Les enfants de Bethléem
Chers frères et sœurs,
En cette période où nous célébrons la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, l'Évangile selon Matthieu (2:13-23) nous confronte à un contraste saisissant entre la joie de la naissance divine et la tragédie du massacre des enfants innocents de Bethléem. Ce passage nous invite à réfléchir sur la dualité de la lumière et des ténèbres, de l'innocence et de la cruauté, de l'obéissance humble de Joseph et de la soif insatiable de pouvoir d’Hérode.
La naissance de Jésus est une source de joie immense pour l'humanité. Les cieux se réjouissent, les bergers accourent, et les mages d'Orient viennent adorer l'Enfant divin, le Messie du monde. Celui qui prendra nos fautes et nos péchés sur Soi. Cependant, cette lumière naissante est rapidement assombrie par la cruauté du roi Hérode. Craignant pour son trône à l'annonce de la naissance d'un "roi des Juifs", Hérode ordonne le massacre de tous les enfants de deux ans et moins à Bethléem et dans ses environs. Cette tragédie, connue sous le nom de "Massacre des Innocents", illustre la profondeur de la corruption humaine lorsqu'elle est dominée par la peur et la soif de pouvoir. Ces enfants deviennent les premiers martyrs pour le Christ.
Hérode incarne la figure du tyran obsédé par le maintien de son autorité, prêt à commettre les actes les plus cruels pour éliminer toute menace. Son cœur est fermé à la vérité divine, et sa paranoïa le conduit à perpétrer un acte d'une violence inouïe. Cette soif de pouvoir n'est pas propre à Hérode; elle est une tentation universelle qui peut habiter le cœur de tout être humain. Lorsque l'homme cherche à asseoir sa domination à tout prix, il s'éloigne de Dieu et de ses commandements d'amour et de justice.
Saint Jean Chrysostome, dans son commentaire sur l'Évangile de Matthieu, souligne la cruauté et l'insensibilité d'Hérode, le qualifiant de "prince cruel" et d'"insensibilité pleine de folie". Il décrit comment Hérode, lié par son serment insensé, permet à une jeune fille de demander tout ce qu'elle veut, menant à des actes barbares. La cruauté du roi ne reste pas impunie même dans ce monde. Il avait une gangrène nécrosante, accompagnée de parasites qui se nourrissaient de sa chair. Il mourait petit à petit étant vivant. Cette maladie était accompagnée d’une odeur insupportable. Dans le psaume 37 on lit : « Mes plaies sont puanteur et pourriture, c’est là le prix de ma folie ».
En contraste frappant avec l'arrogance d'Hérode, nous trouvons l'exemple humble et obéissant de Saint Joseph. Averti en songe par un ange du Seigneur, Joseph ne doute pas; il se lève en pleine nuit, prend l'Enfant et sa mère, et fuit en Égypte pour protéger Jésus des intentions meurtrières d'Hérode. Son obéissance immédiate et sa confiance totale en Dieu démontrent une foi profonde et une soumission exemplaire à la volonté divine. Joseph ne cherche pas le pouvoir ni la reconnaissance; son seul désir est de servir Dieu en protégeant sa famille.
Saint Jean Chrysostome, dans son commentaire sur l'Évangile de Matthieu, souligne la promptitude et l'obéissance de Joseph : "Joseph ne s'arrête point à délibérer, il ne dit pas : 'La chose est bien dure, c'est la première fois que je l'entends ; hier encore l'ange m'ordonnait de prendre l'enfant et de le conduire en Égypte, et maintenant il me commande de retourner en Judée ; n'est-ce pas se jouer de moi ?' Mais non, Joseph ne tient aucun de ces discours, parce qu'il est un homme fidèle."
Saint Basile le Grand, bien qu'il ne commente pas directement ce passage, nous enseigne l'importance de l'obéissance et de la foi en Dieu dans ses écrits ascétiques. Il affirme que l'obéissance est une vertu fondamentale pour la vie chrétienne, nous guidant vers la perfection spirituelle.
A qui ressemblons-nous le plus aujourd’hui ? A Hérode ou à Saint Joseph ? L'histoire d'Hérode nous met en garde contre les dangers de l'ambition démesurée et de la peur de perdre notre statut ou nos possessions. Cette ambition qui peut nous rendre cruels, peut aussi endommager les cœurs de nos enfants, qui non seulement entendent nos paroles et copient nos actes, mais ils modèlent leurs cœurs prenant l’exemple du cœur parental. Ce passage nous appelle à examiner nos propres cœurs et à nous détourner de toute inclination à dominer ou à contrôler les autres pour notre propre bénéfice.
Saint Joseph, de l’autre côté nous montre la voie de l'obéissance fidèle et de l'humilité. En mettant sa confiance en Dieu et en agissant sans hésitation selon la volonté divine, il devient un modèle pour tous les croyants. Nous sommes appelés à écouter la voix de Dieu dans nos vies et à y répondre avec la même promptitude et la même foi.
En cette période de la Nativité du Christ, alors que nous célébrons la venue du Prince de la Paix, rappelons-nous que la véritable grandeur ne réside pas dans le pouvoir ou la domination, mais dans l'humilité, l'obéissance à Dieu et le service envers les autres. Puissions-nous suivre l'exemple de Saint Joseph, en écoutant la voix de Dieu et en agissant avec foi et courage pour protéger et aimer ceux qui nous sont confiés. Amen.
Avec amour en Christ,
+ Père Zhivko