SERMON DU GRAND JEUDI

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Le Grand Jeudi est au cœur de la semaine de la Passion et il est au cœur de notre Foi.

I – C’est la grande semaine de la souffrance. Le Seigneur a déjà été trahi et Il le sait : c’est le mercredi, en effet qui est le jour mémorial de la trahison de Judas, et le lendemain vendredi est le jour de la crucifixion. Entre ces deux jours – que nous marquons chaque semaine par le jeûne, prend place le Grand Jeudi qui est le jour suprême de notre Foi, celui de la Consécration.

Le Seigneur a toutes les raisons d’être triste : Judas L’a déjà trahi, peu après tous les autres apôtres L’abandonneront et Il sera seul pour le Sacrifice de la Croix.

Or c’est en ce jour, à tous égards central, qu’Il institue l’Eucharistie, la consécration de Son Corps et de Son Sang ! pour le Salut de Multitudes d’hommes et de femmes. C’est le Mystère – la communication au Sacré – fondamental de notre foi et à travers toute l’histoire, il est unique. Le sacrifice est au cœur de beaucoup de religions : il est normal d’offrir un vivant à Dieu. Dieu est senti comme la source de la Vie : c’est un retour normal que de lui offrir un vivant. Beaucoup de religions sacrifiaient à Dieu un animal : c’était le cas de beaucoup de civilisations rurales, la bête sacrifiée avait été élevée avec sollicitude et représentait par suite une valeur fondamentale. Parfois on sacrifiait un humain, ce qui est le cas de beaucoup d’autres civilisations également proches.

Mais jamais le sacrifice n’était le sacrifice d’un dieu, à plus forte raison DU DIEU UNIQUE, du Dieu volontaire. Cette conjonction ne se trouve QUE dans le Christianisme

Mais le Christ notre Dieu, en fondant en ce jour même l’Eucharistie, consacre Son propre Corps et Son propre Sang pour le salut de beaucoup, et explicitement, ce sacrifice est destiné à être renouvelé : «Faites ceci en mémoire de Moi». C’est un sacrement éternel, le christianisme et, en ceci exceptionnel et unique.

II – Mais, en ce même jour du Grand Jeudi, Christ notre Dieu renouvelle fondamentalement par le Lavement de pieds la notion de supériorité. Cette idée d’être «le premier» était au cœur des mentalités, y compris religieuses. «Qui est le plus grand?» se demandent implicitement ou explicitement les apôtres. Jean et Jacques demandent au Christ de siéger l’un à Sa droite, l’autre à Sa gauche dans Son Royaume et cette demande suscite beaucoup de contestations parmi les autres apôtres.

Le Christ, en ce jour, montre que Ses disciples fidèles n’avaient encore rien compris. Il se ceint Lui-même d’un linge et se met à laver les pieds de Ses propres disciples. Pierre dont on sait combien il était spontané, proteste d’abord violemment, mais le Christ lui dit que s’il ne se laisse pas laver les pieds par Lui, il n’entrera jamais dans le royaume des cieux ! « Alors, aussi bien, riposte-t-il, la tête et les mains ! »

Il était spontané et sincère …

Mais ce qui est fondamental et que le Christ explicite, c’est qu’il n’y a pas de supériorité parmi les disciples, si ce n’est en leur service. Cela renverse complètement la notion traditionnelle de supériorité. Les supérieurs, antérieurement se faisaient servir. Le Christ n’est pas venu pour se faire servir, mais pour servir !

Tout est changé : l’Église n’est pas une société comme les autres, elle est une société fondamentalement autre : les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers !

III – Mais Christ illustre en Lui-même et lors de ce grand Jeudi, par les abandons qu’Il constate la vérité de cette doctrine fondamentale : les premiers seront les derniers.

Le grand Jeudi est en effet le jour où Judas, l’un des douze, consomme sa trahison ! Il arrive avec des hommes d’armes. Suprême dérision, c’est par un baiser – salutation antique traditionnelle – qu’il désigne le Christ à ses complices qui s’emparent de Lui.

Mais les autres disciples ? Au cours de cette même soirée, le Christ, par trois fois, se retire pour prier et recommande à Ses disciples de prier aussi : mais Il les trouve endormis ! Lors de la soirée, Il leur annonce que tous L’abandonneront. Pierre, évidemment, proteste qu’il ne Le reniera jamais ! Mais le Christ lui annonce : «Avant que le coq ne chante, tu m’auras renié trois fois». Ce qui se produit effectivement.

Le troisième enseignement fondamental de ce grand Jeudi, c’est la solitude totale du Christ dans Son Sacrifice rédempteur : Il ETAIT SEUL parce que tous L’avaient abandonné !

Que le Christ nous donne, Bien-aimés Frères et Sœurs, de ne jamais L’abandonner !


AMIN

 

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