Célébrations pontificales à Grenoble et à Lyon
Il nous a été donné de vivre un événement relativement rare dans nos contrées. En Russie les églises poussent comme des champignons après la pluie, mais, le plus souvent, elles sont construites avec de l’argent public ou sur des fonds douteux provenant de ''généreux donateurs''. Il en va tout autrement avec nos petites communautés où chacun, comme il le peut, à la sueur de son front, élève des temples à notre Seigneur. De fait, il ne nous est pas possible de concurrencer les ''églises d’État'', en revanche ces églises construites de nos propres mains ont une valeur spirituelle incomparable et, de plus, comme il fait bon y prier !
Cette joie, nous l’avons éprouvée dimanche dernier dans la banlieue de Grenoble, à une centaine de kilomètres de Lyon, dans un lieu véritablement paradisiaque, aux pieds mêmes des majestueux monts alpins où, sur son propre terrain, notre confrère de l’Église des VCO de Grèce, le père Georges Mandaropoulos, a construit, non pas réellement une église, mais une ravissante chapelle, grâce aux efforts de toute la famille, notamment de son fils l’hypodiacre Thomas, et avec l’aide de quelques amis lyonnais, en particulier le fils du protodiacre Evguéni Dorochine, Matthieu, qui venaient apporter leur aide à des moments difficiles de la construction.
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Pour couronner tous ces efforts, samedi 19 mai, Mgr Ambroise, Évêque de Méthone, très largement connu dans toute la diaspora orthodoxe, est venu consacrer cette chapelle et a présidé la Divine Liturgie dominicale. Pour cette occasion, il avait été décidé de fermer exceptionnellement notre église à Lyon, afin que tout notre clergé et les fidèles qui le désiraient, puissent partager la joie de nos frères grecs. Une cinquantaine de personnes se sont ainsi rassemblées dans une atmosphère particulièrement spirituelle et joyeuse
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Mgr Ambroise est un homme étonnant, un pasteur infatigable. Chacun peut suivre sur internet ses périples incessants à travers tout le monde orthodoxe. Le dimanche précédent il concélébrait en Moldavie avec le secrétaire de notre Synode, l’Archevêque Georges, à l’occasion de sa fête, pour l’Ascension il était en Angleterre, dans la banlieue de Londres, à Brookwood, au monastère du Saint Roi Martyr Edouard où il a tonsuré trois frères, et de là il s’est rendu directement chez nous en France. Mgr Ambroise parle huit langues, dont cinq tout à fait couramment et, ce qui nous importe particulièrement, il parle et célèbre librement en français et en russe. De part son statut d’évêque il est successeur des apôtres, mais en réalité il n’est pas simplement successeur, il est lui-même apôtre. Il est évêque dirigeant dans la lointaine Australie, en Europe Occidentale, en Ossétie du Sud où il a rencontré récemment de graves difficultés de la part des autorités gouvernementales sous la pression du Patriarcat de Moscou qui ne pouvait supporter de voir toute l’Ossétie méridionale sous l’omophore d’un Evêque vieux-calendariste grec, de plus très aimé de ses fidèles ! Mais le plus étonnant, et ce qui peut lui valoir l’appellation d’apôtre, c’est l’extraordinaire mission qu’il a développée en Afrique, sur une terre encore vierge, au Congo et au Kenya. Il faut savoir qu’au Congo il a quarante deux prêtres, dix huit au Kenya, une quantité innombrable de moniales et de moines, des écoles orthodoxes ! La mission d’un évêque – epi-scopos – est d’être le ''sur-veillant'' du territoire qui lui a été confié, alors que la mission de l’apôtre – apostolos –, c’est-à-dire de ''l’envoyé'', est de semer l’Église du Christ à travers le monde, sur des terres vierges, où par la suite seront nommés des évêques avec pour charge de veiller sur elles. Ainsi – l’Évêque Ambroise n’est-il pas un authentique apôtre dans ces pays africains, au même titre que l’apôtre Marc est considéré comme étant apôtre de l’Égypte pour y avoir semé et fondé l’Église du Christ, saint Thomas apôtre de l’Inde, et ainsi de suite ?
Toutes les personnes présentes ont été unanimes pour dire le bonheur que cette journée leur a apporté. Le beau temps a contribué à la réussite de cette journée, de même que l'hospitalité de la famille Mandaropoulos et l'aide efficace de tous ceux qui n'ont pas ménagé leur peine en ce jour.
Souhaitons à cette nouvelle église créée avec tant d'amour et consacrée à saint Cosmas d’Etolie, de devenir un flambeau de l'Orthodoxie en cette région.
Lorsque nous avons appris que Mgr Ambroise allait célébrer à Grenoble les 19/20 mai, nous avons immédiatement pensé au fait que le 21/22 mai est, comme disent les Russes, la fête de ''saint Nicolas d'été'' célébrant le transfert des reliques de notre saint Patron de Myre en Lycie à Bari, et qu'en outre l'avion de Monseigneur était prévu pour le 22 mai dans l'après-midi en partance de l'aéroport de Lyon ! Après nous être assurés de l'accord de notre Métropolite Agafangel, qui nous a donné avec plaisir sa bénédiction, nous avons proposé à Mgr Ambroise de venir à Lyon fêter la mémoire du saint protecteur de notre paroisse. Monseigneur a accepté avec joie notre invitation de venir officier dans notre église, dont il avait depuis longtemps entendu parler, mais où il n'était encore jamais venu.
Bien que notre fête paroissiale soit célébrée en décembre, nous fêtons toujours le ''saint Nicolas d'été'', mais, assurément, de façon bien plus modeste. Et là, ayant invité un Évêque à venir célébrer en semaine, dans un pays non-orthodoxe, nous avons craint de ''perdre la face'' devant notre hôte ! Certes, il n'y a pas eu de miracle, toutefois par le nombre des fidèles l'assistance était tout à fait satisfaisante, notamment le chœur était en formation suffisante pour assurer un office pontifical et célébrer dignement saint Nicolas. Nos chers amis grecs sont, à leur tour, venus à Lyon pour partager cette fête avec nous.
La Liturgie s'est terminée par un moleben avec procession autour de l'église, des mnogaïa lieta furent chantés au Métropolite Agafangel, à l'Archevêque Kallinique et à l’Évêque Ambroise qui, dans un français parfait a délivré un sermon d'une grande élévation sur le thème de la sainteté. Monseigneur a eu la chance de rencontrer et de fréquenter dans sa vie notamment deux saints : notre saint Métropolite Philarète, mais surtout le saint Métropolite roumain Glykery dont il nous a conté l'étonnant chemin de vie.
Monseigneur est apparemment resté content de son séjour et des célébrations à Grenoble et à Lyon. Dès le lendemain l'attendaient en Grèce une session du Synode des Évêques et, selon toute vraisemblance, de nouvelles visites pastorales à travers le monde. Eis polla, eti, despota !
Protodiacre Germain Ivanoff-Trinadtzaty