Sainte Marie l'Egyptienne
Beaucoup d'entre vous savent sans doute qu'en ce jour, en plus du dimanche, l’Église célèbre cette très grande pécheresse qui par la suite devint une des plus grandes saintes, d'une pureté proprement angélique – sainte Marie l'Egyptienne. Plus d'une fois nous avons déjà souligné les exploits spirituels qu'elle avait accompli. Nous savons que d'après l'exemple de sa pénitence aussi bas puisse tomber un homme dans l'abîme du péché, la puissance de la pénitence peut tout effacer et le transformer en une créature nouvelle.Il en fut ainsi avec Marie l'Egyptienne. Il était impossible, semble-t-il, à une femme de tomber plus profondément dans l'abîme de la souillure et de la débauche que n'était tombée Marie. Et pourtant, le très-grand saint et ascète Zossime, ainsi que nous lisons dans l'office de ce jour, fut pénétré de frayeur lorsqu'il vit, non un être humain, mais un ange incarné : il vit de ses propres yeux comment, après sa pénitence, sainte Marie traversait le Jourdain à pieds secs, comment, lorsqu'elle était en prière, elle s'élevait de terre vers le ciel. Ce même corps qui, des années durant, était le réceptacle de la souillure et de la débauche s'était, par la pénitence, illuminé, élevé, comme s'il était tendu vers le monde céleste, vers le Trône de Dieu.
Il faut également attirer l'attention sur l'évangile de ce jour. On y lit comment le Seigneur racontait un jour à Ses apôtres ce qui L'attendait à Jérusalem. Il leur expliquait clairementce que Ses ennemis allaient Lui faire, mais qu'en fin de compte Il ressusciterait. L'évangéliste Marc se limite à cela, mais les autres évangélistes complètent son récit en disant que les apôtres n'avaient rien compris de ce que le Seigneur leur avait dit, tellement cela leur était étranger et incompréhensible. Le Seigneur venait juste de finir Son récit qu'Il entendit la demande de Jacques et de Jean : ils demandaient que lorsqu'Il allait s'asseoir sur Son Trône de Gloire, ils puissent, dans Son Royaume, prendre place l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche. Les autres apôtres furent indignés en entendant cette demande. Mais il faut savoir que les apôtres n'avaient pas encore été instruits et purifiés par le Saint Esprit et que la demande de Jacques et Jean témoignait de leur amour pour le Christ. Ils désiraient être le plus près de Lui. Peut-être même avaient-ils eule sentiment que le Seigneur accordait un privilège particulier à Pierre, lorsqu'Il lui avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre Je bâtirai Mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle »et qu'ils avaient voulu également obtenir quelque chose de particulier dans le Royaume Céleste. Mais la réponse qu'ils reçurent ne fut sans doute pas celle qu'ils attendaient. Le Seigneur leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Et en effet, ils ne le savaient pas, car peu de temps après la méchanceté des homme L'avait élevé sur un Trône, mais ce trône était la Croix plantée sur le Golgotha et deux larrons se trouvaient, l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche. Les apôtres ignoraient que c'était ces places là qu'ils demandaient au Seigneur. C'est pourquoi après leur avoir dit : « vous ne savez pas ce que vous demandez », Il ajouta : « pouvez-vous boire le Calice que je boirai et recevoir le baptême dont Je serai baptisé ?» en parlant du baptême du Golgotha. Ne Le comprenant évidemment pas, les apôtres cependant, par amour et dévouement, répondirent avec empressement : « Nous le pouvons ! ».
Mais le Seigneur ne repoussa pas la promesse qu'ils Lui avaient faite, Il ne les arrêta pas comme Il arrêta plus tard Pierre, lorsque celui-ci se mit à L'assurer avec trop de présomption, qu'il Lui serait indéfectiblement fidèle. Il ne les arrêta pas, mais Il leur dit : « Vous boirez en effet mon Сalice; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi de l'accorder; c'est pour ceux pour qui mon Père l'a préparé ». Cette place dans le Royaume des Cieux sera réservée en fonction du fait comment on aura servi son Seigneur et son proche, et comment on aura été fidèle à son Seigneur et son Dieu. C'est ainsi que cette place sera définie et elle ne peut être accordée sur la base d'un souhait subjectif.
Nous voyons combien ceux qui entouraient le Seigneur, ne Le comprenaient pas ! Lorsqu'Il était confronté à une incrédulité persistante des gens, cela pouvait laisser échapper de Sa bouche très-pure un sentiment d'indignation affligée : « O génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous? Jusques à quand vous supporterai-je ? ». Mais lorsqu'il s'agissait de Ses disciples les plus proches, ceux qu'Il appelait Ses amis, et qui également ne Le comprenaient pas … Nous voyons combien lourde était la Croix qu'Il portait, dans quelle solitude vivait notre Seigneur Jésus-Christ ! Certes, Il étaient entouré de personnes totalement dévouées, les apôtres, les myrrophores, mais personne ne Le comprenait réellement. Et c'est dans cette solitude intérieure qu'Il portait Sa Croix et qu'Il la porta jusqu'au Golgotha.
Le temps où nous allons nous souvenir de Sa Passion approche. Plus qu'une semaine nous sépare du temps où nous nous souviendrons de Ses souffrances rédemptrices. Préparons-nous donc à comprendre comme il convient l'exploit spirituel qu'Il a accompli pour nous, afin d'aborder convenablement ce temps sacré. Amen
Saint Métropolite PHILARÈTE