Le Publicain et le Pharisien

 

Souvenons-nous de l'Évangile de dimanche dernier. Il s'agissait également d'un collecteur d'impôts, Zacchée. Nous avons vu comment le Seigneur avait retourné toute son âme. Nous avons vu comment, après toute une vie de péché, il s'était repenti, comment il était prêt à donner la moitié de ses biens aux pauvres et à rendre au quadruple quiconque il avait pu offenser. C'est ce qu'il fit sans aucun doute. Et involontairement, le publicain Zacchée et celui de l'Évangile d'aujourd'hui se confondent en une seule image, en un seul homme. En effet, tous deux étaient des collecteurs d'impôts, tous deux étaient de grands pécheurs, et ils se sont tous deux repentis. Et si nous acceptons le fait que l'Évangile d'aujourd'hui est une continuation de celui de dimanche dernier, que le publicain d'aujourd'hui, qui se frappe la poitrine, est, au moins psychologiquement, Zacchée – alors une grande science s’ouvre devant nous, une grande leçon sur la vie d'un pénitent. Et ce faisant, nous devrions tous faire pénitence. Car toutes les injustices que Zacchée avait commises, il les avait faites par appât du gain, pour devenir un seigneur. Et maintenant, lorsque cela s’était réalisé, et qu'il s'était senti être un puissant, – à ce moment précis s’est manifestée la Justice Divine.

Et cette Justice, cette Vérité, nous montre que si un homme se trouve neuf mois dans leseinde sa mère, il reste dans le sein de la terre pendant quatre-vingts ans au maximum, après quoi commencent la souffrance et la maladie. Enfin, à travers la mort, l'homme passe dans le sein de la vie éternelle, et ce pour toujours. Et maintenant Zacchée voyait tout cela : il comprenait toute sa folie, sa mauvaise façon de vivre... Il commença alors à chercher une issue. Et c'est, alors qu’il se trouvait dans cet état d’esprit, qu'il vit arriver le Christ. Pour lui, c'était un rabbi. Il ne pouvait pas, et tout simplement il ne voulait pas s'approcher de Lui. Il voulait d'abord étudier quel genre de rabbi Il était. Et là, nous voyons un figuier, lui sur le figuier, et puis la foule. Pouvez-vous imaginer ce que cet homme orgueilleux a pu éprouver ? Mais le Christ s’est approché et a dit : « Aujourd'hui, je serai avec toi, je serai chez toi ». Et quand Il fut chez lui, il Lui révéla cette puissance qui a immédiatement empli son cœur. Et c’est là que Zacchée dit : « Je distribuerai tout, et à celui à qui j'ai fait du tort, je rendrai au quadruple ». Et c'est ce qu'il fit.

Et qu'en est-il du publicain d’aujourd’hui ? Il est debout, se frappe la poitrine et dit : « Ô Dieu, aie pitié de moi, qui suis pécheur ».

Et non loin de lui, se tient un homme, venant certainement du même milieu que lui, et qui est un pharisien … Il se tient debout, droit, rayonnant de satisfaction, et il dit : "J'ai tout fait, j'ai fait ceci et cela, je… je… je". Mais pourquoi lepublicainne dit-il pas à ce moment : "Moi aussi j'ai donné la moitié de mes biens. J'ai donné au quadruple". Non, il ne dit pas cela, mais tout au contraire il dit : « Ô Dieu, aie pitié de moi, qui suis pécheur ».

Le fait est que le Seigneur avait gratifié le publicain d’un don particulier : Il avait élargi son cœur, mais au début, ce fut une tragédie : l’habitude, la routine... Parce que son homme intérieur était esclave de la routine, de l’habitude. Et cette accoutumance au péché est une force terrible. Ici réapparurent forcément des pensées d'intérêt, de profit, de soif du gain, d’avidité. Et ce cœur, qui avait été libéré par le Christ, redevenait soudain sale... Et il ressentait tout cela... « Seigneur Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! ». Mais que faire ?

Et la Sainte Église nous montre aujourd'hui toute la force de ce moment psychologique, toute la puissance de cette question : que devons-nous faire ? Et c'est avec une force identique qu'elle nous donne, à travers les pensées des Saints Pères, la réponse à cette question. En effet, nos saints Pères nous montrent avec précision ce qui se passait dans l'âme du publicain : du fait que sa conscience était désormais libre, qu’elle avait été libérée par le Christ, son cœur était vaste et la paix l’habitait. Et sa volonté était également libre : c’était la liberté en Dieu. Ce qui sépare notre cœur de Dieu, c'est le péché. C'est ainsi que des ombres ont commencé à apparaître dans le cœur du publicain et il s'est mis à en appeler au Seigneur pour demander de l'aide. Mais comment ces ombres apparaissent-elles ? Elles arrivent, de la façon dont le révèle le saint Évêque Théophane le Reclus dans l'une de ses lettres :

«La pensée se présente, et à moins qu'elle ne capte les sentiments du cœur, elle n'est pas encore un péché. Elle passe, et comme la neige d'aujourd'hui demain elle va fondre et disparaître, mais le cœur restera pur. Si la pensée s'empare du cœur, y pénètre, – ce n’est pas encore le malheur, car il reste encore un moment où l’on peut s'exclamer : "Seigneur, aie pitié !" et le cœur restera pur. En revanche, lorsque la pensée est déjà entrée dans le cœur et quenotrevolonté a dit "je veux" – c'est que l'ombre apparaît. Etdès lors que l'ombre a pénétré le cœur, aussitôts’opère la sympathie avec elle et s’ensuit l'action». C'est alors, comme le dit Vladyka Théophane, que "la chute" arrive. Le péché devient action, et la chute s’ensuit. Dès que l’homme tombe spirituellement, le péché entre dans son cœur, l’acte se commet, l’homme s’éloigne de Dieu, et la souffrance se manifeste de la même façon que pour une personne qui chute physiquement. Et nous savons à quel point la souffrance spirituelle est une tragédie. L’homme est rongé par l'orgueil, la cupidité, l'ambition, toutes sortes de convoitises. Il souffre réellement.Son cœur s’endurcit. C'est précisément ce qui s'est passé, comme nous le voyons dans la lecture de l'Évangile, après que Zacchée, le collecteur d'impôts, se soit rendu compte de son péché et se soit repenti. Le Christ a mis fin à son péché. Sa conscience est devenue libre, mais maintenant il lui faut agir. Et quand il commence à agir,des pensées surviennent et elles sont suivies de sentiments... Que faire ? Alors il s'écrie : "Ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur, ne permets pas…". Et le Seigneur donne la Grâce qui ne permet pas, et Il sauve le pécheur. Que devons-nous faire pour recevoir cette Grâce ? Nous avons besoin d'une volonté active. Et comment faire pour l'obtenir, la Sainte Église nous l'enseignera dimanche prochain. Amin.

 

Archevêque ANDRÉ /Rymarenko/

 

 

 

Неделя Мытаря и Фарисея

 

Вспомним Евангелие прошлой недели. Там говорилось тоже о мытаре, Закхее. Мы видели, как Господь перевернул всю его душу. Мы видели, как, после всей его греховной жизни, он покаялся, как он был готов пол-именья своего отдать нищим, и всякому, кого обидел, воздать четверицею. Так несомненно он и поступил. И невольно мытарь Закхей и мытарь сегодняшнего Евангелия сливаются в один образ, в одного человека. Ведь оба они были мытарями, были людьми грешными, и оба покаялись. И если мы так примем, что сегодняшнее Евангелие есть продолжение Евангелия прошлого Воскресенья, что сегодняшний мытарь, ударяющий себя в грудь, и есть, хотя бы психологически, Закхей – то нам откроется великая наука, великий урок в жизни кающегося. А ведь кающимися и должны быть мы все. Ведь всю неправду, которую делал Закхей, он делал для наживы, чтобы быть господином. И вот, когда это господство пришло, и когда он себя уже почувствовал властителем, – в этот самый момент пришла и Правда Божия.

А правда Божия говорит нам о том, что если человек в утробе матери находится девять месяцев, то в утробе земли он пребывает от силы восемьдесят лет, а после этого начинаются страдания и болезнь. И наконец, через смерть человек переходит в утробу вечной жизни уже навсегда. И Закхей это теперь все видел: он понял все свое безумие, неправильный путь жизни… И тогда он стал искать выхода. И вот в таком состоянии он увидал идущего Христа. Для него это был равви. Подойти к Нему он так просто не мог и не хотел. Сначала он хотел обследовать, что это за равви. Тут мы видим смоковницу, тут мы видим его на смоковнице и тут толпа. Представляете себе, что мог пережить этот гордый человек? Но Христоcъ подошел и сказал: “Днесь с тобою будем, у тебя буду.” И когда Христосъ был у него, то тут раскрыл ему ту силу, которая сразу преисполнила его сердце. И вот тут Закхей сказал: “Все раздам, и тому, кого обидел, воздам четверицею.” И так все сделал.

А что же с сегодняшним мытарем ? Теперь он стоит и бьет себя в грудь, и говорит: « Боже, милостив буди мне, грешному »!

А тут же рядом с ним стоит другой, может быть его общества человек, фарисей… Стоит и наоборот, в полном удовлетворении, говорит: “Я все сделал, я сделал и то, и то, я…я” А почему же мытарь не сказал: “А я тоже сделал. Я пол-имения раздал. Я тому-то четверицею воздал.” Почему же он не говорит этого? А наоборот говорит: « Боже милостивый, буди милостив ко мне, грешному! »

Дело в том, что Господь его одарил. Сделал широким его сердце. Но как началось делание, то получилась трагедия: навык, навык… Ведь его внутренний человек был порабощен навыком. А навык это страшная сила. Тут невольно являлись мысли о корысти, и жажды еще большей наживы… И то сердце, которое было освобождено Христом, вдруг стало опять грязным… И он чувствовал все это… « Господи Боже, буди милостив ко мне грешному!». Что же делать?

И вот тут св. Церковь приводит нам в сегодняшний день всю силу этого психологического момента, всю силу этого вопроса: что нам делать? И с такой же силой дает нам через мысли Святых Отцов ответ на этот вопрос. Ведь наши Святые Отцы с точностью показывают нам, что происходило в душе мытаря: благодаря тому, что совесть его была теперь свободна, освобождена Христом, его сердце было широко, мир был в сердце. И воля его тоже была свободна: свобода была в Боге. А расстояние между сердцем и Богом – грех. И вот у мытаря и получилось так, что тени начали появляться в сердце, и он стал кричать ко Господу о помощи. А как же получаются эти тени? А получаются они так, как Владыка Феофан Затворник раскрывает в одном из своих писем:

« Мысль, – она приходит, и если только она не захватывает чувства сердца, то это еще не грех. Она прошла, и как сегодняшний снег завтра растает, так и ее не будет, и сердце остается чистым. Если же мысль захватит сердце, попадет в сердце, – и это еще не беда, есть еще момент в который можно воскликнуть: “Господи помилуй!” и сердце будет чисто. Но когда уже попала в сердце мысль, и когда уже воля твоя сказала “хочу,” – вот тогда получается тень. А раз тень только попала, то тут уже сочувствие получилось, и дело ». Тогда значит получается, как Владыка говорит, “падение.” Грех стал действием, и совершилось падение. А как только духовно пал, грех в сердце попал, дело совершил, от Бога ушел, и начинается страдание, так, как у человека, который упал физически. И мы знаем, какую трагедию представляют собой духовные страдания. Человека гложет гордость, сребролюбие, честолюбие, всякая похоть.., и он мучается. Сердце такого человека каменеет. Вот, что произошло, как мы видим по чтению Евангелия, после того, как Закхей-мытарь сознал свой грех и покаялся. Христосъ разрешил его грех. Совесть стала свободной. Но теперь ему надо действовать. А когда он начинает действовать, то тут и получаются мысли, а за мыслями идут чувства… Как же быть? Вот он и кричит: « Боже, милостив буди ко мне грешному, не допусти… » И Господь дает Благодать недопускающую, и спасает грешника. Что же нам нужно делать, чтобы получить эту Благодать? Нужно активное волеизволение. А как его приобрести, об этом будет учить нас св. Церковь в следующее Воскресенье. Аминь

 

Архiепископъ АНДРЕЙ /Рымаренко/