La Rédaction : Nous vous proposons un sermon de Mgr CLÉMENT, Evêque de l’Église des V.C.O. de Grèce, transmis par Mgr AMBROISE. Cette réflexion sur l’enseignement pouvant être tiré de la Vie de Sainte Marie l’Egyptienne, et son application à la situation que nous subissons actuellement, a été traduite du grec en anglais et de l’anglais en français. Nous remercions Matouchka Catherine Doucet de nous avoir transmis ce texte plein d’enseignements.
Ceux qui désirent approfondir leur connaissance de l’exploit spirituel de cette sainte, nous rappelons sa Vie transcrite par saint Sophrone patriarche de Jérusalem, qui vous avait été en son temps indiquée :
https://www.pagesorthodoxes.net/saints/marie-egyptienne.htm
Un enseignement adapté à notre
temps: la vie de Sainte Marie l’Égyptienne
Cette année, nous traversons le temps du Grand Carême dans des circonstances extraordinaires dues à l’épidémie du coronavirus. Si la fête de Sainte Marie l’Égyptienne nous apporte toujours des enseignements, elle nous donne cette année en particulier le courage et la force de tirer profit de la situation actuelle. Ainsi pourrons-nous sortir du carême non seulement sans atteinte à notre santé mentale, mais encore avec une abondance de bénéfices spirituels.
Les Saints Apôtres Paul et Jacques, Frère du Seigneur, nous guident dans cette direction : « ... et nous nous glorifions encore dans nos afflictions sachant que l’affliction produit la patience ; et la patience, l’expérience ; et l’expérience, l’espérance ; et cette espérance n’est pas vaine » (Romains 5:3-4), et « Heureux est celui qui souffre patiemment les afflictions, parce qu’après avoir été éprouvé il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. » (St. Jacques 1:12).
Examinons maintenant comment la fête du jour nous apprend à utiliser les difficultés présentes au profit de notre vie spirituelle.
1. Bien qu’Abba Zosime eût atteint de grandes vertus et de grands dons spirituels, il avait besoin de toujours plus d’instruction et de perfectionnement. C’est pourquoi Dieu, pour lui enseigner l’humilité, l’envoya au Monastère Saint-Jean-le-Précurseur, au bord du Jourdain. Si même St Zosime, qui avait atteint de tels sommets de vertu qu’il était digne de révélations divines, avait besoin d’instruction et de direction, comment pouvons-nous nous sentir, nous chrétiens contemporains – nous qui, ayant juste déposé nos péchés les plus lourds et nous étant rapprochés de l’Église, imaginons que nous devrions enseigner le monde entier ? Internet et les blogs aujourd’hui sont remplis « d’illuminateurs » autoproclamés. Ceux qui hier foulaient le chemin de l’iniquité, veulent aujourd’hui nous enseigner l’Orthodoxie, tout en restant ignorants des rudiments de notre foi. Frères et sœurs, restez loin de ces personnes et de ce qu’elles écrivent.
2. Au monastère Saint-Jean-le-Précurseur, Abba Zosime fit la connaissance de moines vertueux qui avaient la sainte coutume de quitter le monastère dès le début du Grand Carême pour vivre en réclusion dans le désert, seuls, sans rien d’autre que la prière et le jeûne. Aujourd’hui, nous sommes aussi appelés pour la plupart à passer le Grand Carême enfermés dans nos foyers dans une réclusion relative. Nous n’avons pas le courage de subir exactement la même ascèse, mais nous pouvons l’imiter dans une certaine mesure. Si nous sommes capables de faire cela, nous en recevrons des bénéfices.
3. Ces ascètes traversaient la totalité du Grand Carême dans l’hesychia (silence, calme). Quand on parle d’hesychia, on ne parle pas tant de l’absence de bruit que de l’absence de distraction mentale. Il n’est pas nécessaire de sortir et d’aller dans le désert. Ce qui est important n’est pas où nous vivons mais comment nous vivons. Il est possible d’avoir l’expérience de ce type d’hesychia quand nous nous enfermons dans nos chambres pour prier comme notre Seigneur nous l’enseigne : « Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, la porte fermée, prie ton Père dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (St Matthieu 6:6). Éloignons-nous un peu de la télévision et de l’ordinateur ; laissons notre téléphone portable hors de la pièce quand nous prions ; et communiquons avec Dieu avec le moins de distraction possible.
4. Quand St Zosime rencontra Ste Marie dans le désert, il la vit en prière, élevée d’une coudée au-dessus du sol. Elle l’appela par son nom, et le Père (Abba), par respect pour sa sainteté, demanda sa bénédiction. Mais au même moment Ste Marie se prosternait devant lui, demandant la bénédiction de St Zosime, car il était prêtre. « Ainsi ils étaient tous les deux allongés à terre, chacun demandant à l’autre une bénédiction. » Cela enseigne d’une part aux laïcs de respecter la Prêtrise, et d’autre part au clergé d’avoir du respect pour les vertus des laïcs et de cultiver un humble état d’esprit.
5. Après tant d’années dans le désert, Ste Marie demanda au Père avec un sincère intérêt : «Comment les chrétiens vivent-ils de nos jours ? Et les empereurs ? Qu’en est-il des affaires de l’Église ? » Le Père se contenta de lui répondre que le Christ avait accordé la paix à tous, et demanda à la Sainte de prier pour lui et pour le monde entier. Cela eut lieu sous le règne de Justinien Ier. L’empereur et sa femme Théodora menaient une vie qui aurait donné matière à des centaines de blogueurs de nos jours. On pouvait dire la même chose du mode de vie des chrétiens et des affaires ecclésiales de cette époque, puisque les scandales n’ont jamais été absents de la vie ecclésiale. Cependant les Saints nous enseignent à ne pas nous préoccuper des commérages et des vaines paroles, mais à diriger plutôt notre âme vers ce qui est bénéfique pour elle.
6. Puis Ste Marie confessa à Abba Zosime les péchés de sa vie. Elle qui avait passé quarante-sept ans au désert dans une si grande ascèse, avait atteint tant de vertu, avait été élevée dans les airs lorsqu’elle priait et traversait le Jourdain comme si c’était la terre ferme, nous apprend ainsi qu’elle avait malgré tout besoin du Mystère de la Confession. Nous tous alors, qui ne possédons aucune vertu ou qui, de toute façon, sommes des nourrissons spirituels, combien plus avons-nous besoin de ce Mystère salvifique ?
7. Après avoir confessé ses péchés, Ste Marie raconta le miracle qui la fit passer de sa vie de jouissance et de relâchement à la repentance. Une force invisible l’empêcha d’entrer dans l’Église de la Résurrection, à Jérusalem, où elle s’était rendue par simple curiosité. Dès le moment où elle eut acquis un repentir sincère, l’obstacle invisible fut retiré, elle put entrer dans l’église et vénérer la Précieuse Croix et le Saint-Sépulcre. Aujourd’hui nous sommes empêchés d’assister aux offices dans nos saintes Églises. Peut-être cette situation est-elle le résultat de nos fautes ? Peut-être avons-nous besoin de nous repentir sincèrement ? Peut-être n’avons-nous pas suffisamment apprécié notre présence aux offices liturgiques, et particulièrement à la Divine Liturgie, avant cette tribulation ? Peut-être calculions-nous l’heure de la fin de la liturgie pour arriver juste avant son terme, quinze minutes, une demi-heure ou une heure avant ? Et peut-être devenions-nous impatients s’il y avait du retard ou si l’homélie était trop longue ? Peut-être devions-nous être privés de certaines choses essentielles pour mieux apprécier leur valeur ? Ce sont les questions que nous devons nous poser. Montrons une repentance sincère et les obstacles seront levés.
8. Ste Marie raconte comment, poussée par les exhortations de la Mère de Dieu, elle partit au désert pour « trouver un lieu de repos », sans même réfléchir à la manière d’y vivre, en mettant toute sa confiance en Dieu. Et nous, combien de fois avons-nous entendu le Prêtre célébrant supplier de faire mémoire de la Mère de Dieu et de tous les saints, et de nous «confier nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu » ? Avons-nous confiance en Dieu, croyons-nous qu’Il ne nous abandonnera pas, et qu’Il permet chaque tribulation, même les plus sévères, pour le bénéfice de nos âmes ?
9. En vivant dans le désert, Ste Marie mena de longues années un dur combat contre les pensées : souvenirs immoraux, images mentales et fantasmes de son passé, provoqués par le démon, surgissaient pour faire chanceler sa résolution de vivre en accord avec Dieu. La Sainte rejetait les pensées, méprisait les incitations du démon et demeurait inébranlable dans sa résolution de poursuivre un mode de vie divin, prouvant ainsi que sa repentance était authentique. Suivons son exemple.
10. Finalement, Ste Marie demanda à Abba Zosime de revenir à un certain endroit au bord du Jourdain l’année suivante avec la Sainte Communion, afin qu’elle puisse participer aux Saints Mystères. Après quarante-sept ans d’une ascèse féroce, elle ne demanda pas la Sainte Communion immédiatement, mais après une année entière ! En effet, l’année suivante St Zosime se rendit à la rivière du Jourdain avec un calice et fit communier la Sainte. Le même jour, Ste Marie rendit son âme à Dieu. Cela nous montre la grande valeur du Mystère de la Sainte Communion, qui est combattu avec tant de véhémence de nos jours par les athées et controversé par les gens de peu de foi. On nous enseigne, toutefois, de participer aux Saints Mystères après une préparation appropriée, suivant les directives de notre Père spirituel, et avec la ferme conviction qu’il s’agit du Corps Immaculé et du Précieux Sang de notre Seigneur Jésus Christ, et, si nécessaire, d’attendre un moment plus ou moins long pour y participer, de manière à accomplir une épitimie donnée par le Seigneur pour notre profit. Communiant à la Divine Eucharistie, nous sommes un corps avec le Christ et avec nos frères en Christ, et devenons ainsi héritiers du Royaume de Dieu.
Par l’intercession de Ste Marie l’Égyptienne et de St Zosime, puissions-nous tous obtenir le Royaume Céleste, utilisant chaque circonstance que permet notre Seigneur pour notre repentance, notre correction et pour la vie éternelle. Amen !