Guérison de la femme courbée
Luc XIII, 10-17
Le comportement du Christ à l'égard des malheurs et des maladies n'est pas identique. Voyant dans une synagogue une femme courbée, Il la guérit : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité ». Cela se passait un jour de sabbat, et, en réponse aux critiques lui reprochant d'avoir fait cette guérison un samedi, Il dit : « Et cette femme, qui est une fille d'Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat ? »
Ces paroles suscitent des questions : est-ce que sans l'action de Satan il n'y aurait pas eu de maladie ? Et par ailleurs – pourquoi le Seigneur a-t-Il permis cette action et pourquoi dit-Il en même temps qu'il était indispensable de la libérer des liens de Satan ? A cela il faut répondre la chose suivante : certaines maladies surviennent dans le but de corriger l'homme de ses péchés. C'est dit clairement dans le cas de la guérison du paralytique : « Va, et ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire » /Jn V, 14/
Pour parler de la cause d'une maladie, on peut dire : « C'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » /Jn IX, 3/. Mais cela correspond plus au but de la maladie qu'à sa cause, et l'on peut dire que toutes les maladies sont données dans un but commun : que soit manifestée l’œuvre de Dieu – la renaissance et le salut de l'homme. C'est pourquoi il est vain de vouloir savoir pourquoi certains naissent forts et bien portants, d'autres faibles et malades, d'autres encore malheureux et difformes, l'important est de réfléchir au travail moral qui les attend, de savoir quel effort de vertu le Seigneur attend d'eux.
Des paroles que nous avons entendues dans l'évangile de ce jour « cette fille d'Abraham que Satan tenait liée », nous voyons que Satan possède en effet un pouvoir sur les hommes, mais il est inutile de chercher à en connaître la raison. Il est bien plus utile de chercher à voir comment le Sauveur et les saints Pères se comportent à l'égard de ce genre de malheurs, et là nous voyons que tout dépend de l'état moral du malade. Parfois, le Seigneur guérit par une simple parole, parfois Il ordonne de faire quelque chose, parfois Il se limite à un conseil. Il peut guérir certains sur le champ, sans même qu'ils le Lui demandent, d'autres sont interrogés sur leur foi, à d'autres encore Il ne répondra que plus tard. Mais dans tous les cas le Seigneur veut seulement leur salut et donc il est plus utile pour nous de penser non à la cause de la maladie, mais à ce que le Seigneur attend du malade – que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.
La guérison des possédés est toujours précédée par la prière des parents et des proches, ou bien par les souffrances et les cris du possédé adressés au Christ. Extérieurement les possédés ressemblent à des épileptiques, mais il y a différents degrés dans la responsabilité de l'homme ayant amenée sa possession. Certains le sont dès leur plus jeune âge, d'autres le deviennent dans leur enfance par la faute de leurs parents, d'autres encore le deviennent à l'âge mûr à la suite d'un lourd péché, le plus souvent un sacrilège, un blasphème contre Dieu.
Ceux qui nient l'existence des démons sont généralement ceux qui sont précisément victimes de leur action. Un possédé se différencie peu de celui qui est rongé par la passion de l'amour-propre ou de l'orgueil. Parlez à une telle personne du vice qui la concerne et vous la verrez sur le champ s'enflammer de fureur. Si nous voyons que la dénonciation de notre vice provoque en nous l'irritation, nous devons alors craindre le démon.
Interrogez-vous et répondez sincèrement. Ne soyez pas troublés par la réponse et ne perdez pas courage. Luttez pour acquérir l'humilité, la patience, la longanimité, luttez pour vous défaire de l'irascibilité et sachez que vous n'êtes pas seuls dans cette lutte. Votre Ange gardien mène toujours le combat contre Satan et il viendra toujours à votre aide, si vous le lui demandez.
Il est très difficile de se guérir de la possession comme des passions. Dans l'évangile selon saint Marc /IX, 26/ nous lisons le cas de la guérison d'un enfant possédé d'un esprit muet. Il est écrit : « Et il sortit en l'agitant avec une grande force », c'est-à-dire que c'est en le secouant fortement que le démon est sorti de l'enfant. Ne craignez pas et luttez. Malheureux sont les hommes qui ne prennent pas soin de leur âme. Ne plaisantez pas de vos péchés et de vos passions. Que le Seigneur nous délivre de notre négligence envers notre âme.
S.B. Métropolite ANTOINE /Khrapovitsky/