Les dix lépreux

 

Chers frères et sœurs en Christ,

L’Evangile de Luc 17:12-19 nous situe dans un moment unique et chargé d’histoire. Jésus-Christ est en chemin pour Jérusalem, Son dernier voyage avant de vivre Sa Passion, Sa Crucifixion et Sa Résurrection. C’est un voyage marqué par la solennité de Sa mission rédemptrice.

Ce texte rapporte également le dernier miracle accompli en Galilée, une région où Jésus a tant enseigné et guéri. Cet événement, bien plus qu’une simple guérison, est une parabole vivante de la foi et de la reconnaissance. Il nous interpelle aujourd’hui sur notre manière de répondre à la grâce de Dieu.

Le saint Evangéliste Luc (17:12) nous dit : "Dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance." À cette époque, la lèpre n’était pas seulement une maladie physique ; elle était synonyme de rejet total. Selon la loi mosaïque, un lépreux devait se tenir à au moins huit pas des autres pour éviter toute contamination rituelle. En cas d’infraction, il risquait d’être violemment chassé, voire lapidé.

Ces hommes vivaient dans une marginalisation absolue : coupés de leur famille, de leur communauté et du culte. Pour survivre, ils formaient des groupes s’entraidant dans leur détresse.

Ces dix lépreux, unis dans leur souffrance, s’adressent à Jésus avec un cri commun : "Jésus, Maître, aie pitié de nous !" Leur prière, bien que lancée de loin, témoigne d’une foi qui reconnaît en Jésus le seul capable de les libérer.

Face à leur cri, Jésus répond simplement : "Allez vous montrer aux prêtres." Ce commandement semble curieux, car ils ne sont pas encore guéris. Mais il s’agit d’un appel à la foi : selon la loi juive, seuls les prêtres pouvaient attester la guérison d’un lépreux et le réintégrer dans la société.

En obéissant à cette parole et en se mettant en chemin, les dix hommes montrent une foi active. Et c’est alors qu’ils marchent qu’ils découvrent leur guérison. Ce miracle enseigne une vérité importante : la grâce de Dieu se manifeste souvent en réponse à une foi qui obéit, même avant de voir les résultats.

Sur les dix guéris, un seul revient pour glorifier Dieu, et le saint évangéliste Luc souligne qu’il s’agit d’un Samaritain. Cet homme, méprisé par les Juifs pour ses origines, devient un exemple éclatant de reconnaissance.

Il ne se contente pas de constater sa guérison et de poursuivre son chemin ; il retourne vers Jésus, louant Dieu à haute voix. Sa gratitude n’est pas une simple formalité. Il se prosterne aux pieds du Seigneur, reconnaissant que cette guérison est un don divin.

C’est dans ce contexte que les paroles de saint Augustin résonnent avec une puissance particulière : "Rien n'est plus court à prononcer et rien n'est plus utile à faire que ce que ces trois mots expriment : Merci, mon Dieu !" Ces trois mots, prononcés avec sincérité, révèlent un cœur transformé par la grâce. Contrairement aux neuf autres, qui acceptent la guérison sans revenir, le Samaritain montre que la véritable foi s’accompagne d’une reconnaissance active.

Jésus le remarque et pose une question pleine de sens : "Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ?" Puis, il ajoute : "Ta foi t’a sauvé." Ici, Jésus souligne que ce n’est pas seulement la guérison physique qui compte, mais surtout la restauration spirituelle. Ce Samaritain, en rendant gloire à Dieu, accède à une relation plus profonde avec le Seigneur.

La lèpre, symbolise le péché qui ronge notre âme et nous sépare de Dieu. Comme ces hommes, nous avons besoin d’un Sauveur pour être purifiés. Ce Sauveur, c’est Jésus-Christ, qui nous appelle à venir à Lui avec foi et humilité, en particulier à travers le sacrement de la confession. Lorsque nous confessons nos péchés avec sincérité, Jésus nous guérit et nous restaure. Mais il ne suffit pas de recevoir cette grâce ; il est important de répondre par une gratitude profonde et sincère. Cela s’applique tout particulièrement après avoir reçu la Sainte Communion.

Souvent, après la Communion, nous avons tendance à nous presser de quitter l’église pour reprendre le cours de notre journée. Pourtant, l’histoire du Samaritain reconnaissant nous rappelle qu’il est essentiel de remercier Dieu pour le don précieux qu’Il nous fait dans l’Eucharistie. Restons quelques instants pour écouter et participer aux prières de remerciement après la Communion. Et si, pour une raison valable, nous devons partir plus tôt, prenons l’habitude de lire ces prières chez nous, avec recueillement.

De plus, comme le Samaritain, exprimons notre gratitude pour toutes les miséricordes de Dieu. Remercions-le pour chaque bénédiction, grande ou petite, qu’Il nous accorde. Mais allons encore plus loin : remercions-Le également pour les épreuves qu’Il permet dans nos vies. Car, comme le dit l’Écriture, Dieu ne nous envoie jamais plus que ce que nous pouvons supporter (1 Corinthiens 10:13). Chaque épreuve est une occasion de grandir dans la foi, d’apprendre à nous abandonner. La gratitude n’est pas seulement un acte de politesse envers Dieu ; elle est une manière de reconnaître que tout ce que nous avons, et tout ce que nous sommes, vient de Lui.

Bien-aimés, cette histoire des dix lépreux nous interpelle sur notre propre réponse à la grâce de Dieu. Sommes-nous parmi les neuf qui prennent sans remercier, ou parmi les rares qui retournent glorifier Dieu ? Aujourd’hui, prenons le temps de réfléchir à toutes les bénédictions que nous avons reçues et disons avec foi et gratitude : "Merci, mon Dieu !" Car en Christ, nous recevons bien plus qu’une guérison physique : nous trouvons le salut et la vie éternelle. Amen.

 

Père Zhivko