui qui est la Parole de Dieu : Ce qui était « dès le commencement », que nous avons entendu, que nous avons vu de nos yeux, que nous avons touché, la Parole de Vie a été manifestée et nous vous en rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle qui était avec le Père et qui s’est manifestée à nous. Alors éclate la vérité absolue : La doctrine que nous annonçons, C’EST QUE DIEU EST LUMIÈRE !

Par suite, enchaîne Jacques, le frère du Seigneur, que sont les épreuves qui vous arrivent, sinon le sujet d’une parfaite joie ! Que l’épreuve de votre foi, procure la patience et que son ouvrage soit parfait : afin que vous-mêmes soyez parfaits ! Si votre sagesse est insuffisante, demandez-la à Dieu et elle vous sera donnée. Que le frère qui est dans la bassesse, se glorifie de son élévation immanquable : Heureux est l’homme qui endure l’épreuve, car il recevra la couronne de Vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment !

Ce n’est pas à dire, rappelle cet autre parent du Seigneur, Jude, frère de Jacques, qu’il n’y ait pas aussi, même parmi les fidèles, quelques personnes qui se sont glissées et « dont la condamnation est écrite depuis longtemps » Nous retrouvons ce thème du jugement qui est inséparable de celui du Salut. Dieu a libéré Son peuple d’Egypte, écrit Jude, mais Il détruisit ceux qui ne crurent pas … Il y aura jusqu’à la fin de temps des esprits bornés et des jouisseurs impies. Ayez pitié cependant et tâchez de sauver certains par le discernement …

II – L’évangile de matines est cette apparition de Jésus ressuscité aux apôtres sur la montagne où Il leur avait ordonné d’aller. Là, ils L’adorèrent, même ceux qui avaient douté : la Miséricorde du Seigneur, vous le voyez, est un discernement plein de sollicitude. C’est alors que le Christ leur commande d’évangéliser les nations les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit et Il leur donne cette assurance que nous recevons nous aussi : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

III – L’épître du 23-e dimanche est un hymne à la Grâce ! Dieu, qui est riche en miséricorde, dans Son amour nous à ressuscités alors que nous étions morts, Il nous a rappelés à la vie avec le Christ. C’est par Sa Grâce que vous êtes sauvés, et, anticipant et se plaçant naturellement dans l’éternité, l’apôtre ajoute : Il nous a ressuscités ensemble, Il nous a fait asseoir dans les lieux célestes en Jésus-Christ. Nous n’y sommes pas encore, Bien-aimés Frères et Sœurs, mais, pour l’apôtre inspiré, c’est comme si nous y étions déjà ! et il poursuit : afin qu’apparaisse dans les siècles des siècles l’immense richesse de Sa Grâce. Par la Grâce, vous êtes sauvés par le moyen de la foi. Ce n’est pas par les œuvres, par les actes, que vous êtes sauvés. Nous sommes néanmoins la créature de Dieu fondée dans le Christ – et donc aussi –, pour les bonnes actions que Dieu a préparées pour que nous les accomplissions.

IV – Cet hymne à la Grâce, n’ôte pas non plus ce qui est imputable, le cas échéant, à l’homme seul – et volontairement seul : pensons aux jouisseurs bornés mentionnés tout à l’heure. « Conduisez-vous prudemment envers ceux du dehors », dit l’épître aux Colossiens …

V - La péricope du 23-e dimanche évoque le possédé qui vivait dans les sépulcres, entièrement nu, et qui terrorisait les populations. Ce possédé voit s’approcher le Christ et il Lui dit : «Que me veux-tu, Fils de Dieu?» - car les démons ne se trompent pas et ils savent reconnaître Dieu. Le Christ se prépare à délivrer le possédé et Il demande au démon : « Quel est ton nom ? » - « Légion » est la réponse, car il y avait une multitude de démons dans ce possédé.

Christ les chasse, et au moment où ils devaient sortir de l’homme, ils implorent le Seigneur afin de ne pas retomber dans l’abîme : «Permets-nous d’entrer dans ces porcs qui paissent là !» Christ le permet, et la légion de démons s’empare des porcs qui aussitôt se jettent dans le lac et s’y noient. Vous comprenez par là que le démon, quels que soient ses apparences et ses faux-semblants, est toujours puissance de mort.

La suite de la péricope, en un balancement signifiant avec l’épître et le texte de Jude, montre la réaction des Gadaréniens : avertis de ce qui s’est passé, constatant avec stupeur la guérison du possédé qui les avait effrayés, ils demandent néanmoins au Seigneur de quitter leur pays. Car l’homme est libre. La Grâce ne s’impose pas et notre Dieu se retire.

Le possédé voulait Le suivre. Christ le renvoie chez lui en lui disant de raconter le bienfait que Dieu a fait pour lui. Et ce possédé guéri n’y a pas manqué. L’homme, nous l’avons déjà vu peut être reconnaissant.
De toute manière, il est libre.

VI – L’évangile en l’honneur de l’apôtre est très bref. Il s’agit des soixante-dix disciples envoyés deux par deux : « Qui vous écoute M’écoute et qui vous rejette Me rejette ainsi que Celui qui m’a envoyé ». Ces disciples reviennent avec joie car même les démons leur étaient assujettis … Or le Christ-Dieu leur répond : « J’ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair ». Il est Dieu en effet présent avant les siècles.

Il enchaîne : « Réjouissez-vous encore plus de ce que vos noms soient écrits dans les cieux ! »

Rendons gloire à Celui qui est Lumière et Vie, et, à l’inverse des Gadaréniens, recevons-Le dans toute Sa puissance.

AMIN

 

 

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SERMON du 22 e DIMANCHE a. P.

Et Pères du 7-e Concile Œcuménique, Nicée-II




Vêpres : Gen. 14, 14-20 – Deut. 1, 8-11, 15-17 – Deut. 10, 14-21

Matines : Jean, 21, 1-14

Liturgie : Gal, 2, 16-20 Luc 16, 19-31

Hébr. 13, 7-16 Jean 17, 1-13



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs !


Ce 22-e Dimanche après la Pentecôte est aussi celui où nous célébrons la mémoire des Pères du 7-e (et dernier) Concile œcuménique, convoqué par l’Impératrice Irène en 787 dans la ville de Nicée. Ce Concile de Nicée-2 nous est particulièrement cher car, réuni contre l’iconoclasme, il établit la légitimité de la vénération des icônes. La crise de « l’iconoclasme » a duré, comme vous le savez, cent vingt ans. Elle était déjà ancienne au temps d’Irène, elle a repris ensuite pour ne prendre définitivement fin que sous les saints empereurs Michel et Théodora en 843, mais le Concile de Nicée-2 entérine et définit dogmatiquement la légitimité de cette vénération.

Les textes de cette grande fête, y compris les lectures de la veille et l’évangile de Matines sont nombreux et denses. Afin de ne pas se perdre dans cette exceptionnelle richesse de faits et de symboles, disons qu’ils s’organisent autour de trois pôles qui nous serviront de guides et de références : ces pôles sont le "choix", la "justice", le "repas" (dont nous savons qu’il marque l’unité – icône de la Trinité - et préannonce l’eucharistie).

Genèse XIV raconte comment Abraham libéra son parent Lot dont il récupéra les biens. Or là apparaît le mystérieux Melchisédec, roi de Salem : du Christ il est dit : «Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédec ». Or Melchisédec fait apporter du pain et du vin – notre « pôle » du "repas" – il bénit (signe de supériorité) Abraham qui lui paye la dîme.

Dans le premier texte du Deutéronome, Moïse montre aux Juifs la Terre Promise – où il n’entrera pas –, il institue les juges – notre « pôle » de la "justice" – qui ne feront pas (la formule reviendra) «acception de personnes». Le deuxième texte du Deutéronome évoque le "choix" divin, souverain, du peuple juif : circoncisez votre cœur, est-il ajouté. Ce sacrifice volontaire [la circoncision, physique ou morale] prélude à la fonction de justice divine « qui n’a pas acception de personnes », formule que nous retrouvons ;

L’évangile de Matines, c’est la troisième apparition du Christ après la Résurrection – nous l’avons lu récemment –, les apôtres voient le Christ (qu’ils ne reconnaissent pas) sur le rivage, qui leur conseille de jeter le filet sur la droite de la barque : ils font une pêche miraculeuse – notre « pôle » du "repas", et, effectivement le Christ quand ils débarquent leur donne du pain et du poisson : c’est un repas commun, d’unité donc, même si ce n’est pas encore l’eucharistie.

L’épître /aux Galates/ rappelle avec vigueur – elle aussi nous l’avons lue dernièrement – que ce n’est pas par la Loi, mais uniquement par la Foi que l’homme est justifié – notre « pôle » de la "justice" – mais cette affirmation est transcendée par la vérité mystique : ce n’est plus moi qui vis, dit l’apôtre, c’est le Christ qui vit en moi. « Je vis dans la Foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré POUR MOI ».

L’évangile de ce Dimanche est l’histoire du riche jouisseur et du pauvre Lazare. Tous deux meurent la même nuit. Le riche, dans les flammes de ses tourments, voit de loin Lazare dans le sein d’Abraham. Il dialogue avec Abraham, lui demande d’envoyer Lazare mouiller son doigt pour lui humecter la langue … Envoie-le au moins, ajoute-t-il, à mes cinq frères pour qu’ils ne vivent pas comme moi et se repentent. « Ils ont Moïse et les prophètes : ils ne croiraient pas davantage un mort ressuscité ».

Effectivement, ils n’ont pas cru le Christ ressuscité !

L’épître propre aux Pères du 7-e Concile est cette péricope : « Priez pour ceux qui vous ont enseigné la foi. Christ est le même, hier, aujourd’hui et toujours ». Il est mort, hors de la porte ainsi qu’il était rituel, pour sanctifier le peuple par Son propre Sang.

Mais comment comprendre vraiment, comme le dit l’épître, que nous n’avons pas en ce monde de cité permanente et s’en pénétrer vraiment ? Pourtant le Salut est à ce prix.

L’évangile des Pères du 7-e Concile qui ont lutté pour la vérité et pour la foi, même si la méchanceté du monde ne leur a pas toujours donné la victoire, n’est autre que la grande prière sacerdotale de Jésus. Là reparaît le choix – notre premier « pôle » …– Je prie pour eux, dit le Christ, je prie pour ceux que tu m’as donnés … JE NE PRIE PAS POUR LE MONDE

Que le Seigneur nous donne d’être toujours circoncis de cœur et de nous approcher, tremblants et fidèles, de son choix souverain, car Il est le même aujourd’hui et toujours.

AMIN

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SERMON du 21-e DIMANCHE



Matines : Ev. (10) Jean 66 – 21, 1-14
Liturgie : Gal. 203 – 2, 16-20 Ev. Luc 35 – 8, 5-15

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs !

 

L’amour et la sollicitude de Dieu ne cessent pas, Dieu est proche de nous dans les vicissitudes de chaque jour et Il élève jusqu’au ciel ceux qu’Il aime.

L’évangile de matines rapporte, selon le témoignage de Jean, la troisième apparition après la Résurrection. Simon et quelques compagnons étaient allés pêcher sans rien rapporter. Ils voient en revenant un homme sur le rivage. Celui-ci leur demande s’ils ont trouvé des poisson ... : Jetez le filet à droite de la barque ! dit le Seigneur qu’ils n’avaient pas reconnu. Ils le font et retirent une multitude de gros poissons. Jean reconnaît le Seigneur, Simon s’habille complètement et gagne la rive à la nage … Quand ils arrivent tous, ils trouvent un petit feu sur lequel étaient des poissons et du pain. Jésus leur dit d’apporter leurs poissons et de manger et Il leur donne du pain et des poissons grillés. Du pain de tous les jours, mais le Christ était venu, Il leur avait fait pêcher une multitude de poissons : car Sa sollicitude est constante.

Mais Il nous élève aussi très haut par la voie mystique et nous allons le voir.

I – Nul n’est justifié par la Loi, dit l’apôtre dans l’épître aux Galates. Nous avons cru en Christ et nous sommes justifiés par la Foi et non par la Loi. Si nous péchons, c’est notre péché, pas celui du Christ. Je suis mort pour la Loi par la Loi, et je suis vivant par le Christ. J’ai été crucifié avec le Christ : ce n’est pas moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Je suis vivant par le corps, mais je vis par le Fils de Dieu – et voilà la touche de conscience proprement mystique : le Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Pour moi : «Il est mort pour nous les hommes …» ; cela peut rester une formule, mais le basculement dans la vie mystique, c’est lorsque l’on sent vraiment ceci : Il est mort pour moi.

II – Cela est le préambule qui aide à comprendre la Parabole du semeur, lue dans l’évangile de Luc. Exemplification un peu lente : le semeur jette les grains, certains tombent sur le chemin et les oiseaux les mangent, d’autres tombent sur de la pierre, d’autres tombent parmi les épines, mais ceux qui tombent dans la bonne terre donnent au centuple. Les apôtres demandent l’explication. «A vous, dit le Christ, il est donné de savoir les mystères du Royaume de Dieu», d’autres entendent, afin que, voyant, ils ne voient pas, qu’entendant, ils n’entendent pas – c’est le mystère de la Prédestination que nous évoquions dimanche dernier. La Prédestination, bien-aimés Frères et Sœurs, n’élimine pas la liberté humaine, pas plus que la liberté humaine ne se substitue à la Grâce qui la sanctifie. La semence, c’est la Parole de Dieu, certains écoutent distraitement, certains sont pierre où les grains ne s’enracinent pas, d’autres les étouffent sous le poids de leurs ambitions ou de leurs richesses. La « bonne terre », c’est ceux qui reçoivent d’un cœur droit, et qui font fructifier la Parole dans la patience.

Prenez bonne note, Bien-aimés Frères et Sœurs, de cette précision. La Grâce requiert notre collaboration. Ceux qui persévèreront jusqu’à la fin seront sauvés. «Que ceux qui ont oreilles entendent» !

Que le Christ notre Dieu nous donne d’ÊTRE LA BONNE TERRE, de bien recevoir Sa parole, de la faire FRUCTIFIER et de persévérer jusqu’à la fin !

 


AMIN

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