Nous proposons ci-dessous un billet d’humeur du père hiéromoine JEAN /Baron/ sur un événement qui va captiver l’attention du monde entier. Tous les yeux seront en effet braqués ce samedi 7 décembre 2024 sur Paris, et plus précisément sur la cathédrale Notre Dame de Paris qui, tel le phénix, renaît aujourd’hui de ses cendres. Il était réconfortant de voir il y a cinq ans combien la nation, aujourd’hui totalement oublieuse de son passé, de son histoire, de ses racines, de ses valeurs réelles, avait été retournée par ce drame qui pouvait apparaître comme un châtiment pour tous ses reniements. Les torrents de pleurs versés ce jour là pouvaient s’assimiler à une authentique pénitence. Et le pardon est arrivé. Rendons en grâce. Évidemment à Dieu et non pas à un homme qui va tirer la couverture à soi. Rendons grâce également à tous ces anonymes qui par leurs dons, par leur savoir, par leur art, leur talent, ont réitéré l’exploit des bâtisseurs de cathédrales. Un savoir que beaucoup pensaient irrémédiablement perdu, oublié.

Hélas, comme le dit le père Jean, tout n’est pas du même niveau. Ce qui est beau, ce qui émeut, c’est tout ce qui, avec humilité, a été refait à l’identique. Mais il a fallu absolument mettre une touche de modernité … Et nous avons cet autel grotesque, ce nouveau reliquaire de la Couronne d’épines devant lequel il est, semble-t-il, de bon ton de s’extasier et qui frise le sacrilège, sans oublier les chasubles carnavalesques. Mais ces fausses notes, signes de notre époque, ne sauraient entacher la beauté de cette restauration miraculeuse.

Mais reste une question qui ne semble préoccuper personne - comment expliquer cet incendie ? Quelle en est la cause REELLE ?

Protod. Germain

 

 

RESTAURATION

de la cathédrale Notre-Dame de Paris

 

Fin novembre 2024, au terme d’une restauration d’envergure colossale - entreprise réussie grâce au savoir-faire de talentueux ouvriers et de l’abondante générosité de tant de bénévoles - menée tambour battant à un rythme effréné décrété par le président, la cathédrale de Paris rouvre ses portes, d’abord aux seuls puissants, du moins qui se croient tels.

Elle brille de fastes nouveaux qu’elle n’avait jamais connus, à l’inverse du président, lui qui flamboie de ses derniers et prétentieux artifices, avant sa probable chute semblable à celle de la flèche, cinq ans plus tôt.

C’est beau, blanc, spacieux, lumineux. Mais comme une jolie femme un peu trop fardée, comment ne pas ressentir quelque chose de l’ordre du factice, du clinquant, du trop démonstratif, atténuant la possibilité d’intériorité et de recueillement que la fonction spécifique de l’édifice devrait proposer ?

A part les 1.500 (!) chaises retenues le 20 juin dernier par le comité artistique, qui s’accommoderont sans doute de l’esthétique globale du monument, le reste du mobilier - notamment l’exécrable reliquaire de la couronne d’épines, le baptistère, le maître-autel, le tabernacle, jusqu’aux accessoires liturgiques - tout ce maquillage artificiel défigure l’ensemble par une géométrie épurée et polie de sobriété inadéquate.  

Quant à ces horribles chasubles de carnaval - vêtements liturgiques à destination éternelle de sage proximité de leurs cintres et placards de sacristie, fripes indignes -, elles dévoileront la décrépitude évolutive de la religiosité actuelle. Dommages collatéraux cérémoniels à prévoir.

Par des vitraux contemporains et modernes, reste l’éventuel remplacement de ceux des bas-côtés sud (Eugène Viollet-le-Duc), non-abîmés par l’incendie, mais pourtant scrupuleusement nettoyés grâce au financement des donateurs. 

Tel serait le souhait de l’archevêque de Paris qui désavoue ainsi la permanence de l’authentique, noblesse des temps passés, pour favoriser le moche du temps présent, négligeant manifestement le respect et la protection du patrimoine. 

C’est aussi la volonté capricieuse du président, cet enfant gâté qui n’a pas engendré. La décision reste pour l’heure en suspens, du fait de virulentes oppositions. Cela promet.  

Le vendredi 29 novembre - même jour que le sacre du roi saint Louis -, c’était donc la confrontation pathétique de deux pouvoirs sénescents, érodés et avilis :

- le spirituel, depuis longtemps disloqué par tant de réformes dévastatrices, captif d’un modernisme éphémère, prisonnier de considérations matérielles et de décorations honorifiques, ainsi contraint de s’abaisser aux frasques gouvernementales ; et 

- le politique, fallacieusement respectueux de la religion, spéculant plutôt sur une récupération au profit de l’ambitieux « premier et unique chanoine régulier et honoraire de l’archi-basilique majeure du Très-Saint-Sauveur de Latran» (rien que çà), selon sa propension à s’approprier intra-muros comme peu après sur le parvis, une glorification - qui n’appartient qu’à lui, mais qui n’est certainement pas la sienne ! - avec l’espoir illusoire que se prolonge la limite temporelle de sa désolante présidence. 

Avec une courtoise affectation, ils se sont faits d’hypocrites courbettes conventionnelles, comptant s’arroger la pseudo première place qu’ils ne détiennent plus, l’un comme l’autre.  

Autrefois saints, il est désormais préférable de fréquenter ces lieux chargés d’Histoire et propices à l’élévation spirituelle seulement lorsqu’il n’y a (presque) personne, dans la quiétude d’une douce pénombre, afin d’espérer peut-être y rencontrer quelqu’Un.

Nul doute : à Paris, ce ne sera pas souvent. 

 

ce mercredi 04 décembre 2024

Hiéromoine Jean