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NATIVITÉ du CHRIST
Matines : Mat. I, 18-25
Liturgie :Gal. IV, 4-7 ; Mat. II, 1-12
CHRIST EST NÉ ! Rendons-Lui gloire !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
La naissance du Christ est notre fête, à nous les hommes car c’est la fête de notre Salut : « Tu lui donneras le nom de Jésus » – ce qui veut dire : « Dieu sauve ! ». Au cours des Heures Royales, nous avons revécu l’annonce de ce grand Jour. Le récit des trois premiers jours de la Genèse montre la Création du ciel et de la terre. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ». Mais aussitôt après il est écrit : « Dieu dit … » . Vous avez en esprit le commencement de l’évangile de saint Jean : « Au commencement était la Parole, la Parole était en Dieu et la Parole était Dieu ». L’épître de la première Heure enseigne que le Christ, après avoir fait – par Sa crucifixion – la purification de nos péchés, « s’est assis à la droite de Dieu » et souligne qu’il est bien différent des anges : auquel de ceux-ci, Dieu a-t-il dit : Tu es mon Fils ? Que les anges l’adorent ! « Ô Dieu, poursuit-il, Ton trône demeure à jamais … ô Dieu, Ton Dieu t’a oint … Le ciel et la terre sont Ton œuvre, les cieux vieilliront et Tu les plieras comme un vêtement, mais Tes années ne finiront point ».
I – Le Christ – ce qui veut dire : Oint, était annoncé, mais, aujourd’hui, Il est né ! A Bethléem de Judée. C’est d’ailleurs par Bethléem que commence la prophétie de la Première Heure : « Et toi, Bethléem tu n’es pas la plus petite des villes de Judée, /.../ car c’est en toi qu’enfantera celle qui doit enfanter ». Les Heures Royales évoquent toutes les grandes prophéties. Dès les Nombres, Moîse rapporte la prophétie de Balaam ; « Une étoile est sortie de Jacob et un sceptre s’est élevé dans Israël » Le Christ – Roi descend en effet de Juda fils de Jacob. Michée, dont je viens de rappeler la prophétie, annonce aussi dans une prophétie toute proche : « Je rassemblerai les boiteux, les infirmes … » ce qui nous rappelle l’ordre du roi dont les hôtes au grand repas étaient défaillants : « rassemblez, dit-il à ses serviteurs, les boiteux, les infirmes … ». Isaïe annonce le « rejeton de Jessé », c’est-à-dire le Seigneur, dont il décrit le règne comme un âge d’or et d’abondance – ce que nous devons comprendre au sens spirituel, de même que quand Daniel décrit le « Royaume qui viendra » après l’effondrement du Colosse au pied d’argile. Le Colosse s’effondre par l’effet d’une pierre, image du Christ et de l’Église. Isaïe annonce la ruine d’un autre royaume païen, après avoir donné à Achaz – qui ne le demandait pas – le signe « une vierge enfantera » et il termine cette prophétie par la gloire d’Emmanuel : « on lui donnera le nom d’Emmanuel », Dieu avec nous, comme nous le savons et qui est en quelque sorte le nom mystique et prophétique de Jésus, comme le rappelle la péricope de Matthieu que nous évoquions il y a quelques jour.. Les prophètes (et j’évoquerai encore Jérémie, Daniel) ont ainsi rythmé, par leurs annonces inspirées, l’attente du peuple juif qui aboutit en ce jour de la Nativité.
II – Les circonstances de la naissance de Jésus sont bien connues. Mais tout est important ! C’est par obéissance au décret de César Auguste prescrivant le (premier) recensement universel que Joseph, qui habitait Nazareth, monta à Bethléem ville de David pour s’y faire enregistrer. Là, il se trouva que Marie fut prise des douleurs de l’enfantement, et, comme il n’y avait plus de place à l’hôtel – où serait allé normalement Joseph qui était un artisan aisé – Marie enfanta dans une étable et, emmaillotant son Fils, le posa dans une crèche. Pauvreté et humilité singulières de Celui qui a fait le ciel et la terre !
Aimons et respectons la pauvreté.
De manière également mémorable, les premiers adorateurs de Jésus ont été les bergers – avertis par les anges.
L’épître du jour, très brève, souligne que Jésus, né d’une femme juive, est né sous la Loi, mais pour racheter ceux de la Loi et les faire fils. De même, continue l’apôtre, vous êtes fils, et l’Esprit dit dans votre cœur : Abba – Père. « C’est pourquoi vous n’êtes plus serviteurs mais fils et donc héritiers de Dieu par Jésus-Christ ».
III – Les bergers furent sans doute les premiers, mais ils ne furent pas les seuls : il y eut en effet les Mages venus de l’Orient. Mages désignait proprement le sacerdoce antique des Perses. Ils arrivèrent et se rendirent chez Hérode lui demandant où était né le « roi des juifs », car ils avaient vu son « étoile » en orient et étaient venus pour l’adorer. Hérode – qui se prétendait roi de Judée –, ému, convoqua les sages qui lui répondirent : « A Bethléem de Judée ». Hérode informa les Mages et leur demanda de revenir ensuite pour le lui dire « afin qu’il aille l’adorer lui aussi ».
Les Mages retrouvèrent l’étoile et furent conduits par elle à l’étable où était né Jésus. Ils se prosternèrent et offrirent de l’or de l’encens et de la myrrhe – dons qui conviennent à la Divinité – et, avertis en songe, ils ne revinrent pas chez Hérode, et rentrèrent chez eux par un autre chemin.
En ce jour de la Nativité, comme les bergers et les mages, adorons Celui, qui, né avant les siècles, vient de naître de Marie la Vierge.
AMIN
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DIMANCHE avant NOËL
Vêpres : Gen. XIV, 14-20 ; Deut. I, 8-11, 15-17 ; Deut. X, 14-21
Matines : Luc XXIV, 36-53
Liturgie : Hébr. XI, 9-10, 17-23, 32-40 ; Mat. I, 1-25
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,
I– L’Evangile de ce jour est la généalogie humaine de Jésus, depuis Abraham, en passant par David, et jusqu’à Joseph, le fiancé comme nous disons parfois ou souvent, l’époux comme dit l’Evangile de ce jour, et Marie, son épouse.
Souvent, au demeurant, ceux qui s’adressent à Lui, ses contemporains, l’appellent « Fils de David ». C’est en effet par David que passait la promesse de la venue du Christ, l’Oint de Dieu, le libérateur de son peuple.
Joseph, l’époux de Marie, est donc celui par qui passait le sceau de David, héritier de la Promesse.
L’Evangile n’en affirme pas moins la virginité de Marie et l’immaculée Conception de son Fils, opérée en elle par le Saint-Esprit. Jésus, « fils de Joseph», comme on croyait (kak dumali) » (Luc, III, 23), de la même manière que le même Luc dit Adam « fils de Dieu » (Luc III, 38).
Jésus est, par Joseph – son père adoptif, si vous voulez – « fils de David ».
Or Joseph voyait en son fils Jésus restaurer la dynastie royale à laquelle, humble artisan, il appartenait.
Par ce fils que Dieu lui donnait, il entrait également dans la Vie mystique : l’Ange lui parlait, une, deux, trois fois. Il était ainsi engagé dans la Voie divine, celle des saints.
Nos conceptions humaines sont une chose, plus grande est la Vérité de Dieu.
Dieu, par Son Evangile, nous instruit d’une Vérité transcendante, bien au-delà des apparences humaines.
II – Mais cette généalogie trans-humaine de Jésus s’insère dans le message total de ce jour, des Lectures de l’Ancien Testament et de l’ Epître
La lecture de la Genèse est l’histoire de la victoire d’Abraham et de la libération de Lot son parent, à l’issue de laquelle Melchisédech « prêtre du Dieu Très Haut » lui offre du Pain et du Vin, image de l’Eucharistie, et Abraham se reconnaît tributaire de Melchisédech et lui donne 1/10 des biens conquis – la dîme.
Mais Melchisédech, vous l’avez bien compris, c’est celui-là même dont il est dit à Jésus : « Tu es prêtre pour l’Eternité, selon l’ordre de Melchisédech ». C’est le Nouveau Sacerdoce, jusqu’alors inconnu.
C’est un autre thème de ces textes sacrés que celui de l’étranger. Deutéronome I, 15-17, institution des Juges d’Israël : « Vous ne ferez pas d’acception de personne ». Vous rendrez une justice vraiment juste.
Lors de l’institution de la Circoncision qui crée un peuple de Dieu, il est dit (Deutéronome, X, 14-21) : « Vous ne ferez pas d’acception de personne : vous rendrez la justice à la veuve, à l’orphelin et à l’étranger.
Mais dans l’Epître de ce jour il est dit qu’Abraham vécut dans la Terre Promise « comme un étranger » (Hébr. XI, 9-10). Il est parlé aussi, au cours de l’évocation de la foi des Patriarches et de leurs exploits prodigieux, de la naissance de Moïse « qui survécut caché ».
Or tous ces prophètes, admirables par leur foi, leurs miracles, leur ascétisme, l’Apôtre dit aussi qu’ils n’ont pas reçu leur récompense, « car Dieu ne voulait pas qu’ils parviennent à leur Perfection sans nous »
L’étranger, en somme, c’est nous ! nous qui venions de loin et qui ne le savions pas, nous qui, circoncis ou incirconcis, étions appelés à la Nouvelle Offrande du Pain et du Vin, dans le Sacerdoce éternel du Christ « selon l’ordre de Melchisédech », à la Béatitude promise, depuis Abraham, par David, et jusqu’à la naissance immaculée du Christ notre Dieu.
« Tu l’appelleras Jésus [Dieu sauve] car Il sauvera son peuple » (Matt. I, 21) – « La vierge enfantera un fils et on l’appellera Emmanuel [Dieu avec nous, s nami Bog] (Mat. I, 23, Isaïe).
Ainsi aboutit le long cheminement des hommes, depuis Abraham et les Patriarches, depuis Adam fils de Dieu jusqu’à Jésus, le Nouvel Adam, notre Sauveur et notre Dieu !
Courons à Lui et restons avec Lui !
AMIN
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27-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Dimanche des Ancêtres de Dieu
Matines : Luc XXIV, 12-35
Liturgie : Colos. III, 4-11 ; Luc XIV, 16-24
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
Votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Mais quand Christ qui est votre Vie paraîtra, alors vous paraîtrez aussi dans Sa gloire.
I – L'évangile de Matines commence lorsque saint Pierre solitaire, après le récit des saintes femmes, va au Tombeau, voit les linges jetés à terre, ne voit pas le Christ et repart méditatif.
Pour l’essentiel, l’évangile, aussitôt après, est le récit de la rencontre des Pèlerins d’Emmaüs. Ceux-ci, très peu après la crucifixion, échangeaient leurs réflexions quand le Christ – qu’ils ne reconnaissent pas –, les rejoint et les interroge sur le sujet de leur tristesse. Ces disciples s’étonnent de l’ignorance de cet «étranger» mais racontent ce qui est arrivé à Jésus en qui ils espéraient avec ferveur … Il est vrai, ajoutent-ils, que certaines femmes qui étaient des nôtres sont allées au Sépulcre, qu’elles y ont vu des anges qui leur ont dit qu’Il est vivant …
Les voyageurs d’Emmaüs racontent, ils sont hésitants …
« Gens sans intelligence ! » leur dit Jésus – qu’ils n’ont toujours pas reconnu – et le Seigneur, commençant par Moïse et les Prophètes leur explique tout ce qui a été annoncé à Son propos. Les pèlerins écoutent avec attention … Mais comme le soir tombait et qu’ils étaient arrivés à l’auberge, et que Jésus faisait mine de continuer son chemin, ces deux fidèles lui disent : « la nuit arrive, entre avec nous ! » Jésus entre avec eux, on leur apporte le pain, Jésus le bénit et le leur donne ….
Ils Le reconnurent à la fraction du pain …
Mais Jésus avait déjà disparu Les deux pèlerins décident de retourner à Jérusalem pour raconter ce qui leur était arrivé !
II – Votre vie est cachée avec Christ en Dieu, mais quand Christ qui est votre vie paraîtra, alors vous paraîtrez aussi dans Sa gloire !
Faites donc mourir en vous tout ce qui relève de l’homme terrestre. Vous êtes l’homme nouveau ! Point donc de ces faiblesses d’autrefois, la fornication, les souillures, les passions. Ce sont les marques et les faiblesses d’autrefois. Faites-les disparaître ! Vis-à-vis de cette humanité renouvelée, il n’y a plus ni Grec ni Juif, mais Christ qui est en tout et en toutes choses !
III – Si tu fais un repas, invite les boiteux, les aveugles, les infirmes, c’est-à-dire : ceux qui ne peuvent pas « rendre » !
L’Evangile du jour est le récit de ce maître de maison qui avait fait un grand repas. Quand tout est prêt, il prévient les invités. Mais l’un dit qu’il avait acheté un champ et qu’il voulait aller le voir. Un autre dit qu’il venait de se marier …Sous un prétexte ou sous un autre, tous les convives s’excusent.
Le maître, affligé, dit à ses serviteurs, de faire entrer tous eux qu’ils trouveront par les rues … Aucun des invités ne goûtera de mon repas !
C’est la répudiation, évidemment, du peuple juif, et, de manière plus générale, de l’ingratitude envers Dieu.
Dieu, tout au cours de notre vie, nous comble de Ses bienfaits : reconnaissons-le et rendons-Lui grâce !
AMIN
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24-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Liturgie : Eph. VI, 10-17 ; Luc XIII, 10-17
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
I – « Cet homme était vraiment DIEU », témoignera le centurion de la Crucifixion.
Pour le dire d’une autre manière, la Divinité émanait visiblement de Jésus. D’où le ralliement immédiat des apôtres – il y aura néanmoins parmi eux un traître – d’où aussi les guérisons immédiates, comme celle de cette humble femme pliée en deux depuis dix-huit ans dont parle la péricope propre du 27-e dimanche et qu’une seule phrase de Jésus a guérie !
II – Ceci étant, les apôtres sont convertis dans l’instant – tout comme les malades sont guéris, mais l’existence des apôtres, comme celle de leur divin Maître par les routes de Palestine est loin d’être semée de pétales de roses !
Les oppositions sont immédiates et ne désarment pas. Cette pauvre juive pliée en deux est guérie … Mais c’était le jour du sabbat ! D’où l’indignation et la fureur des pharisiens : « Il y a six jours dans la semaine où vous pouvez faire des miracles » ! Mais il faut respecter le repos absolu du sabbat – et on sait que les Juifs observants, ici même, s’arrangeaient pour avoir, en ce jour, une aide-ménagère chrétienne pour allumer la cuisinière à gaz. « Hypocrites ! leur répond le Christ : vous ne détachez pas votre bœuf ou votre âne le jour du sabbat pour le mener à boire ? »
III – Les apôtres ont eu tout le monde contre eux et les épîtres de ce jour en témoignent. La péricope des Ephésiens prend les choses de très haut. Restez avec le Seigneur et prenez les armes de Dieu pour combattre le diable, car notre adversaire véritable n’est pas, comme en apparence, fait de chair et de sang. C’est le démon sous toutes ses formes et en toutes ses forces ; d’où la belle évocation allégorique : prenez la ceinture de la Vérité, la cuirasse de la Justice, les sandales de l’évangélisation, le bouclier de la Foi, le casque du Salut, et l’épée spirituelle qu’est la Parole de Dieu …
Mais les apôtres n’ont pas contre eux que les païens, les « bonnes gens » parmi les chrétiens aussi ne laissent pas de les critiquer : nous sommes les derniers des derniers, comme le dit l’apôtre, des balayures et le rebut de la terre. « Nous sommes fous à cause du Christ, mais vous – et il s’adresse à des convertis qui sont même les siens – vous êtes sages en Christ. Nous sommes impuissants, continue-t-il dans le même registre, mais vous, vous êtes forts ». Vous êtes honorés, et nous les apôtres – petits ecclésiastiques d’alors … – nous sommes dédaignés. Nous avons faim et soif, nous souffrons du froid, nous travaillons de nos mains … Sommes-nous critiqués, nous bénissons, persécutés nous supportons en silence. On nous insulte et nous prions …
Pour les apôtres, on le voit, les avanies ne venaient pas seulement des ennemis païens. L’hypocrisie et la méchanceté sont partout, frères et sœurs bien-aimés …
Vicissitudes humaines, pourrions-nous dire.
Néanmoins, conclut l’apôtre Paul, je n’écris pas cela pour vous faire de la peine … Vous pouvez avoir bien d’autres supérieurs … Mais vous n’avez qu’un père, car c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ.
En ce jour, bien-aimés Frères et Sœurs, prions de tous notre cœur pour les apôtres et pour tous ceux dont nous avons reçu la Foi !
AMIN
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PRÉSENTATION au TEMPLE de la MÈRE DE DIEU
Vêpres : Exode, XL, 1-5, 9-10, 16, 34-35 ;
3 Rois VII, 51, VIII,1, 3-7, 9-11 ; Ézéchiel XLIII, 27, XLIV, 1-4
Matines : Luc I, 39-49, 56
Liturgie : Hébr. IX, 1-7 ; Luc X, 38-42, XI, 27-28
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
L’épître nous est bien connue et nous émeut. L’apôtre y évoque la disposition du Temple, d’abord dans le désert, puis dans le Temple de Salomon. Il y avait deux tentes – deux salles – séparées par un rideau. La première, qui est notre « nef des fidèles » où les prêtres célébraient, comme nous qui y célébrons presque tout : mariages, baptêmes, enterrements, communion des fidèles … Au-delà du « rideau » – comme chez nous l’iconostase et son rideau – était le Saint des Saints où seul le grand Prêtre entrait une fois par an, non sans s’être muni de sang. Pour nous, comme dit l’Écriture, ce n’est pas «le sang des taureaux et des boucs», mais celui de Jésus-Christ et le clergé y entre pour la Liturgie et la Consécration …. Fantastique mutation, dans la continuité ! Nous sommes le Nouveau Peuple élu : au Christ soient «tout Honneur, la Puissance et la Gloire».
C’est par Lui que j’ai commencé, évidemment. Avançons- nous maintenant dans la Célébration de Sa Sainte Mère.
I – Les Lectures bibliques surprennent d’abord par leur teneur symbolique : le passage de l’Exode rapporte les paroles de l’Éternel Lui-même à Moïse concernant la disposition du Saint des Saints. Là, seront, l’arche d’alliance recouverte d’un voile, la table sur laquelle sera «tout ce qui doit y être rangé», le chandelier d’or, les lampes, l’autel des parfums, le rideau d’entrée. Moïse fait tout ce qui lui est commandé et la nuée couvre le tabernacle, la gloire de l’Éternel emplit le Saint des Saints, si bien que Moïse ne peut plus y rentrer. Tout s’applique à la Mère de Dieu qui est l’Arche d’Alliance couverte du voile de sa virginité, le chandelier d’or est l’Illumination de la sagesse divine, l’autel des parfums est la sainteté. Moïse ne peut plus rentrer, car la nuée est la Présence Divine qui est en la Mère de Dieu.
Le passage du Troisième Livre des Rois décrit la mise en place solennelle par Salomon, dans le Temple de Jérusalem que Salomon lui-même avait fait construire, de tout le sanctuaire tel qu’il était organisé sous son père le Roi David, qui lui-même avait ramené à Sion, l’arche d’alliance et tout ce qui l’entourait (conformément aux prescriptions de Dieu à Moïse). Jusqu’à David, le Saint des Saints – qui était toujours dans une tente – était sous la garde d’un certain Lévite. Le Passage des Rois décrit donc la remise en place de tout ce qu’avait disposé David antérieurement et selon la Tradition, dans le Temple nouvellement construit, et après une cérémonie grandiose, et là encore, comme les prêtres sortaient du temple, un nuage remplit tout le sanctuaire, et ils ne purent y rentrer. La nuée dans le Lieu saint représente à nouveau la Mère de Dieu.
Le Passage d’Ézéchiel, comporte d’abord une allusion au huitième jour, après lequel et jusqu’à jamais le Seigneur, quand les sacrifices seront rituellement accomplis, sera favorable à Son peuple. La semaine comportait sept jours, le septième jour étant le sabbat. Le huitième jour, vous le savez, est le Dimanche, jour de la Résurrection et image du huitième jour éternel où les élus seront pour toujours avec Dieu. Mais la péricope d’Ézéchiel se poursuit. Le Seigneur ramène le Prophète sur le chemin de la porte de l’orient du Temple et Il lui dit : «Cette porte RESTERA fermée et c’est par là que le Seigneur passera». Il passera et Il prendra son repas : allusion à la Conception virginale du Seigneur, en la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie.
II – L’évangile de la veille est celui de la Visitation. L’ange Gabriel vient de se retirer, et Marie court vers la montagne chez sa parente Élisabeth, naguère stérile, et dont l’archange venait de lui dire qu’elle attendait un enfant – le baptiste Jean. Marie sans désemparer se rend donc chez Élisabeth où elle resta trois mois pour la servir et l’assister …
Mais, à la salutation de Marie, l’enfant tressaille dans le sein de sa mère qui, animée par l’Esprit, dit : «Tu es bénie entre les femmes et béni est le fruit de ton sein ! Mais comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ?» Or Marie répond par ces mots éternels : «Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses». Dieu a regardé l’humilité de Sa servante. La plus haute de toutes les créatures, se dit elle-même la plus humble !
III – Tellement humble en effet que – en apparence – l’évangile de la fête (comme des autres grandes fêtes mariales) ne parle pas d’elle ! Il parle, en effet, d’une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare ! Vous venez de l’entendre. Ce n’est pas une inadvertance de notre Tradition orthodoxe : c’est en effet la tradition de toute l’Église chrétienne, bien antérieure au schisme du XIe siècle. Les Catholiques aussi avaient cet évangile apparemment paradoxal jusqu’en 1950 où Pie XII choisit un autre évangile pour l’« Assomption ».
Cela nous montre que, comme nous l’avons compris par la Lecture des Proverbes, la Sagesse transcende les intelligences humaines. «Je Te loue, dit le Christ à Son Père, d’avoir caché ces choses aux sages», les intelligenti, dont on connaît les prétentions. Mais le mystère est clair pour celui qui lit humblement. L’évangile de ce jour s’achève par ces paroles que vous avez entendues : «Une voix de femme s’éleva de la foule et dit : Bienheureuses les entrailles qui t’ont porté et bienheureuse la poitrine qui t’a allaité …». Mais, bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule ! puisque le Christ se trouvait dans la maison de Marthe et de Marie. Cette exclamation de la femme au milieu de la foule, elle marque la fin d’un autre épisode !
La Sagesse de l’Église une sainte catholique et apostolique a accolé deux parties qui ne faisaient pas un tout et elle en a fait cet évangile marial.
Et la réponse du Christ notre Dieu montre bien que cet évangile ainsi rassemblé s’applique parfaitement, non pas à la sœur de Marthe, mais à Sa Mère : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent ». Qui a mieux gardé la Parole de Dieu que celle en qui le Verbe s’est incarné ?
En ce jour de l’entrée de Marie au Temple, vénérons-là !
AMIN