Nous proposons ci-dessous la traduction d’une brochure (18 pages) rédigée durant l’été 2000 en prévision des cinquante ans d’épiscopat de notre saint Métropolite Vitaly, alors que notre Église était dangereusement déstabilisée et attaquée, notamment en la personne de son Primat, par certains confrères et faux-frères évêques qui finirent par emporter dans leur trahison une large majorité de l’EORHF. Notre but était d’apporter par cette modeste évocation historique un soutien à notre Métropolite en rappelant la signification particulière de l’EORHF et en soulignant ses principaux mérites d’avoir su tenir haut l’étendard de l’Orthodoxie en totale fidélité à ses trois saints prédécesseurs. Vaine tentative. Le jour fixé pour la célébration du jubilé, un synode élargi fut convoqué, qui se transforma en un authentique brigandage. Les évêque n’étaient pas tant venus pour célébrer leur Protohiérarque, que pour le destituer et ouvrir la voie à une union-sujétion au Patriarcat de Moscou.

Protod. Germain

 

« CELUI QUI RETIENT » (1)

 

Il ne fait aucun doute que depuis le jour de sa fondation, il y a 80 ans et ce jusqu'à aujourd'hui, notre sainte Église Russe Hors-Frontières a été marquée par une faveur particulière. Aujourd'hui, nous fêtons une célébration particulièrement rare - le jubilé épiscopal de notre vénéré Premier Hiérarque, le Métropolite Vitaly. « Et le Seigneur dit à Moïse : "Annonce aux fils d'Israël : vous ferez de la cinquantième année une année sainte, ce sera pour vous le jubilé" » /Lev. 25, 10 /. Dans l'histoire de l'Église universelle en général, il est très rare de trouver un évêque (seulement trois cas dans l’histoire de l'Église russe, dont le célèbre Métropolite Philarète de Moscou au milieu du XIX° siècle) qui ait été honoré par une célébration aussi glorieuse et rare, alors que dans notre Église à l'Étranger, en dépit de sa courte histoire, c'est la deuxième fois que non seulement un évêque, mais le Premier Hiérarque, est honoré par une telle célébration.

L'Église du Christ, n'est certainement pas une hérésie papiste, dans laquelle un pape "infaillible", appelé de manière blasphématoire "Vicaire du Christ" (!), est l’incarnation de toute son Église. Un dicton français dit que si le pape s'enrhume, c'est toute l'Église qui éternue. Néanmoins, chaque Premier Hiérarque est en quelque sorte le visage de l'Église, à la tête de laquelle il est placé par la Providence de Dieu. Regardons l'histoire de notre Église depuis le jour de sa fondation et remercions Dieu qu’en notre époque malfaisante et éloignée de Dieu – il nous a été donné, à nous indignes et pécheurs, d’avoir pour visage quatre véritables diamants de l’Orthodoxie. Avons-nous toujours, et avons-nous tous, apprécié ce fait à sa juste valeur ?

 

 Trois merveilleux prédécesseurs


Le métropolite Antoine (Khrapovitsky) fut véritablement une conscience de l’Orthodoxie, un théologien réputé, un rénovateur de la pensée patristique, l'âme de l'Église Russe, sans lui le Patriarcat n'aurait jamais été rétabli en Russie. Nous savons que le choix humain l'avait élevé au trône patriarcal, mais la Providence divine en avait décidé autrement (2). Sa mission en Russie était achevée, tandis qu'une tâche tout aussi responsable et immédiate - l'organisation de l'Église Russe hors de Russie - nécessitait un pilier incontesté de l'Église et le métropolite Antoine devint ce grand Moïse de la diaspora orthodoxe russe. Jusqu'à sa mort à Belgrade en 1936, il a dirigé l'Église à l'Étranger, la plaçant dès le début sur la voie de la pureté canonique et patristique sur laquelle nos quatre hiérarques se sont toujours inébranlablement tenus et dont, à Dieu ne plaise, notre Église ne s'écartera jamais.

Le métropolite Anastase (Gribanovsky), qui l'a remplacé, était un autre pilier et un remarquable représentant de notre grande Russie aujourd'hui disparue. Il fut également l'un des candidats de poids lors de l’élection patriarcale, un véritable "prince de l'Église", qui avait fini par se confondre avec l'Église qu'il avait dirigée pendant 28 ans, de sorte que beaucoup en étaient venus à l'appeler "l'Église anastasienne". En outre, il a su traverser avec beaucoup de sagesse et d'honneur toutes les tentations de son temps. Notons enfin qu’ilfut notre premier Primat à être honoré par la célébration du jubilé de son épiscopat en 1956 et qu’il continua à diriger l'Église pendant encore huit années. Un an avant sa mort bienheureuse, il a confié en 1964 la direction de l'Église à son successeur, le métropolite Philarète (Voznesensky), le plus jeune, par l’ordination, membre du Concile des Évêques.

Certains auraient pu craindre qu'avec l'entrée en fonction d’un nouveau Primat, ordonné à l'étranger, notre Église perde un peu de son aspect primitif. En fait, ce fut exactement le contraire : dans son premier acte à la tête de l’Église, le Métropolite Philarèteprocéda à la glorification solennelle du thaumaturge russe, le juste père Jean de Cronstadt, montrant ainsi le courage et l'audace, dans l'obéissance au Seigneur, avec lesquels il avait l'intention de diriger le navire de l'Église. Si pendant les premières années, et même dans une certaine mesure pendant des décennies, après la signature de la funeste "Déclaration de loyauté envers le pouvoir soviétique", on pouvait encore espérer que le Patriarcat de Moscou se débarrasserait des chaînes de mensonge avec lesquelles il s'était enchaîné, au milieu des années 60, il était devenu, hélas, évident que le sergianisme avait définitivement pris racine et s’était fusionné avec le Patriarcat de Moscou, qui avait finalement perdu le droit d'être appelé "Église Russe" pour devenir "Église soviétique" et de laquelle, par conséquent, le peuple russe orthodoxe ne pouvait attendre aucune aide, aucun conseil ou réconfort spirituels.

Ainsi, par la volonté du destin et des circonstances, l'Église Hors-Frontières devenait quelque chose de plus qu'une simple partie libre et une voix libre de l'Église Russe : elle assumait le fardeau de la responsabilité non seulement pour le troupeau à l’étranger qui lui était confié, mais réalisait également sa responsabilité pour toute la Russie. La glorification de saint Jean de Cronstadt a été suivie par d'autres : saint Germain d'Alaska en 1970, sainte Xénia de Pétersbourg en 1978, puis, trois ans plus tard, l'Église Hors-Frontièresprovoqua dans le monde entier un véritable roulement de tonnerre en posant, sous la détermination inébranlable du métropolite Philarète, un acte véritablement prophétique : la glorification en 1981 de la foule innombrable des Saints Nouveaux Martyrs et Confesseurs de Russie, avec à leur tête le Saint Tsar-Martyr Nicolas ! Souvenons-nous, d'une part, de la joie que tous les vrais chrétiens orthodoxes ont éprouvée à cette époque, tant à l'étranger qu'en Russie, et, d'autre part, n'oublions pas les flots de mensonges, d'immondices et de blasphèmes qui ont été vomis par les tchékistes en soutane, ainsi que le pathétique bavardage de leurs complices étrangers, les "philo-théologiens" libéraux parisiens …

Pour tous ces blasphèmes, les uns comme les autres devront rendre des comptes à l'Église Russe, à la Russie et au peuple russe. En effet, s'indignant de la glorification du saint Tsar-Martyr, ces esprits obscurcis et malades en étaient arrivés à écrire : "Et pourquoi pas Hitler ?" … Ainsi, le nom glorieux du métropolite Philarète sera à jamais associé à ces glorifications audacieuses, mais pas seulement : à jamais resteront dans les mémoires ses sublimes Messages de Douleur, dans lesquels il faisait appel à la conscience de tous ses collègues patriarches, métropolites, archevêques, évêques de l'Église universelle, leur rappelant le serment qu’ils avaient fait devenant évêques d'être les gardiens et les protecteurs des saints canons et de l'inviolabilité de la sainte foi orthodoxe. Sa haute spiritualité, son intransigeance face au mal, quelle que soit la manière dont il s'exprime, avait fait de notre merveilleux Primat une véritable conscience de l'Orthodoxie, ce dont chacun pouvait se convaincrene serait-ce qu’en visitantla saintemontagne de l’Athos. Le chant du cygne du métropolite Philarète, l'accord final de son ministère sacerdotal, a été sa proclamation non moins audacieuse et solennelle, en 1983, de l'anathème contre l'œcuménisme - cette panhérésie du XXe siècle, qui s'est emparée de l'ensemble du monde chrétien, y compris des soi-disant Églises orthodoxes officielles. Le métropolite Philarète a rendu l'âme le jour de la commémoration du saint archange Michel en 1985, et 14 ans plus tard furent découvertes ses reliques parfaitement incorrompues. Déjà glorifié par Dieu, il ne fait aucun doute que dans un avenir proche, il sera glorifié par l'Église. Il ne peut en être autrement. (3)

 

Un digne successeur et continuateur

 

Les saints nous sont donnés pour être imités. Un tel imitateur et continuateur de l'œuvre du Métropolite Philarète et des deux Primats précédents a été leur successeur, notre vénérable Métropolite Vitaly (Oustinoff), le quatrième Primat de l'Église Russe Hors-Frontières, qui est à la tête de l'Église depuis 15 ans et dont nous célébrons le jubilé épiscopal. L'élection du Métropolite Vitaly, le 9/22 janvier 1986, ressemble en partie, et toute proportion gardée, à l'élection de Sa Sainteté le Patriarche Tikhone en ce sens qu'il a été élu par tirage au sort. Après deux votes de tous les membres du Concile des Évêques qui n'ont pas permis de départager les archevêques Vitaly de Montréal et Antony (Bartoshevich) de Genève, un moleben a été célébré devant deux icônes miraculeuses : notre Hodigitria,l’icône de Koursk, et l’icône myrrhoblite de la Portaïtissad’Iviron. Puis, pour départager les deux candidats, un tirage au sort effectué par le membre le plus âgé de notre clergé, l'archimandrite Gelassy, a désigné l'archevêque Vitaly. Et tout comme 69 ans auparavant, le bienheureux fondateur de notre Église le métropolite Antoine (Khrapovitsky), au nom du Concile Panrusse, avait adressé une allocution de bienvenue au Patriarche Tikhone nouvellement élu - notre vénérable et cher archevêque Antony de Genève et d'Europe Occidentale a adressé ce mot bref et fervent au Métropolite Vitalyqui venait d’être porté à la tête de notre Église :

« Eminentissime Seigneur ! Notre bien-aimé Protohiérarque qui nous est donné par Dieu, tiré au sort et choisi par les prières de la Mère de Dieu !

Il est de mon devoir de Te saluer au nom de notre Épiscopat. Toi-même, Saint Seigneur, tu as dû remarquer combien, après Ton élection, notre Épiscopat qui était désemparé après la mort de notre regretté saint Métropolite Philarète, a semblé renaître, a ressenti une force nouvelle, a repris confiance dans ses actions, et s'est uni autour de Toi. Tu as immédiatement gagné notre entière confiance, et non seulement notre confiance, mais aussi notre amour et nos prières. Désormais, nous Te suivrons sur les chemins de Ton difficile ministère.

Le Christ Sauveur a demandé à Son Père : "Que tous soient un" ! - et cette unité de notre Épiscopat est la force de l'Église Hors-Frontières, que rien ni personne ne peut briser. Plus d’une fois nos ennemis ont tenté de nous diviser pour nous détruire, mais notre unité ne s'est pas affaiblie et elle s'est renforcée avec Ton élection.

Bien-aimé Archipasteur ! Tu as été placé par le Seigneur sur le trône de l'apostolat à un moment particulièrement difficile et crucial pour notre Église.

Il Te reviendra, dans deux ans, d’organiser le jubilé solennel du Millénaire du Baptême de notre Patrie. Cela fait mille ans que nous vivons en tant que chrétiens, ce que nous devons montrer non pas en paroles, mais en actes. Nous devrons organiser ce jubilé ici, pour qu'il soit un jubilé là-bas, dans notre Patrie. Là-bas, la célébration sera interdite, ou autorisée, mais réduite à néant, se déroulera sous les moqueries et les menaces de la presse soviétique. Ce n'est que d'ici que nos frères asservis entendront la voix de l'Église Russe. Ta voix, Vladyko, en tant que Évêque de Dieu.
Souviens-toi, Vladyko, que Tu es le seul et unique Protohiérarque de l'Église Russe entière en ces temps mauvais - librement élu, librement nommé, enseignant librement, agissant librement, dispensant librement la parole de Vérité du Christ.

Que le Seigneur Te vienne en aide à porter la croix difficile de l’épiscopat, la croix non seulement de l'Église Hors-Frontières, mais de toute l'Église Russe, la croix du peuple russe, de ses martyrs, de ses confesseurs, et à être leur espérance et leur joie !

Que Ta lumière brille ainsi devant les hommes, afin que voyant Tes bonnes œuvres, ils glorifient notre Père qui est dans les cieux » ! /Mat . 5, 16/ ! (4)

Dans ce bref discours, on entend le don inimitable de la parole dont était doté notre cher et regretté "Chrysostome-Bouche d’Or", Mgr Antony, qui fut nommé premier vice-Protohiérarque ; et comme dans une perle, tout son amour pour l'Église, pour son unité et pour la Russie se reflète dans ce discours de bienvenue. La signification de notre Église, qui a désormais dépassé ses limites d'origine hors des frontières de Russie, s'exprime ici avec audace. Jusqu'à la mort prématurée de l'archevêque Antony à l'automne 1993, pendant les sept années où ce duo remarquable a été à la tête de l'Église, toutes les questions ont été tranchées à l'unanimité et l'ensemble de l'Épiscopat était uni autour du Métropolite. Si, hélas, nous avons dû constater ces derniers temps un certain relâchement de la cohésion traditionnelle de l'Épiscopat, et même une indécision surprenante et inattendue de la part de certains sur la légitimité même de notre existence (rappelons, par exemple, les discussions étonnantes sur l'applicabilité du décret n° 362 suite à la "chute" du régime soviétique), tout cela est apparu précisément après la mort de Mgr Antony. Inutile de dire que le Métropolite Vitaly n'était pas seulement étranger à ces vicissitudes, mais qu'il les a résolument combattues, élevant inlassablement sa voix de Primat pour défendre la position intransigeante de l'Église, et rappelant à chaque occasion la haute et responsable, comme jamais auparavant, mission de notre Église, ainsi que nous le mentionnerons plus loin

Ainsi, poursuivant la voie tracée par son prédécesseur, le métropolite Vitaly a procédé en 1990 à la glorification des saints startsy d'Optino et, quatre ans plus tard, à la glorification tant attendue, d'une importance pan-orthodoxe pourrait-on dire, de notre saint thaumaturge Jean de Shanghaï. La décision finale concernant cette glorification tant attendue fut prise lors du Synode des Évêques en février 1993, et six mois plus tard, en juillet 1994, eut lieu la merveilleuse découverte des reliques incorrompues du saint ! Ainsi, par la grâce de Dieu, au sein de l'Église Hors-Frontières, nous avons eu deux fois, ces dernières années, la consolation incommensurable de trouver les reliques incorrompues non seulement de fidèles membres de notre Église, mais encore d’évêques les plus éminents, dont l'un en était même le Primat. Dans son article édifiant "La voix du ciel", le père Timothée Alferov /Selsky/ souligne l'importance particulière, fondamentale, ainsi que la profonde signification théologique de la sainteté non seulement d'un laïc ou d'un ecclésiastique, mais précisément d'un évêque, qui en tant que tel, par son ministère, représente la direction spirituelle de son Église et exprime, pour ainsi dire, son enseignement ecclésiologique. Et chacun sait quel était l'enseignement du métropolite Philarète et de saint Jean de Shanghai, ainsi que d'un autre merveilleux saint glorifié en 1996, saint Jonas de Hankow, concernant l'apostasie généralisée, et en particulier leur position concernant le Patriarcat de Moscou. Ce fait est bien connu et ne peut faire l'objet d'aucune interprétation ambiguë.

La glorification de saint Jean le Thaumaturge de Shanghai et de San Francisco, qui a eu lieu le jour même du 28ème anniversaire de son repos bienheureux, a été une célébration telle que, selon les propos du Métropolite Vitaly, « l'Église Russe Hors-Frontières n'en a jamais vu dans toute son histoire ». Au cours de longues et solennelles célébrations, auxquelles ont participé jusqu'à 160 ecclésiastiques, sans compter la multitude de pèlerins d'autres Églises comprenant un très grand nombre de membres du clergé, et la masse incalculable de fidèles venus de toutes les parties du monde, « vous avez renouvelé l'exploit de la Sainte Russie dans sa soif de sainteté », comme l'a noté Vladyka Vitaly dans son sermon d’une grande élévation spirituelle. Toute la Sainte Russie n’était en effet qu’un pèlerinage continu, sans fin, et « vous tous qui êtes venus auprès de la châsse de notre saint et thaumaturge Jean, pour vénérer ses saintes reliques, pour communier à la Vérité Divine, bien que vous ne soyez pas venus ici à pied, par des sentiers, à travers les forêts, avec un sac sur le dos, mais par la voie des airs, vous avez néanmoins tous répété cet exploit de la Sainte Russie, vous avez montré au monde entier qu'elle est toujours vivante, qu'elle existe même ici, à l'étranger, dans l'Émigration russe, dans les cœurs et les âmes de ses fils fidèles et pieux ».

Six mois avant saint Jean, furent également glorifiés saint Nicolas du Japon et saint Innocent de Moscou, ainsi que, en 1996, la cohorte des Nouveaux-Martyrs de Chine, qui avaient souffert en 1900 pour la foi orthodoxe lors de la révolte des Boxers.

Le Métropolite Vitaly est également un imitateur et un continuateur de l’œuvre de ses trois prédécesseurs dans la défense de l'Orthodoxie et de la pureté de son enseignement. Dans l'Église du Christ, il ne peut y avoir la moindre déviation par rapport à la Vérité, comme notre Protohiérarque le répète souvent dans ses sermons. L'anathème proclamé à l'œcuménisme en 1983 était la conclusion naturelle de la position de notre Église en faveur de la Vérité et de l'unicité de la Sainte Orthodoxie, dont notre cher Métropolite s'est montré depuis longtemps un gardien zélé. En effet, le Métropolite Vitaly est l'auteur d'un rapport bien connu, lu lors du Concile des Évêques de 1967, sur le thème de l'œcuménisme. Ce rapport, traduit en plusieurs langues, est l'une des premières études scientifiques profondément documentées exposant ce phénomène pernicieux de notre siècle, pour lequel ses partisans haïssaient férocement Vladyka Vitaly. Nous nous souvenons qu'après la mort du Métropolite Philarète, certains cercles liés au "Centre œcuménique orthodoxe" de Chambésy, près de Genève, avaient tenté de nous intimider en nous disant que si l'archevêque Vitaly était élu comme successeur, ce serait certainement la fin de l'Église Hors-Frontières et que nous serions définitivement retranchés de l'"orthodoxie officielle" ! Ce n'est pas la première fois, et ce ne sera pas la dernière, que nous entendons cette rengaine ! Nous l'avons déjà entendue, et nous n'y avons pas prêté attention, lorsque nous avons glorifié les saints Nouveaux-Martyrs, puis lorsque nous avons proclamé l'anathème contre l'œcuménisme, lorsque nous avons commencé à accepter sous notre omophore des paroisses en Russie, c'est-à-dire chaque fois que nous avons levé haut la bannière de l'Orthodoxie, lorsqu'au milieu de l'apostasie universelle, nous avons agi sans crainte comme de véritables soldats du Christ. Et cette fois, les complices des forces obscures ne s'y sont pas trompés, sachant que Vladyka Vitaly refusera obstinément de marcher dans la voie du Nouvel Ordre Mondial. Il ne laissera pas l’Église Russe Hors-Frontières tomber dans les filets de l'Antéchrist.

 

L'amour de la Russie est inséparable d’une foi sans compromis

 

Le métropolite Vitaly est également un imitateur et un continuateur de ses trois prédécesseurs dans son amour sans bornes pour la Russie. Il y a aussi les souvenirs d'enfance, lorsqu'il a quitté les rives de sa chère patrie avec ses parents, qu'il évoque avec tant d'émotion. Mais ce n'est pas seulement l'amour de la Russie du passé qui respire à travers chacun des messages de notre Métropolite ; chacune de ses conversations est saturée d'amour pour la Russie d'aujourd'hui et de demain. Pour illustrer cet amour, il convient de mentionner sa remarquable Lettre à la jeunesse russe, qui est devenue, à la grande surprise de nous tous et de Vladyka lui-même, un véritable événement spirituel et culturel dans la Russie des premières années de la "glasnost-perestroïka". L'épître a été publiée à la une de la Literaturnaya Gazeta, reprise dans d'autres publications, discutée et citée. Comment s’explique cet intérêt inattendu ? Pourquoi une telle notoriété ? Comme une goutte d'eau fraîche agit sur un sol desséché, les paroles du bon berger-hiérarque, remplies d'un amour sincère, sont tombées sur l'âme desséchée d'un homme russe, qui s'était déshabitué à tout soin spirituel, en conséquence de soixante-dix ans de mensonges soviétiques. Quelques mois plus tard, le patriarche soviétique s'en est rendu compte tardivement, il s'est souvenu de ses devoirs pastoraux et a décidé de s'adresser à son tour à la jeunesse russe, mais, comme on pouvait s'y attendre, sa langue de bois, son langage bureaucratique et empesé n'ont pas atteint le cœur des fidèles.

Une attitude intransigeante à l'égard du Patriarcat de Moscou doit obligatoirement être étroitement liée à un amour véritable pour le peuple russe et pour notre Mère Patrie torturée, car seul cet amour fait que tous les vrais fils du grand Exode russe résistent aux tentatives irréfléchies et irresponsables de rapprochement avec la direction désespérément déchue du Patriarcat de Moscou. Pour bien comprendre notre position, chacun doit comprendre le rôle eschatologique de la Russie ainsi que la « Missionde l'Émigration Russe » qui y est liée, si brillamment exposée dans le livre du même nom de M. V. Nazarov, le digne successeur de notre chantre du concept de l’«Idée russe», le très mémorable archimandrite Konstantin (Zaïtseff).

Et c’est cela qu’évoque également notre métropolite Vitaly dans le film "Le mystère russe", cette œuvre d’une grande profondeur d’un réalisateur russe. S'adressant au spectateur, notrevénérable Primat s'adresse à cette même Russie qu'il aime tant et dit ces paroles qui touchent leur cible : « Notre émigration n'est pas politique, mais purement spirituelle. Les premières années, nous pensions préserver l'Armée pour la suite de la lutte, mais la bataille terrestre a cédé la place à la bataille spirituelle et céleste. La bataille pour la foi a été couronnée par la victoire. Là où il y a une église orthodoxe, là il y a la Russie. Dans le monde entier, les Émigrés russes ont semé les graines d'une vie orthodoxe féconde ».

Oui, en effet, l'importance de notre Émigration Russe blanche dans son rôle de gardienne et de continuatrice de la grande Russie est significative. Après s'être dispersés de par le monde entier, les Émigrés Russes blancs ont emporté avec eux des éléments de l'ancienne culture russe. Une autre Russie a émergé dans le monde, incomparablement plus petite, mais préservant non seulement le souvenir respectueux de la première, mais aussi toutes les manifestations de sa culture, de sa pensée, de ses traditions et de son esprit, et surtout, la pureté de la foi orthodoxe ainsi que l'Église. En un mot, tout ce qui a été impitoyablement supprimé, modifié, perverti et éradiqué par les bolcheviks en Russie. Aujourd'hui encore, cet exploit est poursuivi dans l'espoir, ou plutôt dans la conviction profonde qu'un jour notre patrie torturée aura besoin de tout cela, que tous ces efforts n’auront pas été vains. Et aujourd'hui, plus que jamais, nous devons garder cette ferme conviction à laquelle notre Métropolite nous appelle sans cesse, et balayer sans réserve toute tentative ou même pensée de vendre notre primogéniture pour un plat de lentilles par un rapprochement avec le Patriarcat de Moscou, qui persiste et s'enlise dans ses bassesses, ses mensonges et ses trahisons. Mais que personne ne pense qu'il y a de l'arrogance ou de l'orgueil déplacé dans ces paroles ; au contraire, nous devons toujours sentir et réaliser que nous sommes loin d'être la lumière du monde, mais que nous possédons seulement la lumière pour le monde, et que cette lumière n'est pas tant en nous qu'elle est chez nous, et que si la Russie a une supériorité en quoi que ce soit sur le reste du monde, c'est avant tout dans le fait que, devenue la Troisième Rome, elle s'est vue confier la lourde responsabilité du destin de l'Orthodoxie mondiale - la responsabilité d'être gardienne et défenseur de l'Église du Christ et d’êtrece principe et cette force de maintien dont parle l'apôtre Paul lorsqu’il dit: « Car le mystère de l'iniquité est déjà à l'œuvre, il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu"/2 Thess 2 : 7-8.

Mais la Russie - ce principe de maintien et de résistance au Mal, ce phare universel de l'Orthodoxie, alors qu’elle était en pleine croissance de sa puissance, soudain, sous les coups concertés d'ennemis intérieurs et extérieurs aux multiples visages, tombe victime de son esprit chevaleresque et de son sens du devoir à l'égard des Alliés. En 1919, par la bouche de son Premier ministre Georges Clemenceau, la France pourtant alliée, lors de la discussion du traité de Versailles, n'a pas eu honte de prononcer une phrase laconique et lourde de sens : « La Russie n'existe plus... ». Comment ne pas mettre en parallèle cette phrase terrible avec les inscriptions kabbalistiques trouvées sur les murs de la Maison Ipatiev, où fut assassinée la Famille Impériale, et dont l'interprétation peut être la suivante : « Ici, sur ordre des forces secrètes, le Tsar a été sacrifié pour la destruction de l'État » ...

Oui, cette Puissance des plus nobles est tombée et les mains de tout le monde se sont déliées : tels des vautours les démembreurs de la Russie sont immédiatement entrés en action ; comme un nuage noir les émissaires du Vatican du "Rite oriental" se sont abattus sur les âmes russes ; et le rustre Cham a enserré d'une poigne de ferle cœur de Moscou et s'est assis sur la poitrine de la Sainte Russie. Échappé de l'enfer soviétique après la Seconde Guerre mondiale, D.P. Konchalovsky témoigne : "D'année en année /.../ de nouveaux moyens d'asservissement et de dépersonnalisation des gens ont été inventés, le pouvoir soviétique devenait de plus en plus le maître absolu de l'âme et du corps des "citoyens soviétiques". Un tel esclavage du peuple, une telle omnipotence et un tel arbitraire du gouvernement, un tel cynisme dans le mensonge n'ont jamais été connus d'un peuple, d'un pays ou d'une époque quelconques dans l'histoire mondiale".

Oui, voilà ce qu’estdevenue la Sainte Russie ... Dans son film plein d'amour pour la Russie, "La Russie que nous avons perdue", le talentueux réalisateur moderne et profondément russe Stanislav Govorukhine déclare : « Lénine a réussi à purger définitivement la Russie des personnes intelligentes, éduquées et pensantes. Il n'a pas seulement fait un coup d'État, il a aussi fait un coup d'État dans l'âme du peuple. Un nouveau type anthropologique a été créé en Russie, une nouvelle expression des visages est apparue chez lesSoviétiques, et c'est ainsi qu'a commencé la dégénérescence de la nation…".

On pourrait citer à l'infini divers jugements montrant à quel point la révolution bolchevique s'est avérée être une catastrophe irréparable, mais la conséquence la plus terrible a certainement été la destruction de la Russie en tant que PuissanceOrthodoxe ; la volonté de balayer de la surface de la terre la foi orthodoxe authentique et cette russité même, dont le chantre inimitable a été l'archimandrite Constantin /Zaïtseff/ déjà mentionné. Mais il est tout aussi important de noter que la force et l'importance de la Russie orthodoxe n'étaient pas célébrées par les seuls Russes.

Le nonce apostolique à Constantinople, le cardinal Vicenzo Vannutelli, après avoir assisté au sacre du tsar Alexandre III, a donné de son voyage l'impression suivante, inattendue pour un dignitaire catholique : « La Russie n'est pas forte de ses canons, ni de ses nombreuses armées et forteresses, le fondement de sa puissance réside dans une seule chose : l'Orthodoxie ... Il est indubitable que la Russie est appelée à restaurer les vrais principes du christianisme dans le monde entier ». Notre vénérable Métropolite donne la définition suivante à cette vérité du miracle russe, reconnue par toute personne, même la moins religieuse : « La Russie, telle un coquillage de nacre, a été créée pour préserver cette perle précieuse qu’est l'Église du Christ ». C'est là que se trouve la clé du drame russe et, pourrait-on dire, du drame de l'ensemble du monde chrétien. Après ces 75 années de pouvoir bolchevique, ces millions de martyrs pour la foi, ce blasphème généralisé, cette insulte permanente faite aux sentiments religieux des croyants, cette perversion de la conscience ecclésiale de la majorité du clergé moderne,on aurait pu penser qu’après avoir vécu tout cela la Russie se relèverait et que l'homme russe se redresserait, que les ecclésiastiques seraient purifiés par la repentance, toutefois, les forces obscures ne sommeillent pas, et ce qui n'a pas été fait par les satanistes au cours des premières années du pouvoir soviétique, sera certainement mené à son terme maintenant. Tout sera fait pour empêcher les pousses vivifiantes de se transformer en unerécolte abondante. Et là encore, nous entendons la voix prophétique du métropolite Vitaly :  « Toutes les forces seront jetées, des milliards d’or, tout sera fait pour éteindre la flamme de la Renaissance russe. C'est ce à quoi la Russie est confrontée aujourd'hui. C'est bien pire que Napoléon et Hitler ».

Oui, hélas, l'Antéchrist peut se réjouir, il n'y a plus dans le monde de pieux tsar orthodoxe à même de résister au mal et d'arrêter le processus de décadence. Rappelons-nous seulement que la Première Guerre mondiale a éclaté précisément parce que le grand Empire Russe n'a pas trouvé possible de laisser sans défense le peuple serbe orthodoxe frère et que, malgré son impréparation au combat, il s'est courageusement porté à la défense de son jeune frère agressé. Bien entendu, personne ne pouvait s'attendre à un comportementde samouraï identique de la part de la Russie post-soviétique d'aujourd'hui, et la Serbie a été honteusement laissée à la merci des brigands actuels du Nouvel Ordre Mondial. Oui, il n'y a plus aujourd’hui "Celui qui retient", il n’y a plus de modérateur capable de défendre les offensés et les faibles. Il n'y en a plus. Le meurtre odieux du saint Tsar-Martyr Nicolas n'a pas seulement été un immense crime et péché, le plus grand défi satanique à Dieu commis par des pervers de la race humaine et qui pèse encore aujourd'hui sur la Russie, mais il a aussi été le dernier accord d'une ère constantinienne de 1600 années d'histoire de l'humanité.

Par conséquent, l'assassinat du saint Tsar-Martyr n'a pas été un drame du seul peuple russe, mais s'est indubitablement transformé en un drame chrétien universel, bien que ni la soi-disant "chrétienté" d'aujourd'hui ni, encore moins, l'humanité moderne ne s'en rendent compte. La Russie est irrémédiablement tombée, la Troisième Rome est tombée dans l'oubli et, comme nous le savons, il n'y aura jamais de Quatrième Rome, mais il existe encore une force morale, spirituelle, religieuse, capable de distinguer clairement le Bien du Mal, de défendre la Vérité au milieu de l'apostasiegénérale. Si, en effet, une telle force est donnée à l'humanité désorientée pour quelque temps encore, ce ne peut être certainement que notre Église Hors-Frontières, mais seulement dans la mesure où elle se maintiendra sur son chemin historique irréconciliable avec le mensonge et le Mal.

 

« Celui qui retient » aujourd’hui

 

C'est pourquoi le thème de « Celui qui retient » reste plus que jamais d'actualité. Il est d'ailleurs amusant de constater que ce concept, si familier, proche et compréhensible pour un esprit orthodoxe, est complètement étranger et peu familier, pour un catholique même éduqué et bien informé ! N'est-ce pas dû au fait que le premier grand pas vers l'apostasie - suivi de tant d’autres - a été franchi lors de la chute de Rome de l'Église, c'est-à-dire lorsque, à côté de l’Église véritable, est apparue une anti-Église, en concurrence avec elle, qui s’est mise immédiatement – et tout naturellement - à récolter des fruits abondants ? Mais revenons à l'Église Hors-Frontières. On nous demandera peut-être comment osons-nous attribuer une mission aussi importante à notre Église persécutée, méprisée par beaucoup, petite et dispersée à travers le monde entier. On sait que, dans une certaine mesure, les paroles mystérieuses de l'apôtre saint Paul dans sa deuxième épître aux Thessaloniciens citée plus haut ont été interprétées différemment par les saints pères, mais en général, elles se résument toutes à une chose : ce qui retient l’avènement de l'apostasie, empêche l'anarchie de s'emparer du monde entier et la venue de l'Antéchrist, c'est le pouvoir royal orthodoxe, établi par Dieu.

Oui, aujourd'hui, la Russie est irrémédiablement tombée. Le dernier Oint du Seigneur a été "enlevé du monde"par la ruse et par la force. La royauté orthodoxe est aujourd’hui introuvable. Néanmoins, il reste une chose dans le monde qui nous relie de manière ininterrompue à la Russie historique millénaire: l'Église Russe à l'Étranger. L'archimandrite Konstantin a un jour exprimé l'idée qu'être membre de l'Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières est une sorte de sujétion spirituelle, et notre très talentueux confrère russe, le père Timothée Alferov, a écrit dans l'un de ses articles : « L'Église Russe à l'Étranger n'est pas seulement un concept administratif et territorial, c'est une qualité spirituelle spéciale, un visage ecclésial spécial ». C'est pourquoi toutes les tentatives de rapprochement avec le Patriarcat de Moscou conduisent à la destruction de cette exclusivité de notre sainte Église et de sa mission si nécessaire en ces temps difficiles.

Mais entendons nous bien : l’Église Hors-Frontières restera ce qu’elle est dans la mesure où elle restera sur son chemin historique de non-compromission avec l’erreur et le Mal, qu’elle restera un fidèle héraut de la Vérité comme elle le fut jusqu'à présent. Et qui d'autre que le Métropolite Vitaly est aujourd'hui ce héraut de la Vérité, qui nous avertit sans cesse du danger des temps que nous vivons ? S’il en est qui ne sont pas convaincus, qu'ils écoutent les paroles prophétiques de notre vénérable Primat, paroles pleines d'une sainte saveur patristique : « L'Église du Christ est à l'étroit sur terre. Elle n'est pas acceptable pour la majorité de nos contemporains. Elle est à peine tolérée, on se moque d'elle. On la raille. On l'insulte. Mais elle ne veut pas être détruite et ne peut pas l’être. C'est pourquoi toutes les forces obscures essaient maintenant de se glisser en elle et, tels des termites, de la dévorer de l'intérieur, ne laissant qu'une coquille vide. Le mal nous rit au nez ! Et nous courons négligemment après les ombres des avantages terrestres, nous courrons après une bonne renommée imaginaire, ne poursuivant qu’une seule idée : que personne ne nous dérange, ne perturbe le rythme de notre vie confortable. Mais une grande tentation s'abattra sur nous, et elle ne manquera pas de s'abattre sur nous. Elle nous mettra sur le fil du couteau de la vie. Personne ne pourra se cacher nulle part, dans aucun recoin. Tout le monde sera trouvé et placé face à la question tragique et fatale : Es-tu avec "nous" ou avec le Christ ? Peut-être même ne le diront-ils pas, de peur d'effrayer l'infortuné chrétien, mais ils demanderont simplement : Es-tu avec "nous" ? /.../ Lorsque viendra le Second Avènement, l’Église du Christ sera amoindrie à l'extrême ; il ne restera qu'un ou deux temples dans lesquels le Vrai Corps du Christ et le Vrai Sang du Christ seront offerts. Dans le reste des temples, il n'y aura qu'une coquille vide, très belle extérieurement, mais vide. Prenez garde au danger qui vous guette /.../ car les jours sont mauvais / Eph. 5 : 15-16/ ». N'est-ce pas là aujourd’hui la voix authentique de Celui qui retient ?

Il y a, notamment dans la Russie d'aujourd'hui, de nombreux "monarchistes de pacotille" qui n'hésitent pas à critiquer le saint Tsar-Martyr du fait que, par son abdication, il serait responsable de la catastrophe qui s'est abattue sur la Russie. Mais où étaient ces hommes courageux à l'apogée de la peste rouge bolchevique et durant les années suivantes ? Leurs exploits, on ne sait pourquoi, ne sont pas parvenus jusqu'à nos oreilles. Il se trouvede même aujourd'hui des "théologiens de pacotille" qui ne craignent pas de critiquer notre Métropolite d’avoir fait un semblant de concession face à la pression évidente de certains ecclésiastiques libéraux qui ont émergé dans notre milieu, et que le père Timothée Alferov a qualifié de "néo-eulogiens". Mais où sont ces critiques courageux, que font-ils lorsque notre profondément vénéré starets-Primat est assiégé par des forces malsaines et hostiles, comme ce fut le cas lors du malheureux scandale d'Hébron, au dénouement encore plus malheureux ? Pourquoi ne l'entourent-ils pas d'une cuirasse impénétrable ?

Néanmoins, le Métropolite Vitaly, par sa fermeté obstinée anti-patriarcale, remplit honorablement son rôle de Celui qui retient, ce pour quoi tous les vrais fils de l'Église Hors-Frontières l'apprécient tant. « Je demande, et même j'implore, tous les évêques et tous les ecclésiastiques de lire attentivement ce livre », s'écrie-t-il dans sa préface à la réédition de l'ouvrage de l’archiprêtre Michel Polsky, La situation de l'Église en Russie soviétique, car il y a des vérités qu’il est nécessairede répéter inlassablement. Le ton alarmant et suppliant de cet appel du Métropolite montre à quel point certains esprits sont aujourd’hui ébranlés dans notre Église. Et en même temps, nous voyons combien ses prises de position répétées et si utiles provoquent de plus en plus d'irritation, parfois même d'indignation, dans certains milieux qui essaient de mener l'Église sur la voie de la réconciliation, de la compréhension, des négociations, des rencontres et de la reconnaissance des sacrements du Patriarcat,que certains ne craignent pas d'appeler "l'Église Mère"!

Dieu veuille que ces efforts de conciliation pour amener l'Église à abandonner son chemin historique d'irréconciliabilité avec le mal ne conduisent pas notre cher Métropolite à répéter les mots fatidiques écrits de la main dusaint Tsar-Martyr dans son Journal le jour de son abdication : « Autour de moi, tout n'est que trahison, lâcheté et fourberie» ... Il est vrai que les récentes actions criminelles du Patriarcat, qui a impudemment transgressé les droits de propriété de l'Église Hors-Frontières, semblent avoir ouvert les yeux de certaines personnes pour lesquelles l'Église "mère" a commencé à être plus souvent désignée par le titre plus exact d'Église "soviétique".

 

De l'impossibilité d'un rapprochement avec le Patriarcat actuel

 

Comprendre clairement une question, c'est déjà la résoudre à moitié. Voyons ce qui nous interdit donc d'aller « au conseil des impies » ? La mort prématurée de l'archiprêtre d’éternelle mémoire Lev Lebedev, a soudainement privé l'Église d’un de ses plus grands théologiens, historien et penseur en général. Il n'est pas surprenant qu'un profond respect mutuel l'ait lié au Primat de l'Église, sous l'omophorion duquel il s'est consciemment placé sans la moindre hésitation, et ce en dépit de toutes les difficultés qui ont suivi. Le père Lev a brillamment décrit les raisons qui l'ont poussé à prendre une décision aussi grave. Dans sa brochure, d’une remarquable sincérité, ainsi que dans le reste de ses volumineux écrits, on trouve des réponses autorisées et approfondies à toutes les questions qui nous préoccupent aujourd’hui. Celui qui veut avoir des réponses à ces questions, il lui suffit de lire humblement les ouvrages du père Lev, en laissant de côté son orgueil et son propre moi.

Qui d'autre que lepère Lev, qui avait grandi dans ce Patriarcat où ses qualités étaient reconnues, pouvait en donner une telle définition : « Le Patriarcat est le résultat de l’accouplement spirituel du Métropolite Serge et de son Synode avec le pouvoir soviétique ». À première vue, la formule est abrupte, choquante, mais en fait, c'est la conclusion ultime des observations de toute sa vie consciente. Un tel Patriarcat ne peut être une "mère" que pour ceux qui s’en sentent spirituellement être les fils. Un autre auteur faisant autorité, le Dr Ludmila Perepiolkina, dans son brillant ouvrage intitulé The Abomination of Desolation - Ecumenism and Ecclesiastical Liberalism ("L'abomination de la désolation - Œcuménisme et libéralisme ecclésiastique"), qui, à notre époque néfaste, devrait être un livre de chevet pour tous ceux qui ont perdu l’idée précise de ce qu’est l'Église, définit le sergianisme, ce noyau spirituel du Patriarcat, de la manière suivante : « Le sergianisme n'est pas seulement une abjection doublée de mensonge, c'est un refus conscient de porter la Croix du Seigneur, de confesser et de subir le martyre, sur lesquels l'Église du Christ a été bâtie. Le sergianisme est également un état d'esprit et d'âme capable de recourir à toute forme de concession et compromission, et donc à la trahison de la Sainte Foi au profit d’avantages temporels et d’intérêts de ce monde ». Ajoutons de notre part que si, pendant les années de persécution féroce à l’époque de l'établissement du pouvoir bolchevique, la voie de la trahison a été pour beaucoup en quelque sorte une nécessité, mais nous voyons qu’aujourd’hui, en dépit du fait que l'oppression extérieure soit tombée, il est devenu tout à fait naturel pour le Patriarcat de Moscou de canoniser, en paroles et en actes, le sergianismeet de refuser ainsi de porter la Croix, préférant servir le monde. Il existeune chasteté spirituelle, tout commeunaccouplement spirituel. C'est la différence entre l'Église du Christ et, comme le dit Vladyka Métropolite, « une coquille vide, très belle extérieurement, mais vide ».

Dans son homéliedélivrée à l'occasion du 700e anniversaire de l’icône miraculeuse de Koursk, le métropolite Vitaly explique pourquoi la hiérarchie du Patriarcat de Moscou est cette tentation qui nous préoccupe tous : « Elle nous préoccupe énormément, parce qu'elle est apparemment un os de nos os et qu'elle parle, semble-t-il, la même langue que nous, mais elle est sortie de nous et n'est plus nôtre ; nous parlons une langue commune russe, mais nous divergeons fondamentalement quant à sa compréhension ; les mêmes mots, mais pas le même sens et pas le même but ultime - comment aller au salut ».

À notre époque de tolérance, de tiédeur et de relativisme, de tels jugements, en règle générale, tombent sous la stigmatisation honteuse de fanatisme. Toutefois, souvenons-nous seulement de saint Maxime le Confesseur, qui disait en son temps : « Si l'univers entier se met à communier avec le patriarche hérétique, je ne communierai pas avec lui », ainsi que de saint Marc d'Éphèse, qui avait interdit aux partisans du patriarche, même après sa mort, de s'approcher de son tombeau, sans parler de la foule des saints Nouveaux-Martyrs, qui ont scellé de leur sang leur fidélité inébranlable à la Vérité. L’enseignement chrétien nous apprend qu’il convient aux chrétiens de stigmatiser le péché tout en aimant le pécheur ; nous devons toujours faire la distinction entre le péché personnel et le péché contre la Vérité, l'Église, comme nous l'enseignent les exemples susmentionnés des saints pères.

De même, la dénonciation des évêques patriarcaux trouve sa justification dans le fait que "par le silence la Vérité est trahie". Isidore de Péluse, qui vivait au milieu du Ve siècle, dit ceci à propos des évêques indignes de son temps, déjà : « Les évêques actuels, ne faisant pas la même chose que les anciens, ne sont pas gratifiés de la même chose /.../ Il serait surprenant que, ne faisant rien comme leurs ancêtres, ils jouissent du même honneur qu'eux ». Et plus loin, le même saint père semble s’adresser directement de notre époque : « Ceux qui en apparence donnent l’illusion d’être des prêtres, mais qui par leurs actions offensent le sacerdoce ». Le sujet des évêques soviétiques est loin d’être un thème mineur, et personne n'a le droit de le sous estimer sous couvert d'une prétendue charité chrétienne.

Le patriarche soviétique Alexis IIdont le pseudonyme au KGB était Drozdov – semble presque fréquentable comparé au "métropolite du tabac" Kirill Gundyaev (7), responsable des Relations Extérieures du Patriarcat.... Et lisons ce qu'un chrétien orthodoxe ordinaire écrit dans une lettre au rédacteur en chef de notre dernier journal Russe Blanc d’ArgentineNasha Strana : « Comment se fait-il qu'une grande Église nationale comme l'Église Russe soit dirigée par un (ancien ?) kgbiste ? Un homme à qui aucun d'entre nous n'accepterait de serrer la main, et encore moins de demander une bénédiction..... Brrr. C’est par de sombres actes criminels que le camarade Drozdov a atteint le sommet du pouvoir et la plénitude des biens de ce monde ». Nous avons là le sentiment d’un simple croyant, mais qui exprime avec bon sens et audace ce qui devrait être une évidence pour chacun.

On pourrait nous rétorquer que les évêques ne sont pas toute l'Église ; il y auraitau Patriarcat des startsy à qui les gens s'adressent pour obtenir des conseils spirituels. On a beaucoup écrit sur ces "nouveauxstartsy", qui sont soudainement apparus dans toute la Russie sans que personne ne sache d'où ils venaient ; on a pu entendre qu'ils interdisaient strictement à leurs "enfants spirituels" de prendre entre leurs mains la moindre littérature "hors-frontières" ! Le métropolite Vitaly a exprimé avec beaucoup de profondeur et de justesse ce qu'il pensait de ces nouveaux startsy soviétiques, qui lui semblent être en réalitéun phénomène extrêmement malsain : « La notionde starets est l’aboutissement et le fruit de la piété de l'Église tout entière. C'est comme une couronne de piété, une sorte d'aristocratie spirituelle de l'Église dans le meilleur sens du terme. Il ne peut donc tout simplement pas y avoir de startsy au sein du Patriarcat de Moscou, attendu que la quasi-totalité de l'épiscopat du Patriarcat est impie. D'où pourraient bien provenir ces startsy qui sont amenés à défendre en toutes circonstances ces évêques, alors que ces derniers devraient tous relever des tribunaux ? Ils n'ont pas seulement péché personnellement, ils sont dans l'hérésie ». On ne saurait mieux définir ces fameux startsy une fausse spiritualité de plus, un mensonge spirituel hypocrite, et parfois une simple bouffonnerie, ce dont beaucoup d'entre nous ont pu être témoins ...

Certes, mais il y a encore des prêtres honnêtes et convenables - ou, comme on entend dire là-bas, des "prêtres croyants" ( !) - et les orthodoxes se tournent vers eux, nous dira-t-on. Jamais dans son histoire, même dans les années les plus terribles, l'Église Hors-Frontières n'a nié qu'il existe des prêtres qui accomplissent honnêtement le travail de l'Église. Là n'est pas la question. La nature de l'Église est telle qu'un prêtre ne peut exister seul. L'Église est par natureépiscopocentrique. Elle existe dans et autour de l'évêque. Là où il y a un évêque, il y a l'Église. Ces prêtres "convenables" - ne parlons pas des autres - ne se posent-ils jamais la question de savoir de qui ils tiennent la grâce qui leur permet d'administrer les sacrements ? Cette grâce ne serait-elle pas viciée à sa source ?

Il est vrai que l'on entend parfois dire que dans un élan d’éveil de sa conscience, face au comportementinadmissible de son évêque, tel prêtre rompt avec lui, cesse de le commémorer et ... commémore le patriarche ! Certains rompent avec le patriarche, comme ce fut pour beaucoup le cas après le fameux discours d’Alexis II devant les rabbins à New-York, pour ne pluscommémorer que leur évêque diocésain ! Mais, ne se rendent-ils pas compte les uns comme les autres que ce faisant ils ne font qu'échanger un sou contre un autre sou ? Et puis, au bout d'un certain temps, tout rentre dans l’ordre et redevient comme avant. Quand on observe ces comportements de l'extérieur, on se dit : quels jeux puérils et déplacés que l’on voudrait nous faire passer pour de l’intransigeance et de la confession de foi ...

Alors que nous rédigions cet article, nous avons appris que le Patriarcat de Moscou, sous la pression devenue insoutenable des fidèles, a finalement été contraint de "glorifier" le Tsar-Martyr Nicolas. Nous écrivons "glorifier" entre guillemets, car que peut signifier une telle "glorification" d’un saint Martyr, qui a souffert la Passion, qui a été glorifié il y a vingt ans déjà et qui depuis cette date est reconnu et prié par toute la Russie ? Nous serions tentés de dire qu'au lieu de nous réjouir, cette nouvelle nous conduit à des réflexions amères. La seule consolation est qu'il s'agit d'une victoire éclatante pour le peuple fidèle, qui a réussi à faire plier les cœurs endurcis des sergianistes impies, les contraignant à prendre bien à contre cœur cette décision, comme nous l'avions imaginé et écrit il y a environ 10 ans. Mais qui sait, cette victoire arrachée par les fidèles sera peut-être suivie d'une autre - la dernière - qui, tout comme ce fut le caspour le dernier président soviétique, ne laissera pas d'autre choix à l'épiscopat patriarcal que de démissionner et de se retirer. Mais pour l'heure, comment ne pas voir une fois de plus qu'il ne s'agit que d'une manœuvrepitoyable de plus, d'une tromperie, d'une contrefaçon sournoise, d'une vulgaire tentative de reprendre en mains une situation qui leur échappe. Un faux-semblant qui voudrait se fait passer pour de la réalité.

D'ailleurs, n'atteignons-nous pas ici le summum du cynisme, ou plutôt du sacrilège, puisqu'il s'agit d'un domaine sacré ? On serait tenté de dire : bas les pattes ! Comment les champions fidèles et serviles du soviétisme osent-ils, sans le moindre repentir et sans se laver de toutes les souillures dans lesquelles ils ont passé leur vie, toucher à l'Oint de Dieu, qui a été crucifié par ceux-là mêmes qu'ils ont toujours servi fidèlement et qui continuent de le crucifier aujourd'hui encore. Comment ne pas faire ici un parallèle avec l'indignation avec laquelle les pères du 1-er Grand-Concile de la Diaspora, qui dans leur Appel à la Conférence de Gênes de 1922 (5), se refusaient de comprendre : est-il possible de reconnaître au gouvernement bolchevique le droit de représenter les intérêts de cette même Russie dont ils sont les esclavagistes et les bourreaux. Non, il ne s'agit pas d'une glorification, mais d'une profanation, d'un véritable pillage spirituel et idéologique. Se trouvera-t-il parmi nous, comme l'a dit le métropolite Vitaly, des "petits malins" qui se réjouiront d'une telle "glorification" (malheureusement il s’en trouvera !) et qui nous demanderont avec impatience : « Mais qu'attendez-vous encore pour vous unir au Patriarcat, n'aviez-vous pas posé comme condition que les Saints Nouveaux Martyrs soient glorifiés, alors qu’ils vont jusqu’à glorifier le Tsar lui-même ? » …

 

Les éléments les plus sains du Patriarcat ... et l'Église

 

Bien sûr, nous savons et confessons qu'il y a des personnes bonnes et saines parmi le bas clergé, mais ce qui aurait pu être compréhensible dans les années de persécution féroce, aujourd'hui, dans l'atmosphère de liberté relativement complète, devient de moins en moins admissible et de moins en moins pardonnable chaque jour. Il existe aujourd’hui une alternative, tant pour le clergé que pour les laïcs. Le peuple orthodoxe russe devrait remercier Dieu et être profondément reconnaissant au jubilaire que nous honorons ici, l’Éminentissime Métropolite Vitaly, qui n'a pas eu peur, il y a 10 ans, de poser un acte véritablement prophétique en prenant sous son omophore des prêtres dont la conscience ne leur permettait pas de rester plus longtemps dans le giron du Patriarcat déchu. La décision d'ouvrir des paroisses en Russie avait été une décision qui s’imposait littéralement à nous, et non un désir d'envahir sans invitation le "territoire canonique d'une Église locale", comme nous le rabâchent inlassablement toutes sortes de représentants d’Églises "officielles", experts autoproclamés en droit canon. Ce n'est que face à l'impénitence totale de l'échelon le plus élevé du Patriarcat, à son immoralité et son implication croissantes dans des structures criminelles - ce qui se dit et s’écrit ouvertement -, c'est-à-dire lorsqu'il n'y avait plus aucun espoir de voir un assainissement de la situation, que notre Église a pris cette décision des plus responsables, parce qu'il lui était impossible de ne pas la prendre.

Quand on pense que l'ouverture des archives du KGB portant les informations les plus honteuses sur les "hommes d'église" a pu passer sans douleur et sans trace, qui, maintenant, aura peur d’articles dénonciateurs publiés dans quelques petites revues ?! La décision audacieuse du métropolite Vitaly a donc été une sorte de bouée de sauvetage, lancée pour sauver tous ceux dont la conscience était encore capable de réagir un tant soit peu. Bien sûr, il nous a fallu endurer de nombreuses déceptions, car ce n'était pas toujours pour les meilleures raisons que certains prêtres du Patriarcat s’adressaient à nous, néanmoins, la jubilation des responsables du Patriarcat, qui sont allés jusqu’à qualifier très élégamment ce passage de prêtres – d’"égouts" se déversant dans l’Église Hors-Fontières, pouvait paraître très étrange. Car en effet, ces "égouts", pour reprendre leur image et si ces prêtres en étaient réellement,avaient reçu leur éducation et leur formation chez eux, les avaient servis pendant des années et continueraient à les servir tranquillement s'ils n'avaient pas eu l'occasion de venir chez nous. Mais nous pouvons rassurer les tenants du Patriarcat : ceux qui sont réellement malhonnêtes ou indignes ne restent pas longtemps et, après un certain temps, retournent chez ceux qui les ont formés « comme le chien retourne à son vomissement », pour reprendre l’image biblique, dans Proverbes 26, 11. Il semblerait donc qu'ils n'aient pas de motifs à se réjouir beaucoup.

En revanche, en dépit de nombreuses déceptions, quelle consolation, quelle joie spirituelle, quelle force et quelle utilité cette décision nous a apportées de communiquer avec ce qui est encore vraiment russe et saint en Russie ! Quatre évêques, plus d'une centaine d'ecclésiastiques, des milliers de croyants dans la vaste Mère-Russie, dispersés comme autant de petites oasis spirituelles, offrant à chaque Russe la possibilité d’avoir où puiser de l'eau vive. Quelle joie pour nous de rencontrer et de servir ces frères particuliers, privés de leurs droits et persécutés dans leur propre pays, et qui, dans une certaine mesure, sont une éclatante justification de notre existence hors-frontières.

Ainsi, l'appartenance à l'Église Hors-Frontières est une sorte de ligne de partage des eaux entre ceux qui, en choisissant la voie étroite, aspirent vraiment au salut, et ceux qui préfèrent rester dans ce monde « qui gît dans le mal » /1Jn 5, 19/.

Mais une catégorie particulière de personnes très proches de nous en esprit, mais qui pour autant ne sont pas "nôtres", est apparue récemment. Il convient de dire un mot à leur sujet. Lorsqu'ils vont à l'étranger, ils n'entrent pas dans une église relevant d’une juridiction autre que la nôtre, mais jamais ils ne leur viendrait à l’esprit de mettre les pieds dans une de nos églises en Russie. Ils vont jusqu’à nous admirer quand ils sont hors de Russie, alors qu’ils méprisent ou vilipendent nos frères de Russie. Comment comprendre un comportement aussi étrange ? Ne reprochons pas d'emblée à ces personnes un désir délibéré de tromper ; peut-être n'ont-elles pas vraiment le courage de franchir le pas, peut-être pensent-elles sincèrement, contrairement à la parole de l'Apôtre, à la possibilité d'une communion entre la lumière et les ténèbres, peut-être sont-elles incapables de comprendre la nature véritable de l'Église. Mais parmi eux, il y a une catégorie spéciale de personnes - peut-être sincères - qui se consacrent à une mission, pas tout à fait compréhensible, consistant à prouver l'unité entre les "éléments sains" du Patriarcat et l'Église Hors-Frontières. On sait que, hélas, certains membres de l’EORHF, malgré l'opposition catégorique de notreMétropolite, prennent part à certaines initiatives de ce genre, initiatives néfastes car leur résultat final - quel que soit le souhait des instigateurs de ces entreprises - n'est pas l'enrichissement ou l'amélioration du Patriarcat, mais la dissolution pure et simple de l'Église Russe à l'Étranger. Et l'on sait à qui cela serait profitable. C'est pourquoi il est du devoir de chacun de dénoncer immédiatement et sans équivoque ces tentatives et ces intrigues.

Nous avons là, devant nous, un livre merveilleux, qui nous a récemment été offert, consacré à saint Jean de Shangaï, célèbre saint de la diaspora russe, publié il y a quatre ans en Russie avec le plus grand amour : 702 pages, un nombre incroyable de photographies, dont beaucoup que nous découvrons pour la première fois. Une édition des plus professionnelles et qualitatives qui soit. Sur la couverture intérieure, en écriture slavonne, on trouve d'un côté le tropaire et le kondak, et de l'autre, une prière au saint. Vous le prenez dans vos mains, vous le feuilletez et votre âme se réjouit. On peut dire qu'un tel livre sur notre saint thaumaturge n'a jamais été publié même chez nous. Il comprend les plus grands ouvrages théologiques, des articles, des sermons, des décrets, des hagiographies, des témoignages sur l’invention de ses reliques incorruptibles et un récit enthousiaste de sa glorification. Les auteurs ont sans aucun doute sélectionné avec le plus grand amour le plus grand nombre de documents afin de permettre au lecteur deRussie de s'imprégner de l'esprit de ce merveilleux saint contemporain.

Comment ne pas se dire et penser qu'il s'agit là d'un hommage reconnaissant de la Russie actuelle à l’Église de l’Émigration. Mais dès les premières pages de la préface, le sentiment de gratitude du lecteur émigré est progressivement remplacé par un sentiment de frustration et d'irritation : ne s'agirait-il d'un nouveau piège ? Sur les 702 pages de l’ouvrage, il y a 17 pages que l’on aimerait déchirer avec plaisir pour donner à ce merveilleux livre une apparence homogène. La talentueuse préface de A. Lednev mériterait une analyse approfondie, mais nous ne nous attarderons que sur une affirmation selon laquelle, jusqu'à récemment en Russie, le problème de l'appartenance juridictionnelle n'avait soi-disant pas d'importance. S'appuyant sur cet axiome, il s'empresse immédiatement de placer notre saint Jean, qu'il glorifie, au même rang que certains évêques du Patriarcat de la même époque. Ne discutons pas : les évêques qu’il cite sont, à bien des égards, bien meilleurs que l'écrasante masse des évêques soviétiques, mais - tous présentent néanmoins"un certaindétail". Un détail bien caractéristique – leur appartenance raisonnée au Patriarcat. C'est pourquoi nous ne nous hâterons pas d'en faire des saints.

Ainsi, de l'archevêque Lucas /Voïno-Iassenetsky/, l’évêque Evtikhy, un ecclésiastique expérimenté et qui n'est en aucun cas un extrémiste, dit : « Ce n'est qu'un hérétique, un panthéiste ; un bon chirurgien, certes, mais en aucun cas un théologien orthodoxe ». Et nous sommes plutôt enclins à partager l'opinion de cet évêque, qui sait probablement de quoi il parle. Au sujet de l'évêque Athanase /Sakharov/, A. Lednev souligne en particulier le fait qu'il avait donné sa bénédiction « aux prêtres qui le commémoraient lors des liturgies dans les Catacombes pour qu'ils passent ouvertement au service du Patriarcat après l'élection en Concilede Sa Sainteté le Patriarche Alexis I (Simansky) ». On comprend pourquoi notre auteur l'admire, mais peut-on sérieusement parler "d'une élection en Concile de Sa Sainteté" ?... Rappelons qu’Alexis I est celui-là même dont le seul nom, de l'avis des confesseurs de la foi qui s’opposaient à la reconnaissance du Synode du métropolite Serge, discréditait ce Synode créé en 1927 sur la base de la Déclaration de loyauté au pouvoir soviétique ! Quant à l'archevêque Hermogène (Golubev), il a confessé, certes, une « foi inébranlable » non seulement « devant l'impie Khrouchtchev, le persécuteur de l'Église », mais aussi devant le complice obéissant de ce persécuteur, "Sa Sainteté" le patriarche Alexis I.

A. Lednev termine sa préface par unebelle et touchante citation de saint Jean, mais en donnant une interprétation tendancieuse aux parolesd'amour compatissant pour l'Église mère souffrante, écrites il y a plus de quarante ans, comme si elles étaient applicables au "métropolitburo" (6) d'aujourd'hui. De deux choses l'une : il s’agit soit d’une incompréhension totale, soit d’une bassesse inqualifiable. Après la préface, sur onze pages, vient le témoignage-souvenir sur MgrJeandu célèbre évêque Vassily (Rodzianko). On lit, sans en croire ses yeux, le témoignage douteux d'un homme connu pour son instabilité particulière, son vagabondage juridictionnel, et qui a terminé son voyage terrestre dans la soi-disant Métropole américaine. On se dit : c’est bien là une voix autorisée pour parler de la fermeté idéologique de notre saint Archevêque Jean ! Confondant sans doute ses propres errances juridictionnelles, l’évêque Vassily tente de prouver une prétendue indifférence de saint Jean à l'égard de la question juridictionnelle, comme s'il ne s’agissait pas de l'homme qui avait écrit la fameuse brochure "L'Église russe à l'étranger", où il révélait le caractère unique de l'Église dont il était un représentant si remarquable. Soit dit en passant, on ne sait pourquoi le contenu de cette brochure n'a pas été inclus dans cet ouvrage de plus de 700 pages,alors qu’il y aurait évidemment eu toute sa place. Étrange ! Et c’est en effet bien vite oublier quenotre saint Vladyka Jean avait été le seul évêque d'Extrême-Orient à ne pas avoir rejoint le Patriarcat après la Seconde Guerre mondiale !

Ainsi, à cause de ces 17 pages que l’on aimerait n’avoir jamais lues, qui gâchent ce merveilleux recueil, mais qui pourtant sont d'une importance capitale aux yeux des compilateurs, on perçoitl'idée première de cet ouvrage, qui est de montrer surl’exemple de saint Jean une sorte de saint "hors juridiction". En un mot, le neutraliser, le rendre inoffensif entravestissant la réalité et en ignorant l’Église Hors-Frontières. On ne peut s'empêcher de penser à l’histoire du"rat mort au fond du tonneau de miel" dont parlait le métropolite Philarète dans sa correspondance avec la Métropole américaine à l’issue du Troisième Grand-Concile de la diaspora en 1974. Mais ici, le rat n'était pas au fond du tonneau, mais il est remonté à la surface, et ce dès les premières pages.

Ce recueil illustre le fait que les demi-mesures et les compromis n'ont pas leur place dans l’Église véritable, tout comme dans toutes les questions de principe en général. Vladimir Solooukhine, dans sa dernière interview avant sa mort, a déclaré que les thérapies trop lentes ne pouvaient pas guérir la Russie : « Une intervention chirurgicale est nécessaire : couper et jeter ». De même que les éloges de la vieille Russie, que l'on trouve souvent dans les pages des publications nationales-bolcheviques, ne signifient rien s'ils ne sont pas accompagnés d’un rejet radical et d'une malédiction de l'ensemble du soviétisme ; de même, les amabilités que l’on peut lire à l'égard de l'Église Hors-Frontières ne signifient rien et ne peuvent aboutir à rien, si elles ne sont pas accompagnées d'un rejet décisif et définitif du soviétisme ecclésial, c'est-à-dire du Patriarcat. Tout le reste n'est rien d’autre que du national-bolchevisme ecclésiastique.

 

Le métropolite Vitaly est notre bannière, il est notre Celui qui retient

 

Dans un tel contexte, nous voyons à quel point est étroit le chemin qui reste à l’Église véritable et à l'Orthodoxie authentique. Un chemin dont Dieu nous interdit de nous écarter. Celui à qui il est beaucoup donné, il sera demandé davantage. Nous, en la personne de notre Église persécutée et opprimée - et nous devons savoir que le pire est encore à venir – nous avons reçu beaucoup plus que n'importe qui d'autre dans le monde d'aujourd'hui. C'est pourquoi la responsabilité de chacun d'entre nous est si grande, et la responsabilité qui incombe à notre très cher et vénéré Métropolite est incommensurable. Nous savons qu'il porte haut l'étendard de l'Église à l'Étranger et qu'il ne le laissera jamais tomber, comme en témoigne brillamment son récent Message sur la signification contemporaine de l'Église Russe à l'Étranger :

« En tant qu'archipasteur de l'Église Orthodoxe Russe à l'Étranger, je considère qu'il est de mon devoir sacré d'adresser ce message à tous les enfants de notre Église. Je suis même contraint de le faire en raison d'une certaine indifférence spirituelle à l'égard de la Vérité que nous avons constatée et d'une incompréhension déjà profonde de la signification exceptionnelle et unique de notre Église dans un monde où s’imposent l’orthodoxie universelle et la chrétienté occidentale non orthodoxe. /.../ Notre Église c’est la Vierge fuyant le Dragon rouge dans le désert. Le désert, c'est l'Occident déchristianisé, dans lequel il y a encore de la liberté, et que notre Église recherche, car la liberté est la seule chose dont elle a réellement besoin. À travers notre Sainte Église Orthodoxe Hors-Frontières retentit la voix de la Sainte Russie, dont l'essence et la nature sont la soif intérieure, intime, spirituelle, toujours insatiable de l'âme russe de vivre de la vie des saints, de vivre selon le Saint Évangile, tant qu'il y aura des forces, mais toujours avec la seuleaide de Dieu. Sa voix a toujours résonné à travers les mille années de l'existence historique de la Russie orthodoxe. /.../ Si l'Église est le Christ Lui-même, comment peut-on imaginer le Christ notre Seigneur et à Ses côtés le traître métropolite Serge, le Christ et à Ses côtés Drozdov (Alexei II). Cette direction suprême du Patriarcat de Moscou est tout simplement une institution d'État privée de grâce, et ses membres ne sont que des fonctionnaires d'État revêtusde soutanes. Il se trouvera chez nous de "petits malins" qui vous diront que tout mon Message n'est que l'opinion personnelle du Métropolite lui-même. À cela, je répondrai que j'ai été contraint d'écrire ce Message en raison des protestations incessantes émanant de l'ensemble de notre grande Diaspora russe. Ce Message est donc la voix de notre Sainte Russie Hors-Frontières, et par lequelje n'ai fait que l'exprimer au grand jour. Que Dieu veuille que ceux qui ne sont pas d'accord avec ce Message, que leur désaccord ne se transforme pas en une désunion avec l’Église. Rendons toujours grâce au Seigneur de faire partie de la Sainte Église Orthodoxe Russe à l'Étranger, qui, au cours de ses 80 années d'existence, a toujours suivi la voie royale de Dieu, sans jamais s'en écarter vers un quelconque chemin de traverse sans issue ».

Pour sa part, le métropolite Vitaly sait que l'écrasante majorité de l'Église le soutient avec amour et, dans une obéissance reconnaissante suit la voie qu'il a clairement indiquée, la seule qui puisse préserver pour les générations futures ce phare de l'Orthodoxie, le dernier héraut de la Vérité au milieu de l'apostasie universelle.

Restons résolument fidèles à la promesse faite par toute l'Église, par la bouche de tous les membres du Concile des Évêques, dans leurMessage au clergé et auxfidèles, rédigé le jour joyeux de l'élection du nouveau Métropolite en 1986 : « Demandons au Seigneur d'aider le Métropolite nouvellement élu ; aidons-le à porter la croix difficile de son ministère ; engageons-nous à lui témoigner l'obéissance et prions pour lui ».

Dans son Message pré-conciliaire du 1/14 août 2000, le métropolite Vitaly écrit, comme s'il répondait par avance au patriarche de Moscou qui, une semaine plus tard, allait nous tendre hypocritement la main et nous appeler à l'union : « Le patriarcat de Moscou n'est rien d'autre qu'une création non canonique de l'ancien pouvoir soviétique /.../ C'est pourquoi, en tant que Protohiérarque, je vous invite tous à rester à jamais fidèles à notre Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières et à ne pas être troublés par les appels que nous entendons de plus en plus souvent au sujet de l'union et de la concélébration avec d'autres au nom d'un "amour fraternel", si bruyamment proclamé. De quel "amour fraternel" peut-on parler, alors que, dans ce qui est le plus essentiel, à savoir le service divin, nous vivons /.../ selon des vies spirituelles différentes ? Réfléchissons bien à cette notion si importante, le "service divin", c'est-à-dire le service de Dieu, et nous nous rendrons compte alors que nous servons Dieu Lui-même de manières différentes ».

Et nous savons par expérience ce que laissent présager les appels patriarcaux à une "union fraternelle" – ne s'agirait-il d'une nouvelle manœuvre pour attenter à notrepatrimoine religieux ? Le jour du 700-e anniversaire de l'icône miraculeuse de Koursk, notre Primat avait ainsi conclu son discours : « Et nous sommes tous ici devant l'icône de la Mère de Dieu qui, nous le croyons, nous accompagne d’une certaine manière dans son icône. Envoyée par notre Sauveur Lui-même, elle est partie avec nous à l'étranger il y a 75 ans, en tant que notre Hodiguitria – Celle qui nous montre le chemin. Est-il possible que maintenant la Mère de Dieuse mette soudainement à nous conduire à l’unionavec la hiérarchie d’un Patriarcat de Moscou désespérément embourbé dans l'hérésie et l'injustice ? Cela n'est pas possible ! Cela frise le sacrilège. Amen ».

Tous les mérites, loin s’en faut, de notre cher Métropolite n'ont pas été évoqués dans cette étude, notamment son activité éditoriale si utile, engagée dès ses jeunes années, mais en concluant notre esquisse, nous ne pouvons manquer de mentionner, ne serait-ce que de quelques mots, le comportement véritablement héroïque du jeune archimandrite Vitaly, qui, par son comportement énergique et intrépide devant la puissance occupante anglaise à la fin de la dernière guerre, a sauvé un grand nombre de prisonniers russes d'une extradition forcée et honteuse aux Soviétiques, les sauvant ainsi d'une mort certaine. Ainsi, pour toute cette vie si riche et utile de notre Guide Spirituel, adressons de toute notre âme une fervente prière à Dieu Tout-Puissant et proclamons à notre cher et profondément honoré Jubilaire un ad multos annos sans fin et reconnaissant :

 

Accorde, Seigneur, une vie prospère et paisible,

ainsi que la santé et le salut, et le succès en toutes choses,

à Ton fidèle serviteur, notre Maître et Père, l’Éminentissime Métropolite VITALY,

Primat de l’Église Russe Hors-Frontières,

et garde-le pour de longues années !

 

Protodiacre Germain IVANOFF-TRINADTZATY

 

 

1) – Ce titre long et surprenant en français traduit un simple adjectif substantivé russe – удерживающий. Dans sa 2° épître aux Thessaloniciens (2, 6-7), l’apôtre Paul dit : «Car le mystère de l'iniquité agit déjà; il faut seulement que celui qui le retient encore ait été enlevé ». Il est curieux de noter que cette notion de "удерживающий" si familière et immédiatement compréhensible à l’oreille russe est très peu familière pour le locuteur français. Pour les Pères de l’Église, Celui qui retient le mal est le pouvoir royal. Avec l’assassinat du saint Tsar-Martyr Nicolas il n’y a plus de "удерживающий" qui puissent retenir le mal qui se déverse sur le monde et nous avons choisi d’attribuer ce nom et ce ministère à notre saint Métropolite Vitaly.

2) – Le Grand Concile de Moscou avait porté le Métropolite Antoine à une très large majorité sur le siège patriarcal avec cent une voix, largement devant l’archevêque Arsène de Novgorod, vingt-sept voix et le Métropolite Tykhone, vingt-cinq voix. Le Règlement du Concile prévoyait un tirage au sort entre les trois premiers candidats pour la nomination définitive du Patriarche, dignité qui échut au Métropolite Tykhone.

3) – Comme on le sait, le Métropolite Philarète fut dans un premier temps glorifié individuellement, puis à nouveau avec les quatre Primats de l’EORHF historique en novembre 2020.

4) – « Que ta lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient tes bonnes œuvres, et qu'ils glorifient ton Père qui est dans les cieux ». Ce verset de saint Matthieu (5, 16) est prononcé par le protodiacre à l’issue de l’habillement solennel d’un évêque avant la célébration de la Divine Liturgie.

5) – La Conférence internationale de Gênes, qui se tint du 10 avril au 19 mai 1922, fut la première grande rencontre internationale de l’après-guerre et à laquelle participèrent un millier de délégués venus du monde entier. Pour la première fois une délégation soviétique emmenée par Tchitchérine, ministre des Affaires Étrangères, représentait les intérêts de la Russie dans une réunion internationale. Le Métropolite Antoine, au nom du Premier Grand-Concile de l’EORHF, adressa un Appel plein de noblesse aux membres de la Conférence, Appel, dont nous donnons quelques extraits, qui resta sans réponse : « Parmi les nombreuses nations qui ont obtenu le droit de s’exprimer à la conférence de Gênes, ne seront pas représentés les 200 millions d'habitants de la Russie, parce qu'il est impossible d’appeler comme leurs représentants, de surcroît uniques, ceux qui sont leurs asservisseurs et leurs bourreaux /.../ où a-t-on entendu dire que les intérêts du troupeau étaient représentés par ses assassins ? A moins que le 20ème siècle ne reconnaisse ni la gratitude, ni la justice, ni le respect des obligations des Alliés, mais seulement le profit et la lutte pour l'existence. /.../ Peuples d'Europe ! Peuples du Monde ! Ayez pitié de notre peuple russe, bon, ouvert et noble de cœur, qui est tombé entre les mains des pires scélérats au monde ! Ne les soutenez pas, ne les renforcez pas contre vos enfants et petits-enfants ! ».

6) – Métropolitburo : jeu de mots formé par analogie avec politburo, l’un dirigeant l’État, l’autre l’Église, mais tous deux issus d’une même source.

7) – Depuis janvier 2009 patriarche très décrié, Kirill ou Cyrille, oligarque en soutane, agent du KGB sous le nom de Mikhaïlov, aujourd’hui parmi les hommes les plus riches de la Fédération de Russie, avait débuté sa fortune colossale pendant la perestroïka profitant de l’aide humanitaire massivement envoyée d’occident. Cyrille s’était octroyé le monopole de la revente du tabac (qu’il recevait gratuitement) ce qui lui avait valu ce quolibet de "métropolite du tabac".

 

 

La version russe peut être lue ici : https://www.karlovtchanin.eu/index.php/stati/311-uderjivauchi