. SERMON du 7e DIMANCHE après PÂQUES

Saints Pères du 1-er Concile


Genèse XIV, 14-20 – Deut. I, 8-10, 15-17 – Deut. X, 14- 21

Jean XXI, 1-14

Actes XX, 16-18, 26-36 ; Jean XVII, 1-13

Hébr. XIII, 3-16 ; Matt. XI, 27-30

 


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

I - Nous sommes encore dans le temps « d’après Pâques », mais il y a eu la coupure de l’Ascension : le Seigneur s’est élevé dans le Ciel, Il n’est plus présent parmi nous et nous sommes, avec les apôtres, dans l’attente. « Ne vous éloignez pas de Jérusalem, jusqu’à ce que vienne sur vous le Don de Dieu …»

C’est un temps intermédiaire : nous ne disons plus Christos voskrece, et nous ne disons pas encore : « Roi du ciel … » Nous sommes sur le point de passer de l’illumination paroxystique de la Pâque à la longue succession – jusqu’à la fin du monde – des dimanches après la Pentecôte. En cette dizaine de jours, prend place le 7e dimanche, solennel comme un aboutissement et un prélude. Aboutissement qui comporte des inflexions de testament au sens courant du terme …

Fin d’une phase, passage à une autre, c’est ce que préannonce la lecture de la Genèse. Celle-ci comporte l’événementiel, à savoir la victoire d’Abram, la libération de Lot son parent qui récupère ses biens. Mais ce qui est au-delà de la chronique, c’est l’irruption de Melchisédech, mystérieux – comme soulignent les Pères – Roi de Salem, qui fait apporter du pain et du vin – préannonce de l’Eucharistie. Melchisédech, en effet, est prêtre du Très-Haut. Il bénit Abram (ce qui est le fait du Supérieur) lequel, effectivement lui donne la dîme. Or le Christ est prêtre pour l’éternité selon l’Ordre de Melchisédech. C’est l’annonce du nouveau Sacerdoce qui succèdera à la loi et à l’ancien sacerdoce.

Les deux textes du Deutéronome, constituent le testament de Moïse. Moïse montre aux Hébreux la Terre Promise, sur laquelle lui-même ne pénètrera pas. Il organise sa succession, en instituant pour ce peuple devenu trop nombreux des unités subdivisées et en mettant en place les Juges qui le remplaceront et auxquels il confie l’administration d’une justice impartiale « ne faisant pas acception de personnes », formule que nous retrouverons dans un autre texte de ce jour.

En écho, c’est aussi son propre testament que fait l’apôtre Paul dans la péricope des Actes lue aujourd’hui : vous ne me verrez plus, écrit-Il, prenez garde à vous et à tout le troupeau, il y aura de mauvaises doctrines, moi-même je n’ai pesé à personne … Et Il prie à genoux avec ceux qu’Il quitte.

IITout cela avait une saveur d’achèvement. L’ouverture vers la suite est donnée par l’évangile 10 de Matines, celui de la pêche miraculeuse. Christ apparaît sur le rivage aux apôtres qui ont travaillé toute la nuit et qui n’ont rien pris. « Jetez le filet sur la droite de la barque ! ». Ils le font, et le filet est si rempli de poissons qu’une seule barque ne suffisait pas à les ramener. Ils débarquent tout tremblants – car ils avaient reconnu le Seigneur. Christ Lui-même leur donne du pain et du poisson grillé – ce qui rappelle la multiplication des pains et des deux poissons qu’avait un gamin ... – et ce qui correspond aussi au repas de type eucharistique de Melchisédech, la pêche miraculeuse évoquant, quant à elle, la merveilleuse efficacité de l’Apostolat de la parole évangélique.

III Mais le testament suprême est évidemment celui du Christ qui est celui de la grande prière sacerdotale de l’évangile de ce jour.

Mon Père, dit le Seigneur, glorifie Ton Fils afin que Ton Fils Te glorifie ! Tu m’as donné, poursuit-Il, toute puissance sur toute chair, afin que Ton Fils donne la vie éternelle à ceux que Tu lui as donnés. La Mission du Fils est salvifique. La vie éternelle explicite-Il, c’est qu’ils Te connaissent ainsi que Ton Fils Jésus-Christ que Tu as envoyé. Jamais encore le Christ n’avait révélé aussi clairement la nature contemplative de la vie en Dieu. Les peuples païens d’hier ou d’aujourd’hui fantasment un au-delà qui serait reproduction et perpétuation de la vie terrestre. L’évangile révèle que cette vie est spirituelle, elle est épanouissement de la vie mystique. Comme Il le dit ailleurs, en parlant des Elus : ils seront semblables à des anges !

Je T’ai glorifié, poursuit-Il, j’ai achevé l’ouvrage que Tu m’avais donné. Créateur, Il a porté à sa perfection l’œuvre naguère corrompue par le péché. Il révèle alors pleinement sa propre nature divine : Glorifie-moi de cette Gloire que j’ai eue auprès de Toi avant que le monde ne fût créé !

Mais la restauration du créé implique aussi l’élimination de toute corruption. J’ai manifesté Ton nom aux hommes que Tu m’as donnés. Ceux-là, ont reçu les paroles que Tu m’as données. Suivent ces mots redoutables : Je prie POUR EUX, je ne prie pas pour le monde. Je prie pour eux parce que Tu me les as donnés et ce qui est à Toi est à Moi et ce qui est à Moi est à Toi.

Sur le point de quitter le monde, Il pense à ces évangélisés qui, eux, restent encore dans le monde. Christ-Dieu, Il a cette suprême pensée : garde ceux que Tu m’as donnés afin qu’ils soient UN  comme NOUS !

Unité véritablement divine des Elus  qui, par le Fils, ont connu Dieu.

Que notre Dieu et Sauveur nous donne d’aller fermement vers Lui et de ne pas partager le sort du Fils de perdition !

 

 

AMIN