L’ANTIPÂQUE ou DIMANCHE de THOMAS


Vêpres : XXVIII, 16-20

Liturgie : Actes V, 12-20 ; Jean XX, 19-31


Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !
Bien-aimés Frères et Soeurs,


I Antipâque car elle est en regard de la Pâque et lui faisant suite : nous sommes encore dans la Semaine Lumineuse et l’anti-pâque est aussi le Dimanche de Thomas.

La Résurrection est hors de toute norme et elle a perturbé les plus fidèles : l’Evangile, premier des onze, lu hier soir, raconte l’apparition du Christ à Ses apôtres sur cette montagne de Galilée qu’Il leur avait indiquée ; Il leur parle, les Apôtres, même ceux qui avaient douté se sont tous prosternés …

Dans les semaines qui ont suivi Thomas ne se distingue pas des autres apôtres qui se retrouvaient au Portique de Salomon, étaient entourés et faisaient des miracles … Ce Thomas avait été choisi par Jésus. Dès le commencement, il faisait partie des douze. Il avait suivi Jésus pendant les trois années de Son ministère. La vie des Apôtres était une vie difficile d’errance et d’épreuves que décrit ensuite l’apôtre Paul dans ses épîtres. On les tenait facilement pour des illuminés, des moins que rien. Ils devaient travailler de leurs mains pour subsister, ils étaient pauvres, ils souffraient de la faim, de la soif, du froid. On les frappait éventuellement, on les calomniait, on les insultait. Eux, en revanche, dit encore saint Paul, ils bénissaient, ils priaient pour ceux qui les maltraitaient. Vie de misère et d’épreuves !

Pendant trois ans, Thomas avait suivi, il avait supporté, « sans hésitation ni murmure », dirions-nous. Il ne se mettait pas en avant, il était simplement et humblement un fidèle compagnon du Christ. Mais les trois fois où les évangiles le mentionnent personnellement sont riches d’enseignement pour nous, révélatrices aussi de sa personnalité. Lors de la mort de Lazare, Christ, en dépit de toutes les menaces, les avertissements, les dissuasions, voulait monter à Jérusalem peu avant la Pâque, Thomas alors s’exclama : « Allons-y aussi et mourons avec Lui ! »

Ce n’était pas un tiède, mais un fidèle et un courageux.

A la spontanéité et à la simplicité de cet apôtre, nous devons une réponse fondamentale pour la vie spirituelle. Jésus avait parlé de la maison de Son Père où il y a beaucoup de demeures et où Il allait préparer aussi leur demeure … « Vous savez où je vais … » et Thomas l’interrompt et Lui dit : « Seigneur nous ne savons pas où tu vas : comment pourrions-nous connaître le chemin ? » et le Christ notre Dieu répond : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ! » : Tout est dit ! C’est vrai, l’honnête Thomas avait été surpris et déconcerté …

II – Mais en cette occurrence-ci …C’était sitôt après la Crucifixion. Les apôtres étaient dans le trouble et l’affliction. Ils s’étaient réunis dans un lieu fermé « par crainte des juifs ». Or voici que, toutes portes étant closes, Jésus fut avec eux, Il leur dit : « La Paix soit avec vous », leur montra Ses mains et Ses pieds, souffla sur eux et leur donna le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés …

Thomas n’était pas présent, mais quand les autres apôtres lui racontèrent qu’ils avaient vu le Seigneur, alors là l’humble patient et courageux Thomas ne suit plus ! « Si je ne vois pas la traces des clous, si je ne mets pas mon doigt dans les plaies, si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirais pas ! »

Il est vraiment « dépassé » … « Bloqué » dirions-nous même : il ne peut plus.

Pourquoi, Bien-aimés Frères et Sœurs ?

Certes, Jésus était le Christ. Thomas en était convaincu … Mais là, il ne peut plus, parce qu’il se trouve en fait devant LA DIVINITÉ du Christ ! Vous avez entendu la suite : huit jours après, tous étant rassemblés et Thomas avec eux, les portes étant pareillement fermées, Christ fut à nouveau parmi eux … « La Paix soit avec vous ! » et il s’adresse à Thomas : « Thomas, avance ton doigt …, ta main …et ne soit plus incrédule … » Thomas s’exécute et s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » – ce que nous répétons après lui, des siècles après.

Lui, l’incrédule momentané, il a été le premier à reconnaître LA DIVINITÉ du Christ.

III – Récit inoubliable, imprimé dans nos cœurs : le Christ n’était pas seulement un homme : Il était Dieu ! Mais cet épisode évangélique, ce n’est pas seulement un fait historique ancien. TOUS LES DIMANCHES, Frères et Sœurs bien-aimés, VOUS LE VOYEZ !

A un certain moment de la Liturgie, après la Consécration et tout de suite après la récitation du Notre Père, avant : « Les choses saintes aux saints ! », vous le savez, on ferme le rideau du sanctuaire. TOUTES PORTES ÉTANT CLOSES c’est la communion du clergé. Les diacres, le prêtre s’embrassent sur les épaules en disant : - « Christ est parmi nous ! », et la réponse est : « Il est et sera ! » Parce que le Christ est vraiment présent зerceptiblement et invisiblement.

La chaleur aussi est perceptible et on ne la voit pas !

Ce n’est pas, pour votre clergé, la « peur des juifs », mais l’accomplissement du commandement.

Mais tout de suite après, les portes s’ouvrent, et c’est vous les fidèles justement préparés qui recevez, visiblement et perceptiblement, le Corps et le Sang de Jésus-Christ. Le Sanctuaire s’ouvre sur l’Eglise, comme l’Eglise sur le Monde, et c’est le Christ Dieu qui est avec nous !

Restons toujours avec Lui !


AMIN

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GRAND SAMEDI de la PASSION


Epître : Rom. VI, 3-11 ; Mat. XXVIII, 1-20


AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


En cette veille de Pâques, alors que nous sommes déjà revêtus de blanc, l’apôtre nous rappelle cette vérité fondamentale, c’est dans la mort du Christ que nous avons été baptisés. Lors de la crucifixion, de Son côté percé par la lance de Longin le centurion, sont sortis de l’eau (représentant le baptême) et du sang (signifiant la communion). Nous avons été ensevelis dans Sa mort par le baptême par immersion totale – jusqu’à ce que l’enfant perde le souffle soulignent des prêtres ! – et nous ré-émergeons dans une vie nouvelle. Sur la croix, notre vieil homme a été crucifié avec le Christ afin que le corps du péché soit détruit.

Si nous sommes morts au péché, ressuscitant avec Lui, nous vivrons avec Lui : car le Christ est mort une fois pour toutes et la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Étant morts avec Lui, avec Lui nous vivrons pour Dieu, en Christ notre Dieu.

En cette épître c’est la vérité fondamentale et liminaire de notre vie chrétienne qui est ainsi exposée.
Singulièrement mémorable est également l’évangile de ce jour. Comme vous le savez, chaque samedi soir aux matines, le prêtre lit un des « évangiles de la Résurrection ». Il y a ainsi onze récits de la résurrection, que l’on lit du premier au onzième, un par samedi, et quand on est arrivé au onzième, on recommence au premier.
Mais en fait, il n’y a pas que onze récits, il y en a douze, mais celui que vous venez d’entendre est lu seulement aujourd’hui, Grand Samedi. Dans tel ou tel des autres, les myrrhophores s’interrogent : « Qui nous roulera la pierre ? », car elles savaient que cette pierre était très lourde. Or voici la réponse, frères et sœurs : un ange est descendu du ciel, il a roulé la pierre et s’est assis dessus !

L’ange leur annonce que le Christ est ressuscité et qu’Il précédera Ses disciples en Galilée. Le Christ d’ailleurs leur apparaît peu après : elles Lui embrassèrent les pieds et elles L’adorèrent. Il leur confirme qu’Il apparaîtra aux apôtres en Galilée.

Quelques-uns des gardes rapportent aux autorités ce qui était arrivé. Les anciens et autres autorités furent troublés : ils donnèrent de l’argent aux gardes en leur ordonnant de dire que les disciples de Jésus sont venus et ont dérobé son corps, ce qui est la version divulguée par les gardes et parvenue, parmi les Juifs, jusqu’à nos jours. Quant au récit de Matthieu, il saute d’emblée à l’apparition de Jésus à Ses disciples en Galilée. C’est là que le Christ dit aux apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint Esprit ».

C’est la seule fois où la Christ exprime cette formule bénie et toujours vénérée : au nom du Père du Fils et du Saint Esprit.

L’évangile de ce jour aboutit ainsi au Baptême par lequel, avec l’épître aux Romains, nous avions commencé.


AMIN



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GRAND JEUDI de la PASSION


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Le Grand Jeudi est au cœur de la semaine de la Passion et il est au cœur de notre Foi.

I – C’est la grande semaine de la souffrance. Le Seigneur a déjà été trahi et Il le sait : c’est le mercredi, en effet qui est le jour mémorial de la trahison de Judas, et le lendemain vendredi est le jour de la crucifixion. Entre ces deux jours – que nous marquons chaque semaine par le jeûne – prend place le Grand Jeudi qui est le jour suprême de notre Foi, celui de la Consécration.

Le Seigneur a toutes les raisons d’être triste : Judas L’a déjà trahi, peu après tous les autres apôtres L’abandonneront et Il sera seul pour le Sacrifice de la Croix.

Or c’est en ce jour, à tous égards central, qu’Il institue l’Eucharistie, la consécration de Son Corps et de Son Sang pour le Salut de multitudes d’hommes et de femmes. C’est le Mystère – la communication au Sacré – fondamental de notre foi et à travers toute l’histoire, il est unique.

Le sacrifice est au cœur de beaucoup de religions : il est normal d’offrir un vivant à Dieu. Dieu est senti comme la source de la Vie : c’est un retour normal que de Lui offrir un vivant. Beaucoup de religions sacrifiaient à Dieu un animal : c’était le cas de beaucoup de civilisations rurales, la bête sacrifiée avait été élevée avec sollicitude et représentait par suite une valeur fondamentale. Parfois on sacrifiait un humain, ce qui est le cas de beaucoup d’autres civilisations également proches.

Mais jamais le sacrifice n’était le sacrifice d’un dieu, à plus forte raison DU DIEU UNIQUE, du Dieu volontaire. Cette conjonction ne se trouve QUE dans le Christianisme.

Mais le Christ notre Dieu, en fondant en ce jour même l’Eucharistie, consacre Son propre Corps et Son propre Sang pour le salut de beaucoup, et explicitement, ce sacrifice est destiné à être renouvelé : « Faites ceci en mémoire de Moi ». C’est un sacrement éternel, le christianisme est, en ceci, exceptionnel et unique.

II – Mais, en ce même jour du Grand Jeudi, Christ notre Dieu renouvelle fondamentalement par le Lavement de pieds la notion de supériorité. Cette idée d’être « le premier » était au cœur des mentalités, y compris religieuses. « Qui est le plus grand » se demandent implicitement ou explicitement les apôtres. Jean et Jacques demandent au Christ de siéger l’un à Sa droite, l’autre à Sa gauche dans Son Royaume et cette demande suscite beaucoup de contestations parmi les autres apôtres.

Le Christ, en ce jour, montre que Ses disciples fidèles n’avaient encore rien compris. Il Se ceint Lui-même d’un linge et se met à laver les pieds de Ses propres disciples. Pierre dont on sait combien il était spontané, proteste d’abord violemment, mais le Christ lui dit que s’il ne se laisse pas laver les pieds par Lui, il n’entrera jamais dans le royaume des cieux ! « Alors, aussi bien, riposte-t-il, la tête et les mains ! »

Il était spontané et sincère …

Mais ce qui est fondamental et que le Christ explicite, c’est qu’il n’y a pas de supériorité parmi les disciples, si ce n’est en leur service. Cela renverse complètement la notion traditionnelle de supériorité. Les supérieurs, antérieurement se faisaient servir. Le Christ n’est pas venu pour Se faire servir, mais pour servir !

Tout est changé : L’Eglise n’est pas une société comme les autres, elle est une société fondamentalement autre : Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers !

III – Mais Christ illustre en Lui-même et lors de ce Grand Jeudi, par les abandons qu’Il constate la vérité de cette doctrine fondamentale : les premiers seront les derniers.

Le Grand Jeudi est en effet le jour où Judas, l’un des douze, consomme sa trahison ! Il arrive avec des hommes d’armes. Suprême dérision, c’est par un baiser – salutation antique traditionnelle – qu’il désigne le Christ à ses complices qui s’emparent de Lui.

Mais les autres disciples ? Au cours de cette même soirée, le Christ, par trois fois, se retire pour prier et recommande à ses disciples de prier aussi : Mais Il les trouve endormis ! Lors de la soirée, Il leur annonce que tous l’abandonneront. Pierre, évidemment, proteste qu’il ne Le reniera jamais ! Mais le Christ lui annonce : « Avant que le coq ne chante, tu m’auras renié trois fois ». Ce qui se produit effectivement.

Le troisième enseignement fondamental de ce Grand Jeudi, c’est la solitude totale du Christ dans Son Sacrifice rédempteur : Il ETAIT SEUL parce que tous L’avaient abandonné !

Que le Christ nous donne, Bien-aimés Frères et Sœurs, de ne jamais L’abandonner !


AMIN

 

 

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DIMANCHE des RAMEAUX


Vêpres : Genèse XLIX, 1-2, 8-12 – Sophonie III, 14-19 – Zacharie IX, 9-15
Liturgie : Philippiens IV, 4-9 ; Jean XII, 1-18


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs !


Le Dimanche des Palmes est un grand jour de fête ! C’est la fin du Carême, de ce long cheminement de jeûne et de pénitence – et c’est le lendemain de la Résurrection de Lazare ! Réjouissons-nous avec le Peuple fidèle !

Nous avons commencé avec le Triomphe de l’Orthodoxie, mais aujourd’hui, c’est le Triomphe de Jésus-Christ !

I– Les lectures sont les prophéties bibliques de cet Avènement. Celle de la Genèse est une prophétie de Jacob lui-même sur Juda – l’un de ses fils, celui dont descend le Seigneur. Juda est un «jeune lion», il met son pied sur le cou des ennemis : qui le fera lever ? … jusqu’à ce que vienne le pacificateur attendu dont il est dit : «il attachera à la vigne son ânon, le petit de l’ânesse»: c’est l’annonce de l’entrée de Jésus à Jérusalem « assis sur le petit de l’ânesse ». De ce descendant de Juda, il est dit : «Il lavera son vêtement dans le vin et son manteau dans le sang du raisin» – ce qui est l’annonce du Sang Rédempteur et aussi de la chlamyde rouge dont les soldats revêtirent le Christ par dérision au cours de Sa Passion.

« Réjouis-toi, Sion, dit le prophète Sophonie, l’Éternel a retiré les sentences contre toi – vous pensez au «pacificateur» de la lecture précédente – l’Éternel est au milieu de toi» [po sredi nas, commenterions-nous volontiers]. L’Éternel te libérera de tous les oppresseurs. «Réjouis-toi, fille de Sion, poursuit le prophète Zacharie : ton roi entre sur le petit d’une ânesse !».

II – C’est à cette joie que fait écho l’apôtre Paul dans l’épître aux Philippiens. Réjouissez-vous dans toutes vos prières et dans toutes les actions de grâce et dans toutes vos vertus : car le Seigneur est proche !

Singulièrement proche en effet, en ce jour de Son Triomphe !

III – La péricope de l’évangile de Jean est singulière, réaliste et bouleversante. «Six jours avant la Pâque» précise l’apôtre – et ceci résonne, pour nous, dans la prévision de la semaine de la Passion qui va commencer – six jours avant la Pâque, donc, Jésus vint à Béthanie où était Lazare qu’il avait ressuscité des morts. On lui fit un souper, Lazare était de ceux qui étaient à table avec Lui … Marthe servait. C’est alors que sa sœur Marie prit une huile de nard pur, «de grand prix» et en oignit les pieds de Jésus qu’elle essuyait avec ses cheveux. Elle avait toutes les raisons – plus encore que la femme de mauvaise vie de naguère – de faire cette profusion de dépense puisque son frère était ressuscité.

C’est alors que Judas Iscariote, le traître, remarqua que c’était bien de la dépense et que l’on aurait pu donner cet argent aux pauvres – dont il ne se souciait pas, mais c’était lui qui tenait la bourse des apôtres et il volait …

«Laisse, dit Jésus, ces onguents, c’est pour ma sépulture !». Vous le voyez, pour Jésus et pour nous, l’imminence de la Passion sous-tend l’épisode du triomphe de la résurrection de Lazare ! Beaucoup de Juifs étaient venus en cette soirée pour voir Jésus et pour voir Lazare le ressuscité. Cela ne manque pas d’inquiéter les autorités juives qui décidèrent alors de faire mourir Jésus : vous le voyez la Passion est toujours l’imminence, cachée mais présente.

C’est le lendemain qu’une grande foule, sachant que Jésus venait de Béthanie à Jérusalem l’accueillit avec des branches de palmiers – les « rameaux » de la fête d’aujourd’hui, nous avons même des palmes ! – en criant : « Hosanna ! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur

Jésus entrait «assis sur le petit d’une ânesse», selon ce qu’avaient annoncé les prophètes.

Nous aussi accueillons-Le dans la joie et crions : «Hosanna à Celui qui vient au Nom du Seigneur

AMIN

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SAMEDI de LAZARE


Hébr. : XII, 28 – XIII, 8 ; Jean XI, 1-45

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – «Dieu est un feu brûlant», commence l’apôtre, dans cette péricope presque finale de l’Epître aux Hébreux, et il poursuit en évoquant toutes les vertus conseillées aux chrétiens, l’hospitalité – certains n’ont-ils pas reçu des anges, sans le savoir … – la visite des prisonniers, le mariage honorable, l’absence de toute avarice ; toutes les vertus personnelles, en somme : Dieu n’a-t-Il pas dit : Je ne t’abandonnerai point. Il faut se souvenir aussi de nos maîtres, ceux qui nous ont apporté la Parole de Dieu, imiter leur foi et leur vie.

L’apôtre conclut ces avis par cette vérité de référence, absolue et qui est la base de tout : «Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement

Mémorable Préambule qui nous conduit à la Résurrection de Lazare.

II – Celle-ci est racontée par saint Jean dans toutes ses circonstances. Lazare était tombé – gravement – malade et ses sœurs, Marthe et Marie firent prévenir son ami, le Seigneur. Mais celui ne se pressa pas de venir : cette maladie n’est pas la fin : elle est pour la gloire du Fils de Dieu …

Le Seigneur, en l’occurrence, ne se désigne pas, ici, comme « Fils de l’Homme », comme il fait souvent. C’est en effet en tant que Dieu qu’il ressuscitera Lazare.

Il prend son temps, deux jours passent, et Il dit aux apôtres : «Lazare dort !». «S’il dort, c’est qu’il va mieux !», disent ceux-ci avec bon sens. Mais le Seigneur explicite : Lazare est mort et je me réjouis à cause de vous afin que vous croyiez !

Jésus a ressuscité d’autres morts, le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaÿr … mais jamais Il n’avait explicité cet objectif. Nous sommes vraiment dans une circonstance exceptionnelle – puisque nous arrivons à quelques jours de la Passion – et la résurrection de Lazare est elle-même singulièrement spectaculaire. Elle l’est d’autant plus que Lazare était mort depuis quatre jours : or chacun sait, dans les civilisations traditionnelles, que l’âme ne quitte le corps que le troisième jour – commencement de la corruption de la chair.

L’apôtre poursuit, il modèle son récit sur la lenteur de son Divin Maître. Marthe, sachant que Jésus arrivait vient à sa rencontre et lui dit : «Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort !» «Ton frère ressuscitera !» – «Au dernier Jour, je sais bien !», répond la pieuse Marthe. «Je suis la Résurrection et la Vie !» – autre révélation exceptionnelle dans cet épisode d’exception. «Quiconque croit en Moi – fût-il mort – vivra ! Crois-tu cela ?». Marthe acquiesce et elle poursuit : «Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde !». Plénitude de la foi, de la confession explicite de Marthe …

L’épisode évangélique continue à se dérouler, lentement. Marthe fait avertir sa sœur, celle-ci quitte ses visiteurs – qui la suivent en pensant qu’elle va pleurer sur la tombe de son frère. Elle arrive. Le Seigneur n’a pas bougé du lieu où il avait rencontré Marthe … Marie arrive, tombe aux pieds de Jésus en pleurant et redit à peu près les mêmes paroles que Marthe. Les autres Juifs qui l’avaient suivie, pleuraient aussi … Jésus frémit en Lui-même, Il demanda : «Où l’avez-vous mis ?» – Car homme, Il ne le savait pas –, et Lui aussi pleura si bien que les témoins disaient : «Voyez comme Il l’aimait» …

On Le conduit au tombeau ; Il dit d’enlever la pierre qui fermait le sépulcre – «Seigneur, dit Marthe, il pue déjà …». Lazare était mort depuis quatre jours et la corruption de son corps avait commencé.

Alors le Fils de Dieu adresse à Son Père une brève prière : «Je sais bien que Tu m’écoutes toujours, mais je te remercie à cause de ceux-ci». Alors, en tant que Dieu, Il crie d’une voix forte : «Lazare, sors de là !», et Lazare, tout enveloppé de bandelettes – qui rendent tout mouvement impossible – sort du tombeau, le visage encore couvert du voile de face.

Quelques jours plus tard, il participait à un repas chez lui avec ses amis et ses proches, en présence de Jésus.

La résurrection de Lazare MORT DEPUIS QUATRE JOURS est, peut-on penser, le sommet incontestable de tous les miracles accomplis par le Seigneur lors de Sa vie terrestre !

Que les prières de saint Lazare nous accompagnent en cette fin du Carême.


AMIN

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