15-e SEMAINE après PENTECÔTE


Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : 2 Cor. IV, 6-13 ; Matt. XXII, 35-46


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – L’évangile de Matines est évidemment un des «évangiles de la Résurrection» et il est aussi l’un des plus émouvants. Le premier jour de la semaine, c’est-à-dire notre Dimanche quelques-unes des saintes femmes qui suivaient Jésus se rendent au sépulcre de bon matin portant des aromates – entre temps le corps du Seigneur avait été entouré de bandelettes par des mains non juives – et à leur surprise elles s’aperçurent que la pierre qui fermait le Sépulcre avait été ôtée. Elles entrèrent, ne trouvèrent pas le Corps de Jésus et deux anges aux vêtements brillants leur apparurent et leur annoncèrent que Christ était ressuscité. Ils leur rappellent les paroles du Seigneur, elles s’en souvinrent. En sortant elles annoncèrent ce qui leur était arrivé mais on ne les crut pas. Et pourtant, il s’agissait des apôtres. Puissance, vous voyez, de l’incrédulité !

II – L’épître aux Corinthiens est rude à comprendre, mais lumineuse dans ses apparentes contradictions. Dieu qui a fait sortir la lumière des ténèbres, dit l’apôtre Paul, a répandu la lumière dans nos cœurs afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Certes, ajoute-t-il, nous sommes de bien petits contenants pour la lumière !

Nous sommes petits, perplexes médiocres, mais afin que cette grande puissance en nous de la Lumière soit attribuée à Dieu seul et non à nous. Nous portons dans notre corps la mort du Christ, puisque nous sommes baptisés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi. Dans toute notre vie, nous sommes sans cesse livrés à la mort, persécutés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi dans notre mortalité, si bien que la mort agit en nous afin que la vie soit en vous : nous avons en effet un même esprit de foi, et c’est pour cela que nous parlons, persuadés que Celui qui a ressuscité Jésus des morts nous fera paraître en Sa présence avec vous tous.

III – La péricope de Matthieu commence par une question des pharisiens qui, satisfaits d’avoir entendu Jésus « fermer la bouche » des sadducéens – lesquels, voulant contester la résurrection des morts, avaient évoqué la femme ayant été l’épouse successivement de sept frères … – l’interrogent à leur tour en Lui demandant quel est le «plus grand commandement» de la Loi. Christ répond aussitôt que c’est celui qui prescrit d’aimer Dieu «de tout son cœur de toute son âme et de tout son esprit» et Il ajoute que le second lui est semblable : «tu aimeras ton prochain comme toi-même».

Les libres-penseurs de naguère, les spiritualistes vagues, les droits-de-l’hommistes sont satisfaits de cet enseignement qui, croient-ils, va dans leur sens. Mais l’amour du prochain qui est ici prescrit n’est pas un altruisme vague. Il ne peut être disjoint, en effet, de l’amour de Dieu. C’est en aimant Dieu, que, du même mouvement nous aimons le prochain. Et, de la même manière que Dieu n’est pas un quelconque «premier Principe», «Grand Architecte de l’Univers», mais le Christ, qui est en nous par Ses Sacrements et par Sa Grâce, comme Il est en même temps au Ciel, de la même façon l’homme que nous devons aimer n’est pas un homme abstrait, il n’est pas les «enfants qui ont faim», en Afrique ou en Indochine, il n’est pas les cancéreux, les malades d’Alzheimer pour lesquels on requiert notre générosité financière qui permet de ne plus y penser ! Le prochain – le mot est un superlatif –, il est le plus proche, mon fils qui fait les quatre cents coups, ma vieille mère qui perd la tête et qui me fait lever (pour rien !) dix fois par nuit, la voisine de palier dont personne ne s’occupe plus. Comme le Christ le dit dans la parabole du bon samaritain, le prochain, c’est celui qui souffre sous nos yeux et dont il faut s’occuper, ce qui, bien souvent entraîne des désagréments. Le prochain, c’est celui qui est à côté … et qui pèse !

Aimer le prochain effectif, cela dérange : comme le Christ «s’est dérangé» pour venir du Ciel sur la terre et sur la Croix. Soyons-Lui fidèles, et aimons le plus proche ! Mais, ayant ainsi répondu aux pharisiens, le Christ les interroge à son tour. Le Christ, demande-t-Il, de qui est-il le fils ? De David ! Lui est-il répondu. Mais pourquoi, poursuit-Il, David inspiré par l’esprit écrit-il : «Le Seigneur dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied !» Comment, si le Christ est Son fils, l’appelle-t-il Son Seigneur ? Nul ne sut Lui répondre, aussi cessèrent-ils de L’interroger. Ils ne surent Lui répondre en effet car ils ne savaient pas et ne pouvaient pas comprendre que le Christ est un homme ET qu’Il est aussi le Fils de Dieu.

NOUS AVONS VU, Bien-aimés Frères et Sœurs, LA FORCE DE L’INCRÉDULITÉ, NOUS SOMMES CONSCIENTS DES DIFFICULTÉ DU TÉMOIGNAGE ET DE L’AMOUR DU PROCHAIN, MAIS LE CHRIST EST EN NOUS !


AMIN

.
 

DÉCOLLATION de JEAN-BAPTISTE


Matines : Mat. XIV, 1-13

Liturgie : Actes XIII, 25-32 ; Marc VI, 14-30


C’est aujourd’hui une très grande célébration : tous les ornements sont rouges, c’est un jour de jeûne strict : l’Eglise fait mémoire de la décollation du Prophète, Précurseur et Baptiste Jean.

Jean-Baptiste est non seulement un prophète, il est le plus grand de tous.

La vocation des Prophètes est de rappeler les Droits de Dieu et les Devoirs qui en résultent pour nous. L’évangile du 13-e Dimanche a. P. est très explicite. C’est la Parabole de la vigne et des mauvais employés. Un Maître – Dieu – avait planté une belle vigne, l’avait dotée de barrières, de pressoirs, de bâtiments … Il la donne en location – métairie – à des employés, et, au moment opportun, il envoie un serviteur, puis un autre, puis un autre encore pour recevoir la part de production qui lui était due – puisqu’il s’agissait de métairie.
Les vignerons reçoivent très mal ces serviteurs, battent l’un, maltraitent l’autre, lapident ou même tuent. Ces serviteurs de la parabole sont les Prophètes. Tout au long de l’histoire du peuple juif apparaissent en effet des prophètes qui rappellent ce qui est dû à Dieu, qu’il s’agisse des sacrifices – inhérents à une civilisation agricole –, ou également des comportements individuels. Ils stigmatisent les vices, rappellent les devoirs de bonne conduite …

Ces devoirs étaient inhérents à la situation du peuple juif, qui était le Peuple élu, qui avait reçu la première Révélation, et en concession cette vigne féconde qu’était la terre promise. Jean s’insère glorieusement dans cette tradition prophétique : il prêche vigoureusement, a du succès. Il donnait d’ailleurs l’exemple en étant personnellement d’un grand ascétisme, il était vêtu de vêtements de poils de chameau attachés par une ceinture, il vivait dans le désert généralement, se nourrissait de sauterelles et sa prédication était à l’exemple de ces exigences.

Mais ce très grand prophète est aussi – et c’est la marque éminente de la Grâce qui est sur lui – le Précurseur. La prophétie de Malachie le caractérise comme l’ange qui vient devant le Seigneur.

Au demeurant, les populations impressionnées le prenaient pour le Messie. Il s’en défendait énergiquement : celui qui vient après moi sera plus grand que moi. Je ne suis pas digne, disait-il, de dénouer les lacets de ses chaussures.

Mais, ange qui vient devant le Seigneur, Jean-Baptiste était aussi Précurseur en ce sens que, seul parmi les autres Prophètes, il prêche un baptême de pénitence ! Il baptise donc, mais là encore il marque nettement la différence. Je vous baptise avec l’eau, Celui qui viendra après moi, vous baptisera par l’Esprit et par le feu.

Plus grand de tous les prophètes, ange précurseur, il est aussi et fondamentalement le Baptiste. Il n’en est pas moins tué, comme l’ont été beaucoup des serviteurs (prophètes) évoqués dans la Parabole de la vigne et des mauvais métayers.

Dans cette même Parabole, le Maître aussi envoyait son fils unique. Les vendangeurs le tuèrent et jetèrent son corps hors de la vigne. La Parabole est claire : Christ aussi a été crucifié hors de la ville.

On pourrait poursuivre par une réflexion métahistorique dans le goût d’une certaine intellectualité. En somme, tous ces divers prophètes hébreux ont prêché et ils ont été chassés, tués ou éliminés : Christ aussi a prêché longuement et il a été rejeté et tué. C’est en somme une même constance historique …

Sauf que Christ est ressuscité des morts ! La Résurrection est l’élément DÉCISIF, inclassable, RÉSOLUTIF.

Jean le Baptiste est exceptionnel et mémorable parmi tous les prophètes. MAIS CHRIST EST DIEU.


AMIN

.
 

14-e DIMANCHE après la PENTECÔTE



Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : 2 Cor. I, 21- II,4 ; Matt. XXII, 1-14



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Les prévenances de Dieu à notre égard sont toujours bien au-delà de ce que nous imaginons : car nous ne sommes que des hommes et Il est Dieu et Il est notre Sauveur. Nous le voyons dès l’évangile de Matines : Christ ressuscité apparaît à Marie-Madeleine venue à Son tombeau. Elle le raconte aussitôt, mais on ne la crut pas ! Il apparaît aux pèlerins d’Emmaüs, ils racontèrent, mais on ne les crut pas ! Il apparaît enfin aux onze qui étaient à table et Il leur reprocha leur manque de foi. Il leur renouvelle ce qui est leur mission apostolique, d’évangéliser les nations et de baptiser afin que ceux qui croiront soient sauvés, et peu après, dans l’affirmation de Sa Divinité, sous leurs yeux Il s’élève dans le ciel.

Les témoins immédiats ont témoigné, mais l’incrédulité commence dès leurs tout proches !

II – Paul n’est qu’un apôtre, mais il a reçu en arrhes le sceau de Dieu et c’est par suite de la conscience du décalage entre lui et ses fidèles de Corinthe qu’il a longtemps différé d’aller parmi eux. Nous sommes toujours déphasés face à la munificence de la Grâce …

III – L’évangile de saint Matthieu pour ce quatorzième dimanche est celui des noces du Fils du Roi. Le Roi mariait son Fils, et, pour cette occasion, le festin préparé était plus que ce que l’on peut attendre en orient : il était d’une magnificence non seulement orientale, mais royale. Les bêtes avaient été égorgées à l’avance, les viandes et tous les autres mets avaient été préparés : au moment opportun, le Souverain envoie ses serviteurs convier les invités – car ceux-ci avaient été prévenus à l’avance. Mais, curieusement, l’un ou l’autre s’excusent : tel avait acheté un champ et voulait le visiter, tel autre avait une affaire en cours, un autre encore venait de se marier : bref, sous divers prétextes, tous refusent de se rendre à l’invitation.

Le Roi envoie à nouveau d’autres serviteurs – à la longueur de ces diverses circonstances, vous comprenez bien que ce récit ne se rapporte pas à des événements quotidiens, mais a une dimension symbolique – mais les serviteurs successivement envoyés sont aussi mal reçus que les premiers, voire plus mal : certains sont insultés, certains sont maltraités, certains sont tués … Vous pensez alors au prophète Zacharie, tué entre la nef et le sanctuaire : vous pensez bien, car c’est des prophètes qu’il s’agit effectivement ici ... Tous ces prophètes que le Roi – c’est-à-dire Dieu – a envoyé au peuple juif, « les invités », pour une circonstance qui n’était autre que le mariage du Fils de Dieu et de la nature humaine, le Christ incarné.

Que fait le Roi ainsi bafoué par les invités qu’il avait choisis ? Il envoie son armée qui châtie les meurtriers et brûlent leur ville – c’est la fin de l’existence de la nation juive. Ensuite, le Roi dit à ses serviteurs : «Le repas est prêt – vous voyez bien qu’il s’agit d’un symbole –, faites entrer tous ceux que vous rencontrerez par les chemins et par les places». Ces nouveaux conviés qui n’étaient pas originellement invités, ce sont les Gentils, c’est-à-dire nous les non-juifs, c'est-à-dire nous-mêmes.

Ainsi font les serviteurs et ils sont bientôt en mesure d’annoncer au Roi que toutes les places au festin sont désormais occupées. Le Roi vient à son tour, voit tous ces convives … Mais il remarque l’un d’entre eux qui est venu au banquet sans la robe nuptiale – c’est-à-dire sans s’être préparé pour ce festin royal, c’est-à-dire l’Eucharistie. Le Roi lui demande les raisons de son comportement, l’autre bafouille, le Roi le fait prendre par ses gens, lier pieds et poings attachés et le fait jeter dans les ténèbres extérieures – où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Dieu est patient, nous l’avons vu, miséricordieux et plus que miséricordieux !… Mais il est notre Roi. Il y a ses prescriptions, ses enseignements et ses lois. Il avait choisi les Juifs en leur donnant des règles qui devaient les conduire au Christ.

Celui qui refuse les comportements de salut, celui-là est rejeté dans les ténèbres du châtiment éternel.

Puissions-nous, frères et sœurs bien-aimés, ne pas confondre la PATIENCE de Dieu et le LAXISME DE L’INDIFFERENCE !


AMIN

 

.
 

13-e DIMANCHE après la PENTECÔTE


Matines : Marc XVI, 1-8
Liturgie : 1 Cor. XVI, 13-24 ; Matt. XXI, 33-42



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


L’évangile de ce jour décrit la mauvaise foi et la persévérance dans le mal de mauvais employés. Leur maître leur avait concédé en location – en métairie, dirions-nous plus exactement – la vigne qu’il avait plantée, qu’il avait entourée de barrières, qu’il avait dotée de pressoir, où il avait construit un bâtiment … La saison des fruits étant proche, le maître envoya des serviteurs pour recevoir la part de production qui lui revenait, puisqu’il s’agissait de métairie. Mais les vignerons, au lieu de s’acquitter de leur dû, maltraitèrent les serviteurs, les frappant, les chassant, en tuant même … Le Maître envoya d’autres serviteurs qui furent aussi mal reçus, battus, chassés, lapidés ou tués..

Si bien – vous voyez à la longueur de ces divers épisodes, qu’il s’agit de plus que d’un simple récit ! – si bien que le maître envoya son propre fils en pensant que les employés de la vigne auraient au moins du respect pour le fils du maître. Mais eux se dirent : « C’est l’héritier ! Tuons-le et la vigne sera à nous ! »

C’est ce qu’ils firent : ils tuèrent le fils et héritier et jetèrent son corps hors de la vigne …

Retenez cette circonstance : Christ aussi, le Fils Unique de Dieu, a été crucifié hors de la ville.

Vous le comprenez alors, cette parabole est l’évocation de l’histoire du peuple juif. Dieu lui avait attribué cette vigne féconde, c’est-à-dire la Terre Promise, afin qu’ils en retirent les produits comme le peuple élu qu’ils étaient. Mais ils étaient le Peuple Lu, parce qu’ils avaient reçu la première Révélation les mettant à même de rendre à Dieu le culte qui Lui était dû. L’histoire juive colle aux circonstances de la parabole.

Les Juifs furent infidèles : Dieu leur envoya Ses serviteurs – c’est-à-dire les prophètes – les uns après les autres. Ils les maltraitèrent, les chassèrent, tuèrent certains d’entre eux, comme Zacharie abattu entre le temple des fidèles et le sanctuaire …

Finalement, Dieu envoya Son Fils Unique et bien-aimé : et ils Le tuèrent en dehors de la ville, comme nous l’avons compris en écoutant cette circonstance de la parabole. « Que fera donc le Maître à ces vignerons ? » demande le Seigneur. « Il les châtiera, lui est-il répondu, et il louera sa vigne à d’autres ».

Vous le comprenez, il s’agit du transfert du sacerdoce divin des Juifs aux « Gentils », c’est-à-dire à nous-mêmes, de la substitution de l’Église à la Synagogue.

Mais ici, le Christ notre Dieu rompt avec cette pédagogie de l’explication de la parabole, par l’évocation de cet autre et fondamental passage de l’Écriture : « N’avez-vous pas lu que la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ? » La pierre d’angle, fondamentale dans la construction de tout bâtiment, c’est Lui, le Christ sur Lequel repose l’Église. A l’apôtre Simon, qui à la demande du Seigneur « Que dit-on que je suis », avait répondu : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Christ déclare : « Tu es Pierre et sur cette pierre sera fondée Mon Église » Il n’y a pas d’autre fondement que le Christ.

Le Royaume de Dieu sera ôté aux Juifs ; et, précise-t-Il, « quiconque tombera sur cette pierre sera brisé ». Le Christ est la pierre de scandale sur laquelle les hommes se diviseront. Il est aussi la pierre de touche, celle du jugement. Le Christ, en effet, est Celui sur Lequel et par Lequel tout homme sera jugé.

Redoutable enseignement ! Nous sommes loin, bien-aimés Frères et Sœurs, du laxisme du monde moderne, du relativisme inhérent à nos mentalités et à cet œcuménisme dont saint Philarète disait, dans son épître de douleur, qu’il est la « synthèse de toutes les hérésies »… La Vérité, en effet, est Une, comme le Christ est Un.

Soyons tout entiers à Lui, bien-aimés Frères et Sœurs, totalement et sans réticences.


AMIN

 

 

.

 DORMITION de la T. S. MERE DE DIEU




Vêpres : Gén. XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 ; Prov. IX, 1-11
Matines : Luc I, 39-49, 56
Liturgie : Phil. II, 5-11 ; Luc. X, 38-42 et XI, 27-28

 

 


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


I – A) Dormition, c’est le mot dont on se sert, s’agissant des saints ou de simples fidèles, pour parler de leur mort. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est donc morte le 15 / 28 août, au village de Gethsémani.

Tous les apôtres, miraculeusement rassemblés par la voie des airs, se trouvèrent là pour célébrer ses funérailles, sauf un – dont la tradition dit que c’était l’apôtre Thomas. Il arriva donc en retard, funérailles terminées. «Ce n’est pas possible, déclara ce retardataire, La Mère du Christ, celle qui L’a porté dans son sein, ne peut pas mourir : son corps ne peut pas être voué à la corruption !»

Les autres confirmèrent pourtant qu’ils venaient de l’ensevelir. «Où l’avez-vous mise ?» demanda Thomas. On lui montra le sépulcre. – «Ouvrez-le !» dit-il. Cet apôtre, vous le savez, n’était pas porté à admettre ce qu’il ne voyait pas. On ouvre le tombeau et le corps de la Mère de Dieu n’y était plus ! Mais le tombeau vide embaumait d’une odeur merveilleuse. L’odeur de sainteté, comme vous savez. Des peintres ont représenté la scène avec le sépulcre ouvert plein de roses. Effectivement, le corps de celle qui a porté le Christ n’a pas connu la corruption. Voilà ce que nous savons et que nous apporte la Foi transmise.

Tel est le Mystère merveilleux que nous avons reçu ... L’Église de Rome en a fait – tardivement – le «Dogme de l’Assomption ». Nous les orthodoxes nous respectons le Mystère.

B) Parenthèse non inutile : stupeur d’un catholique italien qui me sait orthodoxe lorsque je lui parlais de la dormition de la Mère de Dieu : «Parce que, pour vous, elle est Mère de Dieu ?» Il croit en l’Assomption, mais il ne sait pas que le Christ est Dieu ! Nous, nous Lui disons, tous les samedis : «Tu es notre Dieu : nous n’en connaissons pas d’autre que Toi». Le Christ n’est pas notre Mahomet ! Avec l’Église, affirmons résolument la Maternité divine de la Mère de Dieu et la Divinité du Christ – car la Trinité que nous a révélé le Christ lui-même – est consubstantielle et indivisible. Souvenons-nous aussi de cette réponse du Christ à l’Apôtre Philippe qui lui demandait de leur faire voir le Père : « Tu me le demandes depuis si longtemps que tu vis avec Moi ? Quiconque me voit, voit le Père ». Il n’y a pas d’autre icône du Père que le Fils.

II – Cette solennité merveilleuse d’aujourd’hui nous apporte encore de riches enseignements par les Lectures et par les Épîtres de la veille. La lecture de la Genèse est le Songe de Jacob. Le saint patriarche s’est endormi sur la terre et il voit en songe une immense échelle qui monte jusqu’au ciel et sur laquelle s’appuie Dieu et par laquelle montaient et descendaient les anges. Elle monte au ciel, car elle est l’image de l’ascension spirituelle à laquelle nous sommes appelés. Mais elle repose sur la terre. Cette terre – la terre promise dont Dieu fait explicitement don à Jacob Israël. Mais cette terre est désormais l’Église – QUI EST L’ISRAËL DE DIEU.

La Lecture suivante est celle d’Ézéchiel qui voit la porte fermée par laquelle passera le Seigneur. Il y prendra son repas (Il s’incarnera) et Il ressortira par le même chemin, la porte restant fermée. C’est la virginité perpétuelle de Marie avant et après l’enfantement.

Des Proverbes, la Lecture prescrite est l’appel de la Sagesse aux Simples : Vous recevrez l’intelligence : telle est la prédication faite aux plus humbles. «Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché la sagesse aux Intelligents dont on connaît les prétentions, et de l’avoir révélée aux plus petits».L’épître aux Hébreux dit : «Souvenez-vous de vos évangélisateurs : Christ est le même, hier, aujourd’hui et toujours». Cela nous dit la continuité intangible de la Foi Transmise. Elle ajoute que Christ a été crucifié hors de la ville ; nous en effet, les chrétiens, nous n’avons pas de cité terrestre. Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange – ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui – car notre vraie cité est la cité céleste.

III – Ainsi avertis, en particulier sur la sagesse révélée aux humbles, avançons-nous maintenant au cœur de la célébration en cours. La Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est, selon l’enseignement de l’Église, «la plus haute de toutes les créatures». Elle est l’incorruptible Fleur céleste et c’est elle que nous célébrons. Mais, PARADOXALEMENT – en apparence du moins … – l’évangile de la Fête ne parle pas d’elle. Il loue une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare … Or, notez-le, ce n’est pas une inadvertance qui serait nôtre : c’est la Tradition de toute l'Église, l'Église d’avant le schisme du XIe siècle car tel était aussi l’évangile de «l’Assomption» jusqu’au changement opéré par Pie XII en 1950 !

Mais la Vérité, Bien-aimés Frères et Sœurs, est plus grande que les apparences, la Transmission du Verbe transcende les simples paroles. L’évangile de ce jour se poursuit par une voix de femme s’élevant de la foule et disant : «Heureuses les entrailles qui T’ont portée …» Mais, Bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule, puisque Jésus était chez les deux sœurs et la voix de cette femme s’élevant de la foule c’était dans un autre épisode !

Cependant, l'Église toute entière nous a transmis cet évangile-ci avec ces deux parties accolées. L’anecdotique, en effet, est dépassé et avec cette fin accolée, l’évangile est vraiment celui de la Mère de Dieu. Marie a choisi «la meilleure part» : cela est vrai de la sœur de Marthe – image traditionnelle de la Vie contemplative – mais, au-delà de la sœur de Marthe, cela est parfaitement vrai s’agissant de la Mère de Dieu, toujours en retrait, humble, apparemment effacée. C’est à elle parfaitement que s’applique la correction apportée par Jésus aux paroles de la femme de la foule : «Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent !». Qui avait mieux gardé la Parole de Dieu que Celle en qui S’était incarné le Verbe, Dieu Parole ? … «Toi incomparablement plus glorieuse que les Séraphins», nous écrions-nous après la lecture complète et contemplative de cet Évangile d’aujourd’hui.

Aussi, le prélude adapté à cette glorification de la plus humble et de la plus glorieuse de toutes les créatures était-il justement celui de la veille, comme toujours, celui de la Visitation : «Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses

AYANT EU LA GRÂCE DE PARTICIPER A CETTE FËTE, glorifions sans cesse dans notre cœur Celle qui fut par son humilité et qui continue d’être, incomparablement, le réceptacle de Dieu !


AMIN

.