2° Dimanche – L’Apôtre Thomas
En ce jour la sainte Église Orthodoxe joint à la célébration dominicale le souvenir du saint apôtre Thomas. Parfois, dans la langue de tous les jours, nous pouvons entendre l’expression « Je suis incrédule comme Thomas », autrement dit – pas très croyant. Celui qui parle ainsi ne comprend très certainement pas en quoi consistait l’incrédulité du saint apôtre que l’Église, d’ailleurs, dans ses prières nomme « la bonne incrédulité de Thomas ». Lorsque dans les saints Évangiles nous lisons des passages sur l’apôtre Thomas, nous voyons un homme sceptique. Ainsi, lorsque avant la résurrection de Lazare, le Seigneur dit à Ses apôtres : « Allons en Judée », Thomas dit aux autres apôtres « Allons mourir avec Lui ». Dans ce propos il y a tout à la fois la combinaison d’un amour indubitable, prêt à donner sa vie pour le Seigneur bien-aimé, et de cette incrédulité sceptique : ce voyage, aura-t-il une issue favorable ou s’achèvera-t-il seulement par la mort du Maître et de Ses disciples ? Ou encore ici, parlant avec Ses apôtres lors de la Sainte Cène, le Seigneur leur dit que le chemin où Il va, ils le connaissent – « Vous savez où je vais et vous en connaissez le chemin » /Jn 14, 4/. Mais s’en suivit immédiatement la réponse de Thomas : « Seigneur, nous ne savons pas où Tu vas, comment pouvons-nous en savoir le chemin ? ». Puis nous avons encore le récit de l’épisode où les apôtres disent avoir vu le Seigneur Ressuscité. Thomas dit qu’il ne croira que lorsqu’il verra dans Ses mains la marque des clous et qu’il pourra mettre sa main dans Son côté /Jn 20, 25/. Une semaine passa et l’apôtre n’arrivait toujours pas à croire. Combien dut lui être sombre et pénible cette semaine ! Tous les autres apôtres étaient en liesse et se réjouissaient, et lui était toujours incrédule. Huit jours plus tard le Seigneur apparaît à Ses apôtres, parmi lesquels se trouve Thomas, et Il leur dit : « La paix soit avec vous ! », puis s’adressant à Thomas Il reprend les propres paroles de l’apôtre par lesquels celui-ci exprimait ses doutes : « Avance tes doigts … et regarde mes plaies ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; et ne soit pas incrédule, mais croyant » /Jn 20, 27/. Alors, de la bouche et de tout le cœur de l’apôtre jaillit cette extraordinaire confession à laquelle Thomas resta fidèle jusqu’à la mort : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » /Jn 20, 28/. La plus infime ombre de doute s’évapora à l’instant de son âme. Mais pourquoi l’Église nomme-t-elle son incrédulité – bonne ? Parce que, au même titre que tous les autres apôtres, Thomas aimait le Seigneur avec une telle force. Si seulement le Seigneur pouvait mettre en nos cœurs ne serait-ce qu’un centième de cet amour ! Le cœur de Thomas brûlait d’une telle envie de croire, croire sans la moindre ombre de doute, tant était grand et fort son amour pour son Seigneur et Maître. C’est la raison pour laquelle l’Église dit que son incrédulité est bonne parce qu’elle a montré à quel point il était fidèle à son Maître de tout son cœur et de toute son âme, alors que sa raison l’amenait à être incrédule.
En est-il ainsi de nos jours ? Ceux qui disent être "des Thomas incrédules", ressemblent-ils réellement à l’apôtre Thomas ? Le plus souvent leur propre incrédulité est éloignée de celle de Thomas comme l’est l’orient de l’occident, le ciel de la terre.
Voyez, chers frères et sœurs, combien la vérité de la Résurrection, la vérité des saints Évangiles, était chère au cœur de l’apôtre Thomas ! Alors que notre époque se distingue précisément par le fait que nos contemporains sont de plus en plus gagnés par l’indifférence à l’égard de la Vérité divine. On entend beaucoup de belles paroles et dans les faits, en réalité, les gens nourrissent une totale indifférence pour la Vérité. Pilate avait fait preuve d’une indifférence semblable lorsque le Seigneur se tenait devant lui au tribunal. Face à Pilate se tenait la Vérité incarnée, mais Pilate témoigna de son scepticisme en disant : « Qu’est-ce que la vérité ? » /Jn 18, 38/, autrement dit – existe-t-elle seulement. Et dans une totale indifférence il se détourna de Celui qui était la Vérité même. Et les gens sont aujourd’hui devenus tout aussi indifférents. Combien de fois avez-vous pu tous entendre des paroles emphatiques, magnifiques, d’apparence chrétiennes, sur l’union de tous en une seule foi, en une seule religion, une seule Église. Mais sachez qu’il ne s’agit là que d’un bel habillage de cette indifférence à l’égard de la Vérité. Si cette Vérité était un tant soit peu chère aux hommes, jamais ils ne diraient, ni ne feraient pareille chose.
Fuyons pareille indifférence à l’égard de la Vérité. Dans l’Apocalypse, notre Seigneur Jésus-Christ nous montre combien cette indifférence peut avoir des conséquences terribles. Il s’adresse à l’Ange de Laodicée : « Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède ... je vais te vomir de ma bouche » /Ap. 3, 15-16/. Je vais te vomir comme un organisme rejette de soi ce qui lui est foncièrement désagréable et nocif.
Souvenons-nous toujours que cette indifférence pour la Vérité est une des principales catastrophes de notre siècle d’apostasie. Vous qui êtes orthodoxes – chérissez la Vérité. Soyez des combattants de la Vérité. Souvenez-vous combien l’apôtre Thomas aimait la Vérité de la Résurrection du Christ. Dans votre vie, plus haut que tout mettez la Vérité. Certes, nous sommes tous pécheurs, tous nous chutons par faiblesse, mais une chose est de tomber par faiblesse, autre chose est l’indifférence à l’égard de la Vérité, un rejet conscient de la Vérité. Que Dieu nous préserve de cela! Que chacune de nos paroisses, telle une famille spirituelle unie, se tienne fermement dans la Vérité et soit une cellule fidèle de notre sainte Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières. Amen.
Saint Métropolite PHILARÈTE