SERMON de la FÊTE du « POKROV »
[du « VOILE » - ou PROTECTION de la MÈRE de DIEU]



Vêpres : Gen. XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 Prov. 9, 1-11
Matines : Lk I, 39-49, 56.
Liturgie : Hébreux IX, 1-7 ; Ev. Lk. X, 38-42 et XI, 27-28



La Fête du POKROV est une des plus grandes fêtes de la Mère de Dieu, une de celles auxquelles le peuple russe est particulièrement attaché : tout le peuple orthodoxe se sent sous le voile protecteur de la Mère de Dieu, comme lors du miracle que nous célébrons. La Mère de Dieu est apparue dans l’église des Blachernes, au dessus des Portes Royales. Elle tenait son voile sous lequel se trouvait tout le peuple. Et nous savons et nous espérons que la Mère de Dieu avec la merveilleuse procession, vienne chercher notre âme à notre mort.

L’église des Blachernes se trouve à « Tsarigrad » – la ville de l’empereur qui en l’occurrence est Constantinople.

I - Les lectures et les textes de ce jour sont, en général, ceux des fêtes de la Mère de Dieu. Toutefois l’Epître est tirée de la Lettre aux Hébreux. Dans cette péricope, saint Paul présente la disposition du Temple de la Première Alliance. Celui-ci comportait deux parties, deux tentes, comme l’on disait, qui rappelaient la disposition du Temple dans le désert. Ces deux parties, vous n’avez pas peine à vous les représenter, car ce sont, après le narthex ou vestibule, les deux parties de nos églises orthodoxes, la nef où se tiennent les fidèles et le sanctuaire. La nef était appelé [lieu] saint, et, au-delà du voile de séparation que nous avons toujours aux portes royales, il y avait le saint des saints. Mais si, dans le saint les prêtres se tenaient généralement pour accomplir le service liturgique – ce que nous faisons toujours pour les mariages, baptêmes, enterrements, panikhide, moleben -, dans le saint des saints, seul le grand prêtre pouvait entrer, une fois par an, et non sans s’être muni de SANG.

Chez nous aussi, le sanctuaire est réservé au clergé et acolytes, qui y entrent pour célébrer et qui sont munis du Sang de Jésus-Christ, l’agneau sans tâche.

Mais dans cette partie de la péricope d’aujourd’hui qui se limite à la description des deux parties du Temple, l’Eglise n’a pas le souci de marquer la continuité entre les deux alliances, elle donne simplement et sans commentaire l’épître de cette fête de la Mère de Dieu. C’est dire que cette description du Temple s’applique à la Mère de Dieu.

Il y a le saint où sont les fidèles, mais au-delà de l’iconostase se trouve le saint des saints où est Dieu et où s’accomplit la Consécration. « Christ est parmi nous » po sredi nas, disent lors de la Communion, prêtre et diacres. Le saint des saints est image de la Mère de Dieu, puisque c’est en elle que Dieu est venu PARMI NOUS.

II – L’icône du POKROV qui est devant vous et que vous vénérez avec nous est aussi le récit de l’apparition. La Mère de Dieu tenant son voile déployé est apparue au dessus de l’ambon, mais seul la voyait saint André qui faisait de grands gestes pour la montrer – car il était muet. Ce bienheureux André était un Fou de Dieu, ou Fol en Christ. Il y en avait donc en ce temps là à Byzance, comme il y en a eu beaucoup en Russie, au point que les Fous de Dieu apparaissent comme des saints propres au peuple russe. On en compte beaucoup en effet, parmi les saints de la Russie, l’une des plus récentes étant sainte Xénia de Petersbourg. Saint André faisait de grands gestes pour attirer l’attention de son compagnon d’ascèse, Epiphane. Saint Romanos le Mélode qui prêchait alors comme le représente l’icône l’a vue aussi.

Il y a eu en somme deux ou trois témoins privilégiés, le Fou de Dieu André, Epiphane son disciple en ascèse, Romanos le Mélode, qui est un poète, car la composition d’hymne relève de la poésie …

Des « marginaux », en un sens, alors qu’il y avait dans cette église, beaucoup de gens « très bien », pourrait-on dire, des fidèles pieux également et sages.

Mais ce « privilège » des Fous de Dieu, des poètes ne nous surprend pas. Dans les Proverbes lus hier pour cette fête, la Sagesse elle-même a préparé son repas, elle a envoyé ses servantes et elle crie : « Que celui qui est simple entre ici. Elle dit à ceux qui manquent d’intelligence : Venez, mangez de mon pain et buvez de mon vin … »

Il y a les vanités de l’intelligence, et il y a la rectitude des Fous de Dieu. Mais il est dit également : « Laissez la sottise et vous vivrez, marchez dans le chemin de la prudence … Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu et le conseil des saints c’est l’intelligence ».

Par l’intercession de saint André, le Fou de Dieu, de saint Romanos le Mélode et de saint Epiphane, marchons dans le chemin de la prudence sous le POKROV de la Toute Sainte Mère de Dieu !

 

AMIN

 

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