5° Dimanche après Pentecôte

 

Mt VIII, 28 – IX, 1

 

La lecture de l'évangile de dimanche dernier nous a transmis la leçon de la profonde humilité du centurion romain qui était venu demander au Christ de guérir son serviteur paralysé. L'évangile d'aujourd'hui ne nous donne pas de leçon sur ce que nous devons faire, mais nous montre plutôt ce que nous devons éviter de faire, ce que nous ne devons pas faire. Cela nous montre de façon manifeste la réalité de l'existence des forces maléfiques. De nos jours, cette réalité se passe même de toute preuve. Il suffit d'ouvrir un journal pour y lire tout une série de crimes qu'il n'est pas possible d'expliquer sans admettre que ceux qui les commettent sont possédés par une force étrangère, maléfique.

L'évangile de ce jour nous brosse un tableau effrayant : deux démoniaques sortent des sépulcres. Ils était « si furieux, que personne n'osait passer par là ... ». Le Christ permet aux démons d'entrer dans un grand troupeau de porcs … les possédés sont guéris … et tout le troupeau de porcs se précipite des pentes escarpées dans la mer et s'y noie. Quelle force terrifiante ! La puissance réelle, manifeste, du Mal !

Et le dernier verset de l'évangile nous dit : « Alors, toute la ville sortit à la rencontre de Jésus... ». Et l'on s'attend ici à trouver quelque chose de réjouissant : toute la ville, unie, vient à la rencontre du Seigneur … On voudrait croire que c'est la foi qui les a réunis et que, tout comme les Samaritains avaient demandé au Seigneur de rester parmi eux, ils vont remercier le Seigneur pour la guérison qu'il a opérée, d'avoir apporté le salut à deux de leurs concitoyens, de les avoir tous libérés du danger de passer par ce chemin … Et en réalité ? Oui, ils ont prié le Seigneur, mais non pas de rester chez eux, mais ils Le supplièrent « de quitter leur territoire ».

C'est là le moment le plus terrible de ce passage de l'évangile. Au début, les démons étaient dans les deux possédés. Puis, nous les voyons passer dans le troupeau de porcs. Mais là … toute la ville est possédée. Mais possédée par quoi ? … Par la passion du gain, du profit. Car il faut savoir que l'élevage de porcs est interdit par la loi juive, c'est un péché … Сet élevage, toutefois, représentait de l'argent, des sommes énormes. Et voilà que tout le troupeau disparaît. Et ils semblent vouloir dire au Seigneur : A peine es-Tu arrivé sur notre terre, que Tu nous as causé une énorme perte. Qu'en sera-t-il si Tu restes ici plus longtemps ? Mais Tu vas complètement nous ruiner ! Nous voyons, nous comprenons très bien Ta grandeur, Ta force : même les démons se soumettent à Toi ! Mais quelle importance pour nous ? Qu'avons-nous à faire de ces deux possédés que Tu as guéris ?Nous n'avons pas besoin de Tes miracles. Ce que nous voulons, c'est de l'argent, beaucoup d'argent … Tu n'es pas celui qu'il nous faut. Va-t-en, va-t-en au plus vite !

Frères et sœurs ! Examinons notre âme. N'avons-nous réellement jamais agi ou pensé ainsi ? Une passion se saisit de nous et voilà que le Christ vient nous gêner. Et dans notre âme nous murmurons ces mêmes paroles effrayantes : va-t-en de nous !

Que le Seigneur nous préserve de telles pensées. Que la parole que nous Lui adressons soit toujours : « Viens parmi nous et ne T'éloigne jamais de nous » ! Amen.

Archevêque ANDRÉ / Rymarenko/