15-e SEMAINE après PENTECÔTE
Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : 2 Cor. IV, 6-13 ; Matt. XXII, 35-46
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,
I – L’évangile de Matines est évidemment un des «évangiles de la Résurrection» et il est aussi l’un des plus émouvants. Le premier jour de la semaine, c’est-à-dire notre Dimanche quelques-unes des saintes femmes qui suivaient Jésus se rendent au sépulcre de bon matin portant des aromates – entre temps le corps du Seigneur avait été entouré de bandelettes par des mains non juives – et à leur surprise elles s’aperçurent que la pierre qui fermait le Sépulcre avait été ôtée. Elles entrèrent, ne trouvèrent pas le Corps de Jésus et deux anges aux vêtements brillants leur apparurent et leur annoncèrent que Christ était ressuscité. Ils leur rappellent les paroles du Seigneur, elles s’en souvinrent. En sortant elles annoncèrent ce qui leur était arrivé mais on ne les crut pas. Et pourtant, il s’agissait des apôtres. Puissance, vous voyez, de l’incrédulité !
II – L’épître aux Corinthiens est rude à comprendre, mais lumineuse dans ses apparentes contradictions. Dieu qui a fait sortir la lumière des ténèbres, dit l’apôtre Paul, a répandu la lumière dans nos cœurs afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Certes, ajoute-t-il, nous sommes de bien petits contenants pour la lumière !
Nous sommes petits, perplexes médiocres, mais afin que cette grande puissance en nous de la Lumière soit attribuée à Dieu seul et non à nous. Nous portons dans notre corps la mort du Christ, puisque nous sommes baptisés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi. Dans toute notre vie, nous sommes sans cesse livrés à la mort, persécutés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi dans notre mortalité, si bien que la mort agit en nous afin que la vie soit en vous : nous avons en effet un même esprit de foi, et c’est pour cela que nous parlons, persuadés que Celui qui a ressuscité Jésus des morts nous fera paraître en Sa présence avec vous tous.
III – La péricope de Matthieu commence par une question des pharisiens qui, satisfaits d’avoir entendu Jésus « fermer la bouche » des sadducéens – lesquels, voulant contester la résurrection des morts, avaient évoqué la femme ayant été l’épouse successivement de sept frères … – l’interrogent à leur tour en Lui demandant quel est le «plus grand commandement» de la Loi. Christ répond aussitôt que c’est celui qui prescrit d’aimer Dieu «de tout son cœur de toute son âme et de tout son esprit» et Il ajoute que le second lui est semblable : «tu aimeras ton prochain comme toi-même».
Les libres-penseurs de naguère, les spiritualistes vagues, les droits-de-l’hommistes sont satisfaits de cet enseignement qui, croient-ils, va dans leur sens. Mais l’amour du prochain qui est ici prescrit n’est pas un altruisme vague. Il ne peut être disjoint, en effet, de l’amour de Dieu. C’est en aimant Dieu, que, du même mouvement nous aimons le prochain. Et, de la même manière que Dieu n’est pas un quelconque «premier Principe», «Grand Architecte de l’Univers», mais le Christ, qui est en nous par Ses Sacrements et par Sa Grâce, comme Il est en même temps au Ciel, de la même façon l’homme que nous devons aimer n’est pas un homme abstrait, il n’est pas les «enfants qui ont faim», en Afrique ou en Indochine, il n’est pas les cancéreux, les malades d’Alzheimer pour lesquels on requiert notre générosité financière qui permet de ne plus y penser ! Le prochain – le mot est un superlatif –, il est le plus proche, mon fils qui fait les quatre cents coups, ma vieille mère qui perd la tête et qui me fait lever (pour rien !) dix fois par nuit, la voisine de palier dont personne ne s’occupe plus. Comme le Christ le dit dans la parabole du bon samaritain, le prochain, c’est celui qui souffre sous nos yeux et dont il faut s’occuper, ce qui, bien souvent entraîne des désagréments. Le prochain, c’est celui qui est à côté … et qui pèse !
Aimer le prochain effectif, cela dérange : comme le Christ «s’est dérangé» pour venir du Ciel sur la terre et sur la Croix. Soyons-Lui fidèles, et aimons le plus proche ! Mais, ayant ainsi répondu aux pharisiens, le Christ les interroge à son tour. Le Christ, demande-t-Il, de qui est-il le fils ? De David ! Lui est-il répondu. Mais pourquoi, poursuit-Il, David inspiré par l’esprit écrit-il : «Le Seigneur dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied !» Comment, si le Christ est Son fils, l’appelle-t-il Son Seigneur ? Nul ne sut Lui répondre, aussi cessèrent-ils de L’interroger. Ils ne surent Lui répondre en effet car ils ne savaient pas et ne pouvaient pas comprendre que le Christ est un homme ET qu’Il est aussi le Fils de Dieu.
NOUS AVONS VU, Bien-aimés Frères et Sœurs, LA FORCE DE L’INCRÉDULITÉ, NOUS SOMMES CONSCIENTS DES DIFFICULTÉ DU TÉMOIGNAGE ET DE L’AMOUR DU PROCHAIN, MAIS LE CHRIST EST EN NOUS !
AMIN