SERMON de la PRÉSENTATION au TEMPLE de la MÈRE de DIEU



Vêpres : Exode XL, 1-5, 9-10, 16, 34-35 ; 3 Rois, VII – 51, VIII – 1, 3-7, 9-11 ; Ezéchiel , XLIII – 27, XLIV, 1-4.
Matines : Luc I, 39-49, 56.
Liturgie : Hébr. IX, 1-7 ; Luc X, 38-42, XI, 27-28.


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


L’épître nous est bien connue et nous émeut. L’apôtre y évoque la disposition du Temple, d’abord dans le désert, puis dans le Temple de Salomon. Il y avait deux tentes – deux salles – séparées par un rideau.

La première, qui est notre «nef des fidèles», où les prêtres célébraient, comme nous qui y célébrons presque tout : mariages, baptêmes, enterrements, communion des fidèles … Au-delà du «rideau» – comme chez nous l’iconostase et son rideau – était le Saint des Saints où seul le grand Prêtre entrait /une fois par an,/ non sans s’être muni de sang. Pour nous, comme dit l’Ecriture, ce n’est pas «le sang des taureaux et des boucs», mais celui de Jésus-Christ et le clergé y entre pour la liturgie et la Consécration …. Fantastique mutation, dans la continuité ! Nous sommes le Nouveau Peuple élu : au Christ soient «tout Honneur, la Puissance et la Gloire».

C’est par Lui que j’ai commencé, évidemment. Avançons- nous maintenant dans la Célébration de Sa Sainte Mère.

I – Les Lectures bibliques surprennent d’abord par leur teneur symbolique : le passage de l’Exode rapporte les paroles de l’Eternel Lui-même à Moïse concernant la disposition du Saint des Saints. Là, seront, l’arche d’alliance recouverte d’un voile, la table sur laquelle sera «tout ce qui doit y être rangé», le chandelier d’or, les lampes, l’autel des parfums, le rideau d’entrée.

Moïse fait tout ce qui lui est commandé et la nuée couvre le tabernacle, la gloire de l’Eternel emplit le Saint des Saints, si bien que Moïse ne peut plus y rentrer. Tout s’applique à la Mère de Dieu qui est l’Arche d’Alliance couverte du voile de sa virginité, le chandelier d’or est l’Illumination de la sagesse divine, l’autel des parfums est la sainteté. Moïse ne peut plus rentrer, car la nuée est la Présence Divine qui est en la Mère de Dieu.

Le passage du Troisième Livre des Rois décrit la mise en place solennelle par Salomon, dans le Temple de Jérusalem que Salomon lui-même avait fait construire, de tout le sanctuaire tel qu’il était organisé sous son père le Roi David, qui lui-même avait ramené à Sion, l’arche d’alliance et tout ce qui l’entourait (conformément aux prescriptions de Dieu à Moïse). Jusqu’à David, le Saint des Saints – qui était toujours dans une tente – était sous la garde d’un certain Lévite. Le Passage des Rois décrit donc la remise en place de tout ce qu’avait disposé David antérieurement et selon la Tradition, dans le Temple nouvellement construit, et après une cérémonie grandiose, et là encore, comme les prêtres sortaient du temple, un nuage remplit tout le sanctuaire, et ils ne purent y rentrer. La nuée dans le Lieu saint représente à nouveau la Mère de Dieu.

Le Passage d’Ezéchiel, comporte d’abord une allusion au huitième jour, après lequel et jusqu’à jamais le Seigneur, quand les sacrifices seront rituellement accomplis, sera favorable à Son peuple. La semaine comportait sept jours, le septième jour étant le sabbat. Le huitième jour, vous le savez, est le Dimanche, jour de la Résurrection et image du huitième jour éternel où les élus seront pour toujours avec Dieu.

Mais la péricope d’Ezéchiel se poursuit. Le Seigneur ramène le Prophète sur le chemin de la porte de l’orient du Temple et il lui dit : « Cette porte RESTERA fermée et c’est par là que le Seigneur passera ». Il passera et il prendra son repas : allusion à la Conception virginale du Seigneur, en la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie.

II – L’évangile de la veille est celui de la Visitation. L’ange Gabriel vient de se retirer, et Marie court vers la montagne chez sa parente Elisabeth, naguère stérile, et dont l’archange venait de lui dire qu’elle attendait un enfant – le baptiste Jean. Marie sans désemparer se rend donc chez Elisabeth où elle resta trois mois pour la servir et l’assister …

Mais, à la salutation de Marie, l’enfant tressaille dans le sein de sa mère qui, animée par l’Esprit, dit : «Tu es bénie entre les femmes et béni est le fruit de ton sein ! Mais comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ?». Or Marie répond par ces mots éternels : «Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses»
Dieu a regardé l’humilité de Sa servante. La plus haute de toutes les créatures, se dit elle-même la plus humble !

III – Tellement humble en effet que – en apparence – l’évangile de la fête (comme des autres grandes fêtes mariales) ne parle pas d’elle ! Il parle, en effet, d’une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare ! Vous venez de l’entendre. Ce n’est pas une inadvertance de notre Tradition orthodoxe : c’est en effet la tradition de toute l’Église chrétienne, bien antérieure au schisme du XIe siècle. Les Catholiques aussi avaient cet évangile apparemment paradoxal jusqu’en 1950 où Pie XII choisit un autre évangile pour l’«Assomption».

Cela nous montre que, comme nous l’avons compris par la Lecture des Proverbes, la Sagesse transcende les intelligences humaines. «Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché ces choses aux sages», les intelligenti, dont on connaît les prétentions. Mais le mystère est clair pour celui qui lit humblement. L’évangile de ce jour s’achève par ces paroles que vous avez entendues : « Une voix de femme s’éleva de la foule et dit : /Bienheureuses les entrailles qui t’ont porté et bienheureuse la poitrine qui t’a allaité …/ ».

Mais, bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule ! Puisque le Christ Se trouvait dans la maison de Marthe et de Marie. Cette exclamation de la femme au milieu de la foule, elle marque la fin d’un autre épisode !

La Sagesse de l’Eglise une sainte catholique et apostolique a accolé deux parties, qui ne faisaient pas un tout, et elle en a fait cet évangile marial.

Et la réponse du Christ notre Dieu montre bien que cet évangile ainsi rassemblé s’applique parfaitement, non pas à la sœur de Marthe, mais à Sa Mère : «Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent». Qui a mieux gardé la Parole de Dieu que celle en qui le Verbe S’est incarné ?

En ce jour de l’entrée de Marie au Temple, vénérons-là !

AMIN

 

 

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SERMON du 24-e DIMANCHE après PENTECÔTE
Apôtre PHILIPPE



Matines : Marc XVI, 1-8
Liturgie : Ephès. II, 14-22 ; Luc X, 25-37
1 Cor. IV, 9-16 ; Jean I, 43-51



AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Le franchissement de toutes les limites, tel est l’enseignement que nous apporte l’épître de ce jour.

«De deux peuples, par sa Croix, Il en a fait un seul». Il y avait en effet d’abord les circoncis et les incirconcis. Il y avait aussi, puisque la Palestine était envahie, les Juifs et les «Gentils», c’est-à-dire ceux qui appartenaient à d’autres nations, ceux qui étaient proches depuis toujours et ceux qui l’étaient devenus récemment. Le Christ Lui-même, de Son vivant, était allé au-delà : nous L’avons vu guérir le serviteur du «centurion» et constater : «Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël !».

Néanmoins, Sa révélation du franchissement des limites du peuple juif a été progressive. Avant la Résurrection, Il a dit encore dans une péricope de Matthieu (Matt. 10, 5) : «N’allez pas chez les gentils … N’allez pas chez les Samaritains». «Allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël» : il y avait urgence, en effet, et c’est d’abord pour le peuple juif que le Seigneur avait été envoyé : «Prêchez et dites que le Royaume des cieux approche !».

Mais Lui-même néanmoins … Rappelons-nous cette Samaritaine ... qu’Il feignait de ne pas considérer, à l’étonnement des apôtres qui Le pressaient de lui donner satisfaction : «Il n’est pas bon, disait-Il, de donner aux chiens le pain des enfants». Oui, mais répondit l’humble samaritaine, les chiens aussi mangent sous la table le pain qui tombe de la table des enfants ! Et elle obtient ce qu’elle demandait. Car il n’y a pas en fait de limitation de l’œuvre salvatrice : vous étiez loin, mais maintenant vous êtes tous proches, dit le texte des
Ephésiens, car Celui qui est descendu des cieux a fait que, vous tous chrétiens, vous êtes, des parties d’un même édifice, le Corps du Christ. Il est notre Paix : de deux peuples, Il en a fait un seul, ayant détruit par Sa chair la cause de leur inimitié qui était la Loi des préceptes et ayant fait, en Lui-même, un homme nouveau.

II – Ce franchissement des limites, nous le voyons au niveau de la famille qui peut être un rempart d’étroitesse. Un docteur de la Loi interrogeait le Christ – non sans mauvaises intentions … – et Lui demandait : «Que faut-il que je fasse pour hériter le la vie éternelle ?». Le Christ renvoie ce docteur à ce que dit la Loi et le docteur répond, correctement : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu par-dessus tout et ton prochain comme toi-même». Mais cela, on le comprend, prête facilement à interrogations et discussions : qui est mon prochain ? Mon frère, mon cousin, et jusqu’à quel degré ?

A ces sophismes implicites, le Seigneur répond par la parabole du bon Samaritain. Un marchand se rendait de Jérusalem à Jéricho, il tombe entre les mains de brigands qui le frappent, le volent, le laissent à demi mort sur le bord du chemin. Passent deux ecclésiastiques – un sacrificateur et un lévite – qui empruntent simplement l’autre côté de la route et poursuivent leur chemin. Passe un Samaritain – et vous n’ignorez pas qu’il y avait un fort contentieux religieux entre les Juifs et les Samaritains – et celui-ci descend, désinfecte les plaies de l’agressé, le met sur sa monture, le mène à l’hôtellerie, laisse de l’argent à l’hôtelier et lui dit que si la somme ne suffit pas, il repassera quelques jours plus tard et le compensera de la différence …

Des trois passants – dont deux Juifs et un Samaritain – qui a été le prochain du blessé ? conclut le Christ – Celui évidemment qui a exercé la miséricorde !… Même s’il appartenait à une ethnie répudiée !

Les impératifs de la charité sont au-delà des clivages humains.

III – Le second évangile du jour est celui de la vocation de l’apôtre Philippe – que nous célébrons aujourd’hui – et en fait celui de la vocation de Nathanaël. Le Christ dit à Philippe : «Suis-moi !», et Philippe Le suit aussitôt. Il rencontre son ami Nathanaël et lui dit : Celui dont parlent Moïse et les prophètes, nous l’avons rencontré, c’est Jésus de Nazareth ! Nathanaël est sceptique, «viens et vois» et suit néanmoins Philippe. Jésus le voit arriver et dit : «Voici un Israelite en qui il n’y a aucun esprit de fraude !» – « D’où me connais-tu », et Christ répond : « Avant qui Philippe ne t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu !

Nathanaël reconnaît aussitôt le Fils de Dieu. Le Christ répond : « Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’Homme ».

La vision de la Transfiguration est l’aboutissement d’une vocation sans réticences

Toutes les limites sont franchies !

AMIN

 

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SERMON du 23e DIMANCHE après PENTECÔTE

 

Matines : Matt. XXVIII, 16-20

Liturgie : Eph. II, 4-10 ; Luc VIII, 41-56

Hébr. VII, 26 – 8, 2 ; Jean X, 9-16

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

I L’évangile de Matines est cette apparition de Jésus ressuscité aux apôtres sur la montagne où Il leur avait ordonné d’aller. Là, ils L’adorèrent même ceux qui avaient douté : la Miséricorde du Seigneur, vous le voyez, est un discernement plein de sollicitude. C’est alors que le Christ leur commande d’évangéliser les nations les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit [C’est la seule fois où le Christ nomme explicitement la Trinité] et Il leur donne cette assurance que nous recevons nous aussi : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

II – L’épître du 23-e dimanche est un hymne à la Grâce ! Dieu, qui est riche en miséricorde, dans son amour nous a ressuscités alors que nous étions morts, Il nous a rappelés à la vie avec le Christ. C’est par Sa Grâce que vous êtes sauvés, et, anticipant et se plaçant naturellement dans l’éternité, l’apôtre ajoute Il nous a ressuscités ensemble, Il nous a fait asseoir DANS LES LIEUX CÉLESTES en Jésus-Christ. Nous n’y sommes pas encore, bien-aimés Frères et Sœurs, mais, pour l’apôtre inspiré, c’est comme si nous y étions déjà ! et il poursuit : afin qu’apparaisse dans les siècles des siècles l’immense richesse de Sa Grâce. Par la Grâce, vous êtes sauvés PAR LE MOYEN DE LA FOI. Ce n’est pas par les œuvres, par les actes, que vous êtes sauvés. Nous sommes néanmoins la créature de Dieu fondée, dans le Christ – et donc aussi –, pour les bonnes actions que Dieu a préparées pour que nous les accomplissions.

Nous avons vu l’immense miséricorde du Christ, l’épître nous place déjà dans la réalité de notre béatitude céleste, l’évangile est celui de la fille de Jaÿre, mais s’y insère l’épisode bouleversant et édifiant de l’hémorroïsse. Christ, appelé par Jaÿre qui était un des chefs de la synagogue, se rendait chez lui, et, tandis qu’Il marchait au milieu de la foule, l’humble hémorroïsse qui avait perdu tout son argent en soins médicaux, touche son vêtement en étant sûre d’être guérie … Le Christ sent qu’une « force était sortie de lui » et dit : « Qui ma touché ? ». Les apôtres ne comprennent rien … mais l’hémorroïsse se prosterne aux pieds du Christ et raconte son humble espoir et sa guérison. Le Christ lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ». Mais, tandis qu’après ce premier miracle, Il poursuivait son chemin, on vient dire de chez Jaÿre que la fillette était morte. Jésus dit au père : « Crois seulement et elle sera guérie ! » … Le Christ arrive dans la chambre de la morte, Il dit : elle n’est pas morte, elle dort ! On se moque de lui, Il fait sortir tout le monde, et prenant la petite fille par la main, Il lui dit : Ma fille, lève-toi ! Elle se lève assise et le Christ commande qu’on lui donne à manger.

Il est vraiment le Maître de la vie et de la mort.

III – Christ est véritablement un souverain sacrifiateur différent de tous les autres. Les souverains sacrificateurs juifs entraient dans le Saint des Saints avec leurs offrandes et non sans s’être munis de sang. Mais notre souverain sacrificateur a fait cela une fois pour toutes en S’offrant Lui-même. Et ce souverain sacrificateur, le Christ, est assis à la droite du Père, ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle.

La péricope évangélique amplifie et illustre cette vocation suprême du Christ notre Dieu : Je suis la Porte par laquelle on entre dans le Royaume, Je suis le Bon Berger, et il développe : le bon berger donne sa vie pour les brebis, l’employé au contraire, fiche le camp quand le loup arrive, parce qu’il n’est qu’un employé …

Et la parabole assume toute sa signification théologique : « Mes brebis me connaissent comme je connais mon Père et comme mon Père me connaît » !

Comme l’hémorroïsse, comme la fille de Jaÿre portée par la foi de son père suivons toujours le Bon Berger qui est la Porte du ciel !

AMIN

 

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SERMON du 22-e DIMANCHE après PENTECÔTE



Matines : Jean XXI, 15-25

Liturgie : Gal. VI, 11-18 ; Luc VIII, 26-39



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Trois textes d’aujourd’hui trouvent leur unité, patente et mystérieuse, dans le notion de vocation, cette volonté de Dieu qui s’insère en nous, dans notre chair même, et son implication martyrologique. Elle est la marque de Dieu qui s’imprime en nous, le cas échéant, mais cette élection gracieuse ne supplante pas notre liberté.

L’évangile de /Matines /est celui de l’élection singulière de Pierre : « Simon ; fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Pierre affirme qu’il L’aime et le Christ répond : « Pais mes brebis ! » - l’autorité dans l’Eglise, découlant de l’amour pour le Christ. Une seconde fois, Christ pose la même question, Pierre répond affirmativement et le Christ lui dit pareillement : « Pais mes brebis ». Une troisième fois le Christ formule la même question, Pierre un peu attristé de cette troisième interrogation, répond : « Tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ! ».

Or immédiatement après cette triple affirmation d’amour, Christ enchaîne par la prédiction du martyre de saint Pierre : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu allais où tu voulais. Quand tu seras vieux, on te ceindra et on te mènera où tu ne voudras pas ! ». L’élection de Pierre par son amour entraîne aussitôt la prédiction du martyre par lequel – voyez la spécificité de la logique chrétienne – il glorifiera Dieu.

L’élection – le choix divin – reste mystérieuse : en témoigne l’interrogation à propos de Jean qui marchait derrière eux : « Et de lui, Seigneur, qu’en sera-t-il ? » Mais le Christ répond par l’affirmation de la volonté divine : « Si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que Je revienne, que t’importe ? »

II – Ce mystère est inhérent à ce qui était dit à propos de la circoncision. Juifs et judaïsants auraient voulus que les chrétiens portent dans leur corps – comme c’était la tradition juive – le signe de leur appartenance à Dieu. L’apôtre écarte avec vigueur cette suggestion : je ne me glorifie qu’en la croix du Christ ! Ce qui importe, ce n’est ni d’être circoncis ou incirconcis, mais d’être une créature nouvelle. Au reste, ajoute-t-il, que personne ne me fasse de peine, car je porte sur mon corps les blessures de Jésus-Christ – c'est-à-dire les stigmates. Cette confession, précieuse en elle-même, confirme que, comme nous le disions plus haut, l’élection divine a une implication martyrologique.
Mystères redoutables, évidemment …

Mais devant cette élection impliquant, d’une manière ou de l’autre, le martyre, prélude le la Gloire, l’homme reste libre et c’est ce que démontre l’épisode des Gadaréniens. Un possédé vivait dans les tombes et terrorisait les populations. Il se prosterne devant le Christ ! « Ne nous renvoies pas dans l’abîme !» Christ demande le nom de ce démon : « Mon nom est Légion » car ils étaient très nombreux. Selon leur souhait, le Christ leur permet d’aller dans le troupeau de porcs qui paissaient
tout auprès. Le Seigneur le leur permet, ils passent dans les porcs – animal impur pour les Juifs – qui se jettent tous dans le lac et s’y noient !

Et les Gadaréniens prient le Christ de se retirer d’eux ce qu’Il fit …

On peut préférer ses porcs au Christ ! Le Christ ne nous force pas. Le salut, nous l’avons compris, par les exemples précédents n’est pas facile ! On peut préférer les jouissances au Salut.

Que le Christ nous donne, frères et sœurs bien-aimés, de ne pas faire comme les Gadaréniens et de le suivre toujours !


AMIN

 

 

 

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SERMON du 21-e DIMANCHE après la PENTECÔTE


Matines : Jea XXI, 1-14
Liturgie : Gal. II, 16-20 ; Luc XVI, 19-31


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

L’amour et la sollicitude de Dieu ne cessent pas, Dieu est proche de nous dans les vicissitudes de chaque jour et Il élève jusqu’au ciel ceux qu’Il aime.

I – L’évangile de matines rapporte, selon le témoignage de Jean, la troisième apparition après la Résurrection. Simon et quelques compagnons étaient allés pêcher sans rien rapporter. Ils voient en revenant un homme sur le rivage. Celui-ci leur demande s’ils ont trouvé des poissons ... : « Jetez le filet à droite de la barque » ! dit le Seigneur qu’ils n’avaient pas reconnu. Ils le font et retirent une multitude de gros poissons. Jean reconnaît le Seigneur, Simon s’habille complètement et gagne la rive à la nage … Quand ils arrivent tous, ils trouvent un petit feu sur lequel étaient des poissons et du pain. Jésus leur dit d’apporter leurs poissons et de manger et Il leur donne du pain et des poissons grillés. Du pain de tous les jours, mais le Christ était venu, Il leur avait fait pêcher une multitude de poissons : car Sa sollicitude est constante.

Mais Il nous élève aussi très haut par la voie mystique et nous allons le voir.

II – Nul n’est justifié par la Loi, dit l’apôtre dans l’épître aux Galates. Nous avons cru en Christ et nous sommes justifiés par la Foi et non par la Loi. Si nous péchons, c’est notre péché, pas celui du Christ. Je suis mort pour la Loi par la Loi, et je suis vivant par le Christ. J’ai été crucifié avec le Christ : ce n’est pas moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Je suis vivant par le corps, mais je vis par le Fils de Dieu – et voilà la touche de conscience proprement mystique : - le Fils de Dieu qui m’a aimé s’est livré pour moi.

Pour moi : « Il est mort pour nous les hommes … » ; cela peut rester une formule, mais le basculement dans la vie mystique, c’est lorsque l’on sent vraiment ceci : Il est mort pour moi.

III – L’Evangile du jour est celui du riche et de Lazare – on dit parfois du « mauvais riche », mais l’évangile ne comporte aucun élément polémique. Le riche était simplement un homme qui avait de la richesse et qui, tous les jours, se traitait bien, en nourriture et en habillement. Le pauvre Lazare était couché à la porte du riche et il aurait bien aimé se rassasier de ce qui tombait de la table du riche. Mais il était couvert d’ulcères et il y avait aussi les chiens … qui éventuellement léchaient ses ulcères. Or les deux hommes meurent et le pauvre fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut et tomba en enfer. Or de là, il voyait Lazare et il demanda à Abraham : « Père Abraham, envoie Lazare pour qu’il trempe son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je suis extrêmement tourmenté dans cette flamme ! ». Abraham lui répond avec bienveillance : « Pendant la vie, tu as eu beaucoup de biens, et Lazare avait ses maux. Maintenant, il est consolé et tu es dans la souffrance … »

Ceux qui ont joui des biens matériels sans penser à rien d’autre, sont dans les tourments après la mort et à l’inverse celui qui a supporté ses maux matériels est consolé.

    - « Mais quant à t’envoyer Lazare pour te soulager dans tes souffrances, continue Abraham, je ne le puis car il y a entre le Paradis et l’enfer un abîme que nul ne peut franchir ! ».

    Le riche comprend, mais il demande à Abraham d’envoyer au moins Lazare dans la maison de son père, car il a encore cinq frères et souhaite les prévenir pour qu’ils ne tombent pas comme lui dans les souffrances.

    - « Ils ont Moïse et les prophètes, répond Abraham : qu’ils les écoutent ! »

    - « Non, Père Abraham : mais si quelqu’un vient de chez les morts, ils l’écouteront ! »

    - « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils n’écouteraient pas non plus un mort ressuscité

    En effet, pourrions-nous ajouter, les pécheurs et les jouisseurs n’ont pas écouté le Christ ressuscité !

    Le Christ est venu et Il vient pour chacun de nous, car comme dit justement le grand apôtre Paul, en son propre nom qui est aussi le nôtre, Christ est mort pour moi !

    Il nous donne toutes sortes de bien, mais ce qui est le plus important et qu’Il nous offre aussi, C’EST LE SALUT - car Il est mort pour chacun de nous !

    Servons-nous raisonnablement des autres biens, mais surtout suivons-LE !


AMIN





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