L’ANNONCIATION
Vêpres : Exode III, 1-8 ; Prov. VIII, 22-30
Liturgie : Hébr. II, 11-18 ; Luc I, 24-38
AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
L’Annonciation est le commencement de notre Salut ! ont dit avec justesse les pères de l’Eglise. C’est une très grande fête de la Mère de Dieu, mais parmi les grandes célébrations mariales non dépourvues entre elles de similitudes liturgiques, la liturgie de l’Annonciation est singulière et nous apporte des enseignements d’une particulière richesse.
I – Elle comporte, initialement, deux prémonitions théophaniques d’une forte densité symbolique. La première, tirée de l’Exode, est l’épisode du Buisson ardent. Moïse voit dans la montagne déserte un Buisson qui brûlait sans se consumer. Surpris de ce phénomène, il s’approche et Dieu lui parle : « Déchausse-toi [ce qui veut dire que la terre de ce lieu est sacrée], je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob … ». De ce buisson ardent, Dieu s’adresse à lui. Ces paroles divines venues d’un buisson qui ne se consumait pas sont manifestations du Dieu-Parole, c’est-à-dire du Verbe, et nous savons, nous orthodoxes, que le buisson ardent est une icône de la Mère de Dieu qui porta en elle le Verbe de Dieu sans être consumée.
L’autre épisode symbolique est celui du songe de Jacob. Le patriarche se couche dans le désert, appuyant sa tête sur une pierre. Un songe lui vient, il voit une échelle montant de la terre au ciel et sur laquelle Dieu s’appuie. Cette image de l’échelle mystique reliant la terre au ciel est aussi symbolique de la Mère de Dieu – ainsi que de la vie contemplative. Le patriarche fut rempli d’une terreur sacrée : « c’est ici, pensa-t-il, la Porte du Ciel ! »
II – Les autres Lectures et l’Epître ont un pôle commun : la Sagesse et le Sacerdoce. Le premier texte tiré des Proverbes est une « prosopopée », un discours, de la Sagesse. Celle-ci exprime le Verbe – de la Trinité – : elle était depuis toujours en l’Eternel, engendrée – non créée.
Quand Dieu fit le ciel, elle était là. « J’étais l’ouvrière, paraphrase-t-elle, du début de tous les jours, sans cesse je me réjouissais de sa présence … » Paroles qui expriment la Personne du Verbe. Le second passage des Proverbes décrit « La maison de la Sagesse ». La Sagesse a préparé son repas – de pain et de vin, ce qui ne vous surprend pas –, elle envoie ses servantes chercher ses invités … « Que celui qui est simple entre ici ! ». C’est assez typiquement évangélique. Elle prône « le chemin de la prudence ». N’instruis pas le méchant, il te haïrait, instruis le sage, il deviendra plus sage encore. Le commencement de la sagesse, est-il ajouté, est la crainte de Dieu.
Le texte d’Ezéchiel se rapporte d’abord aux sacrificateurs et au sacerdoce. Mais, tout à coup, le voyant est ramené à la porte extérieure du sanctuaire, celle de l’Orient. Elle était fermée. Elle est et restera fermée, dit le Seigneur, et personne ne passera par elle parce que le Seigneur, le Dieu d’Israël, passera par elle et elle restera fermée. Le Prince s’assiéra là et prendra son repas. Il passera par cette porte fermée et sortira par le même chemin. Or la Gloire de l’Eternel remplissait la demeure. Il s’agit manifestement de la conception de Jésus, et de la virginité de Marie, avant et après l’enfantement.
Le voile tombe et il s’agit vraiment de ce que l’archange a annoncé à Marie. Au demeurant, les passages précédents étaient animés par une progression partiellement cryptée mais perceptible, celle de la descente du Salut. Avec la péricope de l’Epître aux Hébreux de l’apôtre Paul, nous sommes au cœur de l’avènement du Salut : « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés ne sont qu’un »: c’est pourquoi Il – c’est-à-dire le Christ – n’a pas honte de les appeler Ses frères. C’est les enfants que Dieu Lui a donnés, et, puisque ces enfants sont chair et sang, il a Lui-même participé à leur nature, afin que, souverain sacrificateur semblable à tous ses frères – de la postérité d’Abraham que nous retrouvons ici – il détruisît, par sa mort l’empire du diable et de la mort.
III – Comme par ces préludes et la progression de leur message, nous sommes passés du ciel à la terre, nous en arrivons à l’événementiel de l’Incarnation dont le mot-clé est que rien n’est impossible à Dieu.
D’où l’association de la conception de la Stérile – c’est-à-dire Elisabeth, la mère du Précurseur – et de l’Incarnation du Verbe en Marie la Vierge.
L’évangile de Matines est en effet celui de la Visitation : Elisabeth s’émerveille que la mère de son Seigneur la visite : Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni, et Marie répond : Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur … Mais, auparavant, l’ange Gabriel avait paru devant Marie : Réjouis-toi, Marie pleine de grâces, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes et il lui annonce qu’elle concevra un fils auquel elle donnera le nom de Jésus … Marie s’étonne « car elle ne connaît pas d’homme ». L’ange lui dit que l’Esprit surviendra en elle, et, lui révélant que la stérile Elisabeth attend un enfant, il ajoute : « car rien n’est impossible à Dieu ». Pour Marie en ce jour, la prédication du Sauveur et la terrible épreuve de LA PASSION étaient encore à venir …
L’apôtre Pierre, dans les Actes d’aujourd’hui évoque la prophétie de David qui pressentait la Résurrection et la glorification du Christ son descendant.
Christ est effectivement ressuscité : par Sa mort, Il a vaincu la Mort. Rendons-Lui gloire ! et vénérons l’Annonciation faite à Marie, la toujours vierge.
AMIN
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