. SERMON du 32e DIMANCHE de ZACHÉE

Dimanche avant la Théophanie - Mémoire des 70 Apôtres

Matines : Jean, XXI, 1-14

Liturgie : 2 Tim. IV, 5-8 ; 1 Tim. IV, 9-15 ; Rom. VIII, 2-13

Marc I, 1-8 ; Luc XIX, 1-10 ; Luc X, 1-15




AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

Les événements liturgiques, en quelque sorte, se précipitent et il en résulte une remarquable moisson de textes évangéliques. Nous sommes encore au lendemain de Noël, nous traversons encore la « période sans jeûne », la Circoncision vient de passer et voici que nous célébrons aujourd’hui le dimanche avant la Théophanie, dans l’ordre habituel, le 32e dimanche qui est aussi celui de Zachée, ce qui préannonce le Triode, enfin le dimanche des 70 apôtres. C’est dire que nous avons une singulière « brassée » de textes évangéliques.

I - Le dimanche avant la Théophanie vient en premier. L’évangile de Marc s’ouvre comme vous savez par  l’annonce du Précurseur : « J’enverrai mon ange devant Toi ». Jean-Baptiste est la « voix qui prêche dans le désert ». « Préparez les voies du Seigneur ! » Le baptême de Jean-Baptiste était un « baptême de pénitence ». Un grand nombre de gens y venaient, de Jérusalem et des environs. Jean-Baptiste était un ascète, vêtu d’une tunique de poils de chameau retenue par une ceinture de cuir. Il se nourrissait de « sauterelles et de miel ». Mais Jean-Baptiste enseignait explicitement : « Un plus puissant que moi viendra dont je ne suis pas digne de dénouer les sandales ». Je vous baptise par l’eau, continuait Jean-Baptiste, mais Lui Il vous baptisera par le Saint Esprit ! … Nous verrons, lors de la célébration prochaine, la Théophanie, c’est-à-dire la manifestation de Dieu qui se produisit, lors du baptême auquel Jésus avait voulu se soumettre, en dépit des protestations du Baptiste : « Alors le Ciel s’ouvrit, la Voix du Père lui rendit témoignage en l’appelant « fils bien aimé » et l’Esprit sous forme de colombe manifesta la vérité de cette Parole ».

Théophaniques étaient la venue des bergers qui avaient entendu et vu les anges, et, également, l’adoration des mages. Mais dans la Théophanie dont fut témoin le Baptiste, l’apparition de Dieu était celle de la Trinité.

II C’est un autre « saut dans le temps » - considérable si l’on a comme point de référence la Nativité, moins important par rapport au baptême de Jean-Baptiste, que celui qui a trait à Zachée et qui pour nous préannonce le Triode carêmique.

Zachée était un « chef de publicains », un homme important parmi ces « collaborateurs » - honni par les pharisiens - des Romains. C’était également un « homme riche », car ces fonctionnaires du Trésor public levaient l’impôt d’Etat, mais se payaient eux-mêmes – largement d’ailleurs. Or Zachée voulait voir passer Jésus, et, comme il était de petite taille, il monte sur un arbre. Le Christ l’interpelle : « Descends, Zachée, car aujourd’hui je dois manger chez toi ! » Zachée, ravi, descend, reçoit le Christ et d’autres publicains et là – car ces agents du fisc ne devaient pas avoir la conscience tranquille – il annonce qu’il donne la moitié de ses biens aux nécessiteux, et, s’il a fait du tort à certains, il s’engage à restituer quatre fois plus … Le fonctionnement du fisc romain … « laissait à désirer », pour se contenter d’une périphrase, les pharisiens murmuraient ... Zachée était aussi fils d’Abraham, et le Seigneur ajoute cette conclusion lumineuse : « Le fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu » Cela est réconfortant pour Zachée et pour nous aussi !

La loi, dont les pharisiens étaient les zélateurs, ne représentait qu’une approche : mais elle ne donnait pas la Vie ainsi que le développe longuement l’apôtre Paul dans le fragment de l’épître aux Romains qui vient d’être lu. Elle portait l’empreinte du péché et de la mort. Il y avait en elle la faiblesse du Corps. Dieu l’a abolie en envoyant Son Fils dans un corps d’homme et afin qu’il nous libère de la domination du péché et de la mort. Nous, les chrétiens, nous ne marchons plus dans l’esclavage de la Loi et du corps : par Jésus-Christ, nous vivons dans l’esprit et non plus dans la chair. Si Christ est en vous, ajoute-t-il, le corps est mort à cause du péché et l’esprit vit par la justice.

III –  Ces paroles de l’apôtre nous mettent aussi dans la perspective de la vocation apostolique de Timothée et nous prépare à l’évangile du dimanche des Soixante-dix. « Fais ce que tu dois, l’évangélisation et toute bonne chose » écrit saint Paul à cet homme jeune qui était un de ses fils de prédilection. Saint Paul sentait qu’il approchait de sa fin et que proche était pour lui « la couronne de la justice » et il voyait en Timothée un continuateur. « Enseigne par l’esprit, la foi et l’honneur » lui dit-il. La piété est utile en tout. « Nous peinons, nous les apôtres, mais parce que nous espérons dans le Dieu Vivant »

Un apôtre ne doit pas se lasser !

Ce dimanche  est aussi celui des Soixante-dix, c’est-à-dire de ces autres disciples qui entouraient les Douze et auxquels le Christ, dans la péricope de Luc, donne ses instructions. Il les envoie deux par deux. C’est les envoyer comme des brebis parmi les loups ! N’emportez rien avec vous , leur dit-Il, dans un esprit d’ascèse : ni bourse, ni sac, ni vêtement de rechange ! Car en fait l’apôtre n’a besoin de rien, car le Christ est avec lui. En effet, comment doivent-ils se présenter en entrant dans une maison ? Par les paroles du Christ Lui-même : « La paix soit avec vous ! » Ce qu’il adviendra de ces paroles : certains les recevront, certains autres y seront fermés … Mais votre paix reviendra vers vous !

Certaines villes les recevront, d’autres les chasseront … Mais, au dernier jour, Sodome même sera traitée moins rigoureusement que ces dernières …

Certains refusent la Foi, c’est une triste réalité des temps apostoliques et de nos jours … Ils seront, concluons dans l’esprit des textes d’aujourd’hui, sous l’emprise du formalisme – la Loi … -, du corps, du péché et de la mort !

Comme Zachée, repentons-nous avant qu’il ne soit trop tard !

AMIN