Le  Semeur

 

 

Voici comment le roi et prophète David exprime sa tristesse de voir combien il y a peu de personnes pieuses, peu de gens qui cherchent Dieu : «Le Seigneur a regardé du haut des cieux les fils des hommes, pour voir s'il y a quelqu'un qui comprenne, qui cherche Dieu». Et au verset suivant, il témoigne amèrement : «Tous se sont égarés, ils sont devenus également indignes ; il n'y a personne qui fasse le bien, il n'y en a pas un seul».

Le peuple élu de Dieu vivait en Palestine comme un îlot au milieu d'un océan de païens dont les célébrations à leurs dieux étaient pleines d'abominations. Mais parmi le peuple juif lui-même, la célébration de Dieu était purement externe, ils ne glorifiaient Dieu que des lèvres et non du cœur.

Salomon avait construit un temple magnifique à Dieu, mais dès le règne de son successeur le royaume fut divisé, et la plus grande partie de la population se détourna de la piété et se mit à adorer des idoles. Et parmi ceux qui vénéraient encore le vrai Dieu, leur piété ne s'exprimait plus que par des sacrifices et de l'encens, dont le prophète Isaïe disait au nom de Dieu : «Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes ; Elles me sont à charge ; Je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : vos mains sont pleines de sang» /Isaïe 1, 14-16/.

Mille ans après David est né notre Seigneur Jésus-Christ. La façon dont les gens L'ont traité lorsqu'Il a été crucifié sur la Croix, montre qu'à l'époque déjà peu de gens cherchaient Dieu de tout leur cœur. Sur les dix lépreux, un seul est revenu pour rendre gloire à Dieu, pour Le remercier de sa guérison. Les autres, oubliant leur bienfaiteur, courent chez eux pour «se réjouir avec leurs amis», pour fêter l'heureux événement.

Et la parabole du semeur d'aujourd'hui montre que parmi ceux qui entendent la Parole de Dieu (et combien il y en a qui ne veulent même pas l'entendre !), seul un quart la garde dans un cœur pur et bon et porte du fruit dans la patience. Chez certains, elle est immédiatement volée par le diable, chez d'autres, elle ne trouve pas de terre profonde - l'amour - pour s'enraciner, chez d'autres encore, elle est noyée dans toutes sortes de passions mondaines.

Deux mille ans se sont écoulés depuis que cette parabole a été prononcée, et nous pouvons tristement témoigner qu'il pourrait aujourd'hui se trouver à peine un quart des chrétiens dans le monde qui gardent la Parole de Dieu dans un cœur pur et bon. N'est-il pas douloureux de constater cela ? Est-il facile de se faire à l'idée que le Royaume de Dieu ne sera pas établi sur cette terre, à laquelle nous sommes si habitués et dont nous comprenons si bien les joies, - mais qu’il le sera par le Seigneur Lui-même et sur une «terre nouvelle», après que cette terre et tout ce qu'elle contient auront été détruits et brûlés ? Est-il agréable pour un homme qui cherche Dieu de se sentir seul, d'être un petit îlot perdu dans une mer infinie de chrétiens tièdes, ou pire d’ennemis déclarés de Dieu ?

C’est sans aucun doute difficile et douloureux ! Mais pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi l'œuvre du Christ ne se développe-t-elle pas librement ? Pourquoi la Parole de Dieu n'agit-elle pas avec une puissance victorieuse, impérieuse et conquérante ? Si un semeur prudent s'efforce que sa semence ne tombe ni sur le chemin, ni sur un sol pierreux, ni parmi les mauvaises herbes, pourquoi le Seigneur n'en fait-Il pas autant ? Mais Sa semence - qui est la Parole de Dieu - est semée partout, dans tous les sols, c’est-à-dire dans les cœurs de tous les hommes, et les trois quarts restent stériles ?

Si nous comprenons cela, nous comprendrons alors pourquoi le Seigneur a permis la chute des premiers hommes, pourquoi Il ne les a pas sauvés du péché, de la damnation et de la mort par un acte tout-puissant de Sa volonté, mais a envoyé Son Fils pour le faire ; nous comprendrons également pourquoi le Sauveur est venu sur terre non pas dans la splendeur et la gloire de la royauté, non pas dans la splendeur de Sa puissance, mais sous l'humble forme d'un homme, et a enduré des souffrances et une mort honteuse, au lieu de régner glorieusement sur le monde entier. Alors deviendront également clairs pour nous la prédication apostolique, le doux appel des disciples du Christ, «Réconciliez-vous avec Dieu», au lieu d’un commandement impérieux de croire et d'être baptisé.

Nous ne devons jamais oublier que l'œuvre de Dieu dans le monde est une œuvre d'amour et de liberté, que tout ce que Dieu fait, Il le fait uniquement par amour et librement. De même que Dieu a créé le monde librement et par amour afin de rendre les créatures participantes de Sa béatitude, de même Dieu ne veut pas forcer l'homme à faire quoi que ce soit, même ce qui est utile et salutaire pour lui. Il aurait pu créer un automate qui ferait la volonté de Dieu sans se poser de questions, mais l'homme serait alors plus bas qu’un animal. Mais si nous comprenons la valeur de la liberté et comprenons que c'est ce qui fait la grandeur de l'homme, qu'il est libre de disposer de lui-même, alors il nous est facile de comprendre que Dieu a voulu que l'homme sur terre ne soit que libre.

Même lorsque l'homme, du fait de sa liberté, a péché et a perdu le paradis, Dieu ne l'a pas privé de sa liberté, mais a conçu un moyen d'amener l'homme librement, sans contrainte, sur la voie du salut. Après avoir lavé les péchés de toute l'humanité avec Son Sang, le Christ Sauveur a envoyé Ses disciples dans le monde avec l'Évangile du salut. Par la bouche des apôtres, des évêques et de nous, prêtres indignes, Il sème Sa Parole miraculeuse capable de sauver l'homme. Il reste à l'homme à l'accueillir librement en son cœur, à s'en imprégner et à illuminer sa vie de sa lumière.

Le Seigneur a donc remis notre destin entre nos mains : notre salut ou notre damnation éternelle. La parole du salut est semée dans l'âme de chacun. Recevons-la avec joie, gardons-la avec soin et amour, et portons-la à travers toutes les épreuves de la vie, sachant que sans elle nous serons aveugles et misérables. Amen.

 

Archiprêtre Victor Illienko

 

 

 

Сеятель

 

Ветхозаветный праведник, царь и пророк Давид, такими словами выражает свою скорбь о том, что мало людей благочестивых, мало ищущих Бога: «Господь с небес призрел на сынов человеческих, чтобы видеть, есть ли разумеющий, ищущий Бога.» И в следующем стихе с горечью свидетельствует: «Все уклонились, сделались равно непотребными; нет делающего добро, нет ни одного.»

Избранный народ Божий жил в Палестине, как островок среди моря язычников, у которых даже служение богам полно было мерзости. А в самом народе еврейском служение Богу было чисто внешним, приближались к Богу скорее устами, чем сердцем.

Соломон построил великолепный храм Богу, но уже при его преемнике царство разделилось, и большая часть его отпала от благочестия и стала кланяться идолам. А у тех, что еще кланялись истинному Богу, всё благочестие стало выражаться лишь в жертвах и курениях, о которых пророк Исаия от лица Божия сказал: «Душа моя ненавидит ваши новомесячия и ваши праздники: они бремя для Меня, Мне тягостно нести. Не приносите больше лицемерных даров: курение мерзость предо Мною, новомесячия и субботы нестерпимы Мне.»

Спустя 1000 лет после Давида родился Христосъ Господь. И по тому, как люди поступили с Ним, распяв Его на Кресте, видно, что и тогда мало было людей, всем сердцем ищущих Бога. Из десяти прокаженных только один возвратился, чтобы воздать славу Богу, поблагодарить за исцеление. Остальные, позабыв о благодетеле своем, побежали домой, чтобы «со други своими возвеселиться», отпраздновать счастливое событие.

И сегодняшняя притча о сеятеле указывает на то, что из слушающих Слово Божие (а сколько есть таких, что и слушать не хотят!) только четвертая часть хранит его в чистом и добром сердце и приносит плод в терпиении. У одних его сразу же похищает диавол, у других оно не находит глубокой почвы – любви, чтобы укорениться, а у третьих его заглушают всякия житейския пристрастия.

Две тысячи лет прошло с тех пор, как эта притча была сказана, и мы с грустью можем засвидетельствовать, что теперь в мiре едва ли найдется и четверть таких христиан, которые бы хранили Слово Божие в чистом и добром сердце. Разве не больно об этом думать? Разве легко примириться с мыслью, что Царство Божие будет создано не на этой земле, к которой мы так привыкли и радости которой нам так понятны, – но Самим Господом и на «новой земле», после того, как эта земля и всё, что на ней, разрушится и сгорит? Разве человеку, ищущему Бога, приятно чувствовать себя в одиночестве, быть маленьким островком среди безбрежного моря теплохладных христиан или открытых богоборцев ?

Несомненно, тяжело и мучительно! Но почему это так? Почему дело Христово не расширяется свободно? Почему Слово Божие не действует властно, с победоносной, покоряющей силой ? Если благоразумный сеятель старается, чтобы семена его не падали ни на дорогу, ни на каменистую почву, ни среди сорных трав, то почему Господь не делает так же, но семя Его, Слово Божие, сеется повсюду, на всех почвах – сердцах людских и три четверти его остается бесплодным ?

Если мы это поймем, то поймем тогда и то, почему Господь допустил грехопадение первых людей, почему не всемогущим актом Своей воли Он спас людей от греха, проклятия и смерти, а послал для этого Сына Своего ; поймем и то, почему Спаситель пришел на землю не в блеске и славе царской, не в великолепии Своего могущества, а в смиренном виде человека и претерпел страдания и позорную смерть, вместо того, чтобы славно воцариться над всем мiром. Станет понятна нам и проповедь апостольская, этот кроткий зов Христовых учеников «Примиритесь с Богом!» вместо властного приказа веровать и креститься.

Нужно помнить всегда, что дело Божие в мiре – это дело любви и свободы, что всё, что Богъ ни делает, делает только по любви и только свободно. Как Богъ свободно и с любовью сотворил мiръ, чтобы и тварь сделать причастною Своего блаженства, так точно Господь и человека не хочет ни к чему принуждать, даже к тому, что ему полезно и спасительно. Он мог бы сотворить человека-автомата, который безпрекословно исполнял бы волю Божию, но тогда человек оказался бы ниже животных. Но если мы ценим свободу и понимаем, что тем то и велик человек, что он свободно распоряжается собою, то нам легко понять и то, что Богъ хотел видеть человека на земле только свободным.

Даже когда человек, благодаря своей свободе, согрешил и лишился рая, то Богъ не отнял у него свободы, но измыслил способ свободно, без принуждения привлечь человека на путь спасения. Омыв грехи всего человечества Своею Кровью, Христосъ Спаситель послал в мiръ своих учеников с благовестием о спасении. Устами апостолов, святителей и нас, недостойных иереев, Он сеет Слово Свое чудодейственное, могущее спасти человека. Человеку остается свободно принять его в свое сердце, проникнуться им и осветить свою жизнь светом Его.

Итак, Господь отдал в наши руки нашу судьбу : наше спасение или нашу погибель. Всем в душу сеется слово спасения. Примем же его с радостью, сохраним бережно, с любовью, понесем его чрез все невзгоды жизни, зная, что без него мы будем слепы и жалки. Аминь.

 

Протоiерей Викторъ Ильенко