Résurrection du fils de la veuve de Naïn
Luc VII, 11-18
Sur la Terre Sainte, en Palestine, il est une petite ville qui s'appelle Naïn et qui n'a d'autre intérêt particulier que d'être mentionnée dans le saint livre des Évangiles. Nous venons d'entendre lors de la Liturgie que son nom est lié à l'un des plus étonnants miracles de Jésus-Christ.
Nous savons que dans cette ville, le fils unique d'une femme veuve venait de mourir. Il n'est pas difficile d'imaginer le malheur et la tristesse inconsolables de cette mère. Le garçon vient de mourir. On porte son corps hors de la ville pour l'inhumer. Un grand nombre de personnes accompagnent la mère éplorée et tentent vraisemblablement de la consoler, mais sa tristesse est inconsolable. Mais alors que la procession sortait de la ville, ils rencontrent une autre procession, c'était notre Seigneur Jésus-Christ avec Ses apôtres entourés d'une grande foule de personnes. Et voilà que ces deux processions se croisent, se croisent la mort et la Vie.
Hier soir aux vigiles, nous avons glorifié notre Seigneur Jésus-Christ comme étant le Principe de notre vie. Il est l'origine de toute vie, à Ses apôtres Il disait : « Car Je vis et vous vivrez en Moi » (Jn XIV, 19). Il donne la vie à tout ce qui vit. Et voilà qu'Il est confronté à cette triste scène, ce chagrin d'une mère inconsolable. Nous savons qu'en règle générale la mort triomphe de la vie, car toute vie prend fin avec la mort, ce qui est indiscutable. Il n'est pas dit dans l’Évangile que la mère ait demandé quoi que ce soit au Seigneur. Peut-être même ne L'avait-elle pas remarqué, plongée qu'elle était dans son chagrin. Mais le Seigneur avait vu ses pleurs, ses lamentations inconsolables, et Il prit pitié d'elle et lui dit : « Ne pleure pas » (Luc VII, 13) ! Et ceci a dû agir sur elle, car toute parole du Christ est porteuse de force et de pouvoir. Ceux qui portaient le corps du garçon s'arrêtèrent. Le Seigneur toucha le cercueil et s'adressant au défunt lui dit comme à un vivant : « Jeune homme, Je te le commande, lève-toi !» (Luc VII, 14). Le mort se leva et se mit à parler.
Est-il besoin de dire la joie de la mère. Le miracle provoqua une impression stupéfiante. Une grande frayeur les saisit tous : « Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité Son peuple » (Luc VII, 16), dirent-ils. En général on pense que la mort finit toujours par vaincre la vie, mais là nous voyons que lorsque le Principe de notre vie intervient, c'est l'inverse qui se produit. Dans les Évangiles nous lisons fréquemment que notre Seigneur Jésus-Christ a ressuscité des morts, et non seulement Lui-même ressuscitait des morts, mais lorsqu'Il envoyait prêcher les apôtres, Il leur disait : « Guérissez les malades /.../ chassez les démons, ressuscitez les morts » (Mt X, 8).
L'aide divine ne tarde jamais à se manifester là où il y a de la foi. Et si le Seigneur pouvait dire avec tristesse de ses contemporains qu'ils étaient « une race incrédule et perverse » (Mt XVII, 17), ces paroles, malheureusement, se rapportent encore plus à nous. Nous sommes aujourd'hui bien plus incrédules et pervers qu'ils ne l'étaient. Mais lorsque le Seigneur s'adresse à un homme, qu'Il fait appel à sa faible foi et que celle-ci se réveille, alors le miracle se produit.
Il en est toujours ainsi, un chrétien animé d'une foi sincère sait qu'à Dieu tout est possible. Un poète russe a dit : « Heureux qui a la foi ! Tout lui sourit dans le monde ! ». Et en effet, il est heureux, car la foi est un flambeau puissant entre ses mains qui illumine toute sa vie, ce qui lui permet de voir ce qui est juste. Ce n'est pas en vain que le psalmiste disait : « J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé » (Ps. CXV, 1), autrement dit « j'ai parlé conformément à ce que je croyais ». Ainsi doit être la vie de tout chrétien. La lumière de la foi doit éclairer tout le chemin de sa vie. Et alors, de sa propre expérience, il saura que le Seigneur est proche de ceux qui croient en Lui, et sa vie sera alors comblée de bienfaits divins. Amen.
Saint Métropolite PHILARÈTE