4° Dimanche du Grand-Carême

Mémoire de saint Jean Climaque

 

Ce dimanche, 4° du Grand-Carême, est consacré par l’Église à la mémoire de saint Jean Climaque. C’est un des ascètes majeurs de la piété chrétienne. Il est essentiellement connu pour son ouvrage qu’il a intitulé L’Echelle Sainte.

Dans ce livre on trouve des instructions spirituelles pour ceux qui veulent pratiquer l’ascèse, comment ils doivent, avec l’aide de la grâce divine, vaincre les tentations successives. On y trouve l’explication des causes de tel ou tel péché, telle ou telle passion qui prennent racine dans le cœur de l’homme et le moyen qu’il y a lieu d’employer pour vaincre ce péché, cette passion, et en être définitivement et totalement libéré.

En ces jours de Grand-Carême l’image de ce maître de piété, de lutte contre le péché, est particulièrement instructive pour nous. C’est pour cette raison que l’Église célèbre sa mémoire et nous le donne en exemple pour savoir comment obtenir le salut.

Saint Jean était un authentique ascète et il appelait à l’exploit ascétique non seulement les moines, mais tous les pieux chrétiens.

Un authentique ascète ne voit pas dans sa chair, dans son corps, le principe du mal ! Il sait que notre corps a été créé par Dieu et que sa vocation est d’être le temple de l’âme humaine. Un ascète ne sacrifiera jamais quoi que ce soit de spirituel en contre-partie du plaisir de la chair. Il veillera toujours à ce que les valeurs supérieures l’emportent sur les valeurs inférieures. Et nous tous sommes appelés à en faire autant. C’est pourquoi nous devons regarder notre cœur et notre âme sous cet angle, afin que le spirituel l’emporte toujours sur le charnel. Un ascète n’acceptera jamais de sacrifier sa vie spirituelle au profit de la chair.

Notre vie doit être une lutte constante contre le mal qui se niche dans notre cœur et dans notre âme à travers les péchés que nous commettons. Nous devons toujours être vigilants à ce que le mal, sous une apparence trompeuse agréable, ne vienne se glisser dans notre cœur et, en nous détachant de Dieu, ne nous fasse sombrer dans l’abîme de la perdition. C’est pourquoi, nous devons constamment brider notre vie en apportant constamment des sacrifices à Dieu, avec un esprit brisé et un cœur broyé et humilié qui se repent de ses péchés.

Il fut un temps, il y a très longtemps, les questions d’ascèse, de foi, de salut occupaient la toute première place dans la vie des gens. Beaucoup de temps était consacré à ces questions, d’innombrables ouvrages furent écrit à ce sujet. Tous ces problèmes étaient étudiés avec le plus grand intérêt, car le centre de la vie n’était pas le bien-être matériel ou la justice sociale dont on parle tant aujourd’hui, mais précisément le salut de l’âme.

Comment sauver son âme, que faire pour être agréable à Dieu, comment surmonter et vaincre les passions et les vices qui parfois nous tiennent solidement entravés.

Durant toutes ces années, l’ennemi de notre salut ne sommeillait pas, mais imaginait des plans toujours nouveaux : comment faire pour extirper des hommes la foi en un Dieu véridique et les détourner de ce but qu’ils se sont donnés à eux-mêmes, c’est-à-dire le salut.

Certes, le péché a toujours existé, les hommes péchaient et commettaient des crimes, il y avait des guerres, toutefois ils voulaient et n'espéraient qu’en une seule chose : leur salut.

Le diable imaginait des plans, les réalisait, renversant tout ce qui était sacré à nos yeux, le foulant aux pieds dans la boue. Les hommes en sont venus à ne plus croire en leur élection divine particulière, en ce qu’ils ont été créés par Dieu à Son image et à Sa ressemblance, par un acte divin particulier, et ils se sont mis à admettre qu’ils descendaient d’un animal. Toutes leurs pensées sont devenue viles et basses, les tirant vers la terre et ils ont fini par être dominés par des aspirations animales, incapables de se relever et de lever les yeux vers le Ciel.

Les règles ecclésiales, de même que les coutumes religieuses, ont été les unes après les autres abandonnées, les fêtes ne sont plus fêtées. Et c’est ainsi que sont éduqués nos enfants et pour cette raison aujourd’hui tout nous est autorisé. Même les crimes sont de nos jours justifiés par une prétendue science qui explique que, soi-disant, tel criminel n’est pas normal et que de ce fait il n’est pas responsable de ses actes. Aujourd’hui le vice et le péché sont justifiés et l’on tente d’éradiquer de notre langue la notion même de péché afin que nous oubliions qu’il puisse même exister. Des millions de personnes ont recours aujourd’hui aux services de psychanalystes qui leur inculquent qu’il n’y a aucun péché, qu’ils n’ont rien commis de mal et qu’il convient de se libérer et d’oublier au plus vite ce qui est arrivé.i

Pareillement on s’efforce d’exclure la pénitence de la vie humaine. Quant à nous, nous savons bien que tout cela ne sont que des voies mensongères qui mènent les hommes à la perte, qui ne procurent pas de joie réelle, de vraie consolation. C’est pourquoi, de nos jours, les paroles du saint apôtre Pierre sont à ce point appropriées. S’adressant au Seigneur, il avait dit : Seigneur, vers qui irions-nous, Tu es l’unique source de vie. Amen.

+ Archevêque PAUL de Sydney et d’Australie-Nouvelle Zélande (+1995)