PRÉSENTATION au TEMPLE de la MÈRE DE DIEU
Vêpres : Exode, XL, 1-5, 9-10, 16, 34-35 ;
3 Rois VII, 51, VIII,1, 3-7, 9-11 ; Ézéchiel XLIII, 27, XLIV, 1-4
Matines : Luc I, 39-49, 56
Liturgie : Hébr. IX, 1-7 ; Luc X, 38-42, XI, 27-28
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
L’épître nous est bien connue et nous émeut. L’apôtre y évoque la disposition du Temple, d’abord dans le désert, puis dans le Temple de Salomon. Il y avait deux tentes – deux salles – séparées par un rideau. La première, qui est notre « nef des fidèles » où les prêtres célébraient, comme nous qui y célébrons presque tout : mariages, baptêmes, enterrements, communion des fidèles … Au-delà du « rideau » – comme chez nous l’iconostase et son rideau – était le Saint des Saints où seul le grand Prêtre entrait une fois par an, non sans s’être muni de sang. Pour nous, comme dit l’Écriture, ce n’est pas «le sang des taureaux et des boucs», mais celui de Jésus-Christ et le clergé y entre pour la Liturgie et la Consécration …. Fantastique mutation, dans la continuité ! Nous sommes le Nouveau Peuple élu : au Christ soient «tout Honneur, la Puissance et la Gloire».
C’est par Lui que j’ai commencé, évidemment. Avançons- nous maintenant dans la Célébration de Sa Sainte Mère.
I – Les Lectures bibliques surprennent d’abord par leur teneur symbolique : le passage de l’Exode rapporte les paroles de l’Éternel Lui-même à Moïse concernant la disposition du Saint des Saints. Là, seront, l’arche d’alliance recouverte d’un voile, la table sur laquelle sera «tout ce qui doit y être rangé», le chandelier d’or, les lampes, l’autel des parfums, le rideau d’entrée. Moïse fait tout ce qui lui est commandé et la nuée couvre le tabernacle, la gloire de l’Éternel emplit le Saint des Saints, si bien que Moïse ne peut plus y rentrer. Tout s’applique à la Mère de Dieu qui est l’Arche d’Alliance couverte du voile de sa virginité, le chandelier d’or est l’Illumination de la sagesse divine, l’autel des parfums est la sainteté. Moïse ne peut plus rentrer, car la nuée est la Présence Divine qui est en la Mère de Dieu.
Le passage du Troisième Livre des Rois décrit la mise en place solennelle par Salomon, dans le Temple de Jérusalem que Salomon lui-même avait fait construire, de tout le sanctuaire tel qu’il était organisé sous son père le Roi David, qui lui-même avait ramené à Sion, l’arche d’alliance et tout ce qui l’entourait (conformément aux prescriptions de Dieu à Moïse). Jusqu’à David, le Saint des Saints – qui était toujours dans une tente – était sous la garde d’un certain Lévite. Le Passage des Rois décrit donc la remise en place de tout ce qu’avait disposé David antérieurement et selon la Tradition, dans le Temple nouvellement construit, et après une cérémonie grandiose, et là encore, comme les prêtres sortaient du temple, un nuage remplit tout le sanctuaire, et ils ne purent y rentrer. La nuée dans le Lieu saint représente à nouveau la Mère de Dieu.
Le Passage d’Ézéchiel, comporte d’abord une allusion au huitième jour, après lequel et jusqu’à jamais le Seigneur, quand les sacrifices seront rituellement accomplis, sera favorable à Son peuple. La semaine comportait sept jours, le septième jour étant le sabbat. Le huitième jour, vous le savez, est le Dimanche, jour de la Résurrection et image du huitième jour éternel où les élus seront pour toujours avec Dieu. Mais la péricope d’Ézéchiel se poursuit. Le Seigneur ramène le Prophète sur le chemin de la porte de l’orient du Temple et Il lui dit : «Cette porte RESTERA fermée et c’est par là que le Seigneur passera». Il passera et Il prendra son repas : allusion à la Conception virginale du Seigneur, en la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie.
II – L’évangile de la veille est celui de la Visitation. L’ange Gabriel vient de se retirer, et Marie court vers la montagne chez sa parente Élisabeth, naguère stérile, et dont l’archange venait de lui dire qu’elle attendait un enfant – le baptiste Jean. Marie sans désemparer se rend donc chez Élisabeth où elle resta trois mois pour la servir et l’assister …
Mais, à la salutation de Marie, l’enfant tressaille dans le sein de sa mère qui, animée par l’Esprit, dit : «Tu es bénie entre les femmes et béni est le fruit de ton sein ! Mais comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ?» Or Marie répond par ces mots éternels : «Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses». Dieu a regardé l’humilité de Sa servante. La plus haute de toutes les créatures, se dit elle-même la plus humble !
III – Tellement humble en effet que – en apparence – l’évangile de la fête (comme des autres grandes fêtes mariales) ne parle pas d’elle ! Il parle, en effet, d’une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare ! Vous venez de l’entendre. Ce n’est pas une inadvertance de notre Tradition orthodoxe : c’est en effet la tradition de toute l’Église chrétienne, bien antérieure au schisme du XIe siècle. Les Catholiques aussi avaient cet évangile apparemment paradoxal jusqu’en 1950 où Pie XII choisit un autre évangile pour l’« Assomption ».
Cela nous montre que, comme nous l’avons compris par la Lecture des Proverbes, la Sagesse transcende les intelligences humaines. «Je Te loue, dit le Christ à Son Père, d’avoir caché ces choses aux sages», les intelligenti, dont on connaît les prétentions. Mais le mystère est clair pour celui qui lit humblement. L’évangile de ce jour s’achève par ces paroles que vous avez entendues : «Une voix de femme s’éleva de la foule et dit : Bienheureuses les entrailles qui t’ont porté et bienheureuse la poitrine qui t’a allaité …». Mais, bien-aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule ! puisque le Christ se trouvait dans la maison de Marthe et de Marie. Cette exclamation de la femme au milieu de la foule, elle marque la fin d’un autre épisode !
La Sagesse de l’Église une sainte catholique et apostolique a accolé deux parties qui ne faisaient pas un tout et elle en a fait cet évangile marial.
Et la réponse du Christ notre Dieu montre bien que cet évangile ainsi rassemblé s’applique parfaitement, non pas à la sœur de Marthe, mais à Sa Mère : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent ». Qui a mieux gardé la Parole de Dieu que celle en qui le Verbe s’est incarné ?
En ce jour de l’entrée de Marie au Temple, vénérons-là !
AMIN