2-e DIMANCHE après la PENTECÔTE
Tous les Saints de la Terre Russe


Vêpres : Isaïe XLIII, 9-14 – Sages. Sal. III, 1-9 – Sages. Sal. V, 15 ; 6, 3
Mat
ines : Marc XVI, 1-8
Lit
urgie : Rom. II, 10-16 ; Matt. IV, 18-23
Sts R
usses : Hebr. XI, 33-XII ; Matt. IV, 25- V, 12


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Les textes de ce jour béni donnent l’enseignement spécifique de l’Eglise sur les saints.

«Vous êtes mes témoins, dit Dieu au prophète Isaïe, Il n’y a pas d’autre Dieu que Moi !». Les sages sont dans la main de Dieu, dit la Sagesse de Salomon. Dieu regarde les humbles. Ils ont paru souffrir mais leur espérance est sans fin. Dieu les a éprouvés comme l’or au creuset et les a trouvés dignes de Lui. Ils jugeront les Nations et le Seigneur règnera avec eux pour les siècles. Et encore : ils recevront la couronne de justice et la Main de Dieu les couvrira de Sa force. Tels sont les saints.

I – L’épître des Saints de la Russie est ce passage même de la Lettre aux Hébreux où l’apôtre Paul évoque l’héroïsme des saints d’Israël, leurs prodiges de valeur, l’étonnante grandeur d’âme dont ils firent preuve également dans les tourments : or l’apôtre aboutit à cette conclusion paradoxale : tous ces saints héroïques, ces prodiges d’ascétisme n’obtinrent pas la récompense promise. Ils devaient en effet obtenir ce sort meilleur : de triompher avec nous, c’est-à-dire avec le Christ et dans le Christ.

Mais l’Epître de ce deuxième Dimanche après la Pentecôte nous illumine, au-delà des paradoxes apparents, sur le processus qui conduit à l’aboutissement, c’est-à-dire à la rétribution du Jugement final. La gloire et l’honneur seront pour l’homme qui fait le bien, pour les Juifs d’abord – puisqu’ils ont été les premiers à recevoir la promesse – et également pour les Gentils, c’est-à-dire ceux qui, nés de Nations extérieures, recevront l’évangile. Ce n’est pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes, ce sont ceux qui observent la loi qui seront justifiés – qui donc deviendront et seront reconnus justes. L’apôtre précise sans crainte : les gentils qui n’ont pas eu la loi, lorsqu’ils font des choses bonnes, appliquent la Loi qui est en eux dans leur cœur.

II – L’évangile de ce jour est la péricope qui raconte la vocation de Simon-Pierre et d’André, son frère – le «premier appelé». Le Seigneur les appelle, Il leur dit : «Suivez-Moi !». Il ajoute : «Je vous ferai pêcheurs d’hommes». Peu après, Il appelle Jacques et Jean, les fils de Zébédée, qui eux aussi Le suivirent immédiatement, abandonnant leur vieux père – nous savons ce qu’a dit le Christ sur les parents et les proches … Jésus, ajoute la péricope, prêchait le royaume de Dieu, …guérissant tous les malades …

En mémoire de nos pères, les saints de la Terre russe, nous méditerons tout spécialement «leur» évangile, qui est celui des Béatitudes, selon la version de Matthieu qui est celle que chante le chœur tous les dimanches …

Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux … «être pauvre en esprit», qu’est-ce que cela signifie ? On peut être très riche, et être «pauvre en esprit», c’est-à-dire complètement détaché des biens terrestres. On peut, à l’inverse, «n’avoir pas un radis !», comme on dit en français, manquer de tout et n’être pas pauvre en esprit, être en somme démuni matériellement de tout et être riche en esprit.

Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés : c’est sûr, car le Christ sera avec eux ! Mais on peut avoir toutes les raisons légitimes de pleurer et s’attendrir sur son propre malheur … «Ah, pourquoi moi ? … Pourquoi seulement moi ?» Ils pensent à eux et le Christ ne les console pas, car ils ne L’appellent pas.

Bienheureux les doux, car ils possèderont la terre, eux et non les guerriers ! Les doux, ce sont bien les derniers dont on s’attendrait à ce qu’ils possèdent la terre ! Mais, eux aussi, ils répudient l’esprit de violence et de possession.

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de Justice, car ils seront rassasiés. La possession n’est pas forcément la justice. La justice doit passer avant tout !

Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde : la justice est une exigence, primordiale, mais il faut avoir du cœur, être capable de s’attendrir et de donner sans esprit de retour. Et ceux-là obtiendront la miséricorde de Dieu ;

Bienheureux les cœurs purs CAR ILS VERRONT DIEU !... Oh, pas seulement dans l’Eternité, Frères et Sœurs bien-aimés : ils Le verront vraiment, dès ce monde-ci …

Bienheureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu : ils mettront fin aux conflits – car ils sont eux-mêmes hors du monde !

Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la Justice, car le Royaume de Dieu est à eux, car, comme les pauvres en esprit, ils ont renoncé au monde.

Bienheureux serez-vous, lorsque à cause de Moi, on vous injuriera, on vous persécutera et on dira faussement de vous toute sorte de mal.

Réjouissez-vous et tressaillez d’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ont été persécutés les prophètes qui ont été avant vous.

QUE, par les prières des Prophètes et également des Saints de la Russie, nous ne soyons pas trop indignes d’eux !

AMIN

 

 

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1-er DIMANCHE après la PENTECÔTE

Dimanche de Tous les Saints


Vêpres : Isaïe XLIII, 9-14 – Sages. Sal. III, 1-9 – Sages. Sal. V, 15 - VI, 3
Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie : Hébr. XI, 33 – XII, 2 ; Matt. X, 32-33, 37-38, XIX, 27-30



AU NOM DU PÈRE, DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


A ceux qui constatent que nos grandes fêtes sont toujours «en retard» par rapport aux fêtes homonymes de l’Occident, il est possible de dire que, par contre, nous sommes en avance par rapport à eux qui fêtent la Toussaint le 1er novembre et « tous les morts » le 2.

Pour nous, la Toussaint n’est pas un jour de brumes automnales : nous la célébrons le Dimanche qui suit la Pentecôte, ce qui est normal puisque les saints sont les fruits de la descente du Saint Esprit, et pour nous c’est une grande fête lumineuse : Duminica mare ! dit-on en roumain. Et tous les saints, ce ne sont pas uniquement ceux qui sont inscrits dans le calendrier, c’est tous ceux qui sont morts en Jésus-Christ, nos ancêtres et nos frères. De la même manière quand l’apôtre Paul écrit à une église, il écrit à «tous les saints», c’est-à-dire les baptisés qui s’y trouvent. Jour de lumière et de joie, puisque nous fêtons l’immense multitude des saints, connus et inconnus, qui ont vécu et se sont endormis en Jésus-Christ.

Les textes de ce jour béni donnent l’enseignement spécifique de l’Église sur les saints : le monde laïque et déchristianisé aurait volontiers tendance, dans la moins mauvaise hypothèse, à les mettre sur le même plan que les grands hommes, les héros ...«Vous êtes mes témoins, dit Dieu au prophète Isaïe, il n’y a pas d’autre Dieu que Moi !». Les sages sont dans la main de Dieu, dit la Sagesse de Salomon. Dieu regarde les humbles. Ils ont paru souffrir mais leur espérance est sans fin. Dieu les a éprouvés comme l’or au creuset et les a trouvés dignes de Lui. Ils jugeront les Nations et le Seigneur règnera avec eux pour les siècles. Et encore : ils recevront la couronne de justice et la Main de Dieu les couvrira de sa force. Tels sont les saints.

L’évangile des matines, d’une certaine manière, donne la clé de leur vocation : «Évangélisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit». De ce terreau des baptisés sortent les «témoins de Dieu» : les saints se sont oubliés eux-mêmes, aimant Dieu par-dessus tout et le Christ sera avec eux jusqu’à la fin du monde.

I – L’épître ne laisse pas d’être un peu déconcertante. L’apôtre évoque les merveilles des saints d’Israël : ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, ils ont mis en déroute des armées d’étrangers, ils ont ressuscité des enfants morts. Leurs souffrances et leurs martyres ne sont pas moins étonnants, ils ont été tourmentés, lapidés, sciés, ils ont vécu en ascètes, vêtus de peaux de bêtes, vivant dans des trous de la terre, eux dont le monde n’étaient pas dignes, mais – là est le paradoxe dont se sert l’apôtre – tous ces saints admirables N’ONT PAS EU LEUR RECOMPENSE … Nous restons sans voix ! et il poursuit tranquillement «parce que Dieu voulait pour eux un sort MEILLEUR». Ils recevront en effet leur récompense avec nous qui avons eu comme guide et comme modèle LE CHRIST QUI A SOUFFERT ET QUI A ÉTÉ CRUCIFIÉ, alors qu’ils n’avaient connus, eux, le Christ seulement en espérance.

II – L’évangile, complexe et ardu, est néanmoins résolutif :

A) «Quiconque Me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père qui est aux cieux, et quiconque Me reniera, je le renierai devant mon Père».

B) «Celui qui aime son père ou sa mère… son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi».

Quand j’étais enfant, ces paroles me scandalisaient un peu : le plus grand amour que peut connaître un gamin, c’est évidemment celui de son père et de sa mère. Mais il faut la sagesse que donnent les années, les épreuves, la prière et la Grâce non seulement pour savoir, mais pour expérimenter que l’amour suprême est celui que nous porte le Christ notre Dieu, si bien qu’il dépasse infiniment celui que nous portent nos proches les plus affectueux. Mais le Christ notre Dieu ajoute : «celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de Moi». L’ascèse est inhérente à la marche vers le salut, et nous le comprenons liturgiquement en ce dimanche de tous les saints qui prélude à un Carême. Celui qui aura sauvé sa vie, poursuit le Christ dans le même esprit de répudiation des jouissances, la perdra, mais celui qui aura perdu sa vie à cause de Moi, la sauvera.

Le Christ est notre MODELE absolu d’ascèse !

C) La solution définitive est dans Matt. XIX, 27-30 «Et nous, demande Pierre, nous qui avons tout quitté pour Toi ? …» Christ répond : «Vous serez sur douze trône jugeant les tribus d’Israël … Quiconque aura laissé son père, sa femme, ses fils … recevra au centuple dans le royaume des cieux» …La conclusion définitive est le renversement des valeurs. Les premiers (héros, grands hommes, etc.) seront les derniers, et les derniers seront les premiers.

Que le Christ notre Dieu, bien-aimés Frères et Sœurs, nous donne l’humilité d’être les derniers et de Le suivre jusqu’à la fin !


AMIN

 

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SERMON du 7-e DIMANCHE après PÂQUES
Saints Pères du 1-er Concile


Vêpres : Genèse XIV, 14-20 – Deut. I, 8-10, 15-17 – Deut. X, 14- 21
Matines : Jean XXI, 1-14
Liturgie : Actes XX, 16-18, 26-36 ; Jean XVII, 1-13
Sts Pères : Hébr. XIII, 3-16 ; Matt. XI, 27-30


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I - Nous sommes encore dans le temps « d’après Pâques », mais il y a eu la coupure de l’Ascension: le Seigneur S’est élevé dans le Ciel, Il n’est plus présent parmi nous et nous sommes, avec les apôtres, dans l’attente. « Ne vous éloignez pas de Jérusalem, jusqu’à ce que vienne sur vous le Don de Dieu »…

C’est un temps intermédiaire : nous ne disons plus «Christos voskrece», et nous ne disons pas encore : «Roi du ciel …» Nous sommes sur le point de passer de l’illumination paroxystique de la Pâque à la longue succession – jusqu’à la fin du monde – des dimanches après la Pentecôte. En cette dizaine de jours, prend place le 7-e dimanche, solennel comme un aboutissement et un prélude. Aboutissement qui comporte des inflexions de testament au sens courant du terme …

Fin d’une phase, passage à une autre, c’est ce que préannonce la lecture de la Genèse. Celle-ci comporte l’événementiel, à savoir la victoire d’Abram, la libération de Lot son parent qui récupère ses biens. Mais ce qui est au-delà de la chronique, c’est l’irruption de Melchisédech, mystérieux – comme soulignent les Pères – Roi de Salem, qui fait apporter du pain et du vin – préannonce de l’Eucharistie. Melchisédech, en effet, est prêtre du Très-Haut. Il bénit Abram (ce qui est le fait du Supérieur) lequel, effectivement lui donne la dîme. Or le Christ est prêtre pour l’éternité selon l’Ordre de Melchisédech. C’est l’annonce du nouveau Sacerdoce qui succèdera à la loi et à l’ancien sacerdoce.

Les deux textes du Deutéronome constituent le testament de Moïse. Moïse montre aux Hébreux la Terre Promise, sur laquelle lui-même ne pénètrera pas. Il organise sa succession, en instituant pour ce peuple devenu trop nombreux des unités subdivisées et en mettant en place les Juges qui le remplaceront et auxquels il confie l’administration d’une justice impartiale «ne faisant pas acception de personnes», formule que nous retrouverons dans un autre texte de ce jour.

En écho, c’est aussi son propre testament que fait l’apôtre Paul dans la péricope des Actes lue aujourd’hui : vous ne me verrez plus, écrit-il, prenez garde à vous et à tout le troupeau, il y aura de mauvaises doctrines, moi-même je n’ai pesé à personne … Et il prie à genoux avec ceux qu’il quitte.

II – Tout cela avait une saveur d’achèvement. L’ouverture vers la suite est donnée par l’évangile de Matines, celui de pêche miraculeuse. Christ apparaît sur le rivage aux apôtres qui ont travaillé toute la nuit et qui n’ont rien pris. «Jetez le filet sur la droite de la barque !». Ils le font, et le filet est si rempli de poisson qu’une seule barque ne suffisait pas à les ramener. Ils débarquent tout tremblants – car ils avaient reconnu le Seigneur. Christ Lui-même leur donne du pain et du poisson grillé – ce qui rappelle la multiplication des pains et des deux poissons qu’avait un gamin ... – et ce qui correspond aussi au repas de type eucharistique de Melchisédech, la pêche miraculeuse évoquant, quant à elle, la merveilleuse efficacité de l’Apostolat de la parole évangélique.

III – Mais le testament suprême est évidemment celui du Christ qui est celui de la grande prière sacerdotale de l’évangile de ce jour. Mon Père, dit le Seigneur, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie ! Tu m’as donné, poursuit-Il, toute puissance sur toute chair, afin que Ton Fils donne la vie éternelle à ceux que tu lui as donnés. La Mission du Fils est salvifique. La vie éternelle, explicite-Il, c’est qu’ils Te connaissent ainsi que Ton Fils Jésus-Christ que tu as envoyé. Jamais encore le Christ n’avait révélé aussi clairement la nature contemplative de la vie en Dieu. Les peuples païens d’hier ou d’aujourd’hui fantasment un au-delà qui serait reproduction et perpétuation de la vie terrestre. L’évangile révèle que cette vie est spirituelle, elle est épanouissement de la vie mystique. Comme Il le dit ailleurs, en parlant des Elus : ils seront semblables à des anges ! Je T’ai glorifié, poursuit-Il, j’ai achevé l’ouvrage que Tu m’avais donné. Créateur, Il a porté à sa perfection l’œuvre naguère corrompue par le péché. Il révèle alors pleinement Sa propre nature divine : Glorifie-moi de cette Gloire que j’ai eue auprès de Toi avant que le monde ne fût créé !

Mais la restauration du créé implique aussi l’élimination de toute corruption. J’ai manifesté Ton nom aux hommes que tu m’as donnés. Ceux-là, ont reçu les paroles que Tu m’as données. Suivent ces mots redoutables : Je prie POUR EUX, je ne prie pas pour le monde. Je prie pour eux parce que Tu me les as donnés et ce qui est à Toi est à Moi et ce qui est à Moi est à Toi.

Sur le point de quitter le monde, Il pense à ces évangélisés qui, eux, restent encore dans le monde. Christ-Dieu, Il a cette suprême pensée : garde ceux que tu m’as donnés afin qu’ils soient UN comme NOUS !

Unité véritablement divine des Elus qui, par le Fils, ont connu Dieu.

Que notre Dieu et Sauveur nous donne d’aller fermement vers Lui … et de ne pas partager le sort du Fils de perdition – Judas, explicitement mentionné …

AMIN



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SERMON de l’ASCENSION

Saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves



Vêpres : Isaïe II, 2-3 ; LXII, 10-12 ; LXVIII, 1-3, 7-9 – Zach. XIV, 4, 8- 11
Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : Actes I, 1-12 ; Luc XXIV, 36-43



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,



I – Le fait de l’Ascension de Jésus clôt l’histoire de Sa présence visible parmi Ses apôtres. Il leur était apparu plusieurs fois depuis Sa Résurrection, tantôt à quelques-uns, tantôt à plusieurs. Il se trouvait encore avec plusieurs d’entre eux non loin de Jérusalem – c’était le quarantième jour après Pâques – quand, tout à coup, Il s’éleva visiblement et, sous leurs yeux monta au Ciel. Ils regardaient, fascinés … alors deux hommes, vêtus de blanc – des anges, nous le savons désormais –, se trouvèrent devant eux et leur dirent que ce même Jésus reviendrait de la même manière à la fin des temps. Voilà le fait brut qui advint au Mont des Oliviers, dont les apôtres revinrent à Jérusalem même qui s’en trouve seulement à «une distance de sabbat». Quant à eux leur mission était définie et ils s’y adonnèrent. Ils devaient simplement attendre à Jérusalem la descente du Saint- Esprit.

Ne nous attardons pas aux bafouillis scientifiques – il n’y a pas de «ciel physique» – ou des catholiques : «Il parut s’élever» … Survolons avec amitié les exhortations morales de beaucoup de prédicateurs : «Élevons nos pensées vers le ciel et les bonnes méditations», conseils toujours sages dont nous faisons notre profit.

II – Poursuivons dans la ligne de méditations déjà commencées et qui nous acheminent vers la Grande Fête suivante, la Pentecôte. Le Prophète Zacharie, dans le passage lu hier, dit : «Ses pieds se poseront sur la montagne des Oliviers – il savait donc bien où adviendrait l’Ascension –, et la montagne se fendra en deux», une large vallée s’ouvrira et, en ce jour-là des eaux vives sortiront de Jérusalem. Une moitié – précise-t-il – vers la mer d’Orient, et l’autre moitié vers la mer d’Occident. C’est le déferlement des paroles de vie portées par les apôtres et aboutissant au baptême de toutes les nations, celles de l’Orient et celles de l’Occident. Nous retrouvons les eaux vives que le Seigneur annonçait à la Samaritaine.

Mais, en ce jour de la fête de saint Kyril et Méthode, pensons à ce «déferlement des paroles de vie» porté aux Slaves et faisons mémoire de l’évangélisation dont nous sommes les héritiers. Le Prophète Isaïe évoque, dans les derniers temps, la convergence de tous les peuples vers la Montagne et la Maison du Seigneur, ce qui est conforme à l’apocatastase du prophétisme juif. La fille de Sion ne sera plus appelée la délaissée mais au contraire la recherchée. Mais singulière est, au début du chapitre 63, l’interrogation sur les vêtements rouges. En un premier temps, le prophète dit : «Qui est celui qui vient en vêtements rouges avec des habits éclatants portant la tête haute dans la plénitude de sa force» ? L’Eternel répond «C’est Moi qui parle avec justice, tout-puissant pour sauver». Les vêtements rouges sont, ici, la Passion rédemptrice.

Mais le Prophète poursuit : «Pourquoi tes habits sont-ils rouges, comme ceux de celui qui sort du pressoir» ? Or l’Eternel répond : «J’ai été seul à fouler au pressoir, et, parmi les peuples, personne n’était avec moi». C’est la solitude du Seigneur dans les derniers temps et l’aboutissement de Sa Passion. Mais Il ajoute parlant de ceux qui L’ont abandonné : «Je les ai foulés dans ma colère, je les ai écrasés dans mon courroux : leur sang a rejailli sur mes habits … Car le jour de la vengeance est dans mon cœur ». La dualité du signifié des habits rouges apparaît ici : le Rédempteur est aussi le Juge du Jour Terrible du Jugement. Ne l’oublions pas, bien-aimés Frères et Sœurs !

Certes, le prophète poursuit en rappelant les bontés de l’Eternel pour l’Israël de Dieu : «Ils seront mon peuple, des enfants qui ne tromperont pas». L’Eternel a été leur Sauveur.

Il faut toujours espérer dans la Miséricorde du Seigneur.

Les anges cependant qui apparurent aux apôtres stupéfaits qui regardaient le ciel où un nuage avait dérobé Jésus à leur vue, précisèrent : «Ce Jésus qui a été enlevé d’avec vous dans le ciel en reviendra de la même manière que vous l’avez vu y monter».

L’ascension est glorification de Jésus-Christ Sauveur, mais elle prélude à Son retour, c'est-à-dire au Jugement dernier où, si triste que cela soit pour eux, ceux qui ont déserté le Christ, seront châtiés.

Je terminerai, cependant par un autre feu … plus imminent pour nous, puisqu’il s’agit de celui de la Pentecôte. Dans la péricope des Actes lue aujourd’hui, le Seigneur, en priant les apôtres de rester encore quelques jours à Jérusalem, ajoute : «Jean a baptisé d’eau, mais vous vous serez baptisés du Saint-Esprit dans quelques jours».

L’eau inépuisable dont le Christ est la source qui ne tarit jamais, c’est celle du baptême et de la Parole divine transmise par les apôtres. L’eau est l’un des deux déferlements qui viennent de la blessure faite, lors de la crucifixion, à Son flanc divin. L’autre, c’est ce sang de Sa Passion rédemptrice dont il a fait l’Eucharistie.

Quant au Feu du Saint-Esprit épandu sur les apôtres puisse-t-il éternellement brûler dans notre cœur en un brasier d’amour !


AMIN

 

 

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SERMON pour SAINT NICOLAS

Translation des reliques à Bari



Matines : Jean X, 1-9
Liturgie : Hebr. XIII, 17-21 ; Luc VI, 17-23



Saint Nicolas est le patron de notre église, nous le fêtons par deux fois au cours de l’année et nous avons pour lui une grande vénération : juste en vérité, car Saint Nicolas, évêque de Myre en Lycie et vénéré dans toute l’église chrétienne, est le modèle, le type pourrait-on dire, du pasteur chrétien.

En dépit de l’éloignement dans le temps, des faits sont parvenus jusqu’à nous. Il est considéré, dans beaucoup de régions, comme le patron des enfants : sa sollicitude pour les bambins ne s’inscrit pas forcément dans l’histoire. Un épisode, mémorable, est resté : il dota trois jeunes filles pauvres, orphelines, afin qu’elles puissent se marier et échapper aux dangers liés à cette situation et dans une époque encore brutale. Beaucoup d’autres anecdotes nous ont sans doute échappé … Mais le témoignage de la liturgie demeure et il est édifiant.

L’Evangile de Matines dit en effet – ce sont les paroles mêmes du Christ – «Celui qui n’entre pas par la porte est un voleur» et le Seigneur ajoute : «En vérité Je suis la porte des brebis» et tous ceux qui ont été avant moi, sont des voleurs.

C’est dire combien le rôle de conducteur de peuple est exigeant et combien il est exceptionnel ! Tout naturellement, l’Epître du jour enchaine : Respectez vos supérieurs ! C’est d’eux en effet que nous recevons la bonne doctrine – l’orthodoxie, au sens propre du terme, dont découlent toutes les bonnes œuvres des peuples chrétiens, et voilà pourquoi il faut obéir à nos maîtres.Ces textes sont en somme un épitomé, un résumé percutant de toute la doctrine chrétienne. Et il est grand l’honneur de saint Nicolas d’être l’exemple du juste enseignement.

Comme il est normal toute la sagesse inhérente s’épanouit dans le texte de l’Evangile du jour. Il commence par évoquer une multitude de guérisons opérés par le Christ et il poursuit par l’énumération des béatitudes, celles de Luc, un peu résumées par rapport aux béatitudes de chaque dimanche, mais plus concrètes et plus émouvantes : ... Vous êtes bienheureux, vous qui avez faim maintenant, Vous êtes bienheureux, vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie …

Que notre supérieur saint Nicolas, par lequel nous recevons en sa fête ces saintes paroles de consolation, soit vénéré par nous avec tout notre respect et tout notre amour !


AMIN

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