Ouvrir les yeux : la foi qui guérit

Chers Frères et sœurs en Christ, dans l’Évangile du jour, nous assistons à une scène bouleversante : un homme aveugle, marginalisé, rencontrant le Messie sur le chemin de Jéricho. Cette rencontre n’est pas seulement une histoire de guérison physique, mais une parabole vivante qui révèle la puissance de la foi et l’appel de Christ à sortir de notre propre obscurité. Le cri de l’aveugle, « Fils de David, aie pitié de moi ! », nous rappelle que toute guérison commence par la reconnaissance de nos besoins et de notre incapacité à les surmonter seuls.

Les maladies ont conduit d’avantage de personnes vers le Christ que les meilleurs sermons. Dans la règle de prières pour les malades nous lisons : « si la guérison du corps, rend malade mon âme, il vaut mieux que je demeure dans cet état ». Cette phrase nous révèle combien plus chère est notre âme pour Dieu que notre corps.

Si nous reprenons l’Évangile du jour, l’aveugle est assis au bord du chemin et il est en train de mendier. Dans la société juive de l’époque, une infirmité physique était souvent perçue comme une malédiction ou la conséquence d’un péché. Les marginaux comme cet homme étaient condamnés à la mendicité pour survivre. Invisible pour la foule, il était réduit à sa condition.

Cependant, tout en étant aveugle, il écoute ce qui se passe autour de lui. Lorsqu’il entend que c’est « Jésus de Nazareth » qui passe, il reconnaît, à travers les ténèbres de sa condition, une vérité que beaucoup, même voyants, ne perçoivent pas. Il proclame : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Cette reconnaissance messianique montre que la vraie vue ne dépend pas des yeux, mais du cœur. Il Le reconnaît en tant que Sauveur et demande pitié.

Le Christ voit dans nos cœurs et Il sait très bien ce que l’aveugle voulait Lui demander avec cet appel, mais Il veut montrer à la foule que le mendiant ne demandait pas de l’argent cette fois-ci. Et cela devrait être clair pour tout le monde, d’où la question : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

La cécité physique de l’aveugle est visible et claire pour tous. Mais la cécité spirituelle, elle, est souvent cachée. Dans l’Evangile de Jean 9:39, Jésus dit : « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles ». Cette parole souligne que la cécité spirituelle concerne ceux qui, dans leur orgueil, refusent de reconnaître leur besoin de Dieu.

La foule qui accompagne Jésus est un exemple de cette cécité. Elle cherche à faire taire l’aveugle, incapable de reconnaître la vérité révélée par ses cris. Combien de fois agissons-nous comme cette foule, étouffant les voix qui nous rappellent notre besoin de grâce ? Cette cécité de l’âme est bien plus dangereuse que celle du corps, car elle nous empêche de voir notre propre condition de pêcheurs et de chercher la lumière.

Saint Jean Chrysostome affirme : « La cécité spirituelle est une prison bien pire que celle des yeux fermés, car elle nous prive non seulement de la lumière physique, mais également de la vérité divine ». Cette réflexion nous invite à un examen de conscience : sommes-nous aveugles à nos propres fautes, à nos propres besoins ?

Dans cet épisode, la foi de l’aveugle est la clé de sa guérison. Malgré les obstacles, il persévère, criant encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Cette foi tenace est ce qui ouvre les portes à la guérison. Lorsqu’il recouvre la vue, il glorifie Dieu immédiatement, montrant que la foi transforme non seulement le corps, mais aussi l’âme.

De même, la foi est le remède à notre cécité spirituelle. Elle nous permet de voir nos fautes, de demander pardon et de marcher dans la lumière de Christ. L’Évangile de Matthieu 7:5 nous exhorte : « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère ». Cette invitation à l’introspection est cruciale : sans reconnaissance de notre propre aveuglement, nous ne pouvons progresser spirituellement.

Aujourd’hui, Jésus nous pose la même question qu’à l’aveugle de Jéricho : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Cette question de Jésus, nous l’entendons encore dans nos cœurs à présent. Que ce soit en cherchant du sens dans nos carrières, en surmontant des épreuves personnelles comme la dépression ou en prenant des décisions importantes pour nos familles, elle résonne à chaque étape de notre vie. La réponse, comme pour l’aveugle, demande foi et humilité: Seigneur, ouvre mes yeux !

Que cette lumière divine nous permette de voir non seulement nos faiblesses et nos péchés, mais aussi la grâce infinie de Dieu. En reconnaissant notre cécité et en plaçant notre foi en Christ, nous pouvons connaître une transformation qui illumine chaque aspect de notre vie. Comme l’aveugle de Jéricho, glorifions Dieu pour cette lumière qui chasse les ténèbres. Amen.

Père Zhivko Zhelev